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L’histoire pour le plaisir

Mazaios

lundi 31 août 2015, par lucien jallamion

Mazaios (mort en 328 av. jc)

Satrape perse de la période de domination des Achéménides

pièce de monnaie de Mazaios Satrape perse de la période de domination des AchéménidesNommé satrape [1] de Cilicie [2] vers 361 av. jc sous le règne d’Artaxerxès II il se voit maintenu à ce poste sous les règnes d’Artaxerxès III, Arsès et Darius III. Vers 350, le perse Mentor de Rhodes, envoyé à Sidon [3] avec environ 4000 mercenaires pour voler au secours de la ville de Tabrit*, révoltée contre Artaxerxès III, est vainqueur de Mazaios mais, conscient de la disproportion des forces, il change de camp après sa capture en 346 et laisse Sidon tomber aux mains des Perses.

En 334 av. jc, alors qu’Alexandre le Grand approche, Mazaios est remplacé par Arsamès , qui a négligé de faire garder sérieusement la passe des Portes ciliciennes [4]. Mazaios n’a pas su empêcher les Macédoniens de franchir le Tigre en 331 av. jc, peu avant la bataille de Gaugamèles [5], où il commandait le flanc droit. Le flanc gauche, formé des cavaliers thessaliens [6] et thraces [7], est lui, commandé par Parménion.

Après la bataille du Granique [8], Mazaios s’est replié à l’arrivée de son adversaire. Les prodromoi [9] d’Alexandre repèrent l’armée de Darius plus au nord, aussi le roi de Macédoine au lieu de marcher sur Babylone [10] selon son plan initial remonte vers le nord, vers Nisibe [11], et franchit le Tigre vers le 20 septembre 331 av. jc aux environs de Djésireh, dans l’Irak actuel contournant son adversaire par le nord.

Au bout de quatre jours de marche il apprend que l’armée perse l’attend à Gaugamèles, non loin d’Arbèles / Adiabène [12]. Alexandre reprenant la direction du sud avec le Tigre sur sa droite.

Sur le flanc gauche macédonien, pendant que la percée est un succès, les combats tournent à l’avantage des Perses, sous l’action de Mazaios qui parviennent à créer une brèche jusqu’à l’arrière-garde de Parménion. Au centre, Alexandre, sa cavalerie et une partie de l’infanterie légère, qui a réussi à repousser les charges de l’armée perse, foncent sur Darius. Le roi perse prend la fuite et quitte le champ de bataille suivi par sa garde. Alexandre doit choisir entre la poursuite de Darius ou aider ses troupes. Faisant le choix de la raison, il abandonne la poursuite pour venir en aide à son flanc gauche malmené. Les ordres de repli ont du mal à parvenir à toute l’armée perse et les combats se poursuivent donc durant plusieurs heures, s’achevant sur la victoire complète de l’armée macédonienne.

Le vainqueur de Darius maintient d’ailleurs la plupart des dignitaires à leur poste souvent sous le contrôle d’un officier macédonien, c’est le cas de Mazaios, qui sur ordre de Darius s’est replié sur Babylone, dont il était devenu le satrape, poste auquel il est confirmé par Alexandre. Celui-ci s’évite ainsi un siège long qui pouvait permettre à son ennemi de se ressaisir et inaugure sa politique de ralliement à sa personne de l’aristocratie achéménide [13].

Il est difficile de savoir si Mazaios s’est rallié à Alexandre à ce moment, lors de son séjour à Tarse [14] ou plus tard. Nommé satrape de Babylone par Alexandre, il devient le premier dignitaire perse à un tel poste dans l’empire qu’il est en train de conquérir. Il meurt en 328 av. jc.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de BORDREUIL P., « La fin de la carrière du satrape Mazday d’après une monnaie araméenne », CRAI, 1998,

Notes

[1] Un satrape est le gouverneur d’une satrapie, c’est-à-dire une division administrative de l’empire achéménide (Perse).

[2] La Cilicie est une région historique d’Anatolie méridionale et une ancienne province romaine située aujourd’hui en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’ouest par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la mer Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province turque d’Adana, une région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée.

