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Al-Khayzuran bint Atta dit Al-Khayzuran

vendredi 29 janvier 2021, par ljallamion

Al-Khayzuran bint Atta dit Al-Khayzuran (morte en 789)

Épouse du calife [1] abbasside [2] Al-Mahdi et la mère des 2 califes Al-Hadi et Harun al-Rashid. Elle est connue pour sa grande influence dans les affaires de l’État qu’elle a exercée pendant le règne de son époux et de celui de ses fils, de 775 à 789.

Originaire de Jorash, près de la ville moderne de Bisha [3], en Arabie Saoudite [4]. Elle fut enlevée à son domicile par un Bédouin qui l’a ensuite vendue à un marché d’esclaves près de La Mecque [5] à Al-Mahdi pendant son pèlerinage.

Elle était décrit comme belle, intelligente et douée : à cette époque, les femmes esclaves ou Jawaris du harem étaient réputées pour s’éduquer elles-mêmes en musique, en chant, en astrologie, en mathématiques et en théologie afin de préserver les intérêts de leur maître.

Khayzuran prenait régulièrement des leçons de fiqh [6] auprès des cadis [7] les plus instruits. Elle est finalement devenue la concubine favorite d’Al-Mahdi. Lors de sa succession en tant que calife en 775, elle réussit à le convaincre de la libérer et de l’épouser, privant ainsi sa première épouse, la princesse Rayta, fille du calife Al-Saffah, de ses privilèges. Elle l’a également convaincu de priver son fils de son premier mariage de la position d’héritier du trône et de nommer ses fils comme héritiers, alors que la coutume de l’époque ne permettait pas aux fils d’esclave d’être nommés héritiers.

À la cour, elle était une alliée des Barmakides [8]. Sous le règne de son époux, Al-Khayzuran s’est élevée dans une position inhabituelle pour une femme. Elle n’était pas isolée dans le harem, mais tenait des audiences avec des généraux, des politiciens et des fonctionnaires dans ses chambres, se mêlant aux hommes et discutant des affaires de l’État. Elle a rappelé sa mère, ses deux sœurs et ses deux frères à la cour, a fait épousé sa sœur Salsal au prince Ja’far et a nommé son frère Ghatrif gouverneur du Yémen.

Excepté leurs 2 fils, le couple avait aussi une fille, Banuqa, que son père aimait tellement qu’il l’a vêtue en petit garçon pour pouvoir l’accompagner pendant ses voyages : quand elle est morte jeune, son père a fait scandale exigeant des condoléances publiques, ce qui n’a pas été jugé correct pour une fille.

En 785, Al-Mahdi est mort lors d’une expédition avec son fils Harun, qui s’est précipité à Bagdad [9] pour l’informer. Ses deux fils étaient également absents de la ville et, pour assurer la succession de son fils, elle a appelé les vizirs et leur a ordonné de payer le salaire de l’armée pour obtenir l’ordre, puis leur a fait prêter allégeance à son fils.

Elle a continué à donner des audiences dans ses chambres et à discuter des affaires de l’État pendant le règne de son fils Al-Hadi.

Cependant, Al-Hadi s’opposa à sa participation dans les affaires de l’Etat et tenta de l’exclure. Il désapprouvait le fait que sa mère donne des audiences à des fonctionnaires et à des généraux et s’entretienne avec eux, se mêlant ainsi aux hommes, ce qui n’était pas normal dans une culture où les femmes étaient censées vivre isolées dans le harem.

En dépit de son opposition, Al-Hadi n’a pas réussi à perturber le pouvoir de sa mère qui a refusé de se retirer de la vie politique dans le harem. Le conflit a finalement été révélé publiquement quand elle a intercédé en faveur d’un suppliant, Abdallah ibn Malik, et a publiquement demandé à son fils de répondre, s’en s’énerver et de crier.

La rumeur dit que son fils aîné, Al-Hadi, aurait été assassiné après cet incident.

Son second fils, le calife Harun al-Rashid, contrairement à son frère, ne s’est pas opposé à la participation de sa mère aux affaires de l’État, mais a ouvertement reconnu ses capacités politiques et fait publiquement confiance à ses conseils et a gouverné le royaume à ses côtés. Il était fier de souligner qu’il n’avait aucune raison d’avoir honte de partager son pouvoir avec une femme, si elle avait un tel talent et autant de talent qu’Al-Khayzuran. Bien qu’il soit difficile de dire avec précision sur quelles questions elle a appuyé sa politique, il est néanmoins reconnu qu’elle a participé au processus de décision qui a formé la politique du califat.

Les historiens ne détaillent pas les réalisations politiques de Khayzuran, mais des pièces furent frappées à son nom, des palais furent nommés en son honneur, et le cimetière dans lequel les dirigeants abbassides furent inhumés porte son nom, ce qui témoigne de son statut.

