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Martial Côme Annibal Perpétue Magloire

vendredi 16 mai 2025, par lucien jallamion

Martial Côme Annibal Perpétue Magloire (1786-1866)

Comte de Guernon-Ranville-Magistrat et homme politique français-Ministre et député en 1830

Issu d’une famille de vieille noblesse normande, fils d’un officier des mousquetaires noirs [1], Martial de Guernon-Ranville s’engagea en 1806 aux vélites de la garde impériale [2] ; mais il fut réformé pour cause de myopie. Après des études de droit à Paris où il sortit docteur de faculté en 1812 , il se fait recevoir en 1813 avocat au barreau de Caen jusqu’en mars 1815. Il salue avec enthousiasme le retour des Bourbons, s’engage aux Cent-Jours dans une compagnie de jeunes volontaires qui devaient combattre l’usurpateur, mais se contente d’aller à Gand [3] avec sa compagnie de volontaires, monter la garde auprès de Louis XVIII .

Il fut avocat dans sa ville natale, président du tribunal civil de Bayeux [4] en 1820. Il est ensuite avocat général à Colmar [5] en 1822, procureur général à Limoges [6] en 1823, à Grenoble [7] en 1826, à Lyon [8] en 1829. Dans son discours d’installation dans cette dernière ville, il se déclare nettement contre-révolutionnaire.

Le 18 novembre 1829, il est appelé, dans le ministère Polignac , à prendre la succession de Guillaume-Isidore Baron de Montbel comme Ministre secrétaire d’État au département des Affaires ecclésiastiques [9] et de l’Instruction publique, Grand maître de l’Université.

Durant son passage au ministère, il s’efforce d’améliorer la condition des instituteurs et fait rendre, le 14 février 1830, une ordonnance étendant le bénéfice de l’instruction primaire à toutes les communes du royaume.

Le 2 mars 1830, il est élu député par le collège du département de Maine-et-Loire [10] en remplacement de François Régis de La Bourdonnais, nommé pair de France [11].

Il combat le projet d’adresse des 221 [12] tandis que, au conseil des ministres, il s’élève contre la dissolution et se prononce nettement, dans la discussion sur les ordonnances [13], contre les mesures extrêmes.

Il est réélu député le 19 juillet 1830. Il signe les ordonnances du 25 juillet, moins par conviction que pour ne pas se séparer de ses collègues. Le 29, il repousse toute idée de transaction avec l’insurrection démocratique.

Après le départ de la famille royale, il part pour Tours [14] et est arrêté aux portes de cette ville, puis conduit au fort de Vincennes [15] dans la nuit du 25 au 26 août.

Lors du procès des ministres [16] de Charles X devant la cour des pairs, il est défendu par Adolphe Crémieux et condamné à la prison à perpétuité.

Incarcéré pendant 5 ans au fort de Ham [17], il en sort le 23 novembre 1836, à la faveur de la grâce collective décidée à l’instigation du premier ministère Molé [18], puis se retire au château de Guernon-Ranville [19] près de Caen [20].

Il se tient alors à l’écart de la vie politique, mais participe activement à la vie culturelle caennaise en tant que membre de l’académie des sciences, arts et belles-lettres [21] à partir de 1841, de la Société d’horticulture et de la société d’agriculture et de commerce [22].

Il a publié “Recherches historiques sur le jury”.


Il épouse en 1817 Joséphine Féraud, morte à Ranville [23] le 2 janvier 1873, dont il n’eut pas d’enfant.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de histoire de Martial de Guernon-Ranville, dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891.

Notes

[1] La compagnie des mousquetaires du roi est un des corps qui compose la maison militaire du roi de France. Il est créé en 1622 par Louis XIII puis dissous en 1646 par Mazarin avant d’être recréé par Louis XIV puis à nouveau dissous par Louis XVI en 1775 et Louis XVIII en 1816. Elle s’est distinguée à de nombreuses batailles mais elle est surtout connue grâce au roman d’Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires. Sous Louis XIV de 1657 à 1715 la compagnie est scindé en deux : Les Mousquetaires Gris avec chevaux pommelés gris. Les Mousquetaires Noirs avec chevaux à la robe noire.

[2] Les vélites de la Garde impériale ont été créés par Napoléon Bonaparte à la fin du Consulat en vue de permettre à des volontaires de milieu aisé d’accéder rapidement au grade de sous-lieutenant. Il faut pour cela disposer de revenus annuels de 800 francs. C’est par un décret du 30 nivôse de l’an XII (21 janvier 1804) que furent créés deux corps de vélites ou chasseurs légers. L’un était rattaché aux grenadiers à pied et l’autre aux chasseurs à pied de la Garde.

