Né à Dardilly [1] près de Lyon il devient prêtre le 13 août 1815 à 29 ans, à force d’obstination et malgré peu de dispositions pour les études, en une période où l’Église de France avait de gros besoins de recrutement pour combler les pertes de la Révolution.
Il exerça son ministère sacerdotal pendant 41 ans au sein de la paroisse d’Ars [2],une paroisse misérable de 200 âmes dans les marais des Dombes [3], à l’est de Lyon.
Mauvais prêcheur, il se révèle par contre talentueux au confessionnal de sorte que ses paroissiens du village d’Ars retrouvent le chemin de la Foi.
Fils de Matthieu Vianney et de Marie Béluse. Il est le 4ème enfant d’une fratrie de 6. Ses parents sont cultivateurs.
À la suite de la Révolution française de 1789 un important mouvement de persécution de l’Église catholique et de déchristianisation eut lieu en France. Dans ce contexte les prêtres réfractaires sont arrêtés, exilés ou exécutés. Les parents de Jean-Marie participent à dissimuler des prêtres et c’est auprès de l’un d’eux que le jeune Jean-Marie fit sa première communion.
En 1791, les révolutionnaires, ont fermé l’école de la commune de Dardilly. Elle sera rouverte au mois de février 1795. Les registres précisent que la majorité des enfants ne savent ni lire, ni écrire. Jean-Marie ne fait pas exception. Âgé de 9 ans, il parvient uniquement et difficilement à déchiffrer l’alphabet. Avec la réouverture de l’école élémentaire, Jean-Marie apprend la base de la lecture, de l’écriture et du calcul. Il aidera ensuite ses parents aux travaux de la ferme familiale.
Vers l’âge de 17 ans Jean-Marie exprime son souhait de devenir prêtre. Sa mère soutient son choix. Son père s’y oppose au départ mais, changera d’avis par la suite, convaincu par son épouse et la persistance de Jean-Marie dans son choix de devenir prêtre.
En 1803, l’abbé Charles Balley est nommé curé de la paroisse d’Écully [4]. Dans le cadre de son action pastorale, il accepte de prendre en charge la formation d’un candidat, Mathias Loras , au sacerdoce et de l’héberger au sein du presbytère.
Sollicité, l’abbé Charles Balley, refuse à 2 reprises et sans avoir rencontré Jean-Marie, de prendre en charge la formation au sacerdoce de ce dernier, alors âgé de presque 20 ans et presque illettré, selon les informations qui lui sont fournies. Il accepte cependant de rencontrer Jean-Marie pour lui dire non lui-même. Présenté l’un à l’autre et à la suite de l’entretien qui s’ensuivit, l’abbé Charles Balley revient sur son refus et accepte de prendre en charge la formation de Jean-Marie.
Cependant, Jean-Marie se trouve vite en difficulté. Son instruction limitée et sa mémoire, rend son apprentissage difficile en dépit d’efforts constants. Le latin surtout lui pose problème.
Jean-Marie en prise avec ces difficultés et en proie au découragement, songe à arrêter sa formation et renoncer à être prêtre. Il en parle à l’abbé Balley qui l’encourage à ne pas abandonner.
Face à ces difficultés Jean-Marie fait le vœu d’aller à pied et en mendiant son pain, en pèlerinage à la Basilique Saint-Régis de Lalouvesc [5], où repose le corps de saint François Régis pour lui demander de l’aider dans ses études. Toutefois, face aux difficultés rencontrées dans l’action de mendier son pain, arrivé à la basilique il demande à un prêtre d’être relevé de son vœu pour son voyage du retour. Le prêtre accepte et lui indique que ce sera à lui de faire l’aumône au retour.
Dans le cadre de la guerre d’Espagne [6], Napoléon 1er a besoin de beaucoup de soldats. La conscription par tirage au sort se fait de plus en plus sévère. Mais, depuis 1808, les candidats au sacerdoce sont exemptés de service militaire.
Pour ce faire, le nom des candidats devait être inscrit sur le registre des exemptés. Cependant, le diocèse de Lyon oublie de faire inscrire quatre candidats au sacerdoce sur ce registre, parmi lesquels Jean-Marie Vianney. N’étant pas inscrit sur ce registre, Jean-Marie, alors âgé de 23 ans, est convoqué au nombre des conscrits. Il doit se rendre le 28 octobre 1809 à Lyon pour y commencer sa formation militaire.
A son arrivée, Jean-Marie tombe malade et doit être transporté à l’Hôtel-Dieu [7]. Il y reste 16 jours. Sorti de l’hôpital, il prend la route vers la ville de Roanne [8] avec son régiment, mais toujours convalescent il est dispensé de marcher à pied et placé dans une voiture à cheval. Arrivé à Roanne, il doit de nouveau être hospitalisé. Rétabli après 6 semaines, les autorités militaires lui donnent sa feuille de route pour rejoindre son régiment. Jean-Marie ne rejoindra jamais son régiment et se retrouvera déserteur. Il se cachera tout ce temps dans le village de Les Noës [9] sous le nom de Jérôme Vincent où il y occupe la fonction de maître d’école. Le maire du village, le curé et quelques personnes de confiance sont au courant de sa situation et participent à le protéger et le cacher des gendarmes.
