Jeune seigneur wisigoth [1] né sous le nom de Witiza. Fils du comte de Maguelone [2], il fut élevé à la cour de Pépin III, où il devint échanson [3] de la reine. Après avoir participé avec Charlemagne à l’expédition contre les Lombards en Italie en 773, il décida d’embrasser la vie religieuse et, en 774, s’enfuit, malgré l’opposition de son père, au monastère de Saint Seine [4], au nord de Dijon. Il prit le nom de Benoît et resta 6 ans dans cet établissement où il pratiqua une ascèse très rigoureuse inspirée des Pères orientaux et des Irlandais. Peu satisfait du mode de vie de ses compagnons, qu’il jugeait beaucoup trop relâché, il décida de se retirer à Aniane, une propriété familiale située en Languedoc, où il poussa jusqu’à l’extrême le dépouillement et la pauvreté. Il fonde l’abbaye d’Aniane [5] en 780.
Il obtint de Charlemagne des lettres d’immunité ainsi que la reconnaissance de la liberté d’élection de l’abbé, et décida, après de longues hésitations, d’adopter la règle de saint Benoît de Nursie en la complétant et en la modifiant. Il rédigea alors la Concordia Regularum [6], commentaire de la règle de saint Benoît, avec des citations extraites des règles de Pacôme, de Basile, mais aussi de Colomban.
Cette nouvelle règle renforçait la discipline et la hiérarchie, tout en restreignant le pouvoir discrétionnaire de l’abbé, sur qui le chapitre avait un droit de regard. En limitant la présence des hôtes laïcs et en réservant l’accès des écoles claustrales aux moines, elle renforçait la séparation entre le monde et le monastère.
Fort de l’appui de Louis, roi d’Aquitaine, et de l’amitié d’Alcuin, abbé de Saint-Martin, il réforma plus de 20 monastères en Aquitaine.