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Ibn Shihab al-Zuhri ou Muhammad ibn Muslim ibn Ubaydullah ibn Abdullah ibn Shihab al-Zuhri

jeudi 3 octobre 2024, par lucien jallamion

Ibn Shihab al-Zuhri ou Muhammad ibn Muslim ibn Ubaydullah ibn Abdullah ibn Shihab al-Zuhri (vers 677/678-741/742)

Juriste arabe tabi’i

Il est crédité d’avoir été le pionnier du développement de la littérature sīra-maghazi [1] et des hadiths [2].

Élevé à Médine [3], il a étudié les hadiths et les maghazis auprès des traditions médinoises avant de se faire connaître à la cour omeyyade [4], où il a occupé un certain nombre de postes religieux et administratifs. Il a transmis plusieurs milliers de hadiths inclus dans les 6 recueils de hadiths sunnites [5] canoniques et son travail sur les maghazis constitue la base des biographies existantes de Mahomet. Sa relation avec les Omeyyades a été débattue par les sunnites, les chiites [6] et les spécialistes occidentaux des études islamiques.

Il est né dans la ville de Médine. Son père Muslim était un partisan des Zubayrides pendant la deuxième Fitna [7], tandis que son arrière-grand-père Abdullah a combattu contre Mahomet à la bataille d’Uhud [8] avant de se convertir à l’islam.

Bien qu’il soit originaire des Banu Zuhrah [9] la jeunesse de Zuhri a été caractérisée par la pauvreté, et il a servi de soutien de famille. Dans sa jeunesse, Zuhri aimait étudier la poésie et la généalogie, et possédait une excellente mémoire. Il a consommé du sirop de miel dans le but de l’aiguiser davantage et a écrit de volumineuses notes sur des ardoises et du parchemin pour faciliter le rappel de la mémoire.

Se consacrant à l’étude des hadiths et des récits maghazis dans la vingtaine, il a étudié avec les érudits médinois. En utilisant les traditions qui lui ont été transmises, Zuhri a compilé une œuvre maghazie dont des fragments peuvent être trouvés dans les écrits de ses étudiants. Il a peut-être été le premier à combiner plusieurs rapports maghazis en un seul pour produire un récit unique et cohérent avec des chaînes collectives de narration, une technique utilisée plus tard par Ibn Ishaq et Al-Waqidi .

Au fur et à mesure que sa stature d’érudit grandissait, Zuhri attira l’attention des Omeyyades. Il jouissait du patronage d’Abd al-Malik après lui avoir été présenté vers 701/702 et de son successeur al-Walid 1er.

Le cercle d’étude de Zuhri a été loué par le profondément religieux Omar II, qui était engagé dans des activités savantes à Médine. Dès son accession au trône, il ordonna à d’éminents traditionalistes de mettre leurs hadiths à l’écrit dans le cadre de sa vision de codifier la sunna [10]. Zuhri a été chargé de compiler leurs manuscrits dans des livres, dont des copies ont été envoyées aux villes du califat [11].

Pendant le règne de Yazid II, Zuhri accepta une offre de juge du calife. Il a également servi les Omeyyades en tant que collecteur d’impôts et membre de la shurta [12].

Hisham employa Zuhri comme tuteur pour ses fils, lui permettant de vivre à la cour de Resafa [13]. Là, Hisham obligea Zuhri à écrire des hadiths pour les jeunes princes omeyyades, un geste qui troublait l’érudit, qui était opposé à la pratique. Il s’est plaint plus tard de la coercition. Zuhri est resté à Resafa pendant les 2 décennies suivantes, où il a continué à enseigner aux nouveaux étudiants et à tenir des conférences dans lesquelles il a transmis des hadiths.

Vers la fin de sa vie, Zuhri se retira dans un domaine qui lui avait été accordé par les Omeyyades à Shaghb wa-Bada, situé à la frontière du Hedjaz [14] et de la Palestine [15]. Il mourut de maladie.

Dans son testament, il a désigné le domaine comme sadaqah [16] et a demandé à être enterré au milieu d’une route voisine afin que les passants puissent prier pour lui.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé Ibn Shihab al-Zuhri Traduit par mes soins

Notes

[1] Le terme maghazi désigne un type de littérature islamique. Il s’agit de récits relatifs à l’histoire de l’islam qui couvrent la période de la vie du prophète Mahomet et de ses compagnons au 7ème siècle. Ces récits font partie de la tradition islamique et sont considérés comme fiables par les musulmans. Ils sont principalement basés sur des témoignages oraux transmis de génération en génération qui ont été consignés par des historiens musulmans au cours des siècles suivants. Les maghazi couvrent de nombreux événements importants de la vie de Mahomet. Ils comprennent essentiellement des récits sur les guerres et batailles auxquelles Mahomet et ses compagnons ont participé, ainsi que sur les relations qu’il a entretenus avec les autres tribus et groupes de la péninsule Arabique. Ce genre littéraire serait antérieur à celui de la Sīra, qui aborde lui la vie du prophète Mahomet dans sa globalité et non pas uniquement sous l’angle militaire. Un des premiers à rassembler des traditions orales concernant les maghazis fut al-Zuhri.

