Il est né dans le Yorkshire [1] et fit ses études à Oxford [2]. Contemporain du Grand Schisme [3], Wyclif donna une justification doctrinale à l’indignation que partageait la plupart des Anglais de son époque devant la décadence de l’église. En 1374, le Roi Edouard III l’a nommé recteur de Lutterworth.
Dans ses premiers traités “Detarminatio quaedam de domino” vers 1374 et “De civili domino” en 1376, le maître d’Oxford attaquait les prétentions pontificales à la puissance temporelle et demandait la confiscation des biens de l’Eglise, la propriété mettant les clercs en état de péché.
Le 19 février 1377, il est convoqué par l’évêque de Londres, Guillaume Courtenay, pour présenter sa doctrine. L’interrogatoire se termine lorsque Jean de Gand, qui avait accompagné Wyclif, se trouve mêlé à une bousculade avec l’évêque et son entourage. Le 22 mai 1377, Grégoire XI condamna les 18 propositions de Wyclif, mais celui-ci, qui jouissait de la protection de Jean de Gand et du pouvoir politique, pouvait se permettre de braver les autorités religieuses.
Après le début du Grand Schisme en 1378, ses attaques redoublèrent de vigueur. Il publie “De officio regis, De veritate scripturæ” en 1378, “De potestate papæ” en 1379. Pendant l’année 1378, Wyclif et ses amis d’Oxford entreprennent la traduction en anglais de la Vulgate [4], bravant par là l’interdit de l’Église. En 1379, Wyclif répudie la doctrine de la transsubstantiation. Cette prise de position audacieuse suscite une telle réprobation que Jean de Gand lui retire son soutien.
Wyclif envoie à partir de 1380 ses disciples, appelés les pauvres prêcheurs, dans les campagnes pour qu’ils fassent connaître ses thèses religieuses égalitaristes.
Les prêcheurs trouvent une large audience et on accuse Wyclif de semer le désordre social. Cependant, il ne s’engage pas directement dans la révolte avortée des paysans en 1381. En 1382, toutes ses écritures ont été interdites.
En mai 1382, Courtenay, devenu archevêque de Canterbury [5], rassemble un tribunal ecclésiastique qui condamne Wyclif comme hérétique et prononce son expulsion d’Oxford.
Wyclif se retire alors dans sa paroisse de Lutterworth. Ses attaques contre la papauté lui valent la condamnation de Rome et en 1384 il meurt dans l’isolement.
Les doctrines de Wyclif parvinrent jusqu’en Bohême et exercèrent une grande influence sur Jean Hus.