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Lucius Sextius Lateranus

vendredi 10 juin 2022, par lucien jallamion

Lucius Sextius Lateranus

Homme politique de la République romaine

Emblème de la République romaine.Entre 376 et 367 av. jc il est constamment réélu tribun de la plèbe [1] avec Caius Licinius Stolon. Avec son collègue, il propose plusieurs lois pour améliorer la situation des plébéiens

- sur le problème des dettes, déduction du capital des intérêts déjà payés et étalement du remboursement de dettes sur 3 ans, et suppression du nexum [2]

- contre l’accaparement par les patriciens [3] des terres récemment annexées autour de Rome, interdiction d’occuper plus de 500 jugères sur l’ager publicus [4]

 - rétablissement du consulat, avec obligatoirement un élu plébéien parmi les deux consuls.

Les patriciens font barrage à la soumission au vote populaire de ces projets par l’intermédiaire du veto des autres tribuns de la plèbe qui leur étaient favorables. Sextius et Licinius usent à leur tour de leur veto pour bloquer toute élection autre que celles des tribuns de la plèbe.

En 370 av. jc, une guerre extérieure fait évoluer la situation, en obligeant plusieurs années de suite l’élection de 6 tribuns militaires à pouvoir consulaire [5] pour conduire les opérations militaires.

Constamment réélus, les tribuns de la plèbe Licinius et Sextius finissent en 368 av. jc par passer outre le veto de leurs collègues et réunissent les comices tributes [6] pour faire voter leur projet de loi.

Les patriciens réagissent à ce coup de force en nommant dictateur [7] Camille, farouchement opposé à la réforme, puis après sa démission pour d’obscures raisons, c’est un nouveau dictateur, Publius Manlius Capitolinus, qui prend diplomatiquement comme maître de cavalerie [8] Licinius Stolon lui-même. Ce dernier devient le premier maître de cavalerie plébéien. Caius Licinius Stolon et Sextius Lateranus doivent attendre un dixième mandat de tribun de la plèbe pour soumettre de nouveau leur projet.

Habilement, Licinius Stolon soumet ses 3 projets à un seul vote, pour faire admettre l’élection de consul plébéien en l’amalgamant à ses 2 autres propositions sur les dettes et la loi agraire, qui avaient la faveur des votants. Les lois licinio-sextiennes [9] sont ainsi votées en 367 av. jc, malgré l’opposition de Camille, de nouveau dictateur.

La conséquence immédiate est l’élection de Lucius Sextius Lateranus en 366 av. jc comme premier consul plébéien.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Lucius Sextius Lateranus/ Portail de la Rome antique/ Catégories  : Consul de la République romaine/ Tribun de la plèbe

Notes

[1] Dans la Rome antique, les tribuns de la plèbe sont les représentants de la plèbe, élus pour une durée d’un an par le concile plébéien.

[2] du latin enchaîner, droit pour l’usurier de charger de chaînes son débiteur insolvable et de le vendre comme esclave

[3] Un patricien est durant la période romaine un citoyen qui appartient, par sa naissance, à la classe supérieure ancienne et traditionnelle, et par ce rang détient diverses prérogatives politiques et religieuses. La classe des patriciens se distingue à Rome du reste de la population dite plébéienne.

[4] L’ager publicus doit être différencié de l’ager romanus. Littéralement, c’est le territoire qui appartient au peuple romain contrairement à l’ager romanus qui appartient à Rome. Le Decemviri Agris Dandis Adsignandis était le collège de magistrats spécialisé dans le contrôle et la distribution de l’ager publicus. La tradition romaine légendaire fait remonter la création de l’ager publicus à Romulus. L’ager publicus s’est enrichi des territoires confisqués par Rome après conquête surtout à partir des guerres samnites. En théorie, lorsque Rome conquiert un royaume ou une cité, elle lui confisque environ 50 à 60 % de ses terres qui deviennent de l’ager publicus. S’ajoutent aussi à l’ager publicus les mines et les salines, dont les productions sont stratégiques pour l’État romain.

[5] Un tribun militaire à pouvoir consulaire est un magistrat romain disposant d’un niveau d’imperium presque équivalent aux consuls qu’il remplace de façon irrégulière au début de la République romaine, entre 444 et 367 av. jc. Après cette date, le tribunat consulaire est définitivement abandonné.

[6] Les comices tributes sont, dans la Rome antique, comme le concile plébéien, une assemblée du peuple basée sur le cadre des tribus romaines. À la différence du concile plébéien qui exclut les patriciens, il s’agit d’une assemblée de tout le populus (populus : l’ensemble des citoyens) romain, convoqué (donc avec un caractère impératif) par un magistrat. On utilise beaucoup les comices tributes après les années 350 av. jc, la procédure de vote étant plus simple que celle des comices centuriates, dont le rôle s’efface conjointement, pour devenir symbolique sur l’essentiel de la période républicaine.

[7] Le dictateur est, durant la République romaine, un magistrat extraordinaire qui détient les pleins pouvoirs (imperium) pour un mandat qui ne peut, à l’origine, excéder six mois. Selon la tradition, le titre a été institué en 501 av. jc pour répondre à une situation d’urgence militaire, mais un magister populi (littéralement « maître du peuple ») existe déjà sous la Royauté romaine.

[8] Le maître de cavalerie est, durant la République romaine, l’assistant qu’un dictateur romain doit nommer, une sorte de chef d’état-major. À partir du 1er siècle av. jc, le titre est utilisé par l’armée romaine comme titre honorifique. Le grade de magister equitum, associé à de véritables pouvoirs de commandement, réapparaît durant le Bas-Empire romain.

[9] Les lois licinio-sextiennes (Leges Liciniae Sextiae) sont des lois romaines votées en 367 av. jc et qui prennent effet l’année suivante, en 366 av. jc. Ces lois portent le nom de leurs deux auteurs, les tribuns de la plèbe Caius Licinius Stolon et Lucius Sextius Lateranus. Elles restaurent définitivement le consulat, avec obligatoirement un des deux magistrats suprêmes qui doit être plébéien, elles imposent une limitation des possessions de l’ager publicus, et elles comprennent sûrement quelques dispositions pour diminuer les charges pesant sur les débiteurs.