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Constantin II de Constantinople

vendredi 11 décembre 2015, par lucien jallamion

Constantin II de Constantinople (exécuté en octobre 767)

Patriarche de Constantinople du 8 août 754 au 30 août 766

Patriarcat œcuménique de ConstantinopleAvant son accession au patriarcat, il est moine, et un temps évêque de Syllaion [1]. Il n’occupe plus son siège d’évêque en 754, pour une raison inconnue. Son prédécesseur Anastase est mort en janvier de cette année, et entre le 10 février et le 8 août a lieu le concile de Hiéreia [2], qui adopte officiellement l’iconoclasme [3] comme un dogme de l’Église byzantine.

Pendant la durée de ce concile l’empereur Constantin V s’abstient de désigner un nouveau patriarche, et la présidence est assurée principalement par le métropolite [4] d’Éphèse [5], Théodose, fils de l’ex-empereur Tibère III. Le 8 août a lieu la séance finale solennelle au palais des Blachernes [6], où l’horos du concile est lu et l’empereur acclamé. C’est pendant cette séance que Constantin V présente à l’assistance le nouveau patriarche de Constantinople qu’il a choisi, et fait avaliser ce choix.

Le 27 août, au Forum, l’empereur et le patriarche côte à côte font donner lecture à la population des décisions du concile.

Constantin de Syllaion est un moine austère, qui devient le conseiller spirituel de l’empereur. Pendant les années suivantes, aucune persécution contre les adversaires de l’iconoclasme n’a lieu, bien que beaucoup de moines expriment leur opposition, mais les succès militaires de l’empereur contre les Bulgares lui assurent le soutien de l’opinion publique. L’ermite Étienne le Jeune, établi sur le mont Auxence, près de Chalcédoine [7], devient le porte-voix de l’opposition au concile, et peut-être de revendications monastiques plus générales. Il a des admirateurs et des disciples jusque parmi les dignitaires de la cour.

Exaspéré, et craignant sans doute un complot, l’empereur le fait arrêter vers 763 et enfermer d’abord dans un monastère de Chrysopolis [8], puis sur l’île de Proconnèse [9]. Il est conduit en 765 dans la prison de Phialê, à Constantinople, et interrogé par l’empereur lui-même. Condamné à mort, il est finalement exécuté le 20 novembre 765. Des mesures de répression sont prises contre les partisans d’Étienne, et contre les moines en général. Tous les détenteurs d’une charge civile ou ecclésiastique, le patriarche compris, doivent alors prêter serment de ne pas vénérer d’icônes.

En juin juillet 766, Constantin V organise une nouvelle expédition contre les Bulgares, mais la flotte qu’il a envoyée le long de la côte de la mer Noire est prise dans une tempête et détruite, une bonne partie des équipages noyée. De retour dans la capitale, l’empereur doit affronter la défaveur de l’opinion.

Pendant des jeux organisés à l’Hippodrome, il ordonne une parade humiliante de moines et de nonnes se tenant par la main. Quelques jours plus tard, un complot est découvert parmi les plus hauts dignitaires de la cour. 19 sont d’abord arrêtés, y compris le Logothète du Drome [10], son frère le commandant de la garde des Excubiteurs, et 3 stratèges [11] de thèmes. Les deux premiers sont décapités, les autres aveuglés. La poursuite de l’enquête implique l’éparque [12] de Constantinople, Procope, et le patriarche Constantin.

Tous deux sont arrêtés et incarcérés, le patriarche le 30 août, d’abord dans le palais de Hiéreia, sur la rive asiatique du Bosphore, puis dans une des Îles des Princes [13]. Il est déposé et remplacé le 16 novembre par l’eunuque Nicétas.

Après un an de détention, en octobre 767, le patriarche, ayant reçu le fouet, est promené en public sur un âne, la tête tournée vers la queue, et il est finalement décapité.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Venance Grumel, Traité d’études byzantines, « La Chronologie I. », Presses universitaires de France, Paris, 1958

Notes

[1] près de l’actuelle Antalya, en Pamphylie

[2] Le concile de Hiéreia est le premier concile iconoclaste, convoqué du 10 février au 8 août 754 dans le palais suburbain de Hiéreia sur la rive asiatique du Bosphore, par l’empereur Constantin V pour faire condamner la production et la vénération des images. Les actes du concile sont condamnés par la suite lors du premier rétablissement du culte des images au 2ème concile de Nicée en 787 convoqué par l’impératrice Irène

[3] L’iconoclasme est, au sens strict, la destruction délibérée d’images, c’est-à-dire de représentations religieuses de type figuratif (appartenant souvent à sa propre culture), généralement pour des motifs religieux ou politiques. Ce courant de pensée rejette la vénération adressée aux représentations du divin, dans les icônes en particulier.

[4] Métropolite est un titre religieux porté par certains évêques des Églises d’Orient.

[5] Éphèse est l’une des plus anciennes et plus importantes cités grecques d’Asie Mineure, la première de l’Ionie. Bien que ses vestiges soient situés à près de sept kilomètres à l’intérieur des terres, près des villes de Selçuk et Kuşadası dans l’Ouest de l’actuelle Turquie, Éphèse était dans l’Antiquité, et encore à l’époque byzantine, l’un des ports les plus actifs de la mer Égée ; il est situé près de l’embouchure du grand fleuve anatolien Caystre.

[6] Les Blachernes sont un quartier au nord de Constantinople, situé entre le monastère de Chora, la porte d’Andrinople et la Corne d’Or et abritant, outre un palais, l’une des 24 portes de la muraille de Théodose II, appelée porte des Blachernes, ainsi que la basilique Sainte-Marie-Mère de Dieu, dite « Sainte-Marie des Blachernes ».

[7] Chalcédoine est une cité grecque de Bithynie (actuellement en Turquie), située sur la mer Propontide, à l’entrée orientale du Bosphore, face à Byzance et au sud de Chrysopolis (Scutari, actuellement Üsküdar). Elle s’appelle aujourd’hui Kadıköy et est devenue une banlieue d’Istanbul, dans le prolongement d’Üsküdar

[8] Üsküdar est un des trente-neuf districts de la ville d’Istanbul en Turquie, situé sur la rive asiatique, autrefois connu sous le nom de Scutari.

[9] L’île de Marmara, ou Proconnèse, est une île de Turquie, la plus grande île de la mer de Marmara, proche de la cité de Cyzique.

[10] Dans la terminologie byzantine, la fonction de logothète désigne au départ une responsabilité d’ordre financier. La charge de logothetes tou dromou ou « Logothète de la Course » ou encore « Logothète du Drome » dérive de celui de Curiosus cursus publici praesentalis, qui dépendait du bureau du Maître des Offices. Ce Curiosus cursus publici praesentalis commandait aux agents (curiosi) chargés de la surveillance des routes empruntées par la poste impériale.

[11] Dans l’Empire byzantin, à partir du 7ème siècle, un stratège est le commandant d’un thème et de son armée. Il est le détenteur des pouvoirs civils et militaires au sein de cette province. Le terme de monostratège désigne un stratège qui a autorité sur plusieurs thèmes.

[12] Dans l’Empire byzantin, l’éparque est la dignité attribuée au préfet de Constantinople.

[13] Les Îles des Princes sont un archipel de neuf îles dans la mer de Marmara au sud-est d’Istanbul en Turquie.