[3] Sidon ou Saïda en arabe est une ville du Liban. Elle fut dans l’Antiquité la capitale incontestée de la Phénicie. La ville était construite sur un promontoire s’avançant dans la mer.

[4] Les Portes de Cilicie ou Portes ciliciennes, en turc Gülek Boğazı « passage de Gülek », forment le principal passage à travers les monts Taurus, reliant les basses plaines de Cilicie et la côte méditerranéenne au haut plateau d’Anatolie. Elles débouchent à 44 km au sud de Tarse. Formées par les gorges étroites de la rivière Gökoluk, elles ont été longtemps uniquement praticables par des caravanes de mules, interdisant, par leur étroitesse, l’accès aux véhicules.

[5] La bataille de Gaugamèles s’est déroulée le 1er octobre 331 av. jc. dans la plaine de Gaugamèles, dans le Nord de l’Irak actuel, même si la localisation exacte de la bataille n’est pas clairement établie, on situe généralement le site à l’est de la ville de Mossoul. Elle est l’affrontement décisif entre l’armée d’Alexandre le Grand et celle de Darius III. Par cette bataille, considérée comme l’une des plus importantes de l’Antiquité par les forces impliquées, le royaume de Macédoine a vaincu définitivement l’empire perse achéménide.

[6] La Thessalie est une région traditionnelle et historique de Grèce située dans le centre du pays, au sud de la Macédoine et à l’est de l’Épire. Elle est centrée autour d’une plaine entourée de reliefs dont le mont Olympe au nord. Elle forme la majeure partie de la périphérie actuelle de Thessalie, qui inclut aussi l’est de l’Épire et une partie des îles Sporades.

[7] La Thrace, est une région de la péninsule balkanique partagée entre : la Bulgarie (Thrace du Nord), la Grèce (Thrace occidentale ou Thrace égéenne) et la Turquie (Thrace orientale).

[8] La bataille du Granique oppose en mai 334 av. jc pour la première fois l’armée macédonienne à l’armée perse sur les rives du fleuve Granique (actuel Biga Çayı en Turquie). Alexandre le Grand remporte une victoire contre les satrapes perses qui lui ouvre les portes de l’Asie Mineure. Cet affrontement est la première d’une série de trois victoires des Macédoniens contre les Perses.

[9] Les prodromoi sont les éclaireurs de l’armée d’Alexandre le Grand dans son expédition en Asie.

[10] Babylone est une ville antique de Mésopotamie située sur l’Euphrate dans ce qui est aujourd’hui l’Irak, à environ 100 km au sud de l’actuelle Bagdad, près de la ville moderne de Hilla.

[11] Nusaybin est une ville du sud-est de la Turquie située dans la province de Mardin, à la frontière turco syrienne. Elle est un haut lieu de l’histoire du christianisme de langue syriaque. C’est l’ancienne Antioche de Mygdonie. En 298 un accord de paix y est conclu entre l’Empire romain et les Sassanides à la suite de la victoire l’année précédente de Galère sur le « Grand Roi » Narseh. La ville fut le siège de l’École théologique de Nisibe, une des grandes écoles théologiques des premiers siècles du christianisme, en prenant la suite de l’école d’Édesse (dite aussi école des Perses) après la fermeture de celle-ci en 489.

[12] actuelle ville d’Erbil dans le Kurdistan irakien

[13] L’Empire achéménide est le premier des Empires perses à régner sur une grande partie du Moyen-Orient. Il s’étend alors au nord et à l’ouest en Asie Mineure, en Thrace et sur la plupart des régions côtières du Pont Euxin ; à l’est jusqu’en Afghanistan et sur une partie du Pakistan actuels, et au sud et au sud-ouest sur l’actuel Irak, sur la Syrie, l’Égypte, le nord de l’Arabie saoudite, la Jordanie, Israël et la Palestine, le Liban et jusqu’au nord de la Libye.

[14] Tarse est une ville de Cilicie, en Turquie. Tarse est située sur la rivière Tarsus. À l’origine, Tarse était un port maritime important. Aujourd’hui, ce port se trouve à une quinzaine de kilomètres à l’intérieur des terres, à cause d’un envasement important.