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Qahtaba ibn Shabib al-Ta’i

vendredi 14 mars 2025, par lucien jallamion

Qahtaba ibn Shabib al-Ta’i (mort en 749)

Disciple des Abbassides du Khorasan

Khorassan et Transoxiane, vers 750. source : wiki/ Khorassan/ licence : CC BY-SA 3.0Il joua un rôle de premier plan dans la révolution abbasside [1] contre le califat omeyyade [2].

Qahtaba était un Arabe Khorasani [3], appartenant à la tribu