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Jean Froissart

jeudi 9 novembre 2023, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 7 août 2012).

Jean Froissart (1333-1410)

Chroniqueur poète et romancier

Jean Froissart Chroniqueur poète et romancier

Jean Froissart est né à Valenciennes [1], vraisemblablement dans une famille bourgeoise. Tout ce que nous savons de sa vie nous vient de ses œuvres, où il nous fait le portrait idéal d’un jeune homme disposé par nature à une vie courtoise.

Très jeune il a commencé à composer des poèmes dans le style courtois et les formes fixes popularisées par Machaut. Cette précocité littéraire lui a valu les attentions de Philippa de Hainaut, femme du roi Édouard III d’Angleterre, et Froissart est devenu secrétaire de la reine en 1361, qu’il sert jusqu’à la mort de celle-ci en 1369.

C’est pendant ces années à la cour anglaise que Froissart a composé la plupart de ses poèmes et a commencé les recherches qui ont abouti aux Chroniques [2] qui forment une peinture vivante du monde féodal.

Pendant cette période, il a entrepris au moins 3 longs voyages : 3 mois en Écosse en 1365 ; plusieurs mois en l’entourage du Prince Noir dans le sud de la France à la fin de 1363 et au début de 1366 ; et un voyage de plusieurs mois en Italie en compagnie du second fils de Philippa, Lionel d’Anvers , pour son mariage avec Violante Visconti , fille du duc de Milan [3].

A la mort de l’épouse de Édouard III, il revint à Valenciennes, fut ordonné prêtre et obtint une cure à Mons [4]. Il sera ensuite chapelain de Beaumont et chanoine de Chimay [5].

Froissart est passé par la suite d’abord au service de Robert de Namur , beau-frère de Philippa, et ensuite à celui de Guy II de Blois-Châtillon .

Il est entré ensuite dans le service de Wenceslas de Brabant, pour qui il a composé le dernier roman arthurien en vers, "Méliador" qui, comme ses chroniques, est une glorification de la chevalerie.

Après la mort de Wenceslas en 1383, Froissart s’est consacré presque entièrement à la rédaction de ses Chroniques de France, d’Angleterre et de "païs voisins", dans lesquelles nous trouvons un portrait idéalisé de la chevalerie et de l’aristocratie à l’époque de la Guerre de Cent Ans [6]. Les quatre livres de l’œuvre traitent principalement de la guerre de Cent ans. On y trouve entre autres la relation de la campagne d’Édouard III contre les Écossais en 1327, les batailles de Crécy en 1346 [7], de Poitiers en 1356 [8], le sac de Limoges [9] en 1369, l’histoire d’Etienne Marcel, prévôt des marchands de Paris [10] en 1358, la révolte de Walter Tyler en Angleterre en 1382, l’histoire des "écorcheurs" ou la vie à la cour d’Orthez [11].

Il a passé l’hiver de 1388/1389 à Orthez, à la cour de Gaston Phoebus, comte de Foix [12], à qui il a lu chaque soir des portions de son Méliador . Il a revisité l’Angleterre en 1394.

Il semble que Jean Froissart ait passé plusieurs années de la fin de sa vie à Cantimpré, auprès de son ami Jehan le Tartier, prieur de l’abbaye. Jehan le Tartier composa, soit par imitation, soit avec sa collaboration, une généalogie de plusieurs rois de France, de leurs descendants et des études historiques qui semblent constituer une sorte d’introduction aux chroniques de Froissart. Chroniqueur contraint de plaire aux "grands" qu’il servait, il épousera souvent leurs causes et restera insensible aux misères du peuple.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Valérie Fasseur (éd.), Froissart à la cour de Béarn : l’écrivain, les arts et le pouvoir, Turnhout, Brepols, 2009, (ISBN 978-2-503-52867-0).

Notes

[1] Valenciennes est une commune française, historiquement capitale du comté du Hainaut français et aujourd’hui sous-préfecture du département du Nord. Elle est située au confluent de l’Escaut avec la Rhônelle. En 1285, la monnaie du Hainaut fut remplacée par la monnaie de France : l’écu. Valenciennes est une ville en pleine activité, forte de ses nombreuses corporations. À l’abri de son enceinte, un grand nombre de couvents se développe, à l’instar des Dominicains. Au 14ème siècle Albert de Bavière fait construire la tour de la Dodenne, où encore aujourd’hui la cloche sonne en l’honneur de Notre-Dame-du-Saint-Cordon. Au 15ème siècle, le Hainaut, rattaché au duché de Bourgogne, perd de son autonomie, mais Valenciennes jouit d’une grande renommée grâce aux artistes qu’elle protège en ses murs. L’économie de la ville repose essentiellement sur la draperie et le commerce, principalement du vin et des céréales des campagnes environnantes.

[2] Les Chroniques de Jehan Froissart sont des chroniques médiévales écrites au 14ème siècle en moyen français par Jean Froissart ; elles constituent un récit en prose de la guerre de Cent Ans. Les Chroniques s’ouvrent sur les événements qui ont précédé la déposition d’Édouard II en 1326 et couvrent la période allant jusqu’à 1400, rapportant les événements en Europe de l’Ouest, principalement en Angleterre, en France, en Écosse, aux Pays-Bas et dans la péninsule Ibérique, même si elles mentionnent plus rarement d’autres pays et régions tels que l’Italie, l’Allemagne, l’Irlande, les Balkans, Chypre, la Turquie et l’Afrique du Nord.

