En tant que fils aîné, il succède à son père Adalbert d’Alsace en 722. Il est le petit-fils de Etichon-Adalric d’Alsace, le neveu de sainte Odile et le frère de Eugénie d’Alsace .
Adalbert, son père, a construit la résidence royale de Koenigshoffen [1] et les abbayes de Honau et de Saint-Étienne de Strasbourg [2], mais aussi le monastère de Wissembourg [3].
Il est peut-être né en la résidence royale de Koenigshoffen, où il passe une bonne partie de son enfance. L’Alsace est un duché très puissant au sein de l’Austrasie en 722, quand il succède à son père. Il est très jeune.
Le territoire que tient Luitfrid Ier ne semble pas avoir été amputé ou agrandi par rapport au duché de son père. Il est situé à l’est des crêtes des Vosges, de l’abbaye saint Arbogast de Surbourg [4], au sud de la rivière Sauer, jusqu’au sud de l’abbaye de Moutier-Grandval [5]. Selon un diplôme de l’empereur Lothaire 1er datant de 849, située dans le nord du Jura. Il inclut le Brisgau [6] et une partie de la plaine rhénane de l’autre côté du Rhin.
Au début des années 720, il fait son jeune frère Eberhard comte du Sundgau [7]. Mais, malgré les affirmations de 2 historiens, Eberhard n’a jamais été duc.
Nous savons quand il devient duc, c’est après la signature d’une charte de la donation faite en 722 à l’abbaye de Honau. Dans un brevet accordé vers l’an 725 à ce monastère, Thierry IV, roi des Francs, lui donne le même titre “Luitfrido duci.” Ce prince lui adresse aussi en l’an 724, au “viro illustri Luthfrido”, le privilège de confirmation de l’abbaye de Marmoutier, en Alsace, dans lequel il le qualifie d’homme illustre. Il signe comme duc.
Il se marie 2 fois, probablement avec des alsaciennes : Hiltrudis ou Hiltrude et Theutila.
Il continue la politique de ses ancêtres et développe les monastères de Honau, de Wissembourg, et de l’abbaye de Mourbach [8]. Il a installé sa cour à Strasbourg, où il patronne le monastère de Wissembourg dans 7 dons entre 734 et sa mort. Il dote considérablement les couvents fondés par sa famille.
Luitfrid est en bons termes avec l’évêque Heddo de Strasbourg, un partisan de Charles Martel.
Luitfrid a probablement été un partisan de Charles Martel, dans ses guerres dans les pays situés à l’est du Rhin vers 719/746) qu’il reconquiert ou défend contre les incursions ennemies dans le royaume des Francs et de leurs alliés. Luitfrid gouverne tranquillement l’Alsace.
Il disparaît dans les dossiers en 742, avec son fils Hildfrid, pour leur dernière charte qui est datée de la première année du règne de Carloman, fils de Charles Martel. Vraisemblablement, ils sont morts en luttant contre les Carolingiens qui veulent s’emparer du duché d’Alsace. Il est possible que Luitfrid perde sa dignité ducale dès 730, ou tout au moins de son vivant.
Luitfrid Ier possède des terres dans la vallée de Sainte-Croix-aux-Mines, au Petit Rombach, qui passent ensuite à son fils Luitfrid II. Mais à la mort de Luitfrid 1er d’Alsace, Pépin le Bref disgracie les membres des Étichonides et divise l’Alsace en deux comtés, le Nordgau [9] et le Sundgau.