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L’histoire pour le plaisir

Smbat VI Bagratouni

mercredi 29 novembre 2023, par lucien jallamion

Smbat VI Bagratouni (vers 670-726)

Prince arménien de 691 à 711

Armoiries de la dynastie BagratidesFils de Varaz-Tiroç III Bagratouni, tué par les Byzantins vers 675.

Après la mort d’Achot II Bagratouni en guerre contre l’empereur byzantin [1] Justinien IIœ, ce dernier occupe le pays et nomme Nersēh Kamsarakan comme prince d’Arménie. Mais le calife [2] Abd al-Malik reprend peu après le contrôle du pays et nomme Smbat VI comme prince d’Arménie.

Pour venger son père, il fait exécuter tous les Byzantins vivant en Arménie. Mais il doit faire face à une armée arabe, conduite par Mohammed ibn-Merwan, qui ravage le pays pour le replacer sous l’autorité directe du calife. Son lieutenant Abd Allah Ibn Hatim al-Bahili veut en finir avec les révoltes arméniennes et capture les principaux religieux et princes arméniens, dont Smbat en 695, qui est assigné à résidence à Damas [3].

Il est libéré en 697 et doit lutter l’année suivante contre une armée byzantine envoyée par Tibère III. La bataille qui oppose les deux armées byzantine et arménienne les laissent épuisées. Puis il attaque Mohammed ibn-Merwan et le défait, mais la menace arabe l’oblige à rechercher l’alliance grecque.

L’empereur Tibère III le nomme curopalate [4] et Smbat dirige l’Arménie pour le compte de Byzance [5]. Il négocie la paix avec le calife Abd al-Malik, mais avec la mort de ce dernier et l’avènement de son successeur, Al-Walid, les persécutions reprennent. Smbat s’allie de nouveau avec les Byzantins, puis, la paix avec le calife de nouveau conclue, accepte la suzeraineté arabe, renonce à sa charge de prince et se retire dans ses domaines. L’Arménie est ensuite dirigée par un gouverneur arabe, Abd al-Azîz ibn Hâtim al-Bâhilî.

Il laisse plusieurs fils, mais c’est son neveu Achot III qui devient ichkhan [6] de la maison Bagratouni [7].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les princes caucasiens et l’Empire du vie au ixe siècle, Paris, de Boccard, 2006, (ISBN 978-2-7018-0226-8)

Notes

[1] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[2] Le terme calife, est une romanisation de l’arabe khalîfa, littéralement « successeur » (sous-entendu du prophète), titre porté par les successeurs de Mahomet après sa mort en 632 et, pour les sunnites, jusqu’à l’abolition de cette fonction par Mustafa Kemal Atatürk en 1924. Les ibadites ne reconnaissent plus aucun calife depuis 657. L’autorité d’un calife s’étend sur un califat. Il porte aussi le titre de commandeur des croyants, titre aboli chez les chiites après la mort d’Ali. Les critères de choix sont différents entre les chiites et les sunnites mais le porteur du titre a pour rôle de garder l’unité de l’islam et tout musulman lui doit obéissance : c’est le dirigeant de l’oumma, la communauté des musulmans.

[3] Damas est l’une des plus anciennes villes continuellement habitées. Elle est aussi la ville la plus peuplée de la grande Syrie (Assyrie) (des traces archéologiques remontent au 4ème millénaire av. jc). Elle est citée dans la Bible, dans le livre de la Genèse, et plusieurs fois dans les Livres des Rois et des Prophètes. Damas connut l’influence de nombreuses civilisations dont celles des Assyriens, Perses, Grecs, Séleucides, Romains, Arabes et Turcs. De la fin du 12ème siècle av. jc à 734 av. jc, elle est la capitale du royaume d’Aram-Damas. Elle fut l’un des berceaux du christianisme et vit saint Paul prononcer ses premières prédications, notamment dans la maison d’Ananie, où celui-ci a ouvert une église domestique dès l’année 37. Cette dernière est la plus vieille de Syrie (aujourd’hui dans le quartier chrétien de Bab Touma). En 635, Damas se soumit aux musulmans et devint la capitale de la dynastie des Omeyyades de 661 à 750. Avec l’adoption de la langue arabe, elle devint le centre culturel et administratif de l’empire musulman durant près d’un siècle. Par la suite, elle demeura un foyer culturel majeur et un pôle économique de premier plan profitant de sa situation géographique privilégiée, à la croisée des chemins de La Mecque, l’Afrique, l’Anatolie, la mer Méditerranée et l’Asie (route de la soie en direction de la Chine et du commerce des épices avec l’Inde).

[4] La dignité de curopalate fut d’abord une fonction de la cour impériale byzantine avant de devenir l’un des titres les plus prestigieux du 6ème au 12ème siècle. Réservée aux membres de la famille impériale et à divers rois et princes du Caucase, elle finit par se déprécier et être reléguée à la fin des listes de préséance avant de tomber en désuétude sous les Paléologues. L’épouse d’un curopalate portait le titre de kouropalatissa.

[5] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.

[6] Ichkhan était un titre féodal donné en Arménie médiévale, signifiant littéralement prince. Le mot provient du verbe arménien ishkhel, signifiant gouverner ou régner. Le titre ichkhan est utilisé tant en parallèle qu’en substitut d’autres titres féodaux arméniens, comme nakharar, paron, douks, ter, ou melik.

[7] La dynastie Bagratide, Bagratouni est une famille royale dont les branches dirigèrent de nombreux royaumes régionaux tels que les territoires arméniens de Ani, Lorri, Kars, Taron, et Tayk, ainsi que diverses principautés du royaume de Géorgie et dont les derniers membres s’illustrèrent dans l’histoire de l’Empire russe.