[2] Un hadith ou hadîth est une communication orale du prophète de l’islam Mahomet et, par extension, un recueil qui comprend l’ensemble des traditions relatives aux actes et aux paroles de Mahomet et de ses compagnons, précédées chacune d’une chaîne de transmetteurs remontant jusqu’à Mahomet. Considérés comme des principes de gouvernance personnelle et collective pour certains courants musulmans, ils sont aussi désignés sous le nom de « la tradition du Prophète ».

[3] Médine est une ville d’Arabie saoudite, capitale de la province de Médine, située dans le Hedjaz. C’est là que vint s’installer en 622 à l’hégire le prophète de l’islam, Mahomet, après qu’il eut, selon le Coran, reçu l’ordre de Dieu de quitter La Mecque, ville distante de plus de 430 km. C’est aussi là qu’il mourut et fut enterré en 632. La ville abrite son tombeau dans la Masjid An Nabawi (mosquée du Prophète) ainsi que les premiers califes Abou Bakr et Omar, les autres personnes importantes de l’islam restant au cimetière Al-Baqi.

[4] Les Omeyyades, ou Umayyades sont une dynastie arabe de califes qui gouvernent le monde musulman de 661 à 750. Ils tiennent leur nom de leur ancêtre Umayya ibn Abd Shams, grand-oncle de Mahomet. Ils sont originaires de la tribu de Quraych, qui domine La Mecque au temps de Mahomet. À la suite de la guerre civile ayant opposé principalement Muʿāwiyah ibn ʾAbī Sufyān, gouverneur de Syrie, au calife ʿAlī ibn ʾAbī Ṭalib, et après l’assassinat de ce dernier, Muʿāwiyah fonde le Califat omeyyade en prenant Damas comme capitale, faisant de la Syrie la base d’un Califat qui fait suite au Califat bien guidé et qui devient, au fil des conquêtes, le plus grand État musulman de l’Histoire.

[5] Le sunnisme est un courant religieux majoritaire de l’islam. 90 % des musulmans sont sunnites. Il est souvent apparenté à une vision orthodoxe de l’islam. Constituant l’une des trois grandes divisions de l’islam, les sunnites sont désignés en arabe comme les gens de la « sunna » et de la majorité religieuse (ahl al-sunna wa’l-djama‘a). Par opposition aux chiites et aux kharidjites, on les appelle parfois « musulmans orthodoxes ». Ce qui distingue les courants de l’islam est principalement l’interprétation de la religion.

[6] Le chiisme constitue l’une des deux principales branches de l’islam, l’autre étant le sunnisme. Il regroupe environ 10 à 15 % des musulmans, dont 90 % de la population iranienne]. Il pensait que les Perses étaient favorables aux Hachémites[[La dynastie des Hachémites désigne les descendants de Hachim ibn Abd Manaf, de la tribu des Quraychites. Les Hachémites ont longtemps été les gardiens de la ville sainte de La Mecque, ils sont aujourd’hui la famille royale régnant en Jordanie, et ont régné sur le Royaume d’Irak jusqu’à la révolution républicaine de 1958.

[7] La Deuxième Fitna est le deuxième schisme politico-religieux à l’intérieur de l’islam (après celui de la Grande discorde). Il a conduit à une guerre civile, et correspond à une période d’instabilité générale politique et militaire qui frappe l’empire musulman au début de la dynastie omeyyade, après la mort du premier calife omeyyade, Muawiya 1er.

[8] La bataille de Uhud ou de `Ohod est un combat entre les musulmans yathribins et la tribu mecquoise des Quraychites sur le mont Uhud près de Médine en 625. La victoire fut aux traditionalistes mecquois.

[9] un clan de Quraysh

[10] La sunna, selon le Coran, englobe les règles ou « lois » de Dieu qui auraient été prescrites à tous les prophètes, y compris le prophète de l’Islam, Mahomet.

[11] Le Califat omeyyade est un califat fondé par la dynastie arabe des Omeyyades, qui gouverne le monde musulman de 661 à 750. Les Omeyyades sont originaires de la tribu de Qurayš, qui domine la Mecque au temps du prophète Mahomet. À la suite de la guerre civile ayant opposé principalement Muʿāwiyah ibn ʾAbī Sufyān, gouverneur de Syrie, au calife ʿAlī ibn ʾAbī Ṭalib, et après l’assassinat de ce dernier, Muʿāwiyah fonde le Califat omeyyade en prenant Damas comme capitale, faisant de la Syrie la base d’un Califat qui fait suite au Califat bien guidé et qui devient, au fil des conquêtes, le plus grand État musulman de l’Histoire. Ainsi, les successeurs de Muʿāwiyah 1er étendent les frontières du Califat de l’Indus jusqu’à la péninsule Ibérique, entrant en guerre à plusieurs reprises notamment avec l’Empire romain d’Orient et l’Empire khazar, et faisant disparaître le Royaume wisigoth. Le Califat omeyyade s’étend même au-delà des Pyrénées avant d’être arrêté par Charles Martel à la bataille de Poitiers en 732.

