C’est un cadet sans fortune, mais qui passe pour être un magnifique guerrier. Il part pour la Terre sainte et, au printemps 1153, épouse Constance, princesse régente d’Antioche, veuve de Raymond de Poitiers. Aimery de Limoges, patriarche d’Antioche, dont ce mariage diminuait l’influence sur la princesse, ayant parlé de lui avec mépris, Renaud le jette en prison, le fait torturer, puis après avoir enduit ses blessures de miel, l’enchaîne et le fait exposer au soleil et aux insectes.
Prétextant le refus du basileus Manuel 1er Comnène de lui payer une somme due pour services militaires contre le prince Thoros II d’Arménie, il décide de lancer un raid contre Chypre, qui était alors un thème byzantin. Il s’allie avec son ennemi de la veille Thoros et débarque à Chypre au printemps 1155, défait sans difficultés la garnison byzantine, puis ravage systématiquement l’île, les champs cultivés sont brûlés, les troupeaux massacrés, les églises, les palais et les couvents pillés et incendiés, les femmes violées, les vieillards et les enfants ont la gorge tranchée, les hommes riches sont emmenés en otage et les pauvres décapités. Avant de quitter l’île avec son butin, Renaud fait rassembler tous les prêtres et les moines grecs et leur fait couper le nez avant de les envoyer à Constantinople. Très vite, les exactions de Renaud le rendront odieux à ses voisins Alépins, aux Byzantins et à ses propres sujets.
Pendant les trois années qui suivent le raid sur Chypre, Renaud est aux côtés du roi Baudouin III de Jérusalem dans divers combat contre les forces musulmanes ce qui lui permet en 1158 de reprendre Harim à Nur ad-Din.
L’empereur Manuel 1er Comnène, forcé d’abandonner ses ambitions en Méditerranée occidentale, y gagne d’avoir les mains libres en Orient. Les princes francs d’Orient désirent son alliance et Baudouin III de Jérusalem épouse sa nièce. L’empereur réunit une importante armée, reconquiert la Cilicie sur les Arméniens et prend ses quartiers d’hiver à 150 kilomètres d’Antioche. Renaud de Châtillon, qui sait que les autres princes francs désapprouvent sa conduite à Chypre et que Manuel 1er lui en tient rigueur, prend les devants et va demander, prosterné, pieds nus et la corde au cou, le pardon de l’empereur. L’empereur le lui accorde et, en avril 1159, fait à Antioche une entrée pacifique mais destinée à rappeler la vassalité d’Antioche envers Byzance.
Le 23 novembre 1160, Renaud est fait prisonnier par les soldats turcs au cours d’une opération de pillage. Nur ad-Din le tiendra emprisonné à Alep durant 16 ans. Pendant sa captivité, Constance d’Antioche meurt et Bohémond III d’Antioche, fils du premier mariage de Constance, hérite d’Antioche. Grâce à un échange de prisonniers, Renaud est libéré en 1176 par As-Salih Ismail al-Malik, le fils de Nur ad-Din. Il offre alors ses services au roi Baudouin IV de Jérusalem qui lui donne la seigneurie d’Hébron. En épousant la jeune veuve de Miles de Plancy, Étiennette de Milly, dame d’Outre-Jourdain, il devient seigneur de Montréal et d’Outre-Jourdain. Il tient notamment les forteresses de Kerak et de Chawbak et de là, il va rançonner les caravanes passant dans les environs.
Ses années de captivité ne l’ont pas du tout assagi et il multiplie les provocations. Allié des Templiers, il exerce sur la cour de Jérusalem une influence grandissante. Il est partisan d’une politique de conquête face aux musulmans, motivée beaucoup plus par ses espoirs de pillage que par des considérations stratégiques.
En 1181, malgré une trêve conclue entre Baudouin IV de Jérusalem et Saladin, il pille une caravane se rendant à la Mecque. Saladin s’en plaint à Baudouin IV de Jérusalem, qui ne trouve pas la force de sévir contre son vassal. Saladin, fou de rage, aurait déclaré qu’il tuerait Renaud de Châtillon de ses propres mains.
En 1182, il monte une expédition en Mer Rouge, pille les ports du Hedjaz et menace les villes saintes de l’Islam, La Mecque et Médine. En chemin, il coule un bateau de pèlerins musulmans se rendant vers Jeddah. Tandis que Renaud, chargé de butin, remonte vers ses terres, ses hommes continuent à sillonner la mer Rouge et pillent le Hedjaz. Le frère de Saladin, al-Adel, qui gouverne en Égypte, lance contre eux une flotte qui écrase les pillards. Certains d’entre eux sont conduits à La Mecque pour y être décapités en public.
Saladin lance des raids sur son territoire en 1183. Il assiège la forteresse de Kérak, mais fait épargner le secteur où se déroulent les noces de la belle-fille de Renaud. Celui-ci ne doit son salut qu’aux secours de Baudouin IV.
À la mort de Baudouin IV en 1185, la régence du royaume de Jérusalem va à Raymond III de Tripoli, qui traite avec Saladin. La mort du jeune Baudouin V donne le trône à Guy de Lusignan en août 1186. Le pouvoir effectif passe au parti de Renaud de Châtillon.
En 1187, il attaque encore une caravane allant de l’Égypte à Damas. La trêve est rompue et Saladin engage la guerre contre le royaume de Jérusalem. La bataille entre les 2 armées a lieu le 4 juillet 1187 à Hattin et les Francs sont vaincus. Renaud, fait prisonnier, est immédiatement décapité d’un coup de sabre par Saladin.