Cette situation durera jusqu’au 1er août 1810. Date à laquelle François Vianney, frère cadet de Jean-Marie, accepte à la suite des lourdes amendes infligées par les autorités militaires à la famille Vianney, de prendre la place de son frère. Ce remplacement légal aux yeux de la loi de l’époque, aura pour effet de libérer Jean-Marie de son obligation militaire et l’abandon des poursuites engagées à son encontre. Il est dès cet instant libre de revenir et de poursuivre ses études auprès de l’abbé Charles Balley. Cependant, François Vianney sera tué pendant la campagne napoléonienne de 1813.
N’étant plus considéré comme déserteur, Jean-Marie peut regagner le presbytère d’Écully pour y continuer son apprentissage auprès de l’abbé Balley. Le 28 mai 1811, Jean-Marie est tonsuré et en octobre 1812 il rejoint le séminaire de Verrières [10] pour y faire avec 200 autres séminaristes une année de philosophie. Cependant, suivant l’usage de l’époque, les cours sont donnés en latin. Jean-Marie se retrouve à nouveau en difficulté. Des leçons particulières, avec 5 autres séminaristes, lui sont alors prodiguées en français.
En octobre 1813, il est admis au grand séminaire de Saint-Irénée à Lyon [11] pour y faire 2 ans de théologie. Les cours sont là aussi dispensé en latin. Complètement dépassé, d’une nullité décourageante en latin, la compréhension des cours lui est inaccessible. Il est renvoyé chez son curé le 9 décembre 1813 tant qu’il ne sera pas en mesure de suivre les cours prodigués.
À la suite de ce renvoi, désespérant de pouvoir un jour devenir prêtre, il souhaite devenir frère [12] auprès des Frères des écoles chrétiennes* de Lyon. De retour à Écully auprès de l’abbé Balley, ce dernier remotive Jean-Marie, l’invite à abandonner son projet de rejoindre les Frères des écoles chrétiennes [13] et lui dispense des cours de théologie en français.
En mai 1814, jugeant Jean-Marie prêt, l’abbé Balley présente celui-ci à l’examen de théologie du grand séminaire de Lyon. Interrogé en latin son niveau est jugé trop faible pour continuer ses études. L’abbé Balley se rend alors à Lyon et obtient des examinateurs que ceux-ci réinterrogent Jean-Marie en français. Ceux-ci acceptent et se montrent extrêmement satisfaits des réponses apportées par Jean-Marie. Mais, le latin étant la langue officielle des examens ils ne peuvent pas accepter de le laisser continuer. Ils proposent alors de soumettre son cas au vicaire général de Lyon, Joseph Courbon pour que celui-ci décide de la suite à donner. Ce dernier après s’être renseigné sur Jean-Marie l’autorise a continué son sacerdoce.
Le 2 juillet 1814, en la primatiale Saint-Jean de Lyon [14] Jean-Marie reçoit les ordres mineurs [15] et le sous-diaconat.
Après réflexion et concertation, les autorités ecclésiastiques décident que Jean-Marie ne retournera pas au grand séminaire de Saint-Irénée de Lyon pour y poursuivre ses études en théologie mais, qu’il sera de nouveau confié à l’abbé Balley à Écully pour que celui-ci continue son instruction en français et lui enseigne le latin de la liturgie.
L’abbé Balley souhaite que Jean-Marie soit ordonné prêtre au plus tôt. Il contacte alors les autorités diocésaines de Lyon pour leur demander d’accorder l’ordination sacerdotale [16] à Jean-Marie et qu’il soit nommé à ses côtés vicaire d’Écully. Il s’engage à donner pendant 2 ans les cours supplémentaires pour compléter la formation de Jean-Marie et que celui-ci n’aurait pas le droit de confesser, se contentant surtout de faire le catéchisme.
La demande exceptionnelle de l’abbé Balley est acceptée à la condition que Jean-Marie réussisse l’examen canonique pour pouvoir être présenté à la prêtrise. L’abbé Balley obtiendra alors que Jean-Marie passe l’examen en français au lieu du latin normalement obligatoire à l’époque. Le 23 juin 1815, Jean-Marie passe l’examen. Très satisfait de ses réponses, l’évêché de Lyon accepte que Jean-Marie soit ordonné prêtre avec pour seule réserve, que le nouveau prêtre n’aura pas tout de suite le pouvoir de confesser.
L’ordination sacerdotale doit être conférée par un évêque ou cardinal. Le cardinal Joseph Fesh responsable du diocèse de Lyon [17] est absent, en route pour Rome. Dans cette situation, il est demandé à Jean-Marie de se rendre à Grenoble [18], auprès de l’évêque Claude Simon pour y être ordonné prêtre.
