Samo de Bohême
Roi de Bohême qui règne aux environs de 623 à 658
Le règne de Sámo est un moment identifié comme fondateur dans l’Histoire de la Bohème [1] et dans l’Histoire de la Slovaquie [2]. Il reste toutefois difficile de séparer le réel de la légende.
Selon certaines sources, Sámo est un Franc né dans le pago Senonago [3].
Sámo commerce avec les tribus slaves, comme chef d’escorte militaire des caravanes de marchands. Chaque année depuis la fin du 5ème siècle, les Avars [4] viennent dans le pays des Slaves pour les piller. Ils y séjournent tout l’hiver, réduisant les Slaves en esclavage et prenant leurs épouses et leurs filles comme concubines.
Les Tchèques organisent en 620 leur défense, prennent Sámo pour leur chef de guerre. Lorsque les Avars reviennent l’année suivante, ils sont complètement vaincus.
Sámo décide de rester, devient païen comme ses compagnons de combat. Avec eux, il mène une vie de chef militaire au service des tribus slaves, chargé d’organiser leur défense. Les tribus qui le reconnaissent pour prince résident en Moravie [5] et en Bohême, avec peut-être une extension géographique en Slovaquie, Basse-Autriche [6] et Carinthie [7]. Les limites territoriales de l’Empire de Sámo sont en réalité peu connues mais dépassent sans doute les frontières actuelles de la République Tchèque.
Les tribus versent vraisemblablement au prince et à ses compagnies des contributions, mais l’essentiel des ressources provient des pillages des pays environnants.
Refusant de dédommager les marchands francs qu’il a dépouillés, Sámo est attaqué dans sa forteresse de Vogastisburg [8]. Finalement, le roi Dagobert est vaincu par Sámo en 631.
Sámo aurait ainsi été à la tête d’une union des troupes des tribus pendant 35 ans, protégeant avec succès ces peuples des invasions étrangères.
Samo a eu 12 épouses et a laissé à sa mort 22 fils et 15 filles. Son État retombe sous la dépendance des Avars et disparaît après lui sans laisser de trace.
Notes
[1] Le royaume de Bohême était un royaume situé dans la région de la Bohême, en Europe centrale, dont la plupart des territoires se trouvent actuellement en République tchèque. Devenu une possession héréditaire des Habsbourg en 1620, le royaume a fait partie du Saint Empire jusqu’à sa dissolution en 1806, après quoi il est devenu une partie de l’Empire d’Autriche, puis de l’Empire austro-hongrois.
[2] Pays situé en Europe centrale, au cœur de l’Europe continentale. Ses pays frontaliers sont la Pologne au nord, l’Ukraine à l’est, la Hongrie au sud, l’Autriche à l’ouest et la Tchéquie à l’ouest-nord-ouest. Slavisé au 5ème siècle, le territoire slovaque constituait le cœur de la Grande-Moravie et, à partir du 11ème siècle, une partie du Royaume de Hongrie (bien qu’il fût temporairement occupé par la Pologne au 11ème siècle). La Slovaquie tiendrait son nom des Slaves (slovanský) et des Valaques.
[3] La plupart des auteurs anciens ont voulu y voir Senonico (région de Sens, Yonne (France)
[4] Les Avars ou Avares sont un peuple de cavaliers nomades dirigés par un Khâgan, parfois identifiés aux Ruanruan qui menaçaient la Chine au 3ème siècle. Ils seraient originaires de Mongolie, connu par les Chinois sous le nom de Ruanruan. Au 5ème siècle, leur khan Chö-louen fonde un empire nomade de la Corée à l’Irtych. En 546, leurs vassaux Tölech se révoltent. Bumin, chef des Tujue, réprime la rébellion et réclame en récompense la main d’une princesse ruanruan, ce qui lui est refusée. Vexé, il se décide à la révolte et envoie une ambassade en Chine auprès des Wei. Il s’allie avec eux et épouse une princesse Tabghatch en 551. En 552, le dernier khan ruanruan, encerclé se donne la mort. L’empire Avar s’effondre et est remplacé en Mongolie par celui des Köktürks, les survivants se réfugient à la frontière de la Chine où les Qi du Nord, successeurs des Wei, les établissent comme fédérés. Ceux qui se dirigent vers l’Europe sont connus sous le nom d’Avars, ils migrent vers l’ouest tout en poussant devant eux de petites peuplades turco-mongoles. Ils occupèrent la plaine hongroise au 7ème siècle. Puis, ils furent intégrés à l’empire.
[5] La Moravie est une région d’Europe centrale, formant aujourd’hui la partie orientale de la République tchèque. Ses villes principales sont Brno et Olomouc. Dans le premier tiers du 11ème siècle, la Moravie est rattachée à la Bohême. La Moravie est aujourd’hui entourée par la Bohême à l’ouest, l’Autriche au sud, la Slovaquie à l’est, la Silésie et la Pologne au nord.
[6] La Basse-Autriche est le plus étendu des États fédérés d’Autriche et le deuxième plus peuplé après celui de Vienne. Elle partage des frontières avec la Slovaquie, la Tchéquie et les États fédéraux de Haute-Autriche, de Styrie et du Burgenland. Elle entoure complètement l’État fédéré de Vienne, dont elle a été séparée en 1922.
[7] Le duché de Carinthie était un duché situé aux actuels sud de l’Autriche et nord de la Slovénie. Il fait partie du Saint-Empire romain germanique de 976 à sa dissolution en 1806. Au 7ème siècle, il appartient à la principauté de Carantanie (Karantania), de 788 à 843 à l’empire de Charlemagne puis au royaume franc de Louis II de Germanie. De 889 à 927, il est fief du duché de Bavière.
[8] la localisation exacte de cette fortification n’est pas connue