A 22 ans en 1112, il entraîne avec lui à l’abbaye de Cîteaux [1], créée le 21 mars 1098, une trentaine d’hommes parmi lesquels ses frères et l’un de ses oncles. Il en est nommé abbé. Il donna à cette abbaye une impulsion plus conforme à l’idéal monastique tel qu’il le concevait. En 3 ans, la communauté crée 3 nouveaux monastères cisterciens dont celui de Clairvaux [2] dont il devint l’abbé et dont le rayonnement dépassa bientôt celui de Cîteaux. C’est à 70 monastères que cette abbaye donnera vie. Il sut imposer aux monastères cisterciens une Règle très stricte, basée sur la prière, la méditation, l’austérité, et entra en lutte avec Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, auquel il reprochait son luxe et ses richesses. Il contribua à faire reconnaître l’Ordre des Templiers [3] par le pape en 1128. En effet, homme-clé du temps des croisades, il va aussi jouer un rôle important vis à vis des Templiers pour lesquels il contribuera à l’élaboration de la Règle de l’Ordre.
Il contribuera activement à faire de l’Ordre du Temple une milice de grand renom et d’importance. Son éloge est éloquente et sa prise de position influencera considérablement le Saint Siège pour donner aux Templiers une seule dépendance vis à vis du Pape lui-même. Lorsque les querelles déchirent l’Église entre l’antipape Anaclet II et Innocent II. Bernard convainc les rois, les princes et l’empereur de se rallier à Innocent. Il est aussi celui qui combat toutes les hérésies, qu’elles soient celles des Albigeois, celle d’Abélard comme celle des Cathares. Lorsqu’en 1144 le royaume de Jérusalem est menacé, le pape Eugène III, lui-même cistercien, l’autorise à prêcher la croisade. C’est ce qu’il fait devant le roi Louis VII à Vézelay [4] le 31 mars 1146, c’est ce qu’il fait à Spire [5] le 25 décembre de la même année devant l’empereur Conrad III.
C’est par ses lettres qu’il rallie encore ceux qui ne peuvent entendre sa voix. Bernard peut écrire au pape : “ Vous avez commandé, j’ai obéi. Sous votre autorité, j’ai ouvert la bouche et les guerriers se sont multipliés comme l’herbe dans le champ sous la pluie d’avril. ” Ce sont en effet plus de 100 000 hommes qu’entraîne Bernard derrière lui pour la 2ème croisade.
C’est après avoir tenté d’arrêter une guerre entre les Messins et le comte de Bar que Bernard meurt de retour à Clairvaux. Il fut canonisé en 1174.
Ses écrits, quelque 450 lettres, quelque 300 sermons dont ceux sur la vierge à laquelle il vouait une dévotion très forte, des traités comme Degrés de l’humilité et de l’orgueil ou Traité de l’amour de Dieu ou encore Sur la grâce et le libre arbitre, font de lui un docteur de l’Église.