Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Louis Auguste de Bourbon

mercredi 13 septembre 2023, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 18 mars 2015).

Louis Auguste de Bourbon (1670-1736)

Duc du Maine-Duc d’Aumale-Prince souverain des Dombes-Comte d’Eu

Louis Auguste de Bourbon Duc du Maine-Duc d'Aumale-Prince souverain des Dombes-Comte d'EuNé à Saint-Germain-en-Laye, Fils aîné de Louis XIV et de la marquise de Montespan. Il est légitimé en 1673 et reçoit le titre de duc du Maine.

Craignant la réaction du bouillant époux de la marquise qui, pour nuire, aurait pu faire reconnaître l’enfant comme sien, les amants donnèrent l’enfant dès sa naissance, en charge à la veuve Scarron qui s’occupait déjà de sa sœur aînée laquelle mourut la même année se réfugiant incognito et en vase clos dans le village de Vaugirard [1] près de Paris.

En janvier 1674, le duc du Maine, son frère et sa sœur emménagèrent, avec leur gouvernante, à Versailles [2]. La même année, le duc du Maine reçut la charge de colonel général des Suisses et Grisons.

De tempérament pieux et effacé, il étudia avec beaucoup de soin. En revanche, malgré les efforts du maréchal de Luxembourg, il comprenait médiocrement la science militaire et se révéla ensuite piètre officier. Il fut cependant un érudit préférant une vie studieuse loin des remous de la cour.

En 1681, la Grande Mademoiselle, voulant épouser son amant le duc de Lauzun Antonin Nompar de Caumont et victime d’un chantage mené par Mme de Maintenon qui nourrissait pour le jeune duc une tendresse toute maternelle, lui céda la principauté souveraine des Dombes et le comté d’Eu [3]. La même année la marquise de Montespan fut disgraciée et se retira de la cour avec ses deux derniers enfants légitimés, Mademoiselle de Blois et le comte de Toulouse Louis-Alexandre de Bourbon .

En 1682, le jeune duc fut promu gouverneur du Languedoc [4]. En 1686, il devint duc d’Aumale et chevalier de l’ordre du Saint-Esprit [5], la plus haute distinction de la Royauté.

En 1683, la disgrâce puis la mort du comte de Vermandois Louis de Bourbon , la mort du comte de Vexin Louis César de Bourbon son frère infirme fit de lui le seul des enfants mâles légitimés du roi présent à la cour.

En 1688, il fut promu par son père général des galères puis lieutenant général. Il a alors 18 ans, souhaite prendre femme, mais le roi soucieux de ne pas voir ses enfants illégitimes faire souche refuse pendant un certain temps.

Il combat dans la guerre de la Ligue d’Augsbourg [6] de 1689 à 1697, mais le roi, son père, ayant marié ses bâtardes aux princes de son sang et face à une coalition européenne qui luttait contre sa politique expansionniste, songea alors à lui faire épouser sa nièce, Élisabeth Charlotte d’Orléans, laquelle, montant en graine, ne pouvait trouver un époux de son rang à cause de ladite guerre. Cependant, le roi se heurta au refus sa belle-sœur, Élisabeth Charlotte de Bavière dite la princesse Palatine. Le duc épousa le 19 mai 1692 Mademoiselle de Charolais, fille du prince de Condé, Louise Bénédicte de Bourbon-Condé . Femme ambitieuse, elle l’aida à obtenir, en 1714, un édit appelant à la couronne les princes légitimés et leurs descendants, au défaut des princes du sang.

Cependant et d’après certaines rumeurs de l’époque, le duc du Maine eu également plusieurs liaisons illégitimes.

En 1694, le roi accorda à ses fils légitimés un rang intermédiaire entre les princes du sang et les ducs et pairs, ce qui déplût fortement à ses derniers. Les deux princes pouvaient être admis au Parlement de Paris [7] à l’âge de 20 ans quand les princes du sang le pouvaient à 15 et les ducs seulement à 25.

Le duc du Maine disposait du privilège des “grandes entrées”, qui permettait d’assister au “petit lever” du roi.

Au cours du règne de son père, il manœuvra entre les différents groupes d’influence, et se montra proche de la cabale des seigneurs et de celle de Meudon. Il arrangea le mariage du duc de Vendôme Louis Joseph de Bourbon avec Mademoiselle d’Enghien, sa belle-sœur en 1710.