[3] Gand est une ville belge néerlandophone, située en Région flamande au confluent de la Lys et de l’Escaut. C’est le chef-lieu de la province de Flandre-Orientale et depuis 1559 le siège de l’évêché de Gand. Capitale de l’ancien comté de Flandre, grande cité drapière et commerçante, puis ville natale de Charles Quint, elle connut à partir du 12ème siècle, et plus encore du 14ème au 16ème siècle, une période de floraison tant économique que culturelle. En 1500, Jeanne de Castille y donna naissance à Charles Quint, futur empereur romain germanique et roi d’Espagne. Quoique natif de Gand, celui-ci prit des mesures brutales pour réprimer la révolte de Gand en 1539, exigeant que les notables de la ville défilent pieds nus avec une corde autour du cou : depuis cette époque, les Gantois sont surnommés Stroppendragers (les « garrotés »). La congrégation de Saint-Bavon fut dissoute, son monastère rasé et remplacé par une caserne ducale. Seuls quelques édifices de l’ancienne abbaye échappèrent à la démolition. La fin du 16ème et le début du 17ème siècle se traduisirent par des bouleversements liés à la guerre de Quatre-Vingts Ans. Face à la menace des troupes espagnoles, des états généraux des Dix-Sept Provinces se tiennent à Gand en 1576. Il en résulte un acte de pacification qui affirme l’autonomie nationale contre les ministres et les troupes espagnoles. Don Juan d’Autriche est obligé d’accepter la pacification de Gand. Cependant, la minorité calviniste, organisée en un parti d’une grande efficacité, s’empare du pouvoir par la force. En 1577, les calvinistes s’appuient sur le programme du prince d’Orange qui promet la restauration des libertés communales. Les vieilles magistratures municipales retrouvèrent leurs prérogatives, les chartes confisquées réapparurent et les métiers siégèrent derechef à la Collace. Gand est pour un temps une république calviniste. Mais bientôt les Espagnols, conduits par Alexandre Farnèse, reprirent la ville, la convertissant définitivement au catholicisme. Les conflits de la guerre de Quatre-Vingts Ans mirent un terme au rayonnement international de Gand. La ville est prise en 1678 par Vauban

[4] Bayeux est une commune française et une des trois sous-préfectures du département du Calvados. Capitale du Bessin, située à quelques kilomètres des plages du Débarquement, Bayeux a été la première ville que l’opération Overlord a libérée et une des rares en Normandie à être restée intacte après les combats, conservant ainsi un riche patrimoine architectural et culturel.

[5] Colmar est une commune française située dans la collectivité européenne d’Alsace, dans la région Grand Est. C’est la préfecture du Haut-Rhin. Ville libre du Saint-Empire, elle est membre de la Décapole. Elle connaît un développement rapide à la fin du Moyen Âge et au cours de la Renaissance. Dotée d’une ceinture de remparts, elle souffre néanmoins des troubles liés à la Réforme, de la guerre des Paysans puis de la guerre de Trente Ans, à la suite de laquelle elle est annexée par la France. Colmar est cédée à l’Empire allemand en 1871 puis réintégrée à la France à la suite de l’armistice de 1918. Bien que n’étant pas chef-lieu de région, Colmar abrite une cour d’appel. Cette particularité (qu’elle partage notamment avec Aix-en-Provence, Douai ou Riom dans des régions dont le chef-lieu n’est pas non plus siège de Cour d’appel) est due à l’élévation de la ville au rang de capitale judiciaire par l’ancien Conseil souverain d’Alsace en 1698.