[3] Le duché de Milan était un État dans le nord de la péninsule italienne de 1395 à 1796. En principe fief du Saint Empire romain germanique, il était initialement de facto indépendant. Il passe cependant sous domination française au début du 16ème siècle puis fait partie des possessions des Habsbourg d’Espagne (1535-1706) puis d’Autriche (1706-1796). Les frontières du duché ont varié au cours des siècles, il couvrait surtout la Lombardie incluant Milan et Pavie, les centres traditionnels du vieux royaume d’Italie. Il se situait au centre de l’Italie du Nord, de chaque côté de la partie médiane de la vallée du Pô, bordé, au nord, par les massifs méridionaux des Alpes, les Alpes lépontines, et, au sud, par les hauteurs occidentales des Apennins, les Alpes apuanes.

[4] Mons est une ville francophone de Belgique située en Région wallonne. Ancienne capitale des comtes de Hainaut, chef-lieu de la province de Hainaut, ville principale de l’arrondissement de Mons, elle est le siège d’une des cinq cours d’appel du pays.

[5] Chimay est une ville francophone de Belgique située en Région wallonne dans la province de Hainaut. Chimay est située sur la bande calcaire de la Calestienne. Ce sont des terres propices à la culture, défrichées tôt, bien avant l’époque monastique. Chimay est en effet située dans une grande clairière, ouverte dans la forêt ardennaise

[6] La guerre de Cent Ans est un conflit entrecoupé de trêves plus ou moins longues, opposant, de 1337 à 1453, la dynastie des Plantagenêt à celle des Valois et, à travers elles, le royaume d’Angleterre et celui de France. Le terme même de « guerre de Cent Ans » est une construction historiographique établie au 19ème siècle, pour regrouper cette succession de conflits.

[7] La bataille de Crécy opposa à partir du milieu de l’après-midi du 26 août 1346 l’armée du royaume de France à une armée venue d’Angleterre pour saccager et piller les terres proches des rivages de la Manche. Cette bataille violente et sanglante où les monarques respectifs, Philippe VI de Valois et Édouard III, furent présents et actifs, se conclut au soir du second jour par une victoire écrasante de l’armée anglaise, pourtant en infériorité numérique, sur la chevalerie et l’infanterie française et de ses alliés, qui accusèrent des pertes très importantes du fait de l’indiscipline et des lacunes du commandement. Cette grande bataille marqua le début de la guerre de Cent Ans et le retour d’une technique traditionnelle d’archerie.

[8] Lors de la guerre de Cent Ans, après leur éclatante victoire à la bataille de Crécy (1346), les Anglais se sont solidement établis en Guyenne et mènent régulièrement des raids dans le Sud de la France4. En 1355 déjà, le roi de France Jean II manquant de fonds n’avait pu les combattre. Il réunit en 1356 les états généraux qui lui accordent ce dont il a besoin pour lever une armée. La bataille a lieu à Nouaillé-Maupertuis près de Poitiers. Quoique numériquement très supérieures, Jean II conduit ses troupes par une tactique irréfléchie et se fait prendre.

[9] À partir du 12ème siècle, Limoges, lieu de couronnement traditionnel des ducs d’Aquitaine, est l’une des principales villes de la dot d’Aliénor d’Aquitaine. La majeure partie de son histoire médiévale se calque sur celle des guerres entre Plantagenêts et Capétiens. Richard Cœur de Lion est couronné duc d’Aquitaine lors de deux cérémonies tenues successivement à Poitiers, puis, dans la grande tradition des monarques d’Aquitaine, à Limoges en 1172. À la tête de l’empire Plantagenêt, le roi-chevalier meurt en avril 1199 à Châlus, place-forte défendant l’accès sud-ouest de Limoges, lors d’une expédition punitive contre son vicomte, Adémar V de Limoges. Au 14ème siècle, les affrontements entre rois de France et rois d’Angleterre, détenteurs du duché d’Aquitaine dont relève Limoges, culminent à l’occasion de la guerre de Cent Ans. Entre deux événements guerriers, Limoges doit faire face aux pillages des routiers et brabançons désœuvrés. Constituant toujours une « ville double », partagée entre la Cité et le Château, les bourgeois (par leurs consuls), évêques et vicomtes de Limoges jouent des alliances et protections, chacun selon les opportunités du moment. Ainsi, en 1370, la Cité ouvre ses portes aux troupes du roi de France, alors que le Château reste fidèle au roi anglais. Cet événement sera d’ailleurs l’occasion, pour le Prince Noir, de mettre à sac la Cité.

[10] Sous l’Ancien Régime, le prévôt des marchands de Paris, assisté de quatre échevins, s’occupait de l’approvisionnement de la ville, des travaux publics, de l’assiette des impôts et avait la juridiction sur le commerce fluvial. Il était élu tous les deux ans et son rôle se rapprochait de celui d’un maire de Paris. Cette institution succède sous Saint Louis à une corporation, la Hanse parisienne des marchands de l’eau. La prévôté des marchands de Paris a été instituée sous Philippe Auguste, mais le premier prévôt dont le nom nous soit connu est Evrard (ou Evrouin) de Valenciennes, mentionné sous Saint Louis, dans un texte d’avril 1263. Le poste a été supprimé après la prévôté d’Étienne Marcel et la révolte des Maillotins, en 1383. Rétabli en 1412, il n’a plus joué de rôle politique jusqu’à sa disparition en 1789.

[11] Du 13ème au 15ème siècle, Orthez fut la résidence des vicomtes de Béarn. Gaston Fébus y déclare l’indépendance béarnaise en 1347.

[12] Le comté de Foix est à l’origine un territoire du comté de Carcassonne détaché par le comte Roger Ier le Vieux en faveur de son fils cadet Bernard-Roger.