Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 12ème siècle > Raymond III de Tripoli

Raymond III de Tripoli

vendredi 21 avril 2023, par ljallamion (Date de rédaction antérieure : 15 mars 2012).

Raymond III de Tripoli (vers 1140-1187)

Comte de Tripoli de 1152 à 1187-Prince de Galilée de 1174 à 1187

"Dessin du sceau de Raymond III de Tripoli (Les croisades : l'histoire du royaume latin de Jérusalem , par TA Archer et Charles Lethbridge Kingsford)"Fils de Raymond II , comte de Tripoli [1], et d’ Hodierne de Jérusalem . Il succède à son père comme comte de Tripoli et combat les armées de Nur ad-Din pendant les années qui suivent. Il est fait prisonnier en 1164 et les intrigues politiques ainsi que l’état de sa trésorerie ne permettent sa libération qu’en 1172.

En 1174, il devient prince de Galilée et de Tibériade [2] par son mariage avec Echive de Bures , veuve de Gautier de Saint-Omer .

Ce mariage fait de lui l’un des plus puissants seigneurs d’outremer, mais le livre aux intrigues de la cour de Jérusalem [3]. Le roi Amaury 1er vient de mourir. Son fils Baudouin IV, encore mineur, est malheureusement atteint de la lèpre. Raymond assure la régence du royaume de Jérusalem de 1174 à 1176, mais ses conseils de prudence ne sont pas toujours suivis.

Nur ad-Din meurt peu après Amaury et ses fils lui succèdent à Alep [4], Mossou [5] et Damas [6], tandis que Saladin, qui avait déjà manifesté son autonomie, gouverne l’Egypte. Il ne tarde pas à éliminer les fils de Nur ad-Din et à s’emparer de Damas, réalisant ainsi l’unité de l’Egypte et de la Syrie [7] et encerclant les états croisés.

Raymond, Guillaume de Tyr et une partie des barons francs comprennent le danger, tandis qu’une autre faction, autour de la reine mère Agnès de Courtenay et de Renaud de Châtillon, cherchent l’affrontement, insensibles à la menace. Pour contrer Saladin, Raymond prône une alliance avec Alep, également menacé par Saladin. Cette alliance lui sera reprochée à plusieurs reprises et le fera qualifier d’ami des musulmans par ses adversaires politiques. A la majorité de Baudouin, il demeure conseiller du roi, mais ce dernier balance régulièrement entre les 2 partis.

Il est à nouveau régent pendant le règne de Baudouinet de 1185 à 1186. Mais à la mort de celui-ci, il ne peut empêcher le couronnement de Guy de Lusignan, candidat de la faction opposée. Ce dernier, dénué de tout sens politique et stratégique, décide de se porter à la rencontre de Saladin dans des circonstances particulièrement défavorables, plutôt que de choisir une position et de la tenir comme le conseillait Raymond. Guy est vaincu et la chevalerie franque écrasée à la bataille de Hattin [8] le 4 juillet 1187.

N’ayant plus de résistance devant lui, Saladin s’empare de la Galilée [9] dans les jours qui suivent, prend les différents ports de Terre Sainte durant l’été, puis assiège et prend Jérusalem [10] en octobre 1187.

Raymond, qui a pris part à la bataille de Hattin, échappe au désastre et se réfugie à Tripoli, où il meurt peu après en septembre 1187.

Son beau-fils Hugues II de Saint-Omer lui succède comme prince de Galilée, tandis que le comté de Tripoli revient à un lointain cousin, Raymond IV de Poitiers Antioche.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Jean-Luc Déjean, Les comtes de Toulouse (1050-1250), Fayard, 1979 (réimpr. 1988) (ISBN 2-213-02188-0)

Notes

[1] Le comté de Tripoli (comté de Tortose jusqu’en 1109) était l’un des États latins d’Orient fondés à la faveur de la première croisade. Il était situé sur le territoire de l’actuel Liban et subsista de 1102 à 1289.

[2] La principauté de Galilée, aussi appelée principauté (ou seigneurie) de Tibériade ou de Tibérias est le plus ancien fief du royaume de Jérusalem.

[3] Le royaume de Jérusalem fut fondé par des princes chrétiens à la fin de la première croisade, lorsqu’ils s’emparèrent de la ville. C’est l’un des États latins d’Orient. On peut distinguer plusieurs périodes dans son histoire : celles où le titre de roi de Jérusalem est associé à la mainmise croisée sur la ville (1099-1187 et 1229-1244), et celles où le titre représente le plus haut niveau de suzeraineté des croisés en Terre sainte, mais durant lesquelles la ville en elle-même n’appartient pas aux soldats croisés. Le royaume de Jérusalem fut créé en 1099 après la prise de la ville et ne disparut réellement qu’avec le départ des derniers croisés de Tortose en août 1291, soit moins de deux siècles plus tard.

