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Giuseppe Domenico Scarlatti ou Domenico Scarlatti

lundi 12 juin 2023, par ljallamion

Giuseppe Domenico Scarlatti ou Domenico Scarlatti (1685-1757)

Compositeur baroque et claveciniste italien

Né à Naples [1] la même année que Georg Friedrich Haendel et Jean-Sébastien Bach, Domenico Scarlatti était le 6ème des 10 enfants d’Alessandro Scarlatti et d’Antonia Anzalone. Maestro di cappella [2] qui écrira plus de 100 opéras, dirigea ses études musicales avant d’être l’élève de Gaetano Greco , l’enfant ne tardera pas à se montrer très doué.

Ses parents sont issus de familles de musiciens, et Alessandro, alors âgé de 25 ans, est alors déjà suffisamment réputé pour avoir été nommé directeur de la musique de la Chapelle royale.

Il passe la première partie de sa vie dans le sillage et l’ombre de son père.


Le 13 septembre 1701, il fut nommé organiste [3] et compositeur à la chapelle royale de Naples dans laquelle son père était maestro et se mit tout naturellement à composer des opéras et des œuvres religieuses, mais il se passionna pour l’instrument à clavier. En 1702 le père et le fils sont partis pour Florence [4] sur un permis d’absence de 4 mois.

Alessandro est bientôt parti pour Rome, alors que Domenico retourne à Naples et assume les fonctions de son père pour la saison 1703/1704.

En 1704, il adapte, pour la représenter à Naples, l’Irène de Carlo Francesco Pollarolo .

Domenico a bientôt démissionné de son poste et a rejoint son père à Rome. Peu après, son père l’envoie à Venise à la compagnie du castrat [5] Nicolo Grimaldi , connue sous le nom de Nicolino ou Nicolini pour étudier avec Francesco Gasparini . Il y rencontre Thomas Roseingrave , un musicien anglais qui devait plus tard participer à la diffusion de ses œuvres à Londres. Scarlatti est dès cette époque un claveciniste hors pair, et l’on raconte que lors d’une joute musicale avec Haendel organisée à Rome au palais du cardinal Pietro Ottoboni pendant son séjour italien, il lui fut jugé supérieur au clavecin, alors que son rival l’emporta à l’orgue. Les deux musiciens restèrent d’ailleurs très amis.

2 ans après il s’établi à Rome et Domenico est devenu la pupille des musiciens les plus éminents d’Italie.

Il a composé au moins un oratorio en 1709 et une douzaine d’opéras pour le théâtre napolitain

Scarlatti était également une figure familière des réunions hebdomadaires de l’“Accademie Poetico-Musicali” accueillant le cardinal Pietro Ottoboni et les meilleurs musiciens à Rome.

À l’age de 20 ans, il se rendit à Venise [6] ou il rencontrera Haendel et Vivaldi puis repartira pour Rome ou il mènera une double activité de maître de chapelle et de compositeur d’opéra

Scarlatti a rencontré Handel, né la même année que lui. En 1708, âgé tous les 2 de 23 ans, et à l’instigation d’Ottoboni, ils furent adjugés égaux sur le clavecin, mais Handel fut considéré le meilleur au clavecin.

En 1709, il entre au service de Marie-Casimire-Louise de La Grange d’Arquien , reine de Pologne qui vit alors à Rome ou il compose plusieurs opéras pour sa scène privée. Avant de partir pour la France en 1714, elle reçu de Scarlatti au moins une cantate, un oratorio, et 7 opéras

En Novembre 1713 Scarlatti fut appelé comme maestro di cappella à la basilique Saint-Pierre [7] au Vatican ou il y servi pendant 5 années de 1714 à 1719 et se rend peut-être l’année suivante à Londres pour y diriger un de ses opéras au King’s Theatre.

En août 1719 Scarlatti démissionna de ses positions à Rome et partit à Palerme [8], où il fut admis à l’“Unione di Santa Cecilia” le 16 avril 1720, enseignant la musique à la princesse Marie-Barbara de Portugal ou Marie Barbara de Bragance qui deviendra une claveciniste émérite. ; il y est resté jusqu’à décembre 1722.

Les œuvres de Bernardo Pasquini et de Francesco Gasparini formèrent la base sur laquelle Domenico a développé son propre travail.

Lors d’un séjour à Venise puis à Rome, Domenico Scarlatti se familiarisa avec l’art de Corelli. Il composa quelques opéras et de la musique religieuse comme il se devait à l’époque.

Son association avec Corelli a également contribué à l’évolution de son travail et bientôt Domenico Scarlatti est devenue célèbre dans son pays principalement en tant que claveciniste [9].

