Marguerite Joséphine Wemmer dite Mademoiselle Georges puis Mademoiselle George (1787-1867)
Actrice française
Selon Victor Hugo , Théophile Gautier , Alexandre Dumas père, Eugène de Mirecourt et autres témoignages, elle aura été la tragédienne qui a jeté le plus vif éclat sur la scène française.
Elle prit le prénom de son père comme nom de théâtre. Sa mère, Marie Verteuil, était la tante de Jules Verteuil, le secrétaire de la Comédie-Française [1], étant elle-même actrice et jouant les soubrettes avec talent.
Ayant suivi son père Georges Weimer à Amiens [2], dont il devait, par la suite, diriger le théâtre, Marguerite débuta dans cette ville dans le drame et l’opéra-comique, sous la direction de celui-ci.
Dès l’âge de 5 ans, elle joua les rôles d’enfants dans “Les Deux Chasseurs” et “la Laitière”, “Paul et Virginie”, “Les Deux Petits Savoyards”, “Le Jugement de Pâris”. La cantatrice Madame Dugazon , en tournée à Amiens, lui apprit le rôle d’Adolphe dans “Camille ou le Souterrain”. S’émerveillant de la gentillesse et de la précocité de la petite actrice, elle s’éprit de l’enfant et demanda à son père de la lui confier. Mais Georges Weimer, qui adorait sa fille, ne voulut pas s’en séparer.
Quelques années plus tard, en 1801, Mademoiselle Raucourt , chargée de recruter, pour la Comédie-Française, une élève, à laquelle le gouvernement allouait 1 200 francs de pension, si elle était jugée digne des leçons de la tragédienne, se trouva de passage à Amiens, où Mademoiselle George, alors âgée de 14 ans et en paraissant 18, lui donna la réplique dans Didon et dans “Phèdre”. George s’acquitta si bien des rôles “d’Élise et d’Aride”, que Mademoiselle Raucourt, ayant fait connaître aux Weimer les conditions du ministre, obtint d’emmener à Paris celle dont la célébrité devait un jour surpasser la sienne.
Accompagnée par sa mère Mademoiselle George monta à Paris où elle suivit, les leçons de Mlle Raucourt. A cette époque, Mlle Raucourt était la reine tragique sans rivale au Théâtre-Français [3], où elle se faisait remarquer par la noblesse de son jeu et la pureté de sa diction, mais elle manquait de sentiment et de tendresse.
Sa jeune élève, sensible, douée d’une voix chaude et bien timbrée, étendue et sonore, flexible et puissante, tira de son propre fond ce qui manquait à son professeur et sut allier à ses hautes qualités celles d’un jeu naturel et passionné et débuta le 29 novembre 1802 au Théâtre Français et fit ses débuts, avec “Clytemnestre” dans la pièce “Iphigénie en Aulide” de Jean Racine.
Elle joua 3 fois le rôle de Clytemnestre qui fut un succès, puis elle passa à celui “d’Aménaïde” et le succès alla croissant. Enfin elle aborda le rôle d’“Idamé, de l’Orphelin de la Chine” et se posa bientôt en rivale de Mlle Duchesnois .
C’est vers cette époque qu’après avoir été la maîtresse de Lucien Bonaparte , elle devient celle de son frère, le premier consul N apoléon Bonaparte . Mademoiselle Duchesnois monta une cabale, qui divisa les amateurs de théâtre en deux camps. Néanmoins la victoire resta à George, qui fut admirable de passion dans le chef-d’œuvre de Racine, et elle put aborder tous les rôles : Athalie, Mérope, Agrippine, Cléopâtre, Médée. Elle fut proclamée la première dans les Reines.
Bonaparte l’invita à Saint-Cloud [4] et la reçue 2 à 3 fois par semaine aux tuileries [5], elle suscita la jalousie de Joséphine de Beauharnais .
George, protégée par Bonaparte, et Duchesnois par Joséphine, étaient engagées au Théâtre-Français à 4 000 francs d’appointements.
Le 29 mai 1802 Mlle George joue au Théâtre Français Cinna [6], et Boucheseiche, chef de la 5e division de la Préfecture de Police* confirme dans une note au Préfet de Police l’envoi de 3 ou 4 officiers de paix à la représentation.