[4] Alep est une ville de Syrie, chef-lieu du gouvernorat d’Alep, le gouvernorat de Syrie le plus peuplé, situé dans le Nord-Ouest du pays. Pendant des siècles, Alep a été la ville la plus grande de la région syrienne et la troisième plus grande ville de l’Empire ottoman

[5] Mossoul est une ville du nord de l’Irak, chef-lieu de la province de Ninive, en Haute mésopotamie. Appartenant de jure à l’Irak, Mossoul est située sur les ruines de Ninive. C’est la ville qui lui a succédé comme métropole régionale à l’époque chrétienne. Elle est alors d’obédience nestorienne et abrite les tombes de plusieurs évangélisateurs. Prise en 641 par les Arabes, elle devient le principal pôle commercial de la région en raison de son emplacement, au carrefour des routes de caravanes entre la Syrie et la Perse. C’est à cette époque qu’elle devient réputée pour ses tissus fins de coton, les mousselines, ainsi que pour son marbre. Au 10ème siècle, l’émirat de Mossoul acquiert une quasi-indépendance avant de devenir au 11ème siècle la capitale d’un État seldjoukide. Au 13ème siècle, elle est conquise et pillée par les Mongols. En 1262, elle passe sous domination perse, puis ottomane.

[6] Damas est l’une des plus anciennes villes continuellement habitées. Elle est aussi la ville la plus peuplée de la grande Syrie (Assyrie) (des traces archéologiques remontent au 4ème millénaire av. jc). Elle est citée dans la Bible, dans le livre de la Genèse, et plusieurs fois dans les Livres des Rois et des Prophètes. Damas connut l’influence de nombreuses civilisations dont celles des Assyriens, Perses, Grecs, Séleucides, Romains, Arabes et Turcs. De la fin du 12ème siècle av. jc à 734 av. jc, elle est la capitale du royaume d’Aram-Damas. Elle fut l’un des berceaux du christianisme et vit saint Paul prononcer ses premières prédications, notamment dans la maison d’Ananie, où celui-ci a ouvert une église domestique dès l’année 37. Cette dernière est la plus vieille de Syrie (aujourd’hui dans le quartier chrétien de Bab Touma). En 635, Damas se soumit aux musulmans et devint la capitale de la dynastie des Omeyyades de 661 à 750. Avec l’adoption de la langue arabe, elle devint le centre culturel et administratif de l’empire musulman durant près d’un siècle. Par la suite, elle demeura un foyer culturel majeur et un pôle économique de premier plan profitant de sa situation géographique privilégiée, à la croisée des chemins de La Mecque, l’Afrique, l’Anatolie, la mer Méditerranée et l’Asie (route de la soie en direction de la Chine et du commerce des épices avec l’Inde).

[7] La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les Croisés, par les Turcs Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre en place, ainsi qu’au Liban, les conditions d’une future indépendance politique.

[8] La bataille de Hattin ou bataille de Tibériade a lieu le 4 juillet 1187 près du lac de Tibériade, en Galilée. Elle oppose les armées du royaume de Jérusalem, dirigées par Guy de Lusignan, aux forces de Saladin. Ce dernier remporte une victoire écrasante, qui lui ouvre les portes de la Palestine.

[9] la Galilée

[10] Ville du Proche-Orient que les Israéliens ont érigée en capitale, que les Palestiniens souhaiteraient comme capitale et qui tient une place centrale dans les religions juive, chrétienne et musulmane. La ville s’étend sur 125,1 km². En 130, l’empereur romain Hadrien change le nom de Jérusalem en « AElia Capitolina », (Aelius, nom de famille d’Hadrien ; Capitolina, en hommage au dieu de Rome, Jupiter capitolin) et il refonde la ville. Devenue païenne, elle est la seule agglomération de la Palestine à être interdite aux Juifs jusqu’en 638. Durant plusieurs siècles, elle est simplement appelée Aelia, jusqu’en 325 où Constantin lui redonne son nom. Après la conquête musulmane du calife Omar en 638, elle devient Iliya en arabe, ou Bayt al-Maqdis (« Maison du Sanctuaire »), équivalent du terme hébreu Beit ha-Mikdash (« Maison sainte »), tous deux désignant le Temple de Jérusalem, ou le lieu du voyage et d’ascension de Mahomet, al-Aqsa, où se situait auparavant le temple juif