William Douglas (1er comte de Douglas) (vers 1323/1327-1384)
1er comte de Douglas et comte de Mar
Il est le plus jeune des fils de Sir Archibald Douglas seigneur de Liddesdale et gardien de l’Écosse [1], et de Béatrice Lindsay, fille d’Alexandre Lindsay, seigneur de Crawford.
Il est élevé en France et retourne en Écosse en 1348. En 1353, il tue son cousin William Douglas seigneur de Liddesdale dans la forêt d’Ettrick [2]. Liddesdale, connu comme la fine fleur de la chevalerie, avait eu la garde des marches occidentales [3], le long de la frontière anglaise, durant la minorité du roi David II ; bien qu’ayant réussi à repousser les envahisseurs anglais, il tombe en disgrâce lorsqu’il tue Alexandre Ramsay de Dalhousie, sheriff [4] de Teviotdale.
William Douglas récupère alors une grande partie des terres de son oncle.
Douglas est créé comte de Douglas en 1358, un an après avoir épousé Margaret qui lui apporte le comté de Mar [5], dont elle est co-titulaire avec son frère Thomas. Il s’octroie le titre de comte de Mar jusqu’à son élévation à la pairie d’Écosse.
Profitant d’une courte trêve sur les marches anglaises, il sert en France lorsqu’il est blessé à la bataille de Poitiers [6] où des troupes écossaises épaulent les français dans le cadre de l’Auld Alliance [7].
Il est l’un des responsables du paiement de la rançon de David II après la bataille de Neville’s Cross [8] et, à la suite du mécontentement du roi à propos de la collecte d’une partie de la somme, il entre brièvement en rébellion en 1363.
Après le couronnement de Robert II d’Écosse il obtient le 23 janvier 1372 la charge de Justiciar [9] au sud du Firth of Forth [10] avec une rémunération annuelle de 200 livres.
Jusqu’à sa mort il reste le principal acteur des combats frontaliers dans les marches avec l’Angleterre. Il combat ainsi en août 1355 lors de la bataille de Nesbit Moor [11].
Notes
[1] Entre les 13ème et 16ème siècles, l’histoire du royaume d’Écosse se caractérise par de nombreuses minorités, périodes au cours desquelles, les rois sont captifs, absents ou empêchés, voire de vacances du pouvoir qui impliquèrent la mise en place de régences, parfois collectives, pendant lesquelles le pouvoir fut exercé par des Régents ou des Gardiens du Royaume.
[2] Ettrick est une petite région du Selkirkshire, dans la frontière écossaise. La rivière Ettrick la traverse, ainsi que le village d’Ettrickbridge et la ville historique de Selkirk. La forêt d’Ettrick, qui était une grande forêt royale, n’existe plus, même si son nom demeure.
[3] Au Haut Moyen Âge, une marche est un fief créé dans une zone frontalière, soit après conquête soit par détachement d’un autre territoire, et auquel le souverain attribue une fonction particulière de défense contre les territoires voisins. Les marches désignent à l’origine de nombreux territoires frontaliers de l’Empire carolingien. Par extension, le terme a également désigné une province frontalière, militarisée ou non. La marche est l’ancêtre du marquisat ou du margraviat.
[4] La fonction de shérif est originaire de l’Angleterre prénormande. Le terme est né d’une contraction des mots anglo-saxons Shire reeve, désignant respectivement : pour le Shire, une circonscription administrative similaire au comté ; pour le reeve, un officier, agent d’un seigneur féodal (très proche du concept du bailli) qui faisait appliquer l’ordre parmi les serfs du domaine. En définitive, le shérif était un grade supérieur de cette fonction de Reeve, correspondant littéralement à celle d’un « bailli du comté ». Après la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant, la fonction perdura, dans le cadre de vicomté. Elle reprit finalement l’appellation de shérif, tandis que vicomte devint un titre héréditaire de pairie.
[5] Comte de Mar est un titre créé plusieurs fois dans la pairie d’Écosse, mais qui fut, à partir du 12ème siècle, un titre porté par les successeurs des mormaers de Mar, seigneurs du territoire de Mar (en anglais Earldom of Mar). Le titre dérive de Marr, l’une des sept provinces originelles de l’Écosse au 9ème siècle. Les terres du mormaer de Mar couvraient alors les territoires des comtés historiques d’Aberdeenshire et Banffshire.
[6] Lors de la guerre de Cent Ans, après leur éclatante victoire à la bataille de Crécy (1346), les Anglais se sont solidement établis en Guyenne et mènent régulièrement des raids dans le Sud de la France4. En 1355 déjà, le roi de France Jean II manquant de fonds n’avait pu les combattre. Il réunit en 1356 les états généraux qui lui accordent ce dont il a besoin pour lever une armée. La bataille a lieu à Nouaillé-Maupertuis près de Poitiers. Quoique numériquement très supérieures, Jean II conduit ses troupes par une tactique irréfléchie et se fait prendre.
[7] La Vieille Alliance, souvent désignée en français comme en anglais par son nom en scots, Auld Alliance, est une alliance nouée entre les royaumes de France et d’Écosse contre l’Angleterre. Bien que le traité d’Édimbourg de 1560 ait mis fin de fait à la plupart de ses dispositions, l’alliance et ses prolongements ont marqué les relations franco-écossaises de 1295 jusqu’à l’époque contemporaine.
[8] La bataille de Neville’s Cross (ou parfois Nevill’s Cross) a eu lieu à Neville’s Cross près de Durham en Angleterre entre les Écossais et les Anglais le 17 octobre 1346.
[9] Dans l’Angleterre et l’Irlande médiévales, le Chief Justiciar (appelé plus tard Justiciar ou justicier) occupait des fonctions semblables à celle du premier ministre du Royaume-Uni en tant que ministre en chef du roi.
[10] Le Firth of Forth, est l’estuaire, ou firth, du fleuve écossais Forth.
[11] La bataille de Nesbit Moor (ou Nisbet Muir), opposa le royaume d’Angleterre et le royaume d’Écosse en août 1355.