En 1804, le ministre Chaptal fit recevoir les 2 rivales, sociétaires à demi-part, avec des attributions nettement définies. C’était le comble de la faveur et il ne fallait pas moins que l’influence de Bonaparte, d’un côté, et celle de Joséphine, de l’autre, pour arriver à ce double résultat.
En 1806, Mademoiselle George créa le rôle de la Reine, dans Les Templiers , de François Just Marie Raynouard , qui eurent du succès. Elle créa ensuite le rôle de “Mandane” dans [7] de Étienne-Joseph-Bernard Delrieu , le 30 avril 1808.
Au jour de la 5ème d’Artaxerxès, le 11 mai, elle disparut, sur ordre de Talleyrand dont elle était devenue l’agent, avec pour mission, notamment, de séduire le tsar [8] Alexandre 1er .
Elle quitta Paris à l’improviste pour parcourir l’Allemagne et la Russie. Elle arrive à Saint-Pétersbourg [9], en passant par Vienne [10], où elle est reçue par la princesse Catherine Bagration et s’arrête à Vilna [11] où elle se fait applaudir par les princesses polonaises. En Russie, sa vie entra dans une nouvelle phase. Elle débuta à Peterhof [12], accompagnée de Vedel et de Mainvielle : le régisseur Fleuriot avait fait venir spécialement de Paris Vedel pour jouer les premiers rôles. Après 8 représentations données à la Cour, devant le tsar Alexandre, ses frères Constantin et Michel, l’impératrice-mère et l’impératrice régnante, Mademoiselle George débuta avec grand succès au Grand Théâtre [13].
La tragédienne, idole des Russes, royalement rémunérée et comblée de présents, menait un train princier. Quand l’empereur Alexandre l’apercevait, il descendait de sa voiture pour la saluer.
Quelque temps avant l’entrée de Napoléon en Russie, Mademoiselle George avait sollicité la permission de quitter Saint-Pétersbourg.
Comme elle refusait avec énergie d’obéir aux ordres de la police russe lui enjoignant d’illuminer les fenêtres de son domicile à chaque nouvelle victoire russe, le tsar finit par lui donner l’autorisation de partir. Elle fut admirablement reçue par Bernadotte à Stockholm [14] où elle resta 3 mois, fêtée et choyée par la Cour et la ville. Au mois de juin 1813, elle partit pour la Westphalie [15] où elle fut reçue par le roi [16]. À Dresde [17], elle donna 50 représentations du 22 juin jusqu’au 10 août.
L’exil volontaire de mademoiselle George lui donna une stature européenne. En France, bien que son départ ait scandalisé, son retour est un triomphe.
Réintégrée, grâce à Napoléon 1er, à la Comédie-Française avec part entière, et le temps de son absence compté comme présence, Mademoiselle George reparut avec succès dans “Clytemnestre”. Elle hérita de la succession de Mademoiselle Raucourt qui, retirée à la campagne, ne jouait plus qu’à son corps défendant.
Ce fut à cette époque que Napoléon tomba et fut exilé. Sa chute fut un poignant chagrin pour Mademoiselle George. Aussi, lors du retour de l’île d’Elbe, Mademoiselle Mars et Mademoiselle George, voulant assister à la rentrée de l’Empereur, prirent une fenêtre à Frascati. Elles portaient des chapeaux de paille de riz blancs, ornés d’énormes bouquets de violettes.
On les savait persécutées depuis un an à la Comédie-Française, à cause de leur attachement à l’Empereur : elles furent remarquées, les violettes étaient un emblème du mois de mars, le mois de la naissance du roi de Rome et du retour de Napoléon. À partir de ce jour, les violettes devinrent un symbole. Quelques-uns portèrent même, comme un ordre de chevalerie, une violette d’or à la boutonnière.
Après Waterloo [18], Mademoiselle George sollicita la faveur d’accompagner l’Empereur déchu à Sainte-Hélène [19].
Elle avait disparu en province lorsqu’un ordre du 8 mai l’expulsant de la Comédie-Française vint l’y trouver.
Mademoiselle George continua alors pendant 5 ans, de 1816 à 1821, la série triomphale de ses représentations sur les scènes de toutes les grandes villes françaises. Au commencement de l’année 1810, Mademoiselle George, de passage à Caen [20], voulut revoir sa ville natale, dont elle se trouvait si rapprochée.
