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Raymond de Poitiers

mardi 4 mai 2021 (Date de rédaction antérieure : 9 mars 2012).

Raymond de Poitiers (1115-1149)

Prince d’Antioche de 1136 à 1149

Raymond de Poitiers accueillant Louis VII à Antioche, d'après une enluminure de Jean Colombe pour Les Passages d'oultre mer de Sébastien Mamerot, vers 1473-1474Second fils de Guillaume IX de Poitiers , duc d’Aquitaine [1] et comte de Poitiers [2] et de Philippe ou Philippa de Toulouse . Il épousa en 1136 Constance d’Antioche , âgée de 10 ans, fille et héritière de Bohémond II, prince d’Antioche [3] et d’ Alix de Jérusalem , et assura le gouvernement de la principauté après les régences de Baudouin II et de Foulque, rois de Jérusalem [4]. Le mariage avait eu l’approbation du patriarche d’Antioche [5], mais pas celui d’Alix de Jérusalem, à qui Raymond avait fait croire qu’il devait l’épouser.

Les premières années du règne commun de Raymond et de Constance furent occupées par des conflits avec l’empereur byzantin [6] Jean II Comnène, qui cherchait à récupérer la Cilicie [7] et à réaffirmer ses droits sur Antioche. Il fut obligé de lui prêter hommage et de s’engager à lui céder Antioche dès que Jean II lui aurait conquis des terres plus à l’est. L’expédition de 1138, à laquelle prit part Jean et Raymond, fut naturellement un échec. Raymond n’était pas pressé de se conquérir un fief, ce qui aurait signifié pour lui la perte d’Antioche. Jean retourna à Constantinople [8] après avoir demandé en vain le retour de la citadelle d’Antioche.

Il y eut ensuite une lutte entre Raymond et le patriarche, Raoul de Domfront. Raymond était gêné par l’hommage qu’il avait du prêter au patriarche en 1135, qui était membre de l’opposition et qui s’était fait élire de manière irrégulière. Il triompha et fit déposer le patriarche en 1139. En 1142, Jean II Comnène revint à l’attaque, mais il refusa de reconnaître sa précédente soumission, et Jean ravagea les abords de la ville, incapable de lancer une autre action contre Raymond. Par la suite Manuel 1er Comnène, successeur de Jean II, l’obligea à faire une visite humiliante à Constantinople où il dut renouveler son hommage et accepter la présence d’un patriarche grec.

Pendant la 2ème croisade, Louis VII, roi de France et sa femme Aliénor d’Aquitaine, nièce de Raymond, s’arrêtèrent à Antioche. Il chercha à les inciter à prendre Alep [9] et Césarée [10] avant de descendre vers Jérusalem [11], mais Louis VII refusa. Les relations de Raymond avec sa nièce étaient si intimes que leurs détracteurs firent courir des rumeurs d’inceste et bientôt le mariage des souverains français fut annulé. Aliènor épousa en secondes noces le roi d’Angleterre.

Le 29 juin 1149, il fut tué à la bataille d’Inab [12], pendant une expédition contre Nur ad-Din.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Raymond de Poitiers/ Portail des croisades/ Catégories  : Maison de Poitiers

Notes

[1] Le duché d’Aquitaine est constitué en 675, à la mort de Childéric II. Il se reconstitue au 9ème siècle, comme héritier du royaume d’Aquitaine attribué à Pépin 1er d’Aquitaine (mort en 838). Il fut ensuite l’objet de luttes entre les comtes d’Auvergne, de Toulouse et de Poitiers. Le duc d’Aquitaine était l’un des six pairs laïcs primitifs. L’Aquitaine a regroupé au fil des temps différents territoires. Pendant le règne d’Aliénor d’Aquitaine, Poitiers était la résidence habituelle des ducs.

[2] Depuis le 7ème siècle, les comtes de Poitiers, ou, suivant l’usage comtes de Poitou, ont été à la tête d’un ensemble territorial qui a évolué au fil des siècles. Le comté fut érigé comme tel par Charlemagne, qui envoya en 778 un certain Abbon pour administrer le territoire. Très vite, et toujours sous la période carolingienne, deux familles franques s’opposent au titre comtal : celle des Guilhelmides et celle des Ramnulfides, qui aura raison de la première en 902. La nouvelle dynastie pleinement instaurée devient la fameuse maison de Poitiers, dont Aliénor d’Aquitaine est l’ultime héritière.

[3] Antioche, ou Antioche-sur-l’Oronte afin de la distinguer des autres Antioche plus récentes, est une ville historique originellement fondée sur la rive gauche de l’Oronte et qu’occupe la ville moderne d’Antakya, en Turquie. C’était l’une des villes d’arrivée de la route de la soie.

