Il succède à son père Yazīd 1er en 683. Le Califat omeyyade [1] dont il hérite est dans un état instable, avec la rébellion de Abd Allāh ibn Az-Zubayr dans le Hedjaz [2] ainsi que des territoires en Irak.
Il descend de Qurayš [3] par ses deux parents. Son grand-père maternel Abū Hāšim ibn Utba est gouverneur de Bassorah [4] quand la fille de ce dernier épouse le futur calife Yazīd 1er en 660. Muāwiya est l’aîné de sa fratrie.
Muāwiya ibn Yazīd est le premier prince omeyyade à grandir au sein d’une cour, protégé de potentiels assassins. Il reçoit un enseignement et une éducation particuliers de la part d’érudits et de précepteurs. Le fait qu’il ne soit pas envoyé à La Mecque [5] ni à Médine [6] pour parfaire son enseignement contribue à l’impopularité croissante de la dynastie omeyyade, impopularité qui se voit accentuer avec la campagne contre Al-Ḥusayn ibn Alī et Abd Allāh ibn Az-Zubayr, et encore plus avec le siège de La Mecque.
En 683, Yazīd 1er meurt et Muāwiya, lui succède. Son accession au pouvoir est reçue avec prudence par les musulmans, étant donné qu’il passe son enfance dans la cour, ayant peu de contacts avec le monde extérieur. Il consacre ses premiers jours au pouvoir à des affaires intérieures.
Muāwiya II déclare la trêve, terminant les hostilités dans les lieux saints de l’islam, arguant que la guerre à Médine et La Mecque relève de la folie et du blasphème, et l’endommagement de la Kaaba [7] du sacrilège, ce qui lui vaut une large acclamation à travers le Califat, même parmi des sympathisants de Abd Allāh ibn Az-Zubayr. Ce dernier, cependant, ne peut se contenter de cette paix, et son camp, pensant que Muāwiya II n’est qu’un jeune garçon, incapable de gouverner un aussi vaste État et de diriger des armées, et donc facile à vaincre, continue quelques combats sporadiques, même si la trêve dure officiellement plusieurs mois.
Muāwiya II se refuse à attaquer Abd Allāh ibn Az-Zubayr. Il lui envoie une ambassade pour lui proposer de lui succéder une fois mort, étant donné que Muʿāwiya II n’a pas de fils, mais Abd Allāh refuse cette offre, le calife étant encore jeune et pouvant avoir des fils plus tard. Muāwiya II, attristé, décide d’envoyer une autre ambassade proposant à Abd Allāh de devenir calife après son abdication, à condition que sa vie soit épargnée. Il semble que cette offre est également rejetée. Très affecté face au refus de Abd Allāh de dialoguer, et afin d’éviter un autre bain de sang, Muāwiya II abdique, 40 jours après le début de son règne. Il meurt la même année.
Plusieurs sources rapportent que Muāwiya II, malgré une personnalité faible, est bon et honnête, n’appréciant pas d’être lui-même impliqué en politique. En effet, certaines sources rapportent qu’il n’accepte qu’à contrecœur de devenir calife, voulant au départ réunir un conseil pour se concerter afin d’élire le prochain calife, avant d’être persuadé par ses courtisans de succéder à son père.
Ses mariages sont parfois jugés problématiques. En effet, son grand-père Muāwiya 1er veut qu’il épouse une femme issue d’une autre lignée afin de renforcer la dynastie, ce qu’il réalise, mais sa femme meurt en 677. Il se marie à nouveau en 678 puis en 680, mais, voyant que ses deux femmes ne lui donnent pas d’enfant, il divorce vers 682. Un an plus tard, son père le force à épouser une princesse étrangère afin d’étendre le pouvoir du Califat, mais il est dit qu’il méprise cette femme, et que dès la mort de Yazīd 1er, Muāwiya II divorce à nouveau.