Elle arriva le 4 janvier dans la ville de Bayeux [21] où l’annonce de sa venue avait causé une vive émotion. Très chaleureusement accueillie, elle se montra très sensible à ces marques de sympathie, disant à qui voulait l’entendre qu’elle venait jouer en famille et qu’elle ferait tous ses efforts pour mériter les suffrages de ses compatriotes et connut le succès dans “Mérope”.
Louis XVIII , voulant lui prouver le cas qu’il faisait de son talent, lui accorda un bénéfice à l’Opéra, dans “Britannicus”, avec le concours de toute la Comédie-Française. De mémoire d’homme, on ne vit pareille affluence. Réconciliée avec le public parisien, George reprit, à l’Odéon [22], où elle entra en 1821, tous ses grands rôles : Sémiramis, Mérope, Idamé, Clytemnestre.
Mademoiselle George tenait une salle tout entière suspendue à son geste et à son regard et le silence chez elle était aussi éloquent que la parole. Couvrant les situations difficiles de la majesté de sa nature, avec cette audace puissante du génie, elle passait par de brusques et sublimes transitions des larmes au rire et du rire à la terreur.
Soumet, dans sa pièce de “Saül” en 1822, confia le rôle de la “Pythonisse” à Mademoiselle George et composa tout exprès pour elle “Cléopâtre et Jeanne d’Arc”. Cette dernière eut un prodigieux succès.
En 1823, elle paraissait dans le“ comte Julien”, dont le principal mérite était d’être joué par l’actrice en vogue.
Le 28 juin 1827, elle donna “Sémiramis” et, quelques jours après, elle joua “Mérope” avec le même succès. En 1828, elle forma avec son compatriote Charles Jean Harel une troupe volante et fit une nouvelle tournée en province.
En 1829, elle poussa jusqu’à Amsterdam [23] où elle donna plusieurs représentations. Cette même année 1829 la vit rentrer à l’Odéon dont Harel venait de prendre la direction à l’heure où l’aurore du romantisme pointait à l’horizon et la nouvelle formule de l’art dramatique trouvait en lui un appui ferme et dévoué.
Cependant, l’Odéon était un cadre un peu bien classique et démodé pour les pièces de l’école nouvelle que Harel affectionnait de plus en plus, artistiquement et pécuniairement parlant.
Le 3 décembre 1831, accompagné d’une troupe superbe, il passe à la direction du théâtre de la Porte Saint-Martin [24] suivi de Mademoiselle George.
Après avoir passé sur le théâtre de l’Odéon, elle fut attachée à celui de la Porte-St-Martin de 1831 à 1840, et eut de grands succès dans le drame.
L’un des grands succès de George fut “La Tour de Nesle”. Le rôle de “Marguerite de Bourgogne” avait été fait pour elle et c’est avec quelque injustice qu’elle reprochait à l’auteur de l’avoir sacrifiée à Pierre François Touzé, dit Bocage qui jouait “Buridan”. Cependant, les émeutes qui marquèrent les débuts du règne de Louis-Philippe avaient porté les coups les plus funestes aux succès de la direction Harel. Les interdictions du “Pacte de famine” et de “Vautrin” achevèrent la ruine de l’infortuné directeur le 26 mars 1840 et il dut reprendre alors ses fonctions d’impresario errant avec Mademoiselle George qu’il conduisit d’abord en province, puis en Italie, en Autriche et jusqu’en Crimée [25]. Elle retourna même à Saint-Pétersbourg où elle fut aussi applaudie que lors de son premier voyage. En mars 1840, elle revint dans sa ville natale pour la troisième et dernière fois, y jouant “Marie Tudor” et “Marguerite de Bourgogne”, de “La Tour de Nesle”.
Ayant pris sa retraite en mai 1849, elle vécut dans la gêne et obtint la place d’Inspectrice du Conservatoire, auparavant dévolue à Mademoiselle Mars.
Elle reparut encore sur la scène de la Comédie-Française pour une représentation dans “Rodogune”, qui laissa les spectateurs stupéfaits de lui voir encore tant de puissance.
Son dernier effort fut, sans aucun doute, une représentation à l’Odéon.
Notes
[1] La Comédie-Française ou Théâtre-Français est une institution culturelle française fondée en 1680 et résidant depuis 1799 salle Richelieu au cœur du Palais Royal dans le 1er arrondissement de Paris. Établissement public à caractère industriel et commercial depuis 1995, c’est le seul théâtre d’État en France disposant d’une troupe permanente de comédiens, la Troupe des Comédiens-Français. Bien que mort depuis sept ans quand la troupe a été créée, Molière est considéré comme le « patron » de l’institution, surnommée la « Maison de Molière ».