[4] Le royaume de Jérusalem fut fondé par des princes chrétiens à la fin de la première croisade, lorsqu’ils s’emparèrent de la ville. C’est l’un des États latins d’Orient. On peut distinguer plusieurs périodes dans son histoire : celles où le titre de roi de Jérusalem est associé à la mainmise croisée sur la ville (1099-1187 et 1229-1244), et celles où le titre représente le plus haut niveau de suzeraineté des croisés en Terre sainte, mais durant lesquelles la ville en elle-même n’appartient pas aux soldats croisés. Le royaume de Jérusalem fut créé en 1099 après la prise de la ville et ne disparut réellement qu’avec le départ des derniers croisés de Tortose en août 1291, soit moins de deux siècles plus tard.

[5] Le titre de « patriarche d’Antioche » est traditionnellement porté par l’évêque d’Antioche (dans l’actuelle Turquie). L’Église d’Antioche est l’une des plus anciennes de la chrétienté, son institution remontant à l’apôtre Pierre. Aujourd’hui, pas moins de cinq chefs d’Église, dont trois catholiques, portent le titre de « patriarche d’Antioche ». Aucun d’entre eux ne réside à Antioche / Antakya depuis la présence musulmane majoritaire en Turquie.

[6] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[7] La Cilicie est une région historique d’Anatolie méridionale et une ancienne province romaine située aujourd’hui en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’ouest par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la mer Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province turque d’Adana, une région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée.

[8] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[9] Alep est une ville de Syrie, chef-lieu du gouvernorat d’Alep, le gouvernorat de Syrie le plus peuplé, situé dans le Nord-Ouest du pays. Pendant des siècles, Alep a été la ville la plus grande de la région syrienne et la troisième plus grande ville de l’Empire ottoman

[10] Shaizar, Shayzar, ou Chayzar est une ville et forteresse médiévale en Syrie qui joua un rôle important dans les conflits entre chrétiens et musulmans à l’époque des croisades. Situé sur l’Oronte entre Hama et Apamée, sur un site stratégique, elle est citée dans les Lettres d’Amarna sous le nom de Senzar ou Sezar. Les Grecs l’appellent Sidzara, puis elle est rebaptisée Larissa par les Séleucides. Les Romains lui rendent son nom et les Byzantins l’appellent Sezer. Les Croisés, avec Guillaume de Tyr parlent de Caesarea (Césarée de Syrie)

[11] Ville du Proche-Orient que les Israéliens ont érigée en capitale, que les Palestiniens souhaiteraient comme capitale et qui tient une place centrale dans les religions juive, chrétienne et musulmane. La ville s’étend sur 125,1 km². En 130, l’empereur romain Hadrien change le nom de Jérusalem en « AElia Capitolina », (Aelius, nom de famille d’Hadrien ; Capitolina, en hommage au dieu de Rome, Jupiter capitolin) et il refonde la ville. Devenue païenne, elle est la seule agglomération de la Palestine à être interdite aux Juifs jusqu’en 638. Durant plusieurs siècles, elle est simplement appelée Aelia, jusqu’en 325 où Constantin lui redonne son nom. Après la conquête musulmane du calife Omar en 638, elle devient Iliya en arabe, ou Bayt al-Maqdis (« Maison du Sanctuaire »), équivalent du terme hébreu Beit ha-Mikdash (« Maison sainte »), tous deux désignant le Temple de Jérusalem, ou le lieu du voyage et d’ascension de Mahomet, al-Aqsa, où se situait auparavant le temple juif

[12] La bataille d’Inab se déroula le 29 juin 1149 entre le sultan Nur ad-Din et Raymond, prince d’Antioche. Nur ad-Din, sultan d’Alep depuis la mort de son père Zengi en 1146, décide d’attaquer la principauté d’Antioche tout en défendant Damas contre la deuxième croisade en 1147 lancée par le pape Eugène III lorsque les Croisés perdirent le comté d’Édesse en 1144. En juin 1149, Nur ad-Din envahit Antioche et assiège la forteresse d’Inab avec l’aide de Mu’in ad-Din Unur de Damas et des Turcomans. Il possède une force d’environ 6 000 hommes qui se trouve au pied de la forteresse, principalement de la cavalerie. Inab est défendue par le prince Raymond qui s’était allié à Ali ibn-Wafa, le chef des Assassins et lui-même ennemi du Nur ad-Din. Dans la journée du 29 juin, Nur ad-Din bat l’armée d’Antioche. Raymond et Ali ibn-Wafa sont tués dans la bataille. La plupart des territoires d’Antioche sont donc ouverts et surtout le plus important : celui qui conduit à la mer Méditerranée. Le sultan assiège alors la ville d’Antioche mais sans succès car la ville est défendue par la femme de Raymond, Constance, et le Patriarche. Le roi Baudoin III de Jérusalem décide de marcher sur Antioche pour la libérer du siège.