À sa mort en 789, son fils enfreint les règles qui exigeaient qu’il ne montre pas de chagrin. Au lieu de cela, il manifesta publiquement son chagrin et participa à ses funérailles, qui attirèrent beaucoup d’attention.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé Al-Khayzuran/ Traduit par mes soins

Notes

[1] Le terme calife, est une romanisation de l’arabe khalîfa, littéralement « successeur » (sous-entendu du prophète), titre porté par les successeurs de Mahomet après sa mort en 632 et, pour les sunnites, jusqu’à l’abolition de cette fonction par Mustafa Kemal Atatürk en 1924. Les ibadites ne reconnaissent plus aucun calife depuis 657. L’autorité d’un calife s’étend sur un califat. Il porte aussi le titre de commandeur des croyants, titre aboli chez les chiites après la mort d’Ali. Les critères de choix sont différents entre les chiites et les sunnites mais le porteur du titre a pour rôle de garder l’unité de l’islam et tout musulman lui doit obéissance : c’est le dirigeant de l’oumma, la communauté des musulmans.

[2] Les Abbassides sont une dynastie arabe musulmane qui règne sur le califat abbasside de 750 à 1258. Le fondateur de la dynastie, Abû al-Abbâs As-Saffah, est un descendant d’un oncle de Mahomet, Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib. Proclamé calife en 749, il met un terme au règne des Omeyyades en remportant une victoire décisive sur Marwan II à la bataille du Grand Zab, le 25 janvier 750. Après avoir atteint son apogée sous Hâroun ar-Rachîd, la puissance politique des Abbassides diminue, et ils finissent par n’exercer qu’un rôle purement religieux sous la tutelle des Bouyides au 10ème siècle, puis des Seldjoukides au 11ème siècle. Après la prise de Bagdad par les Mongols en 1258, une branche de la famille s’installe au Caire, où elle conserve le titre de calife sous la tutelle des sultans mamelouks jusqu’à la conquête de l’Égypte par l’Empire ottoman, en 1517.

[3] Bisha, également connue sous le nom de Qal`at Bishah, est une ville de la province du sud-ouest de l’ Arabie saoudite , ’Asir. Bisha était sa propre province avant de fusionner avec la province voisine, ’Asir .

[4] L’Arabie saoudite, est une monarchie absolue islamique dirigée par la dynastie des Saoud, depuis sa création en 1932. C’est le plus grand pays du Moyen-Orient avec une superficie de plus de deux millions de kilomètres², et le 2ème plus grand des pays du monde arabe, après l’Algérie. Le pays, dont la capitale est Riyad, a l’islam pour religion d’État et l’arabe pour langue officielle. Il abrite les deux plus grands lieux saints de l’islam : la mosquée al-Harâm (à La Mecque) et la mosquée du Prophète (à Médine).

[5] La Mecque est une ville de l’ouest de l’Arabie saoudite, non loin de la charnière séparant le Hedjaz de l’Asir, à 80 km de la mer Rouge, et capitale de la province de la Mecque. Lieu de naissance, selon la tradition islamique, du prophète de l’islam Mahomet à la fin du 6ème siècle, elle abrite la Kaaba au cœur de la mosquée Masjid Al-Haram (« La Mosquée sacrée ») et la tradition musulmane a lié sa fondation à Ibrahim (Abraham), ce qui en fait la ville sainte la plus sacrée de l’islam. L’accès est interdit aux personnes qui ne sont pas de confession musulmane ainsi qu’aux femmes seules, même musulmanes

[6] Le fiqh est l’interprétation temporelle des règles de la charia. Il est quelquefois traduit par jurisprudence islamique, par référence aux avis juridiques pris par les juristes de l’islam. Il s’agit d’une compréhension du message de l’islam sur le plan juridique, bien qu’il ne s’y limite pas. Le savant en matière de fiqh, se nomme faqîh

[7] Un cadi est un juge musulman remplissant des fonctions civiles, judiciaires et religieuses. Le cadi est un juge de paix et un notaire, réglant des problèmes de la vie quotidienne : mariages, divorces, répudiations, successions, héritages, etc. Le mot cadi vient d’un verbe signifiant juger, décider.

[8] Les Barmécides ou Barmakides ou Tadabòka appelés au Niger sont les membres d’une famille de la noblesse persane originaire de Balkh en Bactriane (au nord de l’Afghanistan). Cette famille de religieux bouddhistes devenus zoroastriens puis convertis à l’islam a fourni de nombreux vizirs aux califes abbassides. Les Barmakides avaient acquis une réputation remarquable de mécènes et sont considérés comme les principaux instigateurs de la brillante culture qui se développa alors à Bagdad.

[9] Bagdad ou Baghdad est la capitale de l’Irak et de la province de Bagdad. Elle est située au centre-Est du pays et est traversée par le Tigre. Madīnat as-Salām fut fondée ex nihilo au 8ème siècle, en 762, par le calife abbasside Abou-Djaafar Al-Mansur et construite en quatre ans par 100 000 ouvriers. Selon les historiens arabes, il existait à son emplacement plusieurs villages pré-islamiques, dont l’un s’appelait Bagdad.