[2] Amiens est une commune française, préfecture du département de la Somme. Capitale historique de la Picardie, elle est la principale ville du département, la deuxième de la région après Lille et la vingt-septième de France. Première ville de France en nombre d’inscriptions au patrimoine de l’Unesco, Amiens est célèbre pour sa cathédrale Notre-Dame, joyau de l’art gothique et l’une des plus vastes cathédrales du monde. Surnommée la « petite Venise du Nord » en raison des nombreux canaux qui la traversent et des hortillonnages (ensemble de jardins flottants couvrant 300 hectares), Amiens offre un riche patrimoine et des quartiers pittoresques, témoins d’une histoire bimillénaire. L’image contemporaine de la ville est fortement liée à 3 activités qui rayonnent au-delà de ses frontières : son statut de capitale historique de la Picardie, son université comptant plus de 31 500 étudiants et la vitalité de sa vie culturelle portée par des infrastructures et des manifestations d’envergure nationale.
[3] La Comédie-Française ou Théâtre-Français est une institution culturelle française fondée en 1680 et résidant depuis 1799 salle Richelieu au cœur du Palais Royal dans le 1er arrondissement de Paris. Établissement public à caractère industriel et commercial depuis 1995, c’est le seul théâtre d’État en France disposant d’une troupe permanente de comédiens, la Troupe des Comédiens-Français. Bien que mort depuis sept ans quand la troupe a été créée, Molière est considéré comme le « patron » de l’institution, surnommée la « Maison de Molière ».
[4] Le château de Saint-Cloud était un château royal situé à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) dans un site surplombant la Seine. Le 18 mai 1804, la proclamation de Napoléon 1er comme empereur des Français se déroule au château de Saint-Cloud. Napoléon le fait remettre en état et en fait sa deuxième résidence, après le palais des Tuileries. Le 1er avril 1810, le mariage civil de Napoléon avec l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche a lieu dans la galerie d’Apollon du château de Saint-Cloud, suivi le lendemain par une cérémonie religieuse au palais du Louvre. Le 23 juin 1811, d’importantes festivités ouvertes au public sont données dans le parc de Saint-Cloud à l’occasion de la naissance, le 20 mars 1811, de leur fils, le futur Napoléon II. L’Empereur et l’impératrice parcourent le parc en calèche, acclamés par quelque 300 000 personnes qui peuvent jouer à des jeux alors que des buffets, puis un feu d’artifice, leur sont offerts. À l’issue des Cent-jours, le château de Saint-Cloud est occupé par le maréchal Blücher, dont les troupes cantonnent dans le parc, y occasionnant des déprédations. Le 3 juillet 1815, Blücher reçoit au château de Saint-Cloud la capitulation des troupes impériales, après leurs derniers combats, à l’ouest de Paris. À la Restauration, Louis XVIII, qui se déplace difficilement, vient peu à Saint-Cloud mais y fait faire des aménagements, en particulier le jardin du Trocadéro, sur le coteau de Montretout, derrière l’aile droite du château, pour les enfants du Duc de Berry, ainsi nommé en souvenir d’une bataille remportée pendant l’expédition d’Espagne, en 1823. Charles X apprécie Saint Cloud, où il fait de longs séjours à la belle saison durant son règne, avec sa famille, tout en continuant à diriger le gouvernement de la France. Sa belle-fille, la duchesse d’Angoulême, réside alors non loin de là, au château de Villeneuve l’Étang.
[5] Le palais des Tuileries est un ancien palais parisien, aujourd’hui détruit, dont la construction commença en 1564 sous l’impulsion de Catherine de Médicis, à l’emplacement occupé auparavant par l’une des trois fabriques de tuiles établies en 1372 à côté de l’hôpital des Quinze-Vingts, non loin du vieux Louvre. Agrandi au fil du temps et unifié avec le palais du Louvre en 1860, il disposait d’une immense façade (266 mètres de long pour le palais disparu, et environ 328 mètres si on compte les pavillons de Flore et de Marsan qui subsistent) et il était le point focal du grand axe historique de Paris conçu à partir de ce palais. Il a été la résidence royale à Paris de nombreux souverains (Henri IV, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI mais aussi Louis XVIII, Charles X puis Louis Philippe), et impériale (Napoléon 1er puis Napoléon III). Entretemps il a aussi été le siège de la Première République et du Consulat. Son rôle de siège officiel du pouvoir français fut interrompu par sa destruction par un incendie volontaire le 23 mai 1871, allumé par les communards Jules-Henri-Marius Bergeret, Victor Bénot et Étienne Boudin. Les ruines du palais des Tuileries furent abattues en 1883, les présidents de la Troisième République étant alors installés dans le palais de l’Élysée.