[12] Shurṭa est le terme arabe courant pour la police. Son sens littéral est celui d’une force « choisie » ou d’élite. La shurṭa ou force de police a été établie dans les premiers jours du califat, peut-être dès le califat d’Uthman (644-656). Dans les califats omeyyade et abbasside, la shurṭa avait un pouvoir considérable, et son chef, le ṣāḥib al-shurṭa, était un fonctionnaire important, que ce soit au niveau provincial ou au sein du gouvernement central.

[13] Resafa parfois orthographié Rusafa, et connu à l’époque byzantine sous le nom de Sergiopolis et brièvement sous le nom d’Anastasiopolis, était une ville située dans la province romaine d’Euphratensis, dans l’actuelle Syrie. Il s’agit d’un site archéologique situé au sud-ouest de la ville de Raqqa et de l’Euphrate. La ville a été perdue par les Byzantins au 7ème siècle lorsque les Arabes ont remporté la victoire finale à la bataille de Yarmouk en 636. Au 8ème siècle, le calife omeyyade Hisham ibn Abd al-Malik fit de la ville sa résidence préférée et construisit plusieurs palais.

[14] Le Hedjaz est une région du nord-ouest de l’actuelle Arabie saoudite. Sa principale ville est Djeddah, mais la cité la plus connue est La Mecque, ainsi que Médine. Cette région fut contrôlée tour à tour durant la majeure partie de son histoire par les puissances régionales, l’Égypte ou l’Empire ottoman. Elle fut néanmoins brièvement indépendante au début du 20ème siècle, lorsqu’elle se souleva contre l’Empire ottoman lors d’une rébellion encouragée par Lawrence d’Arabie durant la Première Guerre mondiale. Husseyn ibn Ali, chérif de la Mecque, proclama son indépendance en 1916. En 1924-1925, l’autorité du chérif fut renversée par les ibn Saoud, régnant sur la nation voisine du Nejd. Cette annexion permit la création de l’Arabie saoudite moderne en 1932.

[15] Le nom Palestine désigne la région historique et géographique du Proche-Orient située entre la mer Méditerranée et le désert à l’est du Jourdain et au nord du Sinaï. Si le terme « Palestine » est attesté depuis le 5ème siècle av. jc par Hérodote, il est officiellement donné à la région par l’empereur Hadrien au 2ème siècle, désireux de punir les Juifs de leur révolte en 132-135. Elle est centrée sur les régions de la Galilée, de la Samarie et de la Judée. Ses limites sont au nord la Phénicie et le mont Liban et au sud la Philistie et l’Idumée. À l’époque des croisades, le Pérée au nord-est de la mer Morte, la Batanée et la Décapole au-delà du Jourdain y étaient attachés. La Palestine peut désigner le territoire situé uniquement à l’ouest du Jourdain. Historiquement, elle correspond à Canaan, à la Terre d’Israël et fait partie de la région de Syrie (Syrie-Palestine). Les Arabes, qui ont conquis la Palestine sur les Byzantins dans les années 630, divisent la province d’al-Sham en cinq districts (jund), dont l’un garde le nom de « Palestine » et s’étend du Sinaï jusqu’à Akko (connue par les Chrétiens sous le nom de Saint-Jean-d’Acre) ; son chef-lieu est d’abord Ludd (Lod) puis, dès 717, ar-Ramlah (Ramla) et plus tard Jérusalem. Les autres villes les plus importantes sont Rafah, Gaza, Jaffa, Césarée, Naplouse et Jéricho. Ce district de « Palestine » était bordé au nord et à l’est par celui de « Jordanie », al-Urdunn, qui avait pour capitale Tibériade et incluait Akko et Tyr. Les frontières entre ces deux districts ont plusieurs fois varié au cours de l’histoire. À partir du 10ème siècle, cette division a commencé à tomber en désuétude, pour faire place finalement au royaume chrétien de Jérusalem. Sous le gouvernement des Croisés, est fondé en 1099, le royaume latin de Jérusalem ; Jérusalem redevient capitale d’un État. Après la défaite et le départ des Croisés, aux 12ème et 13ème siècles, les jund (districts) arabo-musulmans sont réintroduits, mais leurs frontières sont sans cesse redéfinies.

[16] La sadaqa ou sadaka est une aumône, un don spontané, non obligatoire à la différence de la zakât qui est une aumône obligatoire appartenant aux 5 piliers de l’islam. Le terme provient du mot arabe « sadaq », qui signifie sincérité et vérité, elle représente un acte de charité désintéressé qui revêt une grande importance dans la vie des musulmans du monde entier. Des levées fiscales (sadaqat) sont instituées en 630 en un impôt obligatoire régulier et collectif dont le but religieux selon le Coran, est de « purifier » les musulmans