Attiré par l’inconnu, Scarlatti abandonne le poste de maestro di cappella à la Basilique Saint Pierre à Rome. La curiosité normale et la fascination des pays éloignés l’incitent à entreprendre un voyage à Londres, où son “opéra Narciso” a rencontré seulement un succès limité .

De Londres Scarlatti est allé en Espagne qui marqua un changement décisif dans sa vie et c’est finalement dans la péninsule ibérique qu’il trouvera définitivement sa voix, d’abord à la cour du roi du Portugal à Lisbonne [10] ou il enseignera le clavecin pendant de longues année à la cour royale et fera l’éducation musicale des princesses. Quelques années avant la mort de son père, il s’installe au Portugal au service de Marie Barbara de Bragance, princesse royale, fille aînée du roi Jean V de Portugal . Puis il suivra l’infante Maria Barbara en 1729 à Madrid [11].

Son génie lui ouvrit les portes de l’aristocratie. Comme le castra Farinelli , domenico semble avoir été un favori à la cour bien qu’étant un grand joueur il dut souvent emprunter de l’argent à Farinelli.

Scarlatti est retourné en Italie à trois occasions. En 1724 à Rome il a rencontré Johann Joachim Quantz et Farinelli qui le rejoindront à la cour espagnole en 1737. En 1725 il est retourné à Naples à la mort de son père où il a rencontré Johann Adolf Hasse puis s’installe de façon définitive à Madrid en 1729 pour y redevenir maître de musique de cette princesse qui s’est entre temps mariée avec l’héritier du royaume d’Espagne.

En 1728 il est revenu à Rome, où il a rencontré et a épousé sa première épouse par qui il a eu 5 enfants.

Le reste de sa vie se passe donc en Espagne. Maria Barbara devient reine d’Espagne et lui conserve toujours sa confiance et sa protection. C’est pendant cette dernière période qu’il compose son œuvre monumentale pour le clavecin.

La princesse l’invita à la cour espagnole. Scarlatti y fut admis en 1733 après une période à Séville [12] de 1729 à 1733, puis retourna à Madrid, où il s’est immergé dans les airs folkloriques et les rythmes de danse de l’Espagne.

Maître de clavecin privé de la maison de Marie-Barbara, il la suit de Lisbonne à Séville, Aranjuez [13] et Madrid, où il terminera sa vie.

Chez Scarlatti, une sonate est en fait une pièce de coupe binaire avec reprises. Ces pièces extraordinaires et d’un style aisément reconnaissable ont circulé dans toute l’Europe sous la forme de manuscrits et assuré à leur auteur une place privilégiée parmi les musiciens de son époque.

S’il connaît le contrepoint [14] et la tradition de ses devanciers, s’il sait intégrer l’influence de la musique populaire espagnole, Scarlatti ne se laisse pourtant jamais enfermer dans un cadre contraignant élaboré par d’autres : il privilégie la mélodie, intrinsèquement liée au rythme et à l’harmonie qui sont servis par une virtuosité incomparables. Il multiplie les dissonances, les modulations, les ruptures de rythme, les contrastes mélodiques. Ses trouvailles dans ces domaines sont extrêmement nombreuses et non conventionnelles : elles renouvellent de façon très personnelle la littérature du clavecin, dans ce domaine, seul un della Ciaja peut lui être comparé à la même époque.

Seule une petite partie est éditée de son vivant. Scarlatti lui-même semble avoir supervisé la publication, en 1738, de son recueil de 30 essercizi qui sont découverts avec enthousiasme dans toute l’Europe.

En 1738, commandité par le Roi Jean V du Portugal, il a passé des épreuves pour devenir chevalier de l’ordre de Santiago [15] vers 1740. Il est mort à Madrid le 23 juillet, 1757.


Son influence est certainement importante sur l’évolution de la musique spécialement de la musique pour clavecin et piano-forte [16] vers la fin du 18ème siècle, même s’il a toujours été considéré comme un musicien un peu en marge : à cette époque, son pays d’adoption l’Espagne paraît en effet bien loin des centres musicaux les plus actifs [17]. Quant à son pays d’origine, l’Italie, il est alors en train de délaisser le clavier et ses formes de prédilection pour se tourner vers l’opéra, le bel canto, le violon, la sonate, le concerto.

A l’encontre de ses contemporains Haendel, Bach et Rameau, dont le génie était universel, Domenico n’a affirmé sa grandeur que dans la seule musique à clavier ou il composera près de 550 sonates presque toutes en un seul mouvement, qui n’est pas sans rappeler plus tard Chopin pour l’amour de son instrument.

Il a composé également au moins 17 symphonies, un concerto pour clavecin. Il exerça une influence importante sur ses contemporains portugais et espagnols.

