John Komnenos Doukas ou Jean Comnène Doukas (mort en 1244)
Souverain de Thessalonique de 1237 jusqu’à sa mort
Fils aîné de Theodore Komnenos Doukas et de Maria Petraliphaina . En 1230, son père fut capturé avec sa famille lors de la bataille de Klokotnitsa [1] par Ivan Asen II de Bulgarie.
Lorsque sa sœur Irène a épousé Ivan Asen II en 1237, John fut libéré de captivité avec son père devenu aveugle et son jeune frère Demetrios . Théodore et ses fils retournèrent à Thessalonique [2] et provoquèrent une révolte contre le frère de Théodore, Manuel Komnenos Doukas , qui dirigeait la ville depuis 1230. Théodore étant aveugle, il installa son fils John comme dirigeant et se retira à Vodena [3].
En 1239, Manuel déchu revint avec l’aide de l’Empire de Nicée [4] et se rendit maître de la Thessalie [5]. Incapables de le déloger, Théodore et John acceptèrent la perte de cette province. En 1241, Ivan Asen II mourut, enlevant à la fois sa suzeraineté et sa protection de Thessalonique.
John avait commencé à utiliser le titre impérial autrefois utilisé par son père. Ceci et sa position attire l’attention de l’empereur Jean III Doukas Vatatzes de Nicée qui invité Théodore à une conférence et le fait arrêter, et en 1242 mène son armée contre Thessalonique. Arrivé à Thessalonique, il envoya Théodore négocier avec son fils et obtenir sa soumission. Jean fut facilement amené à se contenter du titre de despote [6] et à reconnaître la suzeraineté de Nicée. Sécurisant ces concessions, Jean III Doukas Vatatzes retourna rapidement en Asie Mineure [7] pour combattre les envahisseurs Seldjoukides [8].
John avait fait preuve de peu de talent pour gouverner et il aurait souhaité devenir prêtre. Il mourut en 1244 et son jeune frère Démétrios lui succède.
Notes
[1] La bataille de Klokotnica ou Klokotnitca eut lieu le 9 mars 1230 dans les environs du village de Klokotnitca (près de Haskovo en Bulgarie) entre les forces d’Ivan Asen II, tsar de Bulgarie, et celles de Théodore Comnène Doukas, souverain d’Épire et « empereur de Thessalonique ». Grâce à cette victoire, la Bulgarie devint la puissance dominante de la région des Balkans, alors qu’un point final fut mis à l’ascension fulgurante qu’avait connue l’Épire. Cette bataille est souvent vue par les historiens comme l’un des points tournants de l’histoire de l’Empire byzantin après la conquête de Constantinople par les croisés ; après elle, seuls deux candidats demeurent pour la reconquête de Byzance : Jean Vatatzès (Nicée) et Ivan Asen (Bulgarie).
[2] Thessalonique ou Salonique est une ville de Grèce, chef-lieu du district régional du même nom, située au fond du golfe Thermaïque. Aujourd’hui, elle est la capitale de la périphérie (région) de Macédoine centrale en Macédoine grecque mais aussi celle du diocèse décentralisé de Macédoine-Thrace.
[3] Édessa ou Édesse est une ville grecque de Macédoine, la capitale du district régional de Pella. Fondée sur des formations travertineuses (concrétions carbonatées), elle est connue dans l’ensemble de la Grèce pour ses chutes d’eau impressionnantes.
[4] Vestige de l’Empire byzantin ayant résisté à la prise de Constantinople par les croisés en 1204, l’Empire de Nicée était le plus étendu des États impériaux successeurs : l’Empire de Nicée, le despotat d’Épire et l’Empire de Trébizonde. Il occupait, en Asie Mineure occidentale, une large bande de terre s’étendant de la mer Égée à la mer Noire. Si Nicée demeura sa capitale et le siège du patriarcat pendant toute sa brève histoire (1204-1261), les empereurs établirent leur résidence et le siège du gouvernement à Nymphaion (aujourd’hui Kemalpaşa), ville de Lydie, moins exposée aux armées ennemies. Se défendant à la fois contre les États successeurs et le sultanat seldjoukide, Théodore 1er Laskaris réussit à édifier un État politiquement stable et économiquement viable en Asie Mineure. Ses successeurs, Jean III Doukas Vatatzès et Théodore II Laskaris, étendirent le territoire de l’empire en Europe, encerclant progressivement Constantinople. Après avoir écarté Jean IV Lascaris, le successeur légitime de Théodore II, Michel VIII Paléologue n’eut plus qu’à reprendre la ville en 1261 grâce à un concours de circonstances. L’Empire de Nicée redevint ainsi une partie constituante de l’Empire byzantin rénové.
[5] La Thessalie est une région historique et une périphérie du nord-est de la Grèce, au sud de la Macédoine. Durant l’antiquité cette région a, pour beaucoup de peuples, une importance stratégique, car elle est située sur la route de la Macédoine et de l’Hellespont. Elle possédait un important port à Pagases. Le blé et le bétail sont les principales richesses de la région et une ressource commerciale vitale. La Thessalie est aussi l’une des rares régions de Grèce où l’on peut pratiquer l’élevage des chevaux, d’où l’importante cavalerie dont disposaient les Thessaliens.
[6] Le titre de despote apparaît au 12ème siècle dans l’Empire byzantin. Il occupe le sommet de la hiérarchie officielle, juste après celui d’empereur et de coempereur. C’était déjà une épithète indiquant la plus haute noblesse : on le trouve sur les sceaux de sébastokrators et de césars à cette période. Les empereurs peuvent accorder le titre à plusieurs individus simultanément, mais d’abord à leurs fils. Il ne donne toutefois aucune indication sur le droit de succession. Après la quatrième croisade, le démembrement de l’Empire byzantin vit la création de principautés dirigées par un despote : le despotat d’Épire, puis plus tard le despotat de Morée. Après la chute de l’Empire Serbe et la mort du prince Lazar Hrebeljanović 1389, la plus grande partie du territoire serbe pris le nom de Despotat de Serbie.
[7] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie
[8] Les Seldjoukides, sont les membres d’une tribu turcique qui a émigré du Turkestan vers le Proche-Orient avant de régner sur l’Iran, puis sur un vaste domaine comprenant l’Irak actuel, et l’Asie Mineure, entre le milieu du 11ème siècle et la fin du 12ème siècle.