Fils de Crescentius l’Ancien . Après la mort de Boniface VII il saisit entre ses mains les rênes du pouvoir. Les circonstances semblaient particulièrement favorables. L’Empereur Otton III était encore un enfant et l’impératrice mère, Théophano Skleraina, était une princesse énergique mais elle était absente de Rome. Il prit le titre de Patrice [1] des Romains, manifestant ainsi qu’il était le chef à Rome, même s’il n’était pas entièrement indépendant de l’autorité impériale, il se considérait comme le lieutenant de l’empereur.
Il est tout à fait probable que l’élection du Pape Jean XV, qui succéda à Boniface VII, se fit avec la participation de Crescentius. Quand l’impératrice Théophano vint à Rome en 989, elle se manifesta comme impératrice et souveraine, laissant Crescentius dans sa position subordonnée.
A la mort du pape Jean XV au début d’avril 996, comme les Romains et leur chef, Crescentius, n’osaient pas alors nommer le successeur du défunt pape, ils envoyèrent une délégation à l’empereur lui demandant de désigner un candidat convenable au siège de Rome. Otton III était à Ravenne [2] quand les délégués de Rome arrivèrent. Ayant consulté ses conseillers il choisit son propre cousin, Bruno de Carinthie, un jeune ecclésiastique, âgé seulement de 23 ans, qui lui semblait posséder les qualités requises. Au début de mai il fut consacré à Rome sous le nom de Grégoire V, étant le premier pape de nationalité allemande. Quelques semaines plus tard le 21 mai Otton III lui-même fut couronné à Rome par le nouveau pape dans la basilique Saint-Pierre. Le 25 du même mois le pape et l’empereur tinrent à Saint-Pierre un synode, qui était en même temps une cour de justice suprême. Les Romains rebelles, y compris Crescentius, qui avaient comploté pendant les années dernières du pontificat du pape Jean XV, furent convoqués pour rendre compte de leurs actions. Le résultat fut qu’un certain nombre, et parmi eux Crescentius, furent condamnés au bannissement. Le pape Grégoire V, qui voulait inaugurer son pontificat par des actes de clémence, intercéda pour le coupable et l’empereur retira sa sentence d’exil. Crescentius fut privé de son titre de patrice, mais autorisé à vivre à Rome.
Il paya d’un regain de violence la clémence qu’avait eue le pape envers lui. Quelques mois à peine après le retour de l’empereur en Allemagne une révolte éclata à Rome sous la conduite de Crescentius. Ce pape étranger, ces nombreux dignitaires étrangers installés partout dans les États pontificaux offensaient la vue des Romains. La rébellion eut un tel succès qu’en septembre 996, le pape fut obligé de s’enfuir avec seulement quelques assistants. En février 996 il tint un synode à Pavie, et y prononça l’excommunication contre Crescentius, usurpateur et envahisseur de l’Église de Rome. Crescentius, loin d’être ému de ces mesures contre lui, mit le comble à sa rébellion en nommant un antipape, Philagathos, évêque de Plaisance, qui revenait à peine d’une ambassade à Constantinople au nom de l’empereur Otton III.
Né à Rossano en Calabre, Philagathos était un Grec, et c’est à l’impératrice Théophano et à son fils qu’il devait son élévation à l’épiscopat, mais il n’hésita pas à trahir son maître. En avril 997, il prit le nom de Jean XVI. En février 998, Otton III revint à Rome avec le pape Grégoire V et reprit possession de la ville sans grande difficulté.
L’antipape chercha son salut dans la fuite, tandis que Crescentius s’enfermait au château Saint-Ange. L’infortuné Jean XVI fut bientôt capturé par les émissaires de l’empereur, on lui coupa le nez et les oreilles, on lui creva les yeux et lui trancha la langue, et c’est dans cet état pitoyable qu’on le contraignit à chevaucher à l’envers sur un âne. Sur l’intervention de saint Nil, un de ses compatriotes, on lui laissa la vie, et il vécut jusqu’en 1013. Fin avril le château Saint-Ange fut emporté ; Crescentius fut fait prisonnier et exécuté.