En juillet 1714, Louis XIV signa un édit l’appelant, tout comme son frère le comte de Toulouse, ainsi que leur descendance, à la succession royale en cas de vacance du trône. Le duc du Maine et les autres bâtards légitimés devaient prendre place au dernier rang et être appelés à régner en cas de disparition des 5 princes du sang légitimes. Le roi renforce sa décision dans son testament, indiquant que le duc du Maine doit être membre du futur conseil de Régence et obtenir la tutelle du jeune Louis XV ainsi que le commandement de la garde royale. En octroyant au duc des pouvoirs aussi étendus, Louis caresse l’espoir de restreindre l’autorité de son neveu légitime, Philippe duc d’Orléans, qui doit légalement devenir le régent de Louis XV.

Le 23 juillet, une déclaration royale décréta que les légitimés jouiraient désormais de la qualité de princes du sang. Saint-Simon lui-même, pourtant adversaire déclaré du duc du Maine, vint lui faire ses compliments au lendemain de l’enregistrement par le Parlement de Paris.

Sur les instances de son ambitieuse épouse et de la marquise de Maintenon, le duc du Maine pressa alors le roi de rédiger un testament affermissant ces décisions, et écartant le duc d’Orléans de la Régence. Le 26 août, le roi remit son testament au premier président et au procureur général du Parlement.

Le 22 août, Louis XIV demanda au duc du Maine de le remplacer lors d’une revue de la gendarmerie, confirmant ainsi la disgrâce de son neveu Orléans.

Il participa aux fêtes des Grandes Nuits de Sceaux [8] et aux salons littéraires organisés par son épouse dans leur château de Sceaux, et fut membre des chevaliers de l’Ordre de la Mouche à Miel [9].

À la mort de Louis XIV, le testament fut rendu public. Le duc du Maine devait faire partie du Conseil de régence et recevait la garde et la tutelle du jeune Louis XV. Enfin, il disposait de la Maison militaire. Le 2 septembre, conformément à l’usage, une séance solennelle au Parlement, rassemblant toutes les Cours souveraines, les princes du sang et les ducs et pairs, devait proclamer la régence.

Immédiatement après la mort de Louis XIV, le 1er septembre 1715, le duc d’Orléans fait néanmoins casser le testament par le Parlement et fit révoquer cet édit en 1717.

Le 26 août 1718, Saint-Simon persuada le régent de faire tenir un lit de justice au jeune Louis XV qui avait 8 ans. Celui-ci eut lieu par surprise. Louis XV y déclara que les bâtards auraient désormais le rang des ducs et pairs, mais que par égard pour le comte de Toulouse, on lui conserverait ses honneurs à titre viager. M. le Duc, désormais majeur, constata que le duc du Maine n’était plus prince du sang, et réclama pour lui la surintendance de l’éducation du roi. Cela lui fut accordé. Le duc du Maine se trouvait complètement évincé. Le petit roi pleura.

Quelques mois plus tard, le duc du Maine, à l’instigation de sa femme, entra avec elle dans une conspiration ourdie contre le régent par le prince de Cellamare Antonio del Giudice, ambassadeur d’Espagne à Paris visant à installer Philippe V d’Espagne , ou l’un de ses fils, sur le trône de France, en cas de décès de Louis XV. En décembre, le complot fut éventé, Cellamare renvoyé, le duc et la duchesse du Maine arrêtés. Le duc du Maine fut enfermé dans la citadelle de Doullens [10] et la duchesse au château de Dijon [11].

Rendus à la liberté en 1720, ils vécurent à Sceaux, où la duchesse, amie des lettres et des arts, tint une cour brillante. Le duc avait une grande piété et préférait la retraite à l’éclat du monde. Il meurt à Sceaux en mai 1736

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Imago Mundi/ Le duc du Maine

Notes

[1] Vaugirard est une ancienne commune française du département de la Seine. Elle est aujourd’hui à peu près complètement intégrée dans le 15e arrondissement de Paris qui a d’ailleurs repris son nom.

[2] Le château de Versailles est un château et un monument historique français qui se situe à Versailles, dans les Yvelines, en France. Il fut la résidence des rois de France Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Le roi et la cour y résidèrent de façon permanente du 6 mai 1682 au 6 octobre 1789, à l’exception des années de la Régence de 1715 à 1723. Situés au sud-ouest de Paris, ce château et son domaine visaient à glorifier la monarchie française. Le château est constitué d’une succession d’éléments ayant une harmonie architecturale. Il s’étale sur 63 154 m², répartis en 2 300 pièces, dont, actuellement, 1 000 pièces de musée

[3] Le comté d’Eu était l’un des comtés constitutifs du duché de Normandie. Plusieurs maisons princières vont posséder le comté jusqu’à la Révolution, les familles de Lusignan, d’Artois, de Bourgogne, de Clèves, de Lorraine, puis enfin d’Orléans.