Le 12 août 1815, Jean-Marie arrive seul au grand séminaire de Grenoble [19]. Le dimanche 13 août 1815, Jean-Marie Vianney est ordonné prêtre
Le 14 août 1815, il célèbre sa première messe dans la chapelle du grand séminaire de Grenoble et le 20 août 1815, il célèbre sa première messe dans l’église d’Écully où il a été nommé vicaire comme l’avait demandé l’abbé Balley.
L’abbé Balley ayant obtenu que Jean-Marie soit vicaire d’Écully, il va lui faire suivre des études supplémentaires au presbytère. Pendant un an, Jean-Marie exerce également toutes les fonctions d’un prêtre, à l’exception de celles de confesseur. Après un an, l’archevêché de Lyon donne le pouvoir à Jean-Marie d’absoudre les péchés.
En 1817, l’abbé Balley est atteint d’un ulcère à la jambe droite qui l’oblige de plus en plus à rester au lit. En novembre 1817 la gangrène se déclare. Le 16 décembre 1817, à l’âge de 66 ans, l’abbé Balley décède.
La paroisse d’Écully étant trop grande et Jean-Marie considéré comme pas assez expérimenté, l’évêché de Lyon nomme le 15 janvier 1818, l’abbé Laurent Tripier nouveau curé d’Écully.
Mais rapidement l’évêché considère que le genre bon vivant de l’abbé Tripier contraste trop avec l’austérité de Jean-Marie et décide d’envoyer ce dernier ailleurs. Le 11 février 1818, Jean-Marie est nommé curé d’Ars, chapellenie [20] de 230 habitants. Le 13 février 1818, Jean-Marie arrive à Ars.
Le premier arrêt de Jean-Marie a été l’église alors délabré. Il se rendit ensuite au presbytère où le maire du village, Antoine Mandy et l’adjoint Michel Cinier, entre-temps informés de son arrivée l’attendaient.
Le 15 février 1818, a eu lieu la messe solennelle par laquelle Jean-Marie reçoit l’étole pastorale symbole de sa mission de curé des mains de l’abbé Ducreux, curé de la commune de Misérieux [21].
Il fait ensuite vider le presbytère des meubles qui y avaient été déposés à son intention pour en faire la maison la plus pauvre du village. Rapidement sa bonté, son austérité, sa pratique religieuse personnelle, ainsi que ses homélies lui attirent la sympathie de la population des environs. Dans un but évangélique, il prit l’habitude de visiter les malades et les paroissiens.
Jean-Marie constate le manque d’éducation des enfants et particulièrement celui des filles. Il décide alors de créer une école de filles gratuite qu’il finance grâce à des dons. Début 1823, il recrute 2 femmes, Catherine Lassagne et Benoîte Lardet, et les envoie chez les Sœurs de Saint Joseph de Lyon pour y être formées au métier d’institutrice. En mars 1824, il acquiert un bâtiment à Ars afin d’y ouvrir l’école.
Il nomme celle-ci “La Providence”. Il y adjoindra ensuite Jeanne-Marie Chanay. Cette dernière, n’ayant pas de formation d’institutrice, est chargé des travaux manuels (cuisine, ménage, jardin, etc). Il participe également au fonctionnement de l’école (entretien, nettoyage, catéchisme, etc).
L’école est initialement prévue pour les petites filles du village d’Ars. Mais, l’année même de l’ouverture de l’école en 1824 des familles des villages voisins demandent à y scolariser leur fille. Jean-Marie accepte. Des parents demandent à placer leurs filles en pension au sein de l’école. Jean-Marie accepte également. Face à ce succès Jean-Marie décide de faire agrandir l’école et se met au nombre des ouvriers pour aider aux travaux.
En 1827, Jean-Marie décide de transformer le pensionnat en orphelinat mais l’école restera ouverte aux filles des autres paroisse. Il y accueille une soixantaine d’orphelines et de jeunes filles délaissées.
Mais l’orphelinat et l’école font l’objet de nombreuses critiques parmi lesquelles le soit disant manque d’instruction des deux institutrices ; l’ordre et la propreté.
En 1822 l’évêché de Lyon est divisé en deux et Ars se retrouve depuis cette date dans le diocèse de Belley [22]
Le 5 novembre 1847, à la demande de l’évêque du diocèse de Belley, l’orphelinat et l’école sont transférées aux Sœurs de Saint Joseph, qui en prennent la charge.
Le bâtiment de la Providence existe toujours. Il a depuis été transformé en une maison d’accueil de pèlerins et les Sœurs de Saint Joseph en ont toujours la charge.
Le 30 juillet 1859, Jean-Marie ne parvient pas à se lever de son lit et demande qu’on aille lui chercher son confesseur. Le 2 août, il lui est administré les derniers sacrements.
Le jeudi 4 août 1859, Jean-Marie Vianney décède. Il a 73 ans. Il sera resté curé d’Ars durant 41 ans.
Le 6 août a lieu ses obsèques, auxquelles participent 300 prêtres et 6000 fidèles. Après l’absoute, le cercueil est déposé devant le confessionnal et y reste jusqu’au 14 août lorsque le corps est enterré dans un caveau creusé au milieu de la nef de l’église.