Cornelius Fuscus
Chevalier romain
Soutien de Galba puis de Vespasien pendant l’année des quatre empereurs [1] et préfet du prétoire [2] au début du règne de Domitien. Il est commandant d’une armée dans la campagne dace [3] de 86 pendant laquelle il subit une lourde défaite, y perdant la vie.
On ne sait presque rien de lui jusqu’à son apparition lors de la guerre civile de 69 [4]. Tacite nous apprend qu’il est né dans une famille aristocratique mais qu’il renonce à une carrière sénatoriale pour une vie plus calme en tant que chevalier [5].
En juin 68, Cornelius Fuscus est l’un des premiers à déclarer son soutien pour le nouvel empereur Galba après son usurpation et le suicide de Néron. Selon Tacite, son soutien est important car il est à la tête d’une colonie dans une province occidentale.
L’empereur le nomme alors procurateur [6] de Dalmatie [7]. En janvier 69, Galba est assassiné et Othon le remplace, lui-même étant tué au combat en avril par les armées de Vitellius.
À peine élu empereur, ce dernier doit faire face à la révolte des légions de Judée qui proclament Vespasien empereur.
Peu de temps après, les provinces de Pannonie [8] et de Dalmatie font défection du côté des Flaviens [9], à l’instigation de Marcus Antonius Primus et de Cornelius Fuscus, qui devient un partisan acharné de Vespasien.
Fuscus et Primus conduisent les légions du Danube dans l’invasion de l’Italie. La flotte de Ravenne [10] fait défection et se range du côté de Vespasien, élisant Cornelius Fuscus à sa tête comme “praefactus classis Ravennatis”. Il participe probablement à la bataille de Bedriacum [11], où Vitellius est battu mais parvient à rentrer à Rome.
Cornelius Fuscus est à la tête d’une légion lors de la marche sur Rome. Quand le peuple l’apprend, il met fin au règne de Vitellius, lapidé par la foule romaine et dont le corps est jeté dans le Tibre [12]. En décembre 69, Vespasien est couronné empereur par le Sénat. On ne sait plus rien de lui ensuite sous les règnes de Vespasien et de Titus.
Notes
[1] L’Année des quatre empereurs (ou des trois empereurs) désigne la période de juin 68 à décembre 69 voyant se succéder à la tête de l’Empire romain pas moins de trois empereurs, avant que le pouvoir n’échoie à Vespasien. Première guerre civile depuis le règne d’Auguste, elle débute dans les derniers mois du règne de Néron avec la révolte de Caius Julius Vindex dans la province de Gaule lyonnaise, premier acte de la Révolte de 69-70. Si le terme Année des quatre empereurs renvoie à une période historique légèrement plus large, on notera tout de même que, dans les faits, il y eut quatre empereurs en l’an 69.
[2] Le préfet du prétoire (præfectus prætorio) est l’officier commandant la garde prétorienne à Rome, sous le Haut-Empire, et un haut fonctionnaire à la tête d’un groupe de provinces, la préfecture du prétoire, dans l’Antiquité tardive.
[3] La guerre dacique de Domitien oppose l’Empire romain sous Domitien aux Daces en Mésie romaine et en Dacie et dans les années 85 à 89. En 85, les Daces envahissent la province romaine de la Mésie, dont le gouverneur est tué. Domitien contre-attaque et repousse les guerriers daces dans leur pays. L’année suivante, en 86, il envoie son préfet du prétoire Cornelius Fuscus mener une expédition punitive, mais celui-ci est battu et tué au combat.
[4] Au début de l’année 68, la révolte gronde contre Néron. Le gouverneur de la province de Gaule lyonnaise, Caius Julius Vindex, menace d’entrer ouvertement en révolte contre l’empereur. Il réussit à rallier à sa cause Servius Sulpicius Galba, gouverneur de Tarraconaise, un des hommes les plus loyaux de l’État et serviteur modèle de Tibère, Caligula et Claude. En Afrique, le légat de la Legio III Augusta, Lucius Clodius Macer, entre également en révolte contre Néron, menaçant de couper le ravitaillement de Rome en blé africain. Le 15 mai 68, le préfet des légions de Germanie supérieure, Lucius Verginius Rufus, défait facilement les troupes de Vindex à la bataille de Vesontio, près de l’actuelle Besançon. Néron dispose dès lors d’un sursis.