[6] À partir du 12ème siècle, Limoges, lieu de couronnement traditionnel des ducs d’Aquitaine, est l’une des principales villes de la dot d’Aliénor d’Aquitaine. La majeure partie de son histoire médiévale se calque sur celle des guerres entre Plantagenêts et Capétiens. Richard Cœur de Lion est couronné duc d’Aquitaine lors de deux cérémonies tenues successivement à Poitiers, puis, dans la grande tradition des monarques d’Aquitaine, à Limoges en 1172. À la tête de l’empire Plantagenêt, le roi-chevalier meurt en avril 1199 à Châlus, place-forte défendant l’accès sud-ouest de Limoges, lors d’une expédition punitive contre son vicomte, Adémar V de Limoges. Au 14ème siècle, les affrontements entre rois de France et rois d’Angleterre, détenteurs du duché d’Aquitaine dont relève Limoges, culminent à l’occasion de la guerre de Cent Ans. Entre deux événements guerriers, Limoges doit faire face aux pillages des routiers et brabançons désœuvrés. Constituant toujours une « ville double », partagée entre la Cité et le Château, les bourgeois (par leurs consuls), évêques et vicomtes de Limoges jouent des alliances et protections, chacun selon les opportunités du moment. Ainsi, en 1370, la Cité ouvre ses portes aux troupes du roi de France, alors que le Château reste fidèle au roi anglais. Cet événement sera d’ailleurs l’occasion, pour le Prince Noir, de mettre à sac la Cité.

[7] Grenoble est le chef-lieu du département de l’Isère, ancienne capitale du Dauphiné. Durant l’époque gallo-romaine, le bourg gaulois porte le nom de Cularo, puis celui de Gratianopolis. Son importance s’accroît durant le 11ème siècle lorsque les comtes d’Albon choisissent la cité comme capitale de leur province, le Dauphiné.

[8] Cité capitale de la Gaule romaine depuis Auguste et à la croisée des chemins du monde romain, Lugdunum accueille dès le 2ème siècle les doctrines chrétiennes rapportées d’Asie mineure. Une petite communauté se structure autour d’un premier évêque saint Pothin vers 150. Chronologiquement l’évêché est le premier de la Gaule et par extension de la France actuelle et l’un des premiers de la partie occidentale de l’empire romain après Rome.

[9] Le ministère des Cultes est créé en 1804 ; il est chargé des relations de l’État français avec les religions présentes sur son territoire.

[10] Le département de Maine-et-Loire est un département français. Créé en 1790, ses limites reprennent en grande partie celles de l’ancienne province d’Anjou. Avec 7 107 km2, c’est le 1er département des Pays de la Loire et le 16ème département de France par sa superficie et le 27ème par sa population. Département à grande dominance rurale et agricole, il a comme plus grand centre urbain la ville d’Angers, qui en est la préfecture, secondée par trois sous-préfectures de tailles plus modestes : Cholet, Saumur et Segré-en-Anjou Bleu.

[11] La pairie de France est composée des grands officiers, vassaux directs de la couronne de France, ayant le titre de pair de France. Ils représentent les électeurs primitifs à la royauté à l’époque où la primogéniture n’est pas de règle, et assurent la dévolution de la couronne selon les lois fondamentales du royaume, ainsi que le choix de la régence en cas de minorité. Le nombre de pairs de France est un temps fixé à douze : six pairs ecclésiastiques et six pairs laïcs. Depuis 1180, on les voit chargés d’assurer la succession et être associés à la cérémonie du sacre où ils représentent chacun une fonction symbolique de l’investiture. À partir de la fin du 13ème siècle, les six pairies laïques, dont les terres sont revenues à la couronne, sont des apanages princiers, et les nouveaux pairs qui sont créés ne jouent qu’un rôle cérémoniel. La pairie, qui est un office de la couronne et non un titre de noblesse, devient un moyen pour les rois de distinguer et de s’attacher les nobles les plus importants du royaume. Le mouvement s’accélère au 16ème siècle : le roi nomme alors de simples gentilshommes à la pairie, les hissant au sommet de la pyramide des dignités en France. Il faut, pour être pair, jouir d’un fief auquel est attaché une pairie et descendre de la première personne à qui avait été attribué l’office. Le rôle des pairs de France, à l’époque de l’Ancien Régime, à la différence des pairs britanniques, est seulement honorifique.

[12] L’adresse des 221 fut adressée le 16 mars 1830 par la Chambre des députés à l’attention du roi de France, Charles X. À l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire de 1830, elle exprime la défiance de la majorité libérale de la Chambre, forte de 221 députés, à l’égard du ministère dirigé par le prince de Polignac.

[13] Les Ordonnances de Saint-Cloud, aussi appelées Ordonnances de Juillet ou Quatre Ordonnances, sont des ordonnances signées le 25 juillet 1830 par Charles X au château de Saint-Cloud, et publiées le lendemain 26 juillet dans le journal Le Moniteur universel, dans le but d’obtenir des élections plus favorables aux ultraroyalistes.

