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L’histoire pour le plaisir

Alcuin

mercredi 11 mars 2015, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 24 septembre 2011).

Alcuin (730-804)

Alcuin

Après des études à l’école d’York sous la direction d’un disciple de Bède, Aelbert, il devint à son tour maître de l’école en 766 puis fut envoyé en mission sur le continent.

Érudit devenu le conseiller très écouté de Charlemagne, suite à une entrevue célèbre en 781 au cours de laquelle l’empereur, séduit par le charme, la piété et l’ampleur des connaissances d’Alcuin, et souhaitant se l’attacher, l’invite au Palais.

De 782 à 790, précepteur des enfants de l’empereur, il fut l’animateur d’un véritable foyer de culture à la cour. Il ne cessera, pendant près de 10 ans, d’enseigner au Palais et d’inspirer, sinon de rédiger, les Capitulaires [1] qui enjoignent de créer des écoles et d’instruire les clercs destinés au service de l’Église et de l’État.

Il fut l’un des principaux artisans de la renaissance carolingienne, il aida notamment Charlemagne à organiser l’enseignement en Occident. Il l’incita également à aller à Rome recevoir la couronne impériale et, à sa demande, prit position dans l’affaire de l’hérésie adoptianisme [2] en rédigeant des traités contre Félix, évêque d’Urgel, et contre Elipand de Tolède.

Néanmoins, il resta en étroite relation avec ses compatriotes ; jouant le rôle d’intermédiaire entre le roi Offa de Mercie et Charlemagne, il revint une première fois dans son pays en 786, accompagné de légats pontificaux avec qui il présida des conciles, puis en 790 et enfin en 792.

Charlemagne le nomma abbé de plusieurs monastères : Ferrières [3], Saint Loup de Sens [4], Flavigny [5], Cormery [6], Saint-Josse [7] et surtout Saint-Martin de Tours [8] en 796, où il s’installa définitivement en 801 tout en demeurant en correspondance avec l’empereur.

Il laissa une œuvre immense touchant des domaines aussi divers que la grammaire, la rhétorique, l’histoire, l’exégèse, l’hagiographie (“Vie de saint Riquier, Vie de saint Willibrord”), la poésie, la morale, la liturgie et la pédagogie. À la demande de Charlemagne, il révisa le texte de la bible et cette nouvelle version, offerte à l’empereur pour l’anniversaire de son couronnement impérial, fut utilisée en Occident pendant des siècles.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Hérodote /Alcuin/Le petit mourre/ dictionnaire d’histoire universelle édition Bordas 2004 p 32

Notes

[1] Le capitulaire est un acte législatif de l’époque carolingienne. Il est divisé en petits chapitres nommés capitula, d’où le nom de capitulaire. Ces lois reprenaient les décisions prises lors du Champ de mai, assemblées d’hommes libres aussi appelé plaid. Il existe plus d’une centaine de capitulaires, ceux-ci forment une source importante sur les institutions de l’empire carolingien.

[2] L’adoptianisme est une doctrine religieuse selon laquelle Jésus ne serait devenu le fils de Dieu que par adoption à la suite de son baptême dans le Jourdain par Jean-Baptiste. Elle est apparue dès le 2ème siècle chez Théodote de Byzance dont le souci était de revenir à un monothéisme plus étayé. Paul de Samosate, évêque d’Antioche la reprend en 268, puis, au 8ème siècle, en Espagne, l’archevêque Elipand de Tolède, et l’évêque d’Urgell, Félix d’Urgel. Cette doctrine est régulièrement condamnée au nom de l’orthodoxie : d’abord par le pape Adrien 1er, puis par le concile de Francfort que convoque en 794 Charlemagne, et enfin par le synode de Rome en 799. Félix d’Urgel abjure sous la pression au concile de Ratisbonne en 792 en Bavière puis est arrêté et condamné comme relaps par le pape Léon III. Il meurt en prison à Lyon en 818. Ce n’est cependant qu’au 13ème siècle que le pape Alexandre III vient enfin à bout de l’adoptianisme qui est considéré définitivement comme hérésie.

[3] L’abbaye Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Ferrières est une abbaye bénédictine française située à Ferrières-en-Gâtinais dans le département du Loiret et la région Centre-Val de Loire.

[4] L’abbaye de Saint-Loup, de Troyes (Aube), a été fondée au ixe siècle pour abriter les reliques de Lupus évêque de Troyes, devenu Saint Loup (mort en 478), le défenseur légendaire de la ville contre Attila au ve siècle et patron de la ville. Elle avait été édifiée à l’écart de la ville et fut brûlée par les Vikings en 887.

[5] Sous le règne de Clovis, sera fondée la première abbaye à Flavigny. La Bourgogne sera ensuite annexée en 534 au royaume Franc. Vite détruite, l’abbaye sera à nouveau bâtie en 719 par Widerard, fils de Corbon et chrétien. C’est Widerard qui aurait transporté à Flavigny une communauté monastique. Il en deviendra le second abbé. Les moines de Flavigny obéissent à la règle de saint Benoît, qui vise à harmoniser le temps des moines entre la prière, le travail manuel, les études dans un cadre de vie communautaire et un esprit de modération.

[6] En 791, un établissement religieux y est fondé par Ithier, abbé de Saint-Martin de Tours et prochancelier de Charlemagne. Il s’agit de créer un lieu de recueillement et de prière plus respectueux de la règle de Saint Benoît. Ithier vient y faire retraite, loin du monde et de ses agitations. Il ne s’agit d’abord que d’un modeste prieuré appelé la Celle Saint-Paul. Alcuin qui succède à Ithier donne à Cormery un formidable essor spirituel et, sur le plan matériel, transforme le prieuré en abbaye importante en le dotant d’importants domaines. Cela permet à son successeur, Fridugise, de réaliser de grands travaux.

[7] Abbaye de Bénédictins fondée par Aimond, duc de Ponthieu, et saint Josse, son chapelain, qui y mourut en 668. Elle fut donnée vers 792 par Charlemagne à Alcuin. Elle dépendait au IXe siècle de l’abbaye de Ferrières en Gâtinais. Elle fut détruite à cette époque par les Normands. Plus tard elle fut détruite par les Anglais, puis les Calvinistes.

[8] La charge d’Abbé Laique de Saint Martin de Tours avait une importance considérable dès le Haut Moyen-Age. A la fin du 8ème siècle, Charlemagne fait nommer Alcuin, un moine Anglais de son entourage, comme Abbé. Celui-ci et ses successeurs revitalisent les études et développent le Scriptorium pour faciliter la diffusion des manuscrits. Au milieu du 9ème siècle, l’Abbaye compte 200 chanoines, c’est à dire plus que l’Abbaye Saint Germain des Prés (120), à Paris et que l’Abbaye de Saint Denis (150). L’Abbaye de Saint Martin est alors la plus importante communauté religieuse de la Francie de l’Ouest.