Né à Salisbury [1], dans le comté du Wiltshire [2] en Angleterre, membre de l’École de Chartres [3].
Il fait ses études en France où il bénéficie du patronage du comte Thibaut le Grand. Étudiant à Paris, il y fut, dès 1136, l’élève d’Abélard et il devait continuer à étudier la logique sous la direction de Robert de Melun , la grammaire sous celle de Guillaume de Conches jusqu’en 1148.
Secrétaire et ami de Thomas Becket, alors chancelier d’Angleterre [4], il fut notamment chargé des relations de l’archevêché avec la papauté. Il a rendu, dans sa “Vie de Thomas Becket”, un hommage posthume à celui qu’il conseilla de nombreuses fois.
Pendant le conflit et l’exil de 1164 de Thomas Becket, il réside dans l’abbaye Saint-Rémi de Reims [5], dont l’abbé était alors Pierre de Celle .
Il succède à Guillaume aux Blanches Mains sur le siège épiscopal de Chartres de 1176 à 1180. Il remplit de nombreuses missions à Rome auprès d’Eugène III et d’Adrien IV.
Il fut un des hommes de son temps qui connurent le mieux l’Antiquité. Son principal ouvrage, très célèbre au Moyen Âge et un des premiers livres imprimés, est intitulé : “Policraticus, de Nugis curialium et vestigiis philosophorum”, une sorte d’encyclopédie morale, en huit livres, où l’auteur, avec plus d’érudition que de grâce, oppose aux frivolités du monde et de la cour les solides enseignements de la philosophie.
En tête des amusements qu’il attaque se trouve la chasse, moyen de vexation contre les faibles. Le jeu de dés, la musique et les musiciens, les acteurs, les ménestrels, les jongleurs, ne sont pas épargnés. L’auteur montre la vanité de la magie, de la sorcellerie, bien qu’il ne repousse pas toutes sortes de présages.
Le troisième livre, dirigé contre les flatteurs et les parasites, se termine par un chapitre contre les tyrans. Le tyrannicide y est approuvé, mais à l’Église seule il appartient de déclarer qu’un prince est tyran. Pour l’ami de Thomas Becket, la royauté n’est que la servante de l’Église. Tout cet examen de la société a pour conclusion une théorie des devoirs empruntée aux philosophes anciens, et l’auteur termine en revenant sur le tyrannicide et le devoir de tuer les tyrans.
Achevé en 1156, le Policraticus est adressé, dans une introduction poétique, à Thomas Becket. Sous le titre peu différent d’Entheticus, Jean de Salisbury fit, en vers élégiaques, une sorte de résumé de son grand ouvrage, rempli d’allusions satiriques, aujourd’hui fort difficiles à comprendre.
Enfin, pour défendre la philosophie, c’est-à-dire les lettres anciennes, contre les attaques des gens du monde, Jean de Salisbury écrivit son “Metalogicon” en six livres. À ces ouvrages, il faut ajouter ses Lettres, qui sont très importantes pour l’histoire de son époque.
En 1372, le frère franciscain Denis Foulechat achève sa traduction française du Policraticus, effectuée à la demande du roi de France Charles V.