[6] Cinna (ou la Clémence d’Auguste) est une tragédie de Pierre Corneille écrite pour le Théâtre du Marais en 1641 et publiée en 1643 chez Toussaint Quinet. Située à l’époque de la Rome antique, l’action témoigne de préoccupations plus contemporaines, et développe une méditation sur la mise au pas de la noblesse sous le règne de Louis XIII et le gouvernement de Richelieu. Hanté par la question de la Grâce, Corneille ne cesse de se demander comment mettre fin à la spirale de la violence. Sa réponse est une apologie du pouvoir fort, dont la magnanimité est précisément l’un des attributs. Le personnage historique que met en scène cette pièce et qui lui a donné son titre est Cnaeus Cornelius Cinna Magnus.
[7] la tragédie d’Artaxerxès
[8] Le mot tsar désigne un souverain de Russie (de 1547 à 1917), de Bulgarie (de 893 à 1422), et de Serbie (de 1346 à 1371).
[9] Saint-Pétersbourg a été fondée en 1703 par le tsar Pierre le Grand dans une région disputée depuis longtemps au royaume de Suède. Par son urbanisme résolument moderne et son esthétique d’origine étrangère, la nouvelle ville devait permettre à la Russie d’« ouvrir une fenêtre sur l’Europe » et contribuer, selon le souhait du tsar, à hisser la Russie au rang des grandes puissances européennes. Le centre-ville, construit sur des directives des souverains russes, présente une architecture unique qui mélange des styles architecturaux (baroque, néoclassique) acclimatés de manière originale par des architectes souvent d’origine italienne. Sa beauté alliée à l’existence de nombreux canaux lui ont valu le surnom de « Venise du Nord » ou « de la Baltique ». De sa fondation jusqu’au début du 20ème siècle, Saint-Pétersbourg a été le principal centre intellectuel, scientifique et politique du pays. Au 19ème siècle, la ville devient le principal port commercial et militaire de la Russie ainsi que le deuxième centre industriel du pays, après Moscou. C’est d’ailleurs à Saint-Pétersbourg qu’éclate la Révolution russe de 1917 et où les bolcheviks triomphent. Saint-Pétersbourg a changé plusieurs fois d’appellation : elle a été rebaptisée Pétrograd de 1914 à 1924, puis Léningrad de 1924 à 1991, avant de retrouver son nom d’origine à la suite d’un référendum en 1991.
[10] Vienne est la capitale et la plus grande ville de l’Autriche ; elle est aussi l’un des neuf Länder (État fédéré) du pays. La ville est située dans l’est du pays et traversée par le Danube (Donau). Capitale du duché puis archiduché d’Autriche, elle fut de fait celle du monde germanique durant le règne de la maison de Habsbourg (devenue en 1745 la maison de Habsbourg-Lorraine) sur le Saint-Empire romain germanique puis présida la Confédération germanique de 1815 à 1866. Elle fut en même temps celle de l’empire d’Autriche de 1804 à 1867 puis de l’Autriche-Hongrie de 1867 à 1918.
[11] Vilnius anciennement Wilno puis Vilna, fondée par le grand-duc Ghédimin, est la capitale de la Lituanie. C’est la ville la plus peuplée du pays. Principale ville du grand-duché de Lituanie, elle est à l’époque de l’union entre la Lituanie et la Pologne connue sous le nom de Wilno, siège d’une importante université de langue polonaise. Lors des partages de la Pologne, Wilno est annexée par la Russie en 1793 et porte ensuite officiellement le nom russe de Vilna. La ville redevient polonaise en 1920, jusqu’en 1939, où elle revient à la Lituanie à la suite de l’occupation de la Pologne par l’Allemagne et l’URSS.
