Il est célèbre pour l’amitié que lui portait Henri IV, qu’il a pourtant trahi.
Fils d’ Armand de Gontaut-Biron , maréchal de France [1], il naît à Saint-Blancard [2] et est élevé à Biron [3], dans le Périgord [4], au château éponyme que possède sa famille.
Sa mère était protestante et son père catholique. Baptisé catholique, sa tante, Madame de Brizambourg, l’éduque néanmoins dans la religion protestante, sans parvenir à l’y convertir.
Le 6 mars 1586, il tue en duel un rival, le prince Claude de Carency, fils de Jean d’Escars . Il fait ses premières armes sous les ordres de son père et sert ensuite Henri IV avec autant de dévouement que d’intrépidité.
Maréchal de camp [5] en 1590, il se couvre de gloire lors du siège de Gournay-en-Bray puis aux batailles d’Arques [6] et d’Ivry [7], aux sièges de Paris et de Rouen, au combat d’Aumale le 5 février 1592 et à la bataille de Fontaine-Française en 1595 [8].
En récompense, le roi, qui lui sauve la vie à Fontaine-Française et au siège d’Amiens [9] en 1597, le comble d’honneurs. Il est ainsi nommé amiral de France [10] et de Bretagne en 1592, maréchal de France en 1594 puis gouverneur de la Bourgogne. Il est créé duc et pair du royaume en 1598 sur sa terre de Biron puis envoyé en ambassade auprès de la reine Élisabeth.
Il conspire néanmoins contre son roi, traite avec l’Espagne et la Savoie et s’engage à prendre les armes contre son pays. Le duc de Savoie [11] propose à Biron d’épouser sa troisième fille en échange d’un soulèvement de la noblesse contre Henri IV, au cours duquel Biron aurait obtenu la souveraineté sur la Bourgogne et sur la Franche-Comté. Des rumeurs parviennent à la Cour et le complot est révélé par Jacques de La Fin, qui avait été l’émissaire de Biron.
Biron veut tout nier mais il est confondu par ses écrits. Henri IV, qui lui avait déjà pardonné une première traîtrise à Lyon, essaie, mais en vain, d’obtenir l’aveu et le repentir de ce nouveau crime afin de lui pardonner.
Biron est donc arrêté à Fontainebleau dans la nuit du 13 au 14 juin 1602. Le 13 juillet 1602, La Fin arrive à Paris, sous bonne escorte, et le 14 Biron est confronté à son accusateur. Le 17 juin, le procès de haute trahison est remis aux mains des conseillers du Parlement, où le maréchal, entre-temps incarcéré à la Bastille, comparaît le 27 juillet en l’absence des pairs du royaume, qui ont refusé de participer au procès.
Le 29 juillet 1602, Charles de Gontaut, duc de Biron est condamné à mort pour crime de haute trahison et décapité le 31, non en place de Grève comme le prévoyait la condamnation mais dedans l’enclos de la Bastille. Il avait aussi reçu la charge de maréchal général des camps et armées du roi mais, sommé le matin de son exécution de rendre son épée et son bâton de maréchal, répondit qu’il n’en avait point.
Le maréchal de Biron était un vieil ami et compagnon d’armes d’Henri IV, mais était éternellement insatisfait des bienfaits dont le roi le comblait.
Dès 1595 Biron s’était laissé débaucher par Picoté, un ancien ligueur [12] et avait commencé à comploter avec les Espagnols. Biron rêvait de faire renaître la Ligue catholique, et Charles-Emmanuel 1er pensait la chose possible.
En 1598, lors de la paix de Vervins [13], Biron est prêt à agir. Un rapport de l’envoyé espagnol à Turin indique qu’il ne faut pas rendre le marquisat de Saluces [14] à la France et gagner du temps, car le maréchal de Biron est prêt à fomenter une guerre civile en France à la faveur de laquelle le duc de Savoie n’aura point de peine à conserver Saluces.
Le 20 décembre 1599, le roi reçut le duc de Savoie à Fontainebleau. Durant son séjour, Charles-Emmanuel rencontra Biron et ils eurent l’occasion de mettre au point le plan de la conspiration, épisode qui est attesté dans les mémoires de Sully.
D’autre part, il s’insinua dans les bonnes grâces d’ Henriette de Balzac d’Entragues, marquise de Verneuil , qui était la maîtresse du roi depuis la mort deGabrielle d’Estrée, en lui faisant de somptueux cadeaux.
Afin de rallier quelques comploteurs supplémentaires, il s’efforça également de gagner en sa faveur les ducs d’ Épernon , de Bouillon , de La Trémoille , et le comte d’Auvergne , fils naturel de [Charles IX], qui étaient mécontents du roi.
Afin de régler le différend, Henri IV offrit à Charles-Emmanuel, soit de garder le marquisat de Saluces contre la cession de la Bresse, soit de le rendre purement et simplement. Le duc de Savoie demanda un délai de réflexion de 3 mois et repartit très mécontent en mars 1600 ; cette attitude et ce délai n’étaient faits que pour gagner du temps et laisser la conspiration se développer.
Le 11 août 1600, la guerre franco savoyarde débute. Henri IV destinait le poste de gouverneur de Bresse, après sa conquête, à Biron mais destinait le poste de gouverneur de la citadelle de Bourg-en-Bresse au huguenot Pierre d’Escodeca, baron de Boesse-Pardaillan et mestre de camp [15] du régiment de Navarre [16].
Biron, étant très engagé avec le duc de Savoie, fit avertir Jacques de Bouvens, le gouverneur de Bourg, de se tenir sur ses gardes et lui donna le jour et l’heure de l’attaque de la ville, mais la ville fut prise [17] malgré la trahison du commandant en chef.
Aux environs du 25 août, le roi Henri avait envoyé Sully visiter plusieurs citadelles qui étaient investies. Sully vint coucher à Bourg-en-Bresse où il fut bien accueilli par Biron. Le jour de son départ pour Lyon, Sully reçut un avis qu’un groupe de 200 hommes, ennemis, venaient d’arriver dans un château proche du lieu où il devait passer la nuit. Ayant parlé de cette information à Biron, celui-ci la trouva totalement ridicule. Sully demanda toutefois à Biron de lui donner une escorte jusqu’à Lyon. Biron donna comme escorte ses propres gardes qui accompagnèrent Sully jusqu’à Villars [18] où l’escorte le quitta. Il fit recharger ses mulets et fit encore environ 4 lieues et ne s’arrêta qu’à Vimy [19] où il se crus en sûreté. Le doute qu’il avait est que Biron avait entrepris de le livrer au duc de Savoie, se changea alors en certitude.3 heures après qu’il fut parti de Villars, les 200 hommes vinrent fondre sur la maison où ils croyaient qu’il étais, et parurent très fâchés d’avoir manqué leur coup.
Le 7 septembre 1602, Henri IV confisqua l’ensemble de ses biens, son frère Jean lui succéda après autorisation du Roi.