Gygès (mort entre 680 et 648 av. jc)
Roi de Lydie entre 708 et 687 av. jc
Fils de Mermnas, son règne marqua l’apogée du royaume de Lydie [1]. Il tint en respect les Cimmériens [2] et les Assyriens [3], étendit son empire aux dépens des villes grecques des côtes de l’Asie Mineure [4], attaqua Milet [5] et Smyrne [6], s’empara de Colophon [7], et exerça son pouvoir sur la Troade [8]. Il mourut dans une bataille contre les Cimmériens.
C’est lui qui consacra les premières offrandes d’or et d’argent. Le philosophe péripatéticien [9] Phanias d’Érèse dit qu’avant son règne, Apollon Pythien n’avait ni or, ni argent.
Selon Hérodote, le tyran Candaule , descendant d’Héraclès, ne cessait de vanter la beauté de sa femme à son confident Gygès, qui était le fils d’un de ses gardes. Pensant que Gygès doutait des charmes de la reine, Candaule lui ordonne de faire tout son possible pour la voir nue.
Gygès, qui s’estime indigne de cette proposition, refuse. Le roi parvient à le rassurer et Gygès accepte finalement de se cacher dans la chambre royale au moment où la reine se déshabille, mais celle-ci s’en aperçoit.
Elle décide alors de ne rien laisser paraître et prépare sa vengeance contre le roi qu’elle tient pour l’auteur de cet outrage. Le lendemain, elle convoque Gygès et lui propose un marché : soit il assassine Candaule pour obtenir sa main et le trône de Lydie, soit il est exécuté. Gygès choisit alors de poignarder le roi et s’empare du trône de Sardes [10].
Dans la version rapportée par Platon, Gygès était un simple berger de Lydie. Il faisait paître son troupeau quand un affaissement de terrain se forma après un violent orage. Il s’y aventura et découvrit un énorme cheval de bronze dans les flancs duquel étaient pratiquées des portes. Après avoir ouvert ces portes, Gygès aperçut à l’intérieur du cheval le squelette d’un géant portant au doigt une Bague d’or, nommée depuis anneau de Gygès. Il prit cet anneau, se le passa au doigt, et, sans dire un mot de son aventure, il alla rejoindre les autres bergers du voisinage. Il remarqua alors que, chaque fois qu’il tournait sa Bague vers l’intérieur, il devenait invisible pour tous, tout en gardant la faculté de voir et d’entendre ce qui se passait autour de lui. Dès qu’il retournait la bague dans l’autre sens, il redevenait visible. Après avoir confirmé les pouvoirs de son anneau par plusieurs expériences, il se rendit au palais et séduisit la reine. Il complota avec elle la mort du roi, le tua et s’empara du trône.
La légende voudrait que ce soit sous son règne ou celui de Alyatte II qui régna sur la Lydie entre 610 et 560 av. jc, que la Lydie changea le système du troc par celui de la monnaie métallique, en l’occurrence d’électrum extrait du fleuve Pactole [11], comme l’attestent les plus anciennes pièces retrouvées à ce jour.
Notes
[1] La Lydie est un ancien pays d’Asie Mineure, situé sur la mer Égée et dont la capitale était Sardes. Elle était connue par Homère sous le nom de Méonie. La Lydie est évoquée dans les légendes d’Héraclès et Omphale, ou de Tantale et Pélops. La Lydie était une région occidentale de l’Asie Mineure, bordée au nord par la Mysie, au sud par la Carie et à l’est par la Phrygie. Comprenant les vallées de l’Hermos et du Méandre, la Lydie était située sur le parcours des grandes routes commerciales, et disposait de nombreuses ressources minières propres.
[2] Les Cimmériens sont un peuple de l’Antiquité, d’origine indo-européenne, apparentés aux Thraces ou aux peuples iraniens, installé en Tauride et sur le pourtour de la mer d’Azov avant de déferler aux 8ème et 7ème siècles av. jc sur l’Asie Mineure.
[3] L’Assyrie est une ancienne région du Nord de la Mésopotamie, qui tire son nom de la ville d’Assur, qui est aussi celui de sa divinité tutélaire, le dieu Assur. À partir de cette région s’est formé au 2ème millénaire av. jc un royaume puissant qui est devenu par la suite un empire. Aux 8ème et 7ème siècles av. jc, l’Assyrie contrôle des territoires s’étendant sur la totalité ou sur une partie de plusieurs pays actuels tels l’Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie ou encore l’Iran.
[4] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie
[5] Milet est une ancienne cité grecque ionienne. Le site archéologique est situé sur la côte sud-ouest de la Turquie, à quelques kilomètres au nord de l’agglomération de Balat, qui a été une des capitales du beylicat de Menteşe au 14ème siècle. Le site de Milet est actuellement à plus de cinq kilomètres à l’intérieur des terres à cause du comblement de la baie par les alluvions apportés par le Méandre.
[6] aujourd’hui Izmir en Turquie
[7] Colophon est une cité grecque d’Ionie (Asie mineure), située au nord-ouest d’Éphèse, dont le nom a donné naissance à un terme d’imprimerie. Elle se situe entre Lébédos et Éphèse. Les ruines de l’antique cité se trouvent aujourd’hui à Castro de Ghiaour-Keui, un village de mineurs d’İzmir.
[8] La Troade est une ancienne région historique du nord-ouest de l’Asie mineure délimitée au nord par la Propontide, au sud par le golfe d’Adramyttion (qui donne sur l’île de Lesbos) et à l’Est par le mont Ida qui culmine à plus de 1700 m. Elle est quelquefois appelée Teucrie par les poètes, du nom de son premier roi Teucros. On y trouve les ruines de la ville de Troie. Cette région et l’Éolide faisaient partie de la Mysie.
[9] L’école péripatéticienne, ou école péripatétique, est l’école philosophique fondée par Aristote en 335 av.jc au Lycée d’Athènes. Elle désigne également par extension ses sectateurs, tant juifs que musulmans. Aristote enseignait au Lycée d’Athènes en marchant avec ses élèves.
[10] Sardes est une ancienne ville d’Asie mineure, capitale de la Lydie, sur la rivière Pactole, dans la vallée de l’Hermos.
[11] Le Pactole est une rivière, affluent de la rive gauche de l’Hermos (aujourd’hui Le Gediz), qui, dans l’Antiquité, charriait des paillettes d’or, si l’on en croit les sources d’époque. Elle se trouvait dans le royaume de Lydie, au cœur de sa région la plus fertile, où affleuraient des veines d’or, mais qui est très sujette aux secousses telluriques. Son nom turc actuel, Sart Çayı, signifie « rivière/ruisseau de Sardes (Sart) ».