[12] Peterhof est une municipalité du district de Petrodvorets de l’agglomération de Saint-Pétersbourg. De 1944 à 1997, la ville porte le nom de Petrodvorets et beaucoup de Russes s’y réfèrent encore par cette appellation. Cette municipalité est connue pour sa série de palais et de jardins, construits sur ordre de l’empereur de Russie Pierre le Grand dans les années 1720. Surnommée la « Versailles russe », la ville abrite aussi un campus important de l’université de Saint-Pétersbourg, ainsi que l’usine de montres de Petrodvorets, autrefois l’une des principales manufactures de montres de l’Union soviétique. Peterhof est situé à environ 25 km du centre de Saint-Pétersbourg, sur la rive sud du golfe de Finlande, bras de la mer Baltique.
[13] Le théâtre Alexandrinski (ou théâtre Alexandra, d’après le nom de l’épouse de l’empereur Nicolas 1er), dénommé officiellement aussi le théâtre dramatique académique national de Russie du nom de Pouchkine est le plus ancien théâtre dramatique de Russie. Il est situé à Saint-Pétersbourg, non loin de la Perspective Nevski au fond du square Ostrovsky où se dresse la statue de Catherine II de Russie, et à une extrémité de la rue de l’architecte Rossi. Le théâtre a été construit pour la Troupe impériale de Saint-Pétersbourg (troupe fondée en 1756). Le théâtre ouvre ses portes le 31 août (12 septembre) 1832. C’est en 1832 que la troupe s’installe dans le bâtiment actuel, reconnaissable à ses majestueuses colonnes, à son style néo-classique et au fronton surmonté d’un quadrige représentant Apollon, qui fut construit par Carlo Rossi. Il fut le drapeau du théâtre en Russie pendant tout le 19ème siècle. Des ballets, des opéras et des drames ont été représentés à l’origine sur la scène du théâtre Alexandra, mais dans la deuxième moitié du 19ème siècle, le théâtre est devenu purement dramatique. Après la révolution de 1917, le théâtre est devenu auto-administré avec une troupe permanente. En 1920, le nouveau pouvoir renomme le théâtre Alexandra en théâtre national dramatique Pouchkine. Meyerhold, Léonide Vivien, Grigori Kozintsev, Nikolaï Akimov, Grigori Gay et bien d’autres y travaillèrent.
[14] Stockholm est la capitale et la plus grande ville de Suède. Elle est le siège du gouvernement et du parlement suédois ainsi que le lieu de résidence officiel du roi. Située au bord de la mer Baltique, la ville est construite en partie sur plusieurs îles, à l’embouchure du lac Mälar, ce qui lui a valu, à l’instar d’autres cités européennes, son surnom de « Venise du Nord » Au 17ème siècle, Stockholm devient une ville européenne d’envergure. Entre 1610 et 1680, sa population est multipliée par six. Ladugårdslandet, maintenant appelé Östermalm ainsi que l’île de Kungsholmen sont alors rattachés à la ville. En 1628, le Vasa coule dans Stockholm. Peu après, sont instaurées des règles qui donnent à celle ci un monopole sur les échanges entre les négociants étrangers et les territoires scandinaves. À cette époque, sont bâtis nombre de châteaux et de palais, dont la maison de la noblesse (riddarhuset) et au 18ème siècle le palais royal.
[15] La Westphalie est une région historique d’Allemagne, comprise entre la Weser et le Rhin inférieur. Dans la période actuelle, elle forme la partie nord-est du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie avec des régions voisines en Basse-Saxe (Osnabrück, Bentheim et Pays de l’Ems) dans lesquelles le westphalien est parlé. Le royaume de Westphalie était un État membre de la confédération du Rhin. Sa capitale était Cassel, et son territoire était enclavé entre : au nord, les duchés de Mecklembourg ;
à l’est, les royaumes de Prusse et de Saxe, avec les duchés de Saxe et d’Anhalt ; au sud, les grands-duchés de Francfort et de Hesse ; à l’ouest, ce dernier, ainsi que le grand-duché de Berg et les départements nord-est de l’empire français. De l’ancien cercle de Westphalie, il n’avait conservé que l’évêché de Paderborn, Horn, Bielefeld et quelques autres districts, et diverses parties des cercles du Haut-Rhin et de Basse-Saxe. De la sorte, il comprenait tout le sud du Hanovre (le reste appartenait à l’Empire français), le duché de Brunswick, la Hesse-Cassel, les principautés de Magdebourg et de Verden. Outre Cassel, ses principales villes étaient Paderborn, Marbourg, Heiligenstadt, Gœttingue, Halberstadt, Bernbourg, Hanovre, Brunswick, Magdebourg, Celle, Verden, et Salzwedel.