[14] Tours est une commune de l’ouest de la France, sur les rives de la Loire et du Cher, dans le département d’Indre-et-Loire, dont elle est le chef-lieu. Ancienne Caesarodunum cité des Turones, fondé par Auguste, capitale de la 3ème Lyonnaise avec un des plus grands amphithéâtres de l’empire romain. Sanctuaire national avec saint Martin, Grégoire de Tours et Alcuin sous les Mérovingiens et les Carolingiens, avec l’adoption par les Capétiens de la monnaie locale la livre tournois qui deviendra la monnaie du royaume. Capitale du comté de Tours qui deviendra la Touraine, le jardin de la France. Première ville de l’industrie de la soie, voulu par Louis XI, capitale royale sous les Valois avec ses châteaux de la Loire et ville d’art avec l’École de Tours. Capitale de loyauté pour Henri III et Henri IV pendant les guerres de Religion

[15] Le château de Vincennes est une forteresse située à Vincennes, dans la banlieue est de Paris, dont la construction a duré du 14ème au 17ème siècle. C’est le plus grand château fort royal subsistant en France et, du fait de la hauteur de son donjon une des plus hautes forteresses de plaine d’Europe . En 1796, le château fut converti en arsenal, abritant depuis lors la section historique de l’armée. Il fut profondément remanié à cette époque. Les restes du pavillon de chasse initial datant de l’époque de Saint Louis furent détruits. On construisit de nouveaux bâtiments militaires qui existent encore aujourd’hui. En 1804, le duc d’Enghien fut fusillé dans les douves du château sur l’ordre de Napoléon.

[16] Le procès de quatre anciens ministres de Charles X, accusés d’avoir participé au coup de force constitutionnel (ordonnances de Saint-Cloud) du 25 juillet 1830 qui avait provoqué la révolution de Juillet, se tient devant la Chambre des pairs du 15 au 21 décembre 1830. Il constitue la première grande épreuve politique que doit affronter la monarchie de Juillet, qui en sort victorieuse et affermie.

[17] Le château, ou fort, ou forteresse de Ham est un château fort situé à Ham, à l’extrême sud-est du département de la Somme.

[18] Le premier ministère Molé est le dixième ministère de la monarchie de Juillet, formé le 6 septembre 1836 sous la présidence de Louis-Mathieu Molé pour succéder au président du Conseil Thiers. Comptant 8 membres, il reste en fonction jusqu’au 15 avril 1837.

[19] Le château de Guernon-Ranville est situé dans la commune de Ranville, dans le département du Calvados en Normandie. Cette propriété privée du 18ème siècle porte le nom de la famille qui l’a longtemps possédée. Elle a été la demeure d’un ministre au 19ème siècle, la villégiature de mécènes au début du 20ème siècle puis une infirmerie de guerre lors du débarquement allié en Normandie en 1944. Des gîtes de charme ont accueilli pendant plusieurs années les vacanciers.

[20] Caen est une commune française du Nord-Ouest4 de la France en Normandie. Préfecture du département du Calvados. En 1417, la ville de Caen oppose à nouveau une résistance héroïque à l’envahisseur anglais qui massacre 2 000 bourgeois, pille et traite les survivants en rebelles à « leur » roi. La région de Caen sera le lieu d’une très vive résistance à l’occupant anglais qui y procédera à un grand nombre d’exécutions de résistants entre 1418 et 1450. La fondation, en 1432, de l’université de Caen fait partie des mesures du duc de Bedford, régent de Normandie, afin de tenter de se concilier la population caennaise. La fin de l’année 1434 voit un soulèvement commandé par Jean de Chantepie. Caen est reprise par les Français le 1er juillet 1450. La Normandie redevenue française, Charles VII la récompensera de sa « fidélité et loyauté » en confirmant tous ses privilèges et libertés en 1458 (confirmation de la Charte aux Normands).

[21] L’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Caen est une société savante fondée en 1652 par Jacques Moisant de Brieux. C’est la première académie littéraire en France après l’Académie française. Elle a compté Samuel Bochart, Pierre-Daniel Huet, Jean Regnault de Segrais et Garaby de la Luzerne parmi les premiers de ses membres. Elle créera ensuite, en 1662, 4 ans avant la fondation de l’Académie des sciences de Paris, la première Académie de Physique de France.

[22] La Société d’agriculture et de commerce de Caen est une société savante fondée au 18ème siècle dans le but de diffuser l’innovation technique pendant la première industrialisation.

[23] Ranville est une commune française, située dans le département du Calvados