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L’histoire pour le plaisir

Smbat IV Bagratouni

lundi 26 juin 2023, par ljallamion

Smbat IV Bagratouni (mort en 616)

Marzban d’Hyrcanie de 595 à 602-Marzban d’Arménie de 604 à 611/616

Armoiries de la dynastie BagratidesMembre de la famille des Bagratides [1]. Fils de l’aspet [2] Manouel Bagratouni, c’est son oncle Achot 1er Bagratouni qui est aspet durant sa jeunesse. Durant celle-ci, l’empereur Maurice cherche à reprendre l’Arménie [3] aux Perses et à transférer les populations arméniennes vers l’ouest de l’empire.

L’empereur réclame ainsi 2000 cavaliers pour ses guerres en Europe, qui partent sous le commandement de Sahak Mamikonian et de Smbat Bagratouni. Le détachement de Smbat se mutine près de Trébizonde [4] et les Byzantins [5] arrêtent Smbat, l’emmènent à Constantinople [6] et le livrent aux bêtes dans l’arène.

Sébéos écrit qu’il maîtrise successivement un ours, un taureau puis un lion, et suscite l’enthousiasme de la foule, de sorte que l’empereur le gracie et le reconnaît protocolairement comme son fils adoptif. Mais il tombe peu après en disgrâce, et l’empereur l’envoie combattre en Afrique, d’où il s’échappe et se réfugie à la cour de Perse [7].

En 595, Khosro II le nomme marzban [8] d’Hyrcanie [9]. Il se montre digne de la confiance impériale en matant une insurrection de tribus iraniennes. Il découvre également une colonie arménienne dans le Turkestan [10] et lui fournit les prêtres dont elle manquait.

Sa fidélité et ses succès valent les honneurs à sa famille, et son fils Varaz-Tiroç est nommé échanson royal [11]. La guerre reprend entre la Perse et les hordes turques au Khorassan [12], et Smbat est envoyé les combattre avec succès, malgré une nette infériorité numérique.

Le roi perse lui décerne le qualificatif de Joie de Chrosroès en 607, le titre de Bazmaïalth [13], et le fait marzban d’Arménie, vers 604.

En 604, à la mort de Movsès II dit Moïse II d’Eghivard , patriarche de l’Église arménienne [14], il tente de faire élire Abraham d’Aghbathank , évêque du Rechtouniq et anti-chalcédonien, mais le synode, dont plusieurs membres étaient acquis à la cause orthodoxe grecque, ne parvient pas à se mettre d’accord sur un successeur, et il fallut un second synode pour qu’Abraham soit élu le 30 avril 607. Smbat intervint durant le concile de Dvin pour empêcher les évêques persarméniens [15] de se rallier à l’orthodoxie grecque.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les princes caucasiens et l’Empire du 6ème au 9ème siècle, Paris, de Boccard, 2006, 634 p. [détail des éditions] (ISBN 978-2-7018-0226-8)

Notes

[1] La dynastie Bagratide, Bagratouni est une famille royale dont les branches dirigèrent de nombreux royaumes régionaux tels que les territoires arméniens de Ani, Lorri, Kars, Taron, et Tayk, ainsi que diverses principautés du royaume de Géorgie et dont les derniers membres s’illustrèrent dans l’histoire de l’Empire russe.

[2] maître de la cavalerie

[3] L’Arménie perse désigne l’Arménie sous la domination perse, de 428 à 646 puis de 1639 à 1828. Cette partie de l’Arménie historique est divisée en 1747 entre khanat d’Erevan, khanat de Nakhitchevan et khanat du Karabagh. Elle disparaît définitivement avec le traité de Turkmanchai, qui l’annexe à la Russie.