[16] Jérôme Bonaparte
[17] Dresde est une ville-arrondissement d’Allemagne, capitale et ville la plus peuplée de la Saxe. Elle se situe dans le bassin de Dresde, entre les parties supérieures et médianes de l’Elbe et la plaine d’Allemagne du nord.
[18] La bataille de Waterloo se déroule le 18 juin 1815, en Belgique, à vingt kilomètres au sud de Bruxelles, dans l’actuelle province du Brabant wallon. Cette bataille a opposé l’armée française dite Armée du Nord, dirigée par l’empereur Napoléon 1er, à l’armée des Alliés, dirigée par le duc de Wellington et composée de Britanniques, d’Allemands (contingents du Hanovre, du Brunswick, du Nassau) et de Néerlandais (unités belges et hollandaises), rejointe par l’armée prussienne commandée par le maréchal Blücher. Elle s’est achevée par la défaite décisive de l’armée française.
[19] Sainte-Hélène ou Saint Helena, est une île volcanique de 122 km2, située dans l’océan Atlantique sud, à 1 859 km à l’ouest des côtes de l’Angola méridional, à proximité de Tomboa, et à 3 280 km à l’est-sud-est de la ville brésilienne de Cabo de Santo Agostinho (État de Pernambouc), et faisant partie de Sainte-Hélène, Ascension et Tristan da Cunha, territoire britannique d’outre-mer. Elle est découverte par le navigateur galicien João da Nova le 21 mai 1502 et nommée en l’honneur d’Hélène, mère de Constantin 1er. Dès 1657, elle devient possession de la Compagnie britannique des Indes orientales. Essentiellement connue comme lieu d’exil de Napoléon 1er du 14 octobre 1815 à sa mort le 5 mai 1821, l’île lui doit son intérêt touristique qui repose, du moins en très grande partie, sur l’attrait des lieux qu’il a fréquentés. En 1890, le chef zoulou Dinuzulu y est détenu, avant que les Britanniques y emprisonnent le général Piet Cronjé et 6 000 Boers durant la seconde guerre des Boers. Île forteresse sur le passage des navires de la Compagnie des Indes, elle perd son rôle stratégique lors de l’ouverture du canal de Suez.
[20] Caen est une commune française du Nord-Ouest4 de la France en Normandie. Préfecture du département du Calvados. En 1417, la ville de Caen oppose à nouveau une résistance héroïque à l’envahisseur anglais qui massacre 2 000 bourgeois, pille et traite les survivants en rebelles à « leur » roi. La région de Caen sera le lieu d’une très vive résistance à l’occupant anglais qui y procédera à un grand nombre d’exécutions de résistants entre 1418 et 1450. La fondation, en 1432, de l’université de Caen fait partie des mesures du duc de Bedford, régent de Normandie, afin de tenter de se concilier la population caennaise. La fin de l’année 1434 voit un soulèvement commandé par Jean de Chantepie. Caen est reprise par les Français le 1er juillet 1450. La Normandie redevenue française, Charles VII la récompensera de sa « fidélité et loyauté » en confirmant tous ses privilèges et libertés en 1458 (confirmation de la Charte aux Normands).
[21] Bayeux est une commune française du département du Calvados et de la région Basse-Normandie Bayeux est le siège d’un évêché depuis le ive siècle (il a fusionné en 1801 avec le diocèse de Lisieux pour former le diocèse de Bayeux-Lisieux) et d’un vicomté de l’époque du duché de Normandie jusqu’en 1749.
[22] Le théâtre de l’Odéon, dénommé depuis mars 1990 Odéon–Théâtre de l’Europe, est un théâtre national à Paris, en France. Il est situé sur la place de l’Odéon, dans le 6e arrondissement et fut inauguré en 1782 pour accueillir la troupe du Théâtre-Français. Sur le plan architectural, il s’agit d’un théâtre à l’italienne (scène de forme cubique et salle en demi-cercle) et l’extérieur est de style néoclassique. Son histoire a été ponctuée par quelques événements : deux incendies (1799 et 1818), mais aussi la création publique du Mariage de Figaro en 1784, et, plus récemment, la direction de Jean-Louis Barrault ainsi que l’occupation des locaux lors des événements de mai 1968.