[4] Le Languedoc est un territoire du sud de la France traditionnellement divisé en Haut Languedoc, qui correspond approximativement à l’actuelle région Midi-Pyrénées, et Bas Languedoc, qui correspond approximativement à l’ancienne région Languedoc-Roussillon. Le Languedoc fait partie de l’Occitanie, vaste espace géographique de langue d’oc. Le territoire du Languedoc (région où l’on parle la langue d’oc) est rattaché au domaine royal au 13ème siècle à la suite de la croisade contre les Albigeois mettant fin au catharisme. Le territoire sous contrôle des États de Languedoc s’est ensuite progressivement réduit à l’ancienne province du Languedoc. C’est en 1359 que les villes des trois sénéchaussées de Beaucaire, Carcassonne et Toulouse concluent entre elles une « union perpétuelle » puis exigent des officiers royaux d’être « convoquées ensemble » et non plus séparément, par sénéchaussée. Vers la fin du 14ème siècle, pays des trois sénéchaussées, auquel le nom de Languedoc allait être réservé, désigne les deux sénéchaussées de Beaucaire Nîmes et de Carcassonne et la partie occidentale de celle de Toulouse, conservée au traité de Brétigny. Le pays de Foix, qui relève de la sénéchaussée de Carcassonne jusqu’en 1333 puis de celle de Toulouse, cesse d’appartenir au Languedoc. En 1469, le Languedoc est amputé de presque toute la partie de la sénéchaussée de Toulouse située sur la rive gauche de la Garonne. Le roi Louis XI détache les deux jugeries de Rivière (Montréjeau) et de Verdun (aujourd’hui Verdun-sur-Garonne) de la sénéchaussée toulousaine pour les incorporer au duché de Guyenne, apanagé à son frère, le prince Charles. En contrepartie, le roi incorpore au Languedoc quelques communautés d’habitants du diocèse de Comminges, situées sur la rive droite de la Garonne, connues comme le Petit Comminges

[5] ’ordre du Saint-Esprit, institué par Henri III (1578), supprimé sous la Révolution (1791), rétabli sous la Restauration (1814), définitivement aboli en droit par la monarchie de Juillet (1830).

[6] La guerre de la Ligue d’Augsbourg, également appelée guerre de Neuf Ans, guerre de la Succession Palatine ou guerre de la Grande Alliance, eut lieu de 1688 à 1697.

[7] Le parlement de Paris est une institution française de l’Ancien Régime. Il fait partie des cours souveraines, rebaptisées cours supérieures à partir de 1661 (début du règne personnel de Louis XIV). Issu de la Curia regis médiévale, le parlement apparaît au milieu du xiiie siècle et prend progressivement son autonomie pour juger le contentieux sous forme d’un organe spécialisé aux sessions régulières, la curia in parlamento, que saint Louis établit dans l’île de la Cité, à côté du palais de la Cité, et qui reçoit sa première réglementation générale avec une ordonnance de Philippe III le Hardi en 1278. À partir du 15ème siècle, treize autres parlements furent érigés à partir d’institutions locales parfois beaucoup plus prestigieuses, comme l’échiquier de Normandie, ou beaucoup plus anciennes, comme les États de Provence, ou mêmes créés ex nihilo ; néanmoins, celui de Paris, cour de justice du Roi, ultime suzerain, et donc d’ultime recours, devint ainsi prééminent. On le mentionnait souvent simplement comme « le Parlement ».

[8] Les Grandes Nuits de Sceaux ensemble de fêtes et divertissements donnés par Louise Bénédicte de Bourbon (1676-1753) en son château de Sceaux entre 1705 et 1753.

[9] L’ordre de la Mouche à miel est un ordre de chevalerie créé en 1703 par Louise-Bénédicte de Bourbon, duchesse du Maine pour attacher à sa personne la cour qu’elle avait rassemblée au château de Sceaux.

[10] Construite sous François 1er par De Castello en 1530 et rénovée par Jean Errard de Bar-le-Duc, la citadelle se révèle être l’une des toutes premières citadelles de France. Elle fut habitée durant 500 ans et servit à la détention, entre autres, de Louis Auguste de Bourbon, duc du Maine fils illégitime de Louis XIV, d’Auguste Blanqui, d’Armand Barbès et de François-Vincent Raspail.

[11] Le château royal de Dijon est un ancien château fort du 15ème siècle dont il ne reste rien, situé à l’emplacement de l’actuelle place Grangier, au centre ville de Dijon, ancienne capitale du duché de Bourgogne /État bourguignon.