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Ivan Asen II ou Jean Assen II

lundi 11 décembre 2017

Ivan Asen II ou Jean Assen II (vers 1190/1195-1241)

Tsar bulgare d’origine valaque qui régna de 1218 à 1241

Fils du tsar [1] Ivan Assen 1er de la dynastie des Assénides, Ivan Assen II est contraint de se réfugier, avec son frère Alexandre, chez les Coumans [2] puis en terre russe [3] suite à l’usurpation de son cousin Boril en 1207.

En 1217, Ivan Assen II rentre en Bulgarie où il reprend le trône à Boril avec l’aide de mercenaires russes, les Brodniks [4]. Il mène alors une politique habile et équilibrée, en alliant ses démarches diplomatiques à des opérations militaires modérées.

En 1219/1221, il conclut un mariage dynastique avec Anne-Marie, la fille du roi André II de Hongrie , ce qui lui permet de récupérer le banat de Craiova [5], le knésat [6] slavo-valaque de Trgovište [7] et les villes serbes de Belgrade [8] et Braničevo qui avaient été rattachés à la Hongrie. Il mène une politique de mariages dynastiques avec pratiquement l’ensemble de ses voisins.

Vers 1229-1230, il renforce l’influence de son Royaume sur l’empire latin d’Orient [9] en projetant le mariage de sa fille Hélène avec l’empereur Baudouin II de Courtenay. Ce projet contrarie le despote d’Épire [10] et empereur byzantin de Thessalonique [11] Théodore 1er Ange Doukas Comnène qui attaque l’empire bulgare mais subit une écrasante défaite à Klokotnica [12], le 9 mars 1230. Théodore Ange y est capturé et rendu aveugle par le tsar Ivan Assen II.

À la suite de cette victoire, l’empire bulgaro-valaque parvient en position d’hégémonie militaro-politique dans les Balkans avec un débouché sur les trois mers : mer Noire, Adriatique et Égée. La Serbie est également sous l’influence d’Ivan Assen II car le roi Stefan Vladislav n’est autre que son beau-fils.

Au cours des années 1230, l’empire assénide se rapproche de l’empire de Nicée [13]. À la suite du décès de la tsarine Anne-Marie, Ivan Assen II se réoriente vers une alliance avec l’empire de Nicée, en maintenant une certaine réserve quant aux plans de restauration du pouvoir byzantin à Constantinople. Il se marie avec Irène Comnène, la fille du captif Théodore 1er Ange Doukas Comnène.

Pour des raisons de politique intérieure et extérieure, Ivan Asen II rompt, en 1232, l’union religieuse avec Rome. En 1235, au concile de Lampsaque [14], en Asie Mineure, il revient à l’orthodoxie et restaure le patriarcat de Tarnovo [15] avec l’appui de l’empire de Nicée. Il place Joachim 1er à la tête de ce patriarcat.

En 1235/1236, Ivan Assen II et Jean III Doukas Vatatzès s’allient contre l’Empire latin de Constantinople. Mais l’année suivante, le tsar assénide se rapproche des croisés de l’Empire latin.

Sur le plan économique, Ivan Asen II encourage le commerce, accorde des privilèges à la république de Dubrovnik [16] vers 1230 et est le premier tsar bulgare à battre monnaie.

Sur le plan architectural, Ivan Assen II donne à la capitale Tarnovo son aspect monumental en renforçant les fortifications, en construisant des édifices religieux et des églises, dont la plus importante est celle dite des Quarante martyrs [17].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Dimitrina Aslanian, Histoire de la Bulgarie : de l’Antiquité à nos jours, Versailles, Association Trimontium,‎ 2004

Notes

[1] Le mot tsar désigne un souverain de Russie (de 1547 à 1917), de Bulgarie (de 893 à 1422), et de Serbie (de 1346 à 1371).

[2] Les Coumans désignent les Turcs kiptchaks (Kaptchaks ou Qiptchaqs) de la région du fleuve Kouban. Ils étaient appelés en russe Polovtses (« de couleur fauve »). Peuple turcophone semi-nomade, les Kiptchaks occupèrent un vaste territoire qui s’étendait du nord de la mer d’Aral jusqu’à la région au nord de la mer Noire. En 888, les Coumans, alors établis entre la Volga et le fleuve Oural, avaient chassé les Petchenègues de ces territoires. Au 11ème siècle, ils se répandirent sur la steppe pontique entre le Dniepr, le Don, la Volga et le fleuve Oural (Iaïk), puis ils ont occupé une partie de l’Ukraine actuelle au 12ème siècle en affrontant la Rus’ de Kiev. Au 11ème siècle, ils se sont répandus dans les territoires peuplés de Valaques, qui formeront plus tard la Moldavie, la Valachie et la Transylvanie. De là, ils continuèrent leurs campagnes dans l’Empire byzantin, dans le royaume de Hongrie, en Serbie et dans l’Empire bulgare, soit comme pillards, soit s’engageant comme mercenaires. La plus grande partie d’entre eux passa en Hongrie, où ils s’établirent dans la région appelée depuis Coumanie.

[3] La Rus’ de Kiev, appelée aussi principauté de Kiev et traduite dans les sources françaises médiévales par Russie ou Roussie et à partir du 19ème siècle par la Russie de Kiev ou Russie Kievienne dans les travaux historiographiques, est une principauté médiévale slave orientale qui exista entre environ 860 et le milieu du xiiie siècle, période durant laquelle elle se désagrégea en une multitude de principautés avant de tomber formellement devant l’invasion mongole de 1240.