[23] Amsterdam est la capitale des Pays-Bas, bien que le gouvernement ainsi que la plupart des institutions nationales siègent à La Haye. Petit village de pêcheurs au 12ème siècle, la ville connaît une très forte croissance au Moyen Âge au point de devenir l’un des principaux ports du monde durant le siècle d’or néerlandais. Le quartier de De Wallen est la partie la plus ancienne de la ville, qui se développe autour d’un réseau concentrique de canaux semi-circulaires reliés par des canaux perpendiculaires, formant une « toile d’araignée ». Au centre de la vieille ville se trouve, sur la place du Dam, le palais royal d’Amsterdam, construit au 17ème siècle, symbole de l’importance de la ville. Guillaume 1er en fait sa résidence en 1815.
[24] Le théâtre de la Porte Saint-Martin est une salle de spectacle située au 18, boulevard Saint-Martin dans le 10e arrondissement de Paris. Il est l’un des plus grands du boulevard avec ses 1 800 places, est construit en seulement 2 mois sur les plans de Nicolas Lenoir, pour accueillir l’Académie royale de Musique dont la salle du Palais-Royal venait d’être incendiée. Il est inauguré le 27 octobre 1781 avec la tragédie lyrique Adèle de Ponthieu de Jean-Paul-André Razins de Saint-Marc, sur une musique de Niccolò Piccinni. Lorsque l’Opéra réintègre sa nouvelle salle de la rue de Richelieu le 9 thermidor an II, le théâtre est fermé et la salle utilisée pour des réunions politiques jusqu’en 1799, date à laquelle elle est vendue comme bien national. Le 30 septembre 1802, la salle rouvre en tant que théâtre sous le nom de « théâtre de la Porte-Saint-Martin ». On y joue alors des pièces à grand spectacle, des comédies et des ballets. Elle est fermée par le décret impérial de 1807 sur les théâtres, puis rouverte en 1810 sous le nom de « salle des Jeux gymniques ». Le privilège accordé portant les restrictions les plus gênantes (pas plus de deux acteurs parlant sur la scène et les autres devant se borner à des rôles muets), ce genre de spectacles peu attrayants est bientôt abandonné. Le 26 décembre 1814, un nouveau privilège est accordé, cette fois autorisant à y représenter des mélodrames, pantomimes et des comédies chantées et dansées. Retrouvant son nom d’origine, la nouvelle structure est inaugurée avec le mélodrame : La Pie voleuse. Mandrin, Les Petites Danaïdes, Trente ans ou la Vie d’un joueur sont les succès les plus marquants de cette période. Le danseur Mazurier fait du théâtre l’un des plus fréquentés de l’époque. Servie par des acteurs de talent tels Frédérick Lemaître, Bocage, Potier, Mademoiselle George et Marie Dorval, la programmation aborde des genres plus élevés : le drame et la tragédie. Frédérick Lemaître fait notamment entrer au répertoire Casimir Delavigne, Alexandre Dumas, Honoré de Balzac, George Sand, Victorien Sardou. Sous la direction de Crosnier puis de Harel, la plupart des grandes œuvres de la réforme romantique sont représentées. Après la faillite de Harel en 1840, les frères Cogniard se lancent dans les féeries (Les Mille et Une Nuits, La Biche au bois). Crosnier, associé à MM. Ber et Tilly, est de retour en 1848, remplacé en 1851 pour cause de faillite par Marc Fournier qui revient aux drames à grand spectacle. Le Bossu de Paul Féval y est adapté le 8 septembre 1862. Incendié le 25 mai 1871 pendant la Semaine sanglante à la fin de la Commune de Paris, il a été reconstruit sur le même emplacement par l’architecte Oscar de la Chardonnière.
[25] La Crimée est une péninsule située dans le Sud de l’Ukraine et à l’ouest du kraï de Krasnodar en Russie, qui s’avance dans la mer Noire. La péninsule de Crimée est réputée pour son climat pontique proche du climat méditerranéen, ses vignobles, ses vergers, ses sites archéologiques et ses lieux de villégiature. Correspondant à l’antique Tauride, la Crimée a fait partie, de l’Antiquité au 13ème siècle, du monde grec devenu romain puis byzantin, tout en étant ouverte au nord aux peuples des steppes (Cimmériens, Scythes, Goths, Mongols, turcophones…) pour rejoindre au 15ème siècle l’Empire ottoman et à la fin du 18ème siècle l’Empire russe.