[5] Les chevaliers sont un groupe de citoyens de la Rome antique appartenant à l’ordre équestre (equester ordo), sous la Royauté, la République et l’Empire. Choisis par les censeurs, ce sont les plus fortunés (au moins 400 000 sesterces du 2ème siècle av. jc jusqu’au début de l’Empire) et les plus honorables des citoyens (en dehors des sénateurs). Cette appartenance pouvait être théoriquement remise en cause à chaque censure. En pratique elle était héréditaire. Le chevalier se reconnaît à la bande de pourpre étroite cousue sur sa tunique (tunique dite angusticlave), et au port de l’anneau d’or. Les chevaliers se virent attribuer un poids politique supplémentaire au motif qu’ils étaient capables financièrement de s’équiper pour servir dans l’armée à cheval. De plus l’appartenance à l’ordre équestre était nécessaire pour accéder aux postes d’officier dans l’armée.
[6] Dans la Rome antique le terme procurateur désigne au départ un personnage nommé par un autre pour s’occuper d’une tâche précise, mais l’usage le plus courant du terme, à partir d’Auguste désigne un fonctionnaire impérial choisi par l’empereur romain dans l’ordre équestre ou parmi ses anciens esclaves, on parle alors de procurateur affranchi.
[7] La Dalmatie est une région littorale de la Croatie, le long de la mer Adriatique, qui va de l’île de Pag, au nord-ouest, à Dubrovnik et la baie de Kotor au Monténégro au sud-est.
[8] La Pannonie est une ancienne région de l’Europe centrale, limitée au Nord par le Danube et située à l’emplacement de l’actuelle Hongrie, et partiellement de la Croatie et de la Serbie. Les habitants originaux sont les Pannoniens, qui sont envahis par les Celtes et les Boïens au 4ème siècle av. jc.
[9] Les Flaviens sont une dynastie d’empereurs romains issus de la gens Flavii, qui ont régné de 69 à 96 sur l’Empire romain : Vespasien (69 à 79), Titus (79 à 81) et Domitien (81 à 96). Les Flaviens parviennent au pouvoir en 69, lors de la première guerre civile depuis le début du règne d’Auguste, connue sous le nom d’Année des quatre empereurs. Après la chute de Galba puis d’Othon, Vitellius parvient au trône impérial dans le courant de l’année 69. Sa prétention au trône est rapidement contestée par des légions stationnées dans les provinces de l’Est, qui déclarent leur commandant Vespasien empereur à sa place.
[10] Ravenne est une ville italienne de la province de Ravenne en Émilie-Romagne. Elle est considérée comme la capitale mondiale de la mosaïque. Ravenne fut une cité de première importance au tournant de l’Antiquité et du Moyen Âge. En 402, pendant le règne d’Honorius, elle fut, du fait de sa position stratégique plus favorable, élevée au rang de capitale de l’Empire romain d’Occident en lieu et place de Milan, trop exposée aux attaques terrestres des barbares. Son port de grande capacité, sur l’Adriatique, la mettait en communication aisée avec Constantinople, capitale de l’Empire romain d’Orient. La cité continua d’être le centre de l’Empire d’Occident jusqu’à la chute de celui-ci en 476. Elle devint alors la capitale du royaume d’Italie d’Odoacre, puis à partir de 493 celle du royaume des Ostrogoths, sous Théodoric le Grand, qui englobait l’Italie, la Rhétie, la Dalmatie et la Sicile. En 540, sous le règne de Justinien 1er, Ravenne fut conquise par le général de l’Empire d’orient Bélisaire ; elle fut ensuite reconquise par les Ostrogoths avant d’être à nouveau reprise par le général de l’Empire d’orient Narsès en 552. C’est pour contrer le danger né de l’invasion des Lombards en Italie à partir de 568, que Ravenne devint le siège de l’exarchat byzantin d’Italie, par décision de l’empereur Maurice. La concentration de tous les pouvoirs civils et militaires entre les mains de l’exarque, représentant personnel de l’empereur byzantin favorisa, à long terme, l’émancipation des territoires du nord de l’Italie vis-à-vis du pouvoir impérial. Ravenne fut prise en 752 par Aistolf, roi des Lombards. Deux ans après, Pépin le Bref, roi des Francs, la lui enleva et la donna au Saint-Siège.
[11] La première bataille de Bedriacum eut lieu le 14 avril 69 à Bedriacum, près de Crémone, entre l’armée de Othon et celle de Vitellius, deux prétendants au trône de l’Empire romain après la mort de Néron et Galba.
[12] Le Tibre est un fleuve italien qui se jette dans la mer Tyrrhénienne. C’est le plus long fleuve d’Italie après le Pô et l’Adige. Il traverse notamment la capitale italienne, Rome, à l’histoire de laquelle il est étroitement lié.