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Clodulf de Metz

mercredi 2 octobre 2024, par lucien jallamion

Clodulf de Metz (av. 610-697)

30ème évêque de Metz de 657 à 697

Blason évêché de MetzFils aîné d’Arnulf, évêque de Metz [1], et de son épouse Dode, il est donc membre d’une importante famille franque présente à la cour des rois d’Austrasie [2]. Sa naissance se place au moins 2 ans avant la nomination de son père comme évêque de Metz. Selon “la Vita Arnulf”, son père Arnulf projetait de se retirer en 629 et le roi Dagobert 1er menaça alors Clodulf et Ansegisel pour obliger Arnulf à conserver sa charge d’évêque. Il semble qu’en fait le roi s’en prit aux fils pour obliger le père à quitter l’épiscopat de Metz.

Il s’ensuit une période d’une quinzaine d’années au cours de laquelle la famille se trouve reléguée au second plan politique, et ce n’est que vers 643-647 que les 2 frères sont de nouveau cités, Clodulf comme vir inluster [3] dans une lettre de l’évêque Désiré de Cahors, et Ansegisel comme marié à une sœur de Grimoald, maire du palais [4] d’Austrasie. Les deux frères sont ensuite mentionnés en 648 comme domestiques dans un acte du roi Sigebert III et du maire du palais Grimoald.

Nommé ensuite évêque de Metz en 657, il s’occupe d’administrer son nouveau diocèse, notamment en patronnant un certain Trudo, noble de Hesbaye [5], qui se fait prêtre à Metz [6] puis lègue ses biens à l’église de Metz.

Dans les années qui suivent, son frère Ansegisel est assassiné, et le beau-frère de ce dernier, Grimoald est tué à la fin du règne de son fils Childebert III l’Adopté. Chlodulf reste cependant en place.

Il ne semble pas avoir été inquiété, et il est possible qu’il se soit mis en rupture de la politique de son clan. C’est probablement pour cette raison que les Carolingiens ont par la suite laissé courir des histoires peu flatteuses sur son compte et n’ont pas repris son prénom ni celui de son fils pour d’autres membres de la famille.

Il meurt le 8 mai 697, centenaire selon l’auteur de “la Vita Chlodulf”i, mais plus vraisemblablement nonagénaire.

Le nom de son épouse n’est pas donné par les documents contemporains. Cependant la tradition de Looz [7] signale que le corps de saint Amour fut transféré dans l’église par Hilda, femme du noble Clodolfus.

Quel que soit le nom de son épouse, il a eu pour fils un certain Aunulf, connu dans un acte de donation fait en 714 par Pépin II de Herstal de bien hérité de son cousin Aunulf, fils de Clodulf, en faveur de l’église de Metz.

Cet acte nous apprend qu’Aunulf est mort entre 697 et 714 et qu’il n’avait pas d’héritiers plus proches que son cousin Pépin.

Il lui est parfois attribué un autre fils, le comte Martin qui combattit le maire Ébroïn aux côtés de Pépin de Herstal et tué en 690.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Christian Settipani, La Préhistoire des Capétiens (Nouvelle histoire généalogique de l’auguste maison de France, vol. 1), Villeneuve-d’Ascq, éd. Patrick van Kerrebrouck, 1993, 545 p. (ISBN 978-2-95015-093-6)

Notes

[1] Fondé vers le 3ème siècle, l’évêché de Metz a longtemps été une entité à la fois politiquement puissante et riche. Opposé à la bourgeoisie messine puis soumis à l’influence du royaume de France, il va progressivement perdre son poids économique puis son influence politique. Aujourd’hui l’évêque de Metz a la particularité d’être l’un des deux seuls évêques catholiques au monde à ne pas être formellement nommés par le Pape, mais par un pouvoir temporel (le concordat en Alsace-Moselle confiant au président de la République française la nomination de l’évêque de Metz et de l’archevêque de Strasbourg).

[2] L’Austrasie désignait durant la période mérovingienne un royaume franc couvrant le nord-est de la France actuelle, les bassins de la Meuse et de la Moselle, jusqu’aux bassins moyen et inférieur du Rhin. La capitale en fut d’abord Reims, puis Metz. Les habitants de l’Austrasie étaient les Austrasiens. Ce royaume est apparu à la mort de Clovis en 511, lorsque le territoire de celui-ci est partagé entre ses fils. Berceau de la dynastie carolingienne, l’Austrasie disparaît en 751 avec le dernier roi mérovingien pour être intégrée dans le grand royaume franc que réunirent Pépin le Bref et Charlemagne.

[3] homme illustre

[4] A l’origine intendant général, chargé de diriger les services politiques et domestiques de la maison du roi, le maire du palais apparaît, dès le milieu du 7ème siècle, comme le personnage principal de l’Etat. C’est lui, de fait, qui exerce la réalité du pouvoir.

[5] La Hesbaye est une région naturelle de Belgique s’étendant sur les provinces du Brabant flamand, du Brabant wallon, de Liège, de Limbourg et de Namur. Sa capitale est Waremme.

[6] En 870, le traité de Meerssen fait entrer le comté de Metz dans le domaine de Louis le Germanique. Il y a eu à Metz deux sortes de comtes : - les comtes royaux ainsi nommés parce qu’ils étaient investis par le roi des Francs, puis le roi de Germanie. - les comtes palatins nommés par les évêques de Metz pour gérer leurs affaires ; ils exercent en même temps que les comtes royaux. Au 11ème siècle, l’influence de l’empereur germanique, héritier des rois de Germanie, s’éloigne, les comtes royaux deviennent ducs de Lorraine alors que les évêques, résidant sur place, concentrent de plus en plus en leurs mains le pouvoir temporel dont ils délèguent l’exercice à leurs comtes palatins ; ceux-ci deviennent des comtes épiscopaux.

[7] Looz est une ville néerlandophone de Belgique située en Région flamande dans la province de Limbourg.