Michele da Cesena dit Michel de Césène (vers 1270-1342)
Théologien franciscain italien
Michel de Césène naît à Ficchio, près de Cesena [1]. Il entre dans l’ordre franciscain [2] puis devient maître de théologie à Paris en 1316.
Suite au chapitre général de Naples le 29 mai 1316, Michel est élu ministre général de l’ordre, à la satisfaction du roi de Naples Robert d’Anjou et de la reine Sancia.
Il participe à la querelle sur la pauvreté de l’Église [3]. En 1322, il réunit à Pérouse [4] un chapitre général portant sur la définition de la pauvreté. Le chapitre prononce que Jésus-Christ et les Apôtres n’avaient la propriété d’aucune chose, ni en commun, ni en propre. Convoqué par le pape Jean XXII à Avignon, il comparaît le 9 avril 1328 et est fortement semoncé.
Michel de Césène est maintenu en détention à Avignon avec deux autres compagnons, Bonagrazia de Bergame et Guillaume d’Ockham. Ils s’enfuient tous les trois le 28 mai et, après un périlleux voyage par terre et par mer, rejoignent l’empereur Louis de Bavière et son conseiller Marsile de Padoue à Pise [5] en septembre.
Dès leur arrivée à Pise, les franciscains inaugurent une campagne de propagande contre le pape à l’aide de sermons, lettres et traités.
Entre temps, le 6 juin 1328, Jean XXII dépose et excommunie Michel et ses deux compagnons. Les franciscains suivent l’empereur à Parme [6], Crémone [7], Trente [8], puis à Munich [9] où ils se réfugient en février 1330.
En 1331, un chapitre général tenu à Perpignan nomme un nouveau ministre général des franciscains, le français Géraud Odon.
Michel de Césène meurt à Munich le 29 novembre 1342
Notes
[1] Cesena (parfois appelée en français Césène) est une ville italienne de la province de Forlì-Cesena en Émilie-Romagne, près de la mer Adriatique.
[2] Moines de l’ordre mineur de frères laïcs mendiants fondé par saint François d’Assise en 1209, sur les principes rigoureux de l’humilité totale et de la pauvreté extrême. Les franciscains ont une mission de prédication itinérante. Au 13ème siècle, l’ordre se divise, malgré les tentatives de conciliation de saint Bonaventure, entre les adeptes de la règle de pauvreté originelle et les spirituels, qui jugent la mission d’enseignement incompatible avec la misère matérielle. Malgré ces dissensions, et les diverses branches qui en découlent, les franciscains poursuivent une lutte active contre les hérésies et se répandent rapidement au travers de la chrétienté. Les franciscains portent une robe brune avec une corde pour ceinture (ce qui leur a valu le nom de cordeliers), habit des pauvres de leur temps. A la fin du 13ème siècle, il existe déjà 1500 maisons de franciscains. L’ordre franciscain s’est diversifié en trois courants : les frères mineurs, les frères mineurs conventuels et les frères mineurs capucins. Il existe aussi un tiers ordre de laïcs. Les franciscains sont partis en mission dans le monde entier.
[3] Toute la chrétienté est secouée par un profond débat sur la pauvreté de l’Église. Il a été initié par les franciscains et a en leur sein même provoqué des fractions, l’Ordre des frères mineurs se divisant en conventuels et spirituels. Pour tenter de calmer ces tensions, Jean XXII, le 7 avril 1317, canonise Louis d’Anjou, archevêque franciscain de Toulouse proche des spirituels. Mais le frère aîné du roi Robert est surtout porté sur les autels comme étant un homme de toute science, toute pitié et toute charité, plein de compassion envers les pauvres. Ce geste lui attire la gratitude de Michel de Césène, général des franciscains, qui intervient auprès du Souverain Pontife pour qu’il fixe la constitution franciscaine. Aussi, le 7 octobre 1317, Jean XXII rend publique sa décrétale “Quorumdam Exigit” qui reconnait les délibérés du dernier Chapitre Général de Pérouse comme « lucides, solides et mûrs », tout en attribuant des biens propres aux frères mineurs. Le pape ordonne de plus que tous les minorites soient revêtus de l’habit des conventuels et obéissent à leurs supérieurs sous peine d’excommunication.
[4] Pérouse, en italien Perugia, est une ville italienne, chef-lieu de la province de même nom et capitale de la Région Ombrie2. La ville est célèbre pour abriter l’une des plus anciennes universités d’Europe. Les papes ont parfois trouvé asile dans les murs de Pérouse. L’administration papale y a aussi organisé les conclaves qui ont élu Honorius III en 1216, Honorius IV en 1285, Célestin V en 1294 et Clément V en 1305. Cependant Pérouse réticente à l’égard des papes, lors de la rébellion de Rienzo en 1347, la cité ombrienne envoya dix ambassadeurs au tribun romain et résista vigoureusement aux légats du pape venus la soumettre.
[5] Pise est une ville italienne chef-lieu de la province de même nom en Toscane. Elle est célèbre dans le monde principalement pour sa tour penchée. Elle est traversée par le fleuve Arno et située sur la via Aurelia.
[6] Parme est une ville italienne de la province de Parme, dans la région d’Émilie-Romagne. Sa devise est : « Que les ennemis tremblent car la Vierge protège Parme ». Située entre la chaîne des Apennins et la plaine du Pô, la ville est divisée en deux par la rivière Parma, affluent du Pô. Commune libre au 12ème siècle, elle passe sous la domination milanaise des Visconti puis des Sforza et ensuite aux mains de la papauté en 1513 sous Jules II.
[7] Crémone est une ville italienne, chef-lieu de la province de même nom en Lombardie, dans la région de la plaine du Pô, dans le nord de l’Italie. Fortifiée par les romains en 218 av.jc, Crémone faisait partie de la 10ème région romaine, En 1093, la ville de Crémone rejoignit l’alliance de Mathilde de Toscane contre le Saint Empire romain germanique, En 1214, prise de Crémone par Frédéric II du Saint-Empire.
[8] Trente est une ville italienne chef-lieu de la province autonome de Trente et de la région du Trentin-Haut-Adige, dans les Alpes, au nord-est de l’Italie. De 1027 à 1803, la ville est la capitale de la principauté épiscopale de Trente. Mais la ville tire sa célébrité du concile qui s’y tint de 1545 à 1563 dans le presbytère de la cathédrale Saint Vigile. Celui-ci fut convoqué pour répondre aux menaces du protestantisme sur l’Église catholique. Il en découla le mouvement de la Contre-Réforme.
[9] Munich est une ville du sud de l’Allemagne et la capitale du Land de Bavière. Mentionnée pour la première fois en 1158, Munich devient la ville de résidence des ducs de Bavière en 1255 et de l’empereur romain germanique Louis IV. En 1506, après deux siècles de division, les principautés s’unifient pour former la Bavière. Ville catholique, elle est l’un des foyers de la Contre-Réforme.