Ses sonates développent une harmonie nouvelle et souvent difficile d’exécution par sa grande virtuosité, prétendant que la nature lui avait donné dix doigts et qu’il fallait bien les utiliser tous.

Bien qu’elles repoussent les entraves de l’époque baroque et réclament une liberté nouvelle, ses sonates ont leur place dans l’art classique italien.

 Il a composé plus de 550 sonates pour clavecin d’une originalité exceptionnelle et pour la plupart inédites de son vivant. Par ce corpus, il est l’un des compositeurs majeurs de l’époque baroque [18]. Ses œuvres occupent une place clé dans le développement du langage et de la technique de la musique pour clavier.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Martin Mirabel, Domenico Scarlatti, Paris, Actes Sud, 2019, 155 p. (ISBN 978-2-330-12225-6)

Notes

[1] Naples est une ville d’Italie, chef-lieu de la région de Campanie. L’histoire de Naples s’étend sur plus de 28 siècles. Sous le nom de Parthénope, elle fut fondée durant l’Antiquité par la cité voisine de Cumes. Elle s’étend ensuite rapidement jusqu’à devenir un des principaux centres commerciaux, culturels, philosophiques et politiques de la Grande-Grèce puis de l’Empire romain. Après avoir été brièvement dépendante de l’Empire byzantin, elle devient autonome au sein du duché de Naples. Dès le 13ème siècle et pour ensuite plus de 600 ans, elle devient successivement la capitale du royaume de Naples puis du royaume des Deux-Siciles. Elle reste alors un des principaux centres de développement économiques et technologiques d’Europe jusqu’à son annexion au royaume d’Italie en 1860, date à laquelle elle entame un relatif déclin socio-économique.

[2] maître de chapelle

[3] L’orgue est un instrument à vent multiforme dont la caractéristique est de produire les sons à l’aide d’ensembles de tuyaux sonores accordés suivant une gamme définie et alimentés par une soufflerie. L’orgue est joué majoritairement à l’aide d’au moins un clavier et le plus souvent d’un pédalier.

[4] Florence est la huitième ville d’Italie par sa population, capitale de la région de Toscane et siège de la ville métropolitaine de Florence. Berceau de la Renaissance en Italie, capitale du royaume d’Italie entre 1865 et 1870

[5] Un castrat est un chanteur de sexe masculin ayant subi la castration avant sa puberté, dans le but de conserver le registre aigu de sa voix enfantine, tout en bénéficiant du volume sonore produit par la capacité thoracique d’un adulte. Le phénomène musical des castrats apparaît dans la deuxième moitié du 16ème siècle en Occident. Il se développe principalement en Italie et disparaît entre la fin du 19ème et le début du 20ème siècle. Les historiens rapportent que les meilleurs castrats pouvaient rivaliser en puissance, technique et hauteur avec une petite trompette. Le mot désigne également le type de voix obtenu au moyen de cette opération.

[6] Venise est une ville portuaire du nord-est de l’Italie, sur les rives de la mer Adriatique. Elle s’étend sur un ensemble de 121 petites îles séparées par un réseau de canaux et reliées par 435 ponts. Située au large de la lagune vénète, entre les estuaires du Pô et du Piave, Venise est renommée pour cette particularité, ainsi que pour son architecture et son patrimoine culturel

[7] La basilique Saint-Pierre est le plus important édifice religieux du catholicisme. Elle est située au Vatican, sur la rive droite du Tibre, et sa façade s’ouvre sur la place Saint-Pierre. Elle a été construite là où, sous la volonté de l’empereur Constantin 1er, les premiers pèlerins venaient rendre un culte à saint Pierre à l’emplacement du cirque de Caligula et de Néron.

[8] Palerme est une ville italienne, chef-lieu et plus grande ville de la région Sicile Elle se situe dans une baie sur la côte nord de l’île.

[9] Un claveciniste est un musicien qui joue du clavecin. Pour la période baroque, les clavecinistes dont les noms sont parvenus jusqu’à nous étaient également compositeurs. Le claveciniste est en principe à même d’interpréter des œuvres sur les autres instruments à clavier et à cordes pincées, tel le virginal. Certains clavecinistes jouent également de l’orgue (par exemple Gustav Leonhardt ou Davitt Moroney) ou du piano-forte (par exemple Jos van Immerseel).