[4] Trabzon ou Trébizonde (d’après son nom antique), est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom, située au bord de la mer Noire, dans la région de la mer Noire. Capitale culturelle et historique de la région de la mer noire (karadeniz). Depuis sa fondation par des colons grecs autour du 7ème siècle av. jc, Trébizonde, capitale de la région du Pont a souvent constitué un des centres commerciaux et politiques majeurs de la côte sud de la mer Noire. Trabzon a longtemps été un lieu de passage obligé pour les voyageurs s’aventurant en Asie, comme Xénophon, Evliya Çelebi, Marco Polo, Nicolas Bouvier. C’était un lieu essentiel pour le commerce international, ce qui justifia l’ouverture éphémère de consulats français et anglais dans la ville. Au Moyen Âge, elle fut une étape de la Route de la Soie ; Marco Polo y passa à son retour de Chine, alors que la ville était capitale de l’Empire de Trébizonde, qui se trouva coupé de l’Empire byzantin par la quatrième croisade de 1204 et lui survécut jusqu’en 1461 lorsque le sultan ottoman Mehmed II s’en empara.

[5] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[6] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[7] L’histoire de l’Iran (ou Perse) couvre des milliers d’années, depuis les cultures antiques du plateau iranien, comme l’ancienne civilisation de Jiroft dans la province du Kerman et de Shahr-i Sokhteh (« la cité brûlée ») dans la province de Sistan-et-Baloutchistan. Ces cultures sont suivies par le royaume d’Élam, entre les actuelles provinces du Khuzistan et du Fars, par la civilisation de Lorestan et par la floraison de celle de Marlik dans la province du Gilan. Viennent encore les Mannéens, à l’origine installés au sud du lac d’Orumieh, près de l’actuelle ville de Piranshahr dans la province du Kordestan, qui se sont répandus dans l’ensemble des provinces d’Azarbaijan, puis les peuples des Mèdes et des Perses qui fondent l’empire achéménid

[8] Le marzpanat ou marzbanat est le système de gouvernement instauré par les Sassanides en Arménie, en vigueur de 428 à 646. À sa tête est installé un marzpan ou marzban (« gouverneur »).

[9] L’Hyrcanie est le nom qui dans l’Antiquité est donné aux régions d’Asie situées au sud-est de la Mer Caspienne (anciennement l’Océan Hyrcanien) au nord-est de l’Iran actuel, autour de l’actuelle Gorgan. L’Hyrcanie est une province de la Médie puis de l’empire perse des Achéménides et c’est à la frontière entre cette satrapie et la Parthie que Darius III, en fuite devant Alexandre le Grand, est assassiné en 330 av. jc. Plus tard cette région est englobée dans le royaume des Parthes.

[10] Le Turkestan est l’ancien nom donné à une région d’Asie centrale délimitée au nord par les steppes du Kazakhstan et le massif de l’Altaï, à l’est par la Mongolie et la Chine, au sud par l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan et l’Iran, enfin à l’ouest par la mer Caspienne.

[11] Un échanson était un officier chargé de servir à boire à un roi, un prince ou à tout autre personnage de haut rang. En raison de la crainte permanente d’intrigues et de complots, la charge revenait à une personne en qui le souverain plaçait une confiance totale. L’échanson devait en particulier veiller à écarter tout risque d’empoisonnement et parfois même goûter le vin avant de le servir. Dans la mythologie et les religions, les divinités ont parfois, elles aussi, un échanson.

[12] Le Khorassan est une région située dans le nord-est de l’Iran. Le nom vient du persan et signifie « d’où vient le soleil ». Il a été donné à la partie orientale de l’empire sassanide. Le Khorassan est également considéré comme le nom médiéval de l’Afghanistan par les Afghans. En effet, le territoire appelé ainsi englobait en réalité l’Afghanistan actuel, le sud du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan, ainsi que le nord-est de l’Iran. Dans sa longue histoire le Khorassan a connu de nombreux conquérants : Grecs, Arabes, Turcs, Mongols, etc.

[13] le Souvent Victorieux

[14] L’Église apostolique arménienne est une Église chrétienne autocéphale. C’est une des Églises des trois conciles dites aussi « Églises antéchalcédoniennes ». Elle revendique son titre d’« apostolique » en faisant remonter ses origines aux apôtres Thaddée et Barthélemy. Devenue religion officielle du royaume d’Arménie avec la conversion du roi Tiridate IV par saint Grégoire l’Illuminateur, elle développe son particularisme du 6ème au début du 8ème siècle, qui voit sa christologie se stabiliser selon la doctrine miaphysite.

[15] de l’Arménie Perse