Né à Saint-Germain-en-Laye, Fils aîné de Louis XIV et de la marquise de Montespan. Il est légitimé en 1673 et reçoit le titre de duc du Maine.
Craignant la réaction du bouillant époux de la marquise qui, pour nuire, aurait pu faire reconnaître l’enfant comme sien, les amants donnèrent l’enfant dès sa naissance, en charge à la veuve Scarron qui s’occupait déjà de sa sœur aînée laquelle mourut la même année se réfugiant incognito et en vase clos dans le village de Vaugirard [1] près de Paris.
En janvier 1674, le duc du Maine, son frère et sa sœur emménagèrent, avec leur gouvernante, à Versailles [2]. La même année, le duc du Maine reçut la charge de colonel général des Suisses et Grisons.
De tempérament pieux et effacé, il étudia avec beaucoup de soin. En revanche, malgré les efforts du maréchal de Luxembourg, il comprenait médiocrement la science militaire et se révéla ensuite piètre officier. Il fut cependant un érudit préférant une vie studieuse loin des remous de la cour.
En 1681, la Grande Mademoiselle, voulant épouser son amant le duc de Lauzun Antonin Nompar de Caumont et victime d’un chantage mené par Mme de Maintenon qui nourrissait pour le jeune duc une tendresse toute maternelle, lui céda la principauté souveraine des Dombes et le comté d’Eu [3]. La même année la marquise de Montespan fut disgraciée et se retira de la cour avec ses deux derniers enfants légitimés, Mademoiselle de Blois et le comte de Toulouse Louis-Alexandre de Bourbon .
En 1682, le jeune duc fut promu gouverneur du Languedoc [4]. En 1686, il devint duc d’Aumale et chevalier de l’ordre du Saint-Esprit [5], la plus haute distinction de la Royauté.
En 1683, la disgrâce puis la mort du comte de Vermandois Louis de Bourbon , la mort du comte de Vexin Louis César de Bourbon son frère infirme fit de lui le seul des enfants mâles légitimés du roi présent à la cour.
En 1688, il fut promu par son père général des galères puis lieutenant général. Il a alors 18 ans, souhaite prendre femme, mais le roi soucieux de ne pas voir ses enfants illégitimes faire souche refuse pendant un certain temps.
Il combat dans la guerre de la Ligue d’Augsbourg [6] de 1689 à 1697, mais le roi, son père, ayant marié ses bâtardes aux princes de son sang et face à une coalition européenne qui luttait contre sa politique expansionniste, songea alors à lui faire épouser sa nièce, Élisabeth Charlotte d’Orléans, laquelle, montant en graine, ne pouvait trouver un époux de son rang à cause de ladite guerre. Cependant, le roi se heurta au refus sa belle-sœur, Élisabeth Charlotte de Bavière dite la princesse Palatine. Le duc épousa le 19 mai 1692 Mademoiselle de Charolais, fille du prince de Condé, Louise Bénédicte de Bourbon-Condé . Femme ambitieuse, elle l’aida à obtenir, en 1714, un édit appelant à la couronne les princes légitimés et leurs descendants, au défaut des princes du sang.
Cependant et d’après certaines rumeurs de l’époque, le duc du Maine eu également plusieurs liaisons illégitimes.
En 1694, le roi accorda à ses fils légitimés un rang intermédiaire entre les princes du sang et les ducs et pairs, ce qui déplût fortement à ses derniers. Les deux princes pouvaient être admis au Parlement de Paris [7] à l’âge de 20 ans quand les princes du sang le pouvaient à 15 et les ducs seulement à 25.
Le duc du Maine disposait du privilège des “grandes entrées”, qui permettait d’assister au “petit lever” du roi.
Au cours du règne de son père, il manœuvra entre les différents groupes d’influence, et se montra proche de la cabale des seigneurs et de celle de Meudon. Il arrangea le mariage du duc de Vendôme Louis Joseph de Bourbon avec Mademoiselle d’Enghien, sa belle-sœur en 1710.
En juillet 1714, Louis XIV signa un édit l’appelant, tout comme son frère le comte de Toulouse, ainsi que leur descendance, à la succession royale en cas de vacance du trône. Le duc du Maine et les autres bâtards légitimés devaient prendre place au dernier rang et être appelés à régner en cas de disparition des 5 princes du sang légitimes. Le roi renforce sa décision dans son testament, indiquant que le duc du Maine doit être membre du futur conseil de Régence et obtenir la tutelle du jeune Louis XV ainsi que le commandement de la garde royale. En octroyant au duc des pouvoirs aussi étendus, Louis caresse l’espoir de restreindre l’autorité de son neveu légitime, Philippe duc d’Orléans, qui doit légalement devenir le régent de Louis XV.
Le 23 juillet, une déclaration royale décréta que les légitimés jouiraient désormais de la qualité de princes du sang. Saint-Simon lui-même, pourtant adversaire déclaré du duc du Maine, vint lui faire ses compliments au lendemain de l’enregistrement par le Parlement de Paris.
Sur les instances de son ambitieuse épouse et de la marquise de Maintenon, le duc du Maine pressa alors le roi de rédiger un testament affermissant ces décisions, et écartant le duc d’Orléans de la Régence. Le 26 août, le roi remit son testament au premier président et au procureur général du Parlement.
Le 22 août, Louis XIV demanda au duc du Maine de le remplacer lors d’une revue de la gendarmerie, confirmant ainsi la disgrâce de son neveu Orléans.
Il participa aux fêtes des Grandes Nuits de Sceaux [8] et aux salons littéraires organisés par son épouse dans leur château de Sceaux, et fut membre des chevaliers de l’Ordre de la Mouche à Miel [9].
À la mort de Louis XIV, le testament fut rendu public. Le duc du Maine devait faire partie du Conseil de régence et recevait la garde et la tutelle du jeune Louis XV. Enfin, il disposait de la Maison militaire. Le 2 septembre, conformément à l’usage, une séance solennelle au Parlement, rassemblant toutes les Cours souveraines, les princes du sang et les ducs et pairs, devait proclamer la régence.
Immédiatement après la mort de Louis XIV, le 1er septembre 1715, le duc d’Orléans fait néanmoins casser le testament par le Parlement et fit révoquer cet édit en 1717.
Le 26 août 1718, Saint-Simon persuada le régent de faire tenir un lit de justice au jeune Louis XV qui avait 8 ans. Celui-ci eut lieu par surprise. Louis XV y déclara que les bâtards auraient désormais le rang des ducs et pairs, mais que par égard pour le comte de Toulouse, on lui conserverait ses honneurs à titre viager. M. le Duc, désormais majeur, constata que le duc du Maine n’était plus prince du sang, et réclama pour lui la surintendance de l’éducation du roi. Cela lui fut accordé. Le duc du Maine se trouvait complètement évincé. Le petit roi pleura.
Quelques mois plus tard, le duc du Maine, à l’instigation de sa femme, entra avec elle dans une conspiration ourdie contre le régent par le prince de Cellamare Antonio del Giudice, ambassadeur d’Espagne à Paris visant à installer Philippe V d’Espagne , ou l’un de ses fils, sur le trône de France, en cas de décès de Louis XV. En décembre, le complot fut éventé, Cellamare renvoyé, le duc et la duchesse du Maine arrêtés. Le duc du Maine fut enfermé dans la citadelle de Doullens [10] et la duchesse au château de Dijon [11].
Rendus à la liberté en 1720, ils vécurent à Sceaux, où la duchesse, amie des lettres et des arts, tint une cour brillante. Le duc avait une grande piété et préférait la retraite à l’éclat du monde. Il meurt à Sceaux en mai 1736