[10] Lisbonne est la capitale et la plus grande ville du Portugal. Lisbonne est prise par les Maures vers 719 et est rebaptisée al-ʾIšbūnah, sous le gouvernement desquels la ville prospère. Les Maures, qui étaient des musulmans du nord de l’Afrique et du Proche-Orient, construisent plusieurs mosquées, des habitations et les murailles de la ville, actuellement appelées Cerca Moura. La ville abrite une population mélangée de chrétiens, de berbères, d’arabes, de juifs et de saqālibas. L’arabe est imposé comme langue officielle. Le mozarabe reste parlée par la population chrétienne. L’islam est la religion officielle, pratiquée par les Maures et les muladís, alors que chrétiens et juifs peuvent pratiquer leur religion, en qualité de dhimmis’, à condition d’acquitter la djizîa.

[11] Madrid est la capitale et la plus grande ville d’Espagne. Située dans la partie centrale du royaume, elle est également la capitale et la ville la plus peuplée de la Communauté de Madrid. En tant que capitale d’État, elle abrite la plupart des institutions politiques du pays, dont la résidence royale, le siège du gouvernement et le Parlement. Fondée par l’émir arabe Muhammad 1er vers la fin du 9ème siècle, Madrid remplit le rôle d’une forteresse protégeant Tolède, l’antique capitale wisigothe. En 1047, le roi Ferdinand 1er de Castille entre dans Madrid, mais jugeant le lieu peu intéressant, il l’échange contre un tribut au roi de Tolède. Madrid appartient définitivement au royaume de Castille quand Alphonse VI prend la ville de Tolède en 1085.

[12] Séville est une ville du sud de l’Espagne, capitale de la province de Séville et de la communauté autonome d’Andalousie.

[13] Aranjuez est une ville d’Espagne, dans la Communauté de Madrid, située à 44 km au sud de Madrid sur la rive gauche du Tage.

[14] En musique, le contrepoint rigoureux (souvent appelé contrepoint) est une discipline d’écriture musicale classique qui a pour objet la superposition organisée de lignes mélodiques distinctes. Le mot contrepoint vient du latin punctus contra punctum a morticulum, littéralement point contre point c’est-à-dire note contre note. Le contrepoint est plus ancien que l’harmonie tonale. Initialement modal, il est le fondement de la polyphonie qui a eu cours en Occident jusqu’au début de la période baroque.

[15] L’ordre de Santiago (Saint-Jacques de l’Épée) est un ordre militaire et religieux catholique, aujourd’hui ordre honorifique en Espagne et au Portugal. Le 1er août 1170, Ferdinand II de León et de Galice, confie la protection de Cáceres, en Estremadura, tout juste reprise aux musulmans, à Pedro Fernández, (premier maître de l’ordre - 1170-1184), et à ses douze frères d’arme qui l’ont aidé à prendre la ville. Désireux de fonder un ordre de chevalerie sur le modèle de ceux créés en Terre sainte, Pedro Fernández conclut en mai 1170, en présence du roi et des archevêques de Tolède et de Saint-Jacques-de-Compostelle, un accord avec le prieur du monastère de Santa Maria de Loyo. À la différence, néanmoins, des Ordres du Temple et de l’Hôpital, l’Ordre de Cáceres (il est appelé ainsi dans un document de décembre 1170) a pour seul objectif la lutte contre les infidèles et la défense de la Chrétienté.

[16] Le piano-forte et le forte-piano sont des instruments de musique polyphoniques, à clavier, de la famille des cordes frappées, instruments intermédiaires entre le clavicorde et le piano du 19ème siècle. Les deux termes sont interchangeables, bien que de nos jours le nom forte-piano, dans les principales langues de la musique européenne, tende à désigner les premiers pianos, fabriqués avant 1830, tandis que piano-forte, abrégé en piano, désigne le piano moderne. Cette distinction terminologique se retrouve, avec des nuances, en anglais, allemand et italien. En français, si piano peut désigner plus généralement n’importe quel instrument conçu depuis Bartolomeo Cristofori, on utilise le terme complet piano-forte pour l’instrument de conception ancienne (jusqu’au début du 19e siècle), construit à l’époque ou de facture contemporaine mais selon un modèle ancien.

[17] Allemagne, Italie, France

[18] La musique baroque est une période de la musique classique qui apparaît avec le baroque au 17ème siècle et évolue jusqu’à la fin du siècle suivant. Divisée en plusieurs périodes, la musique baroque recouvre différents genres musicaux, depuis la musique instrumentale jusqu’à l’opéra, qui est à l’origine de la naissance de ce dernier. La musique baroque s’étend géographiquement sur une bonne partie de l’Europe de l’ouest, dont les principaux pays représentants sont la France et l’Italie, et trouve également un écho remarquable dans les pays germaniques. Des figures majeures de la musique baroque font aujourd’hui partie des compositeurs de premier plan au sein de la musique savante, tels que Jean-Sébastien Bach, Georg Friedrich Haendel, Heinrich Schütz, Antonio Vivaldi et Jean-Philippe Rameau.