N’apparaissant qu’au cours du procès de Jésus. Il y est présenté comme un prisonnier célèbre qui a provoqué un meurtre dans la sédition, sans toutefois préciser laquelle.
Ponce Pilate, qui estime Jésus innocent et qui aurait été obligé de libérer un prisonnier à chaque fête, propose à la foule de libérer Jésus ou Barabbas. La foule réclame sa libération plutôt que celle de Jésus .
Le consensus historien s’accorde généralement sur l’historicité d’un prisonnier nommé Barabbas distinct de Jésus mais qu’une tendance à accentuer le parallèle entre les deux personnages a pu se développer au fil des rédactions successives des évangiles. Pour certains auteurs, cet épisode, écrit dans les années 60-70, est à considérer comme un procédé littéraire utilisé afin de minimiser la responsabilité des Romains dans la crucifixion de Jésus, pour que l’Évangile selon Marc [1] ne puisse pas être soupçonné de contenir la moindre critique des autorités romaines et le moindre soutien aux participants à la Grande révolte juive de 66-74 [2].
Barabbas est un personnage qui n’apparaît qu’au cours du procès de Jésus, dans une seule source, les évangiles, alors que Ponce Pilate a déjà interrogé Jésus en lui demandant s’il est le roi des Juifs. Jésus acquiesce à cette question par la formule Tu le dis. Dans les évangiles attribués à Marc et Matthieu, Jésus refuse alors de répondre aux autres accusations formulées par Pilate.
C’est alors que Barabbas est introduit dans le récit en invoquant ce que la critique a par la suite appelée le privilège pascal, bien que les évangiles synoptiques [3] fassent références à toutes les fêtes et pas seulement à une coutume qui n’aurait eu lieu qu’à Pâque.
La substitution entre deux prisonniers, Jésus Barabbas et Jésus, le roi des Juifs proposée par Ponce Pilate tel qu’elle est décrite dans les évangiles, est due au fait que le gouverneur romain pouvait, selon les évangiles, relâcher le prisonnier que la foule désignait lors de la fête de Pâque. L’évangile selon Matthieu décrit ainsi ce privilège pascal.
Si ce privilège pascal non attesté est jugé peu probable pour des gouverneurs romains, il semble presque invraisemblable pour un préfet en Judée. En effet, depuis la mort d’Hérode le Grand, puis la prise de contrôle directe de la Judée par les Romains, la Galilée [4], mais aussi la Judée et même parfois la Samarie [5], sont traversées de révoltes, alors que parallèlement des groupes appelés brigands par les Romains infestent le pays. Une telle obligation pour un gouverneur de Judée aurait donc été à haut risque.
En tout cas, Flavius Josèphe, qui s’était proposé de noter tous les privilèges que les Romains avaient accordés aux Juifs, n’a pas cité ce privilège.
Alors qu’il mentionne des dizaines de répressions et des centaines de crucifixions, Josèphe n’en profite à aucun moment pour donner un exemple de prisonnier relâché pour une raison de ce type dans son récit en sept volumes de la “Guerre des Juifs”, ni dans ceux des “Antiquités judaïques” correspondant à cette période.