[4] une population russo-ukrainienne alliée des Coumans habitant dans les steppes du bord de la mer Noire, et qu’il installe dans l’actuelle Moldavie

[5] L’Olténie ou Petite Valachie est une région historique du sud-ouest de la Roumanie délimitée par la rivière Olt à l’est, le Danube au sud et à l’ouest, et par les Carpates au nord. Elle n’a pas d’existence administrative, mais fait partie de la région de développement Sud-Ouest de la Roumanie.

[6] Knèze, est un terme d’origine slave qui désigne un chef local et dénote un rang de noblesse élevé. Il est d’usage de le traduire par prince ou duc, bien que la correspondance ne soit pas totalement exacte. Un knèze a l’autorité sur un cnésat, ou canesat, qui regroupe plusieurs familles, gouvernées par une hiérarchie patriarcale. Plusieurs cnésats forment un voïvodat, à la tête duquel se trouve un voïvode.

[7] Târgoviște est le chef-lieu du județ de Dâmbovița, Roumanie, sur la rive droite de la Ialomița. Târgoviște ne devient résidence princière et capitale de la principauté de Valachie, probablement que sous Mircea l’Ancien, lors de la construction de la cour royale. La ville sera, de 1418 à 1659, la dernière capitale de la Valachie avant Bucarest.

[8] Belgrade est la capitale et la plus grande ville de Serbie. Belgrade est l’une des plus anciennes cités d’Europe, avec une histoire qui s’étend sur plus de 7 000 ans. Selon les historiens, on évalue la destruction de la ville entre 28 et 33 fois, sa position stratégique en Europe étant son bonheur et son malheur

[9] L’Empire latin de Constantinople est un État éphémère fondé en avril 1204 sur le territoire de l’Empire byzantin à la suite de la quatrième croisade et la chute de Constantinople aux mains des Latins. Il dure jusqu’en 1261, année de la reconquête de la ville par Michel Paléologue, qui restaure l’Empire byzantin.

[10] Le despotat d’Épire est un des États successeurs de l’empire byzantin né après la quatrième croisade en Épire, une région qui s’étend sur la côte adriatique entre le sud de l’Albanie actuelle et le golfe de Corinthe. Le terme de despotat est formé sur celui de despote, qui désigne alors à la cour de Constantinople un membre de la famille impériale. Son équivalent le plus proche est prince ; un despotat serait donc une principauté.

[11] Le royaume de Thessalonique est l’un des États latins qui apparurent après la conquête de Constantinople par les Croisés en 1204. Érigé autour de Thessalonique, qui avait été la deuxième ville en importance de l’empire byzantin, vassal de l’empire latin de Constantinople, son existence fut éphémère, se terminant vingt ans après sa création par la prise de la ville par le despote d’Épire, Théodore 1er l’Ange, et la création d’un « empire de Thessalonique » encore plus éphémère.

[12] Klokotnica est un village de Bulgarie, oblast de Khaskovo, obchtina de Khaskovo, près d’Haskovo, Là, le 9 mars 1230, eut lieu la bataille de Klokotnica qui vit la victoire décisive du Deuxième État bulgare sur le Despotat d’Épire.

[13] Vestige de l’Empire byzantin ayant résisté à la prise de Constantinople par les croisés en 1204, l’Empire de Nicée était le plus étendu des États impériaux successeurs : l’Empire de Nicée, le despotat d’Épire et l’Empire de Trébizonde. Il occupait, en Asie Mineure occidentale, une large bande de terre s’étendant de la mer Égée à la mer Noire. Si Nicée demeura sa capitale et le siège du patriarcat pendant toute sa brève histoire (1204-1261), les empereurs établirent leur résidence et le siège du gouvernement à Nymphaion (aujourd’hui Kemalpaşa), ville de Lydie, moins exposée aux armées ennemies. Se défendant à la fois contre les États successeurs et le sultanat seldjoukide, Théodore 1er Laskaris réussit à édifier un État politiquement stable et économiquement viable en Asie Mineure. Ses successeurs, Jean III Doukas Vatatzès et Théodore II Laskaris, étendirent le territoire de l’empire en Europe, encerclant progressivement Constantinople. Après avoir écarté Jean IV Lascaris, le successeur légitime de Théodore II, Michel VIII Paléologue n’eut plus qu’à reprendre la ville en 1261 grâce à un concours de circonstances. L’Empire de Nicée redevint ainsi une partie constituante de l’Empire byzantin rénové.

[14] Lampsaque, d’abord connue comme Pityussa est une ancienne cité grecque d’Asie mineure, située sur la rive sud de l’Hellespont, en Troade. Elle est proche de l’actuelle Lapseki.

[15] Veliko Tarnovo est une ville du centre nord de la Bulgarie, et le centre de la province du même nom. Elle est célèbre pour avoir été la capitale historique du Second Empire Bulgare jusqu’à sa chute le 17 juillet 1393.

[16] Dubrovnik, anciennement Raguse de l’italien Ragusa jusqu’en 1918, est une ville et une municipalité de Croatie, capitale du Comitat de Dubrovnik-Neretva. Elle fut autrefois la capitale d’une république maritime connue sous le nom de République de Raguse.

[17] L’église de 40 Saints Martyres se situe au pied du mont Tzarévetz et la cité royale du Second Royaume Bulgare, dans le quartier connu sous le nom d’Assénova mahala.