Épouse du calife [1] abbasside [2] Al-Mahdi et la mère des 2 califes Al-Hadi et Harun al-Rashid. Elle est connue pour sa grande influence dans les affaires de l’État qu’elle a exercée pendant le règne de son époux et de celui de ses fils, de 775 à 789.
Originaire de Jorash, près de la ville moderne de Bisha [3], en Arabie Saoudite [4]. Elle fut enlevée à son domicile par un Bédouin qui l’a ensuite vendue à un marché d’esclaves près de La Mecque [5] à Al-Mahdi pendant son pèlerinage.
Elle était décrit comme belle, intelligente et douée : à cette époque, les femmes esclaves ou Jawaris du harem étaient réputées pour s’éduquer elles-mêmes en musique, en chant, en astrologie, en mathématiques et en théologie afin de préserver les intérêts de leur maître.
Khayzuran prenait régulièrement des leçons de fiqh [6] auprès des cadis [7] les plus instruits. Elle est finalement devenue la concubine favorite d’Al-Mahdi. Lors de sa succession en tant que calife en 775, elle réussit à le convaincre de la libérer et de l’épouser, privant ainsi sa première épouse, la princesse Rayta, fille du calife Al-Saffah, de ses privilèges. Elle l’a également convaincu de priver son fils de son premier mariage de la position d’héritier du trône et de nommer ses fils comme héritiers, alors que la coutume de l’époque ne permettait pas aux fils d’esclave d’être nommés héritiers.
À la cour, elle était une alliée des Barmakides [8]. Sous le règne de son époux, Al-Khayzuran s’est élevée dans une position inhabituelle pour une femme. Elle n’était pas isolée dans le harem, mais tenait des audiences avec des généraux, des politiciens et des fonctionnaires dans ses chambres, se mêlant aux hommes et discutant des affaires de l’État. Elle a rappelé sa mère, ses deux sœurs et ses deux frères à la cour, a fait épousé sa sœur Salsal au prince Ja’far et a nommé son frère Ghatrif gouverneur du Yémen.
Excepté leurs 2 fils, le couple avait aussi une fille, Banuqa, que son père aimait tellement qu’il l’a vêtue en petit garçon pour pouvoir l’accompagner pendant ses voyages : quand elle est morte jeune, son père a fait scandale exigeant des condoléances publiques, ce qui n’a pas été jugé correct pour une fille.
En 785, Al-Mahdi est mort lors d’une expédition avec son fils Harun, qui s’est précipité à Bagdad [9] pour l’informer. Ses deux fils étaient également absents de la ville et, pour assurer la succession de son fils, elle a appelé les vizirs et leur a ordonné de payer le salaire de l’armée pour obtenir l’ordre, puis leur a fait prêter allégeance à son fils.
Elle a continué à donner des audiences dans ses chambres et à discuter des affaires de l’État pendant le règne de son fils Al-Hadi.
Cependant, Al-Hadi s’opposa à sa participation dans les affaires de l’Etat et tenta de l’exclure. Il désapprouvait le fait que sa mère donne des audiences à des fonctionnaires et à des généraux et s’entretienne avec eux, se mêlant ainsi aux hommes, ce qui n’était pas normal dans une culture où les femmes étaient censées vivre isolées dans le harem.
En dépit de son opposition, Al-Hadi n’a pas réussi à perturber le pouvoir de sa mère qui a refusé de se retirer de la vie politique dans le harem. Le conflit a finalement été révélé publiquement quand elle a intercédé en faveur d’un suppliant, Abdallah ibn Malik, et a publiquement demandé à son fils de répondre, s’en s’énerver et de crier.
La rumeur dit que son fils aîné, Al-Hadi, aurait été assassiné après cet incident.
Son second fils, le calife Harun al-Rashid, contrairement à son frère, ne s’est pas opposé à la participation de sa mère aux affaires de l’État, mais a ouvertement reconnu ses capacités politiques et fait publiquement confiance à ses conseils et a gouverné le royaume à ses côtés. Il était fier de souligner qu’il n’avait aucune raison d’avoir honte de partager son pouvoir avec une femme, si elle avait un tel talent et autant de talent qu’Al-Khayzuran. Bien qu’il soit difficile de dire avec précision sur quelles questions elle a appuyé sa politique, il est néanmoins reconnu qu’elle a participé au processus de décision qui a formé la politique du califat.
Les historiens ne détaillent pas les réalisations politiques de Khayzuran, mais des pièces furent frappées à son nom, des palais furent nommés en son honneur, et le cimetière dans lequel les dirigeants abbassides furent inhumés porte son nom, ce qui témoigne de son statut.
À sa mort en 789, son fils enfreint les règles qui exigeaient qu’il ne montre pas de chagrin. Au lieu de cela, il manifesta publiquement son chagrin et participa à ses funérailles, qui attirèrent beaucoup d’attention.