Premier fils issu du mariage du roi Édouard 1er d’Angleterre et de sa seconde épouse Marguerite de France, fille du roi Philippe III le Hardi. Il est né au manoir de Brotherton, situé dans le Yorkshire [1], alors que sa mère se rend à Cawood pour y accoucher.
Informé de la naissance de son fils, le roi Édouard accourt auprès de son épouse et présente le nourrisson aux barons dans 2 berceaux. Un an plus tard naît un second fils, Edmond de Woodstock. Les 2 garçons sont immédiatement pris en charge par des nourrices jusqu’à l’âge de 6 ans. Comme leurs parents, ils apprennent à jouer aux échecs et à pratiquer l’équitation. Ils ont régulièrement droit aux visites, dont celles de leur demi-sœur Marie de Woodstock . Leur mère Marguerite accompagne souvent leur père Édouard 1er lors de ses campagnes militaires en Écosse mais s’informe de leur bien-être.
Il est l’un des demi-frères d’Édouard II. Avant sa mort en 1307, Édouard 1er a prévu d’accorder des terres à Thomas, mais ce n’est qu’en 1312 que ce dernier est créé comte de Norfolk [2] par Édouard II. Thomas reçoit par ailleurs le titre honorifique de comte-maréchal [3] en 1316.
À la suite de la mort de leur mère Marguerite le 14 février 1318, Thomas et son frère cadet Edmond sont désignés comme ses exécuteurs testamentaires. En août 1318, les deux frères agissent en tant que témoins au cours de la signature du traité de Leake [4], qui scelle la réconciliation entre leur demi-frère Édouard II et le comte de Lancastre. La même année, le roi les charge d’accueillir dans leur suite Édouard Balliol, prétendant au trône d’Écosse.
Lorsque son frère Édouard entame des préparatifs dans le nord pour une prochaine invasion de l’Écosse, le comte de Norfolk reçoit la garde du royaume et est nommé régent. À cette occasion, Thomas appelle le 24 mars 1319 le Lord-maire de Londres John de Wengrave, l’évêque de Winchester [5] John Sandale et le comte de Pembroke [6] à discuter au sujet de la tenue d’élections et de la nomination de nouveaux dignitaires au sein de la capitale. Il leur suggère de résoudre entre eux leur différend, sans quoi il tranchera lui-même le conflit au palais de Westminster [7]. Par la suite, les trois hommes parviennent à trouver un terrain d’entente.
Thomas de Brotherton épouse en premières noces, probablement aux alentours de 1319, Alice de Hales , fille de Roger de Hales, coroner de Norfolk [8], et d’Alice Skogan. Le mariage d’un membre de la famille royale anglaise avec une femme d’un rang franchement inférieur est alors inhabituel en ce début du 14ème siècle.
Alice de Hales meurt avant le 12 octobre 1330, date à laquelle une fondation est créée pour le salut de son âme à Bosham [9], dans le Sussex [10].
Il prend part à l’administration de son demi-frère, sert en tant que régent pendant ses absences et, en 1322, l’aide à écraser la rébellion des barons. Thomas entre pourtant à partir de cette date en conflit avec le roi, en raison des faveurs qu’accorde celui-ci à son favori Hugues le Despenser.
En août 1323, il est contraint de renoncer à son autorité sur la ville de Chepstow [11], située dans les Marches. Thomas est ensuite temporairement privé par Édouard II de son poste de comte-maréchal, après que des juges royaux aient appris que Norfolk avait délégué dans le Lancashire l’exercice de sa charge sans l’autorisation de son frère.
Toutefois, l’attitude d’Édouard à l’égard de son frère change lorsqu’il se met à redouter une invasion menée depuis la France par Roger Mortimer, évadé de Londres et fermement déterminé à annihiler les Despenser. En mai de la même année, Thomas est nommé capitaine royal du Norfolk et se voit confier la surveillance des côtes de l’est de l’Angleterre face à une éventuelle invasion. Il obtient en outre du roi l’administration de terres saisies aux rebelles qui se sont enfuis en France.
Globalement discret sous le nouveau régime, il appuie passivement une révolte avortée en 1329 mais ne s’attire pas les foudres des régents.
En novembre 1330, Édouard III atteint officiellement sa majorité et prend en main le gouvernement du royaume d’Angleterre. Son oncle Thomas de Brotherton devient l’un de ses principaux conseillers. Norfolk participe dès avril 1331 à des échanges diplomatiques au nom de son neveu avec le roi de France Philippe VI de Valois. En juin 1331, il prend part avec le roi à un important tournoi tenu à Stepney [12].
Édouard confie à Thomas plusieurs commandements, tout d’abord en Irlande, où il reçoit l’ordre de pacifier la population au sein de ses propres possessions, en particulier dans le comté de Carlow [13]. En sa capacité de comte-maréchal, Thomas commande l’aile gauche de l’armée anglaise au cours de l’invasion de l’Écosse à la fin de mars 1333 et bat les Écossais pendant la bataille de Halidon Hill [14] le 19 juillet suivant.
Thomas de Brotherton se remarie ensuite avant le 28 mars 1335 avec Mary de Brewes, veuve du baron Ralph de Cobham et fille de Peter de Brewes et de son épouse Agnès de Clifford.
Enfin, lors de ses dernières années, Norfolk reprend plusieurs commandements en Écosse, notamment à Perth en 1337. La même année, il lève des troupes galloises afin de servir son neveu en Écosse.
À partir de 1330, le comte de Norfolk acquiert une influence plus importante dans le gouvernement lorsque son neveu Édouard III atteint l’âge de gouverner seul. Par la suite, il le sert au cours de plusieurs ambassades et campagnes militaires. Mort prématurément en 1338 au château de Framlingham [15] et est inhumé dans l’abbaye de Bury St Edmunds [16], il a pour héritière sa fille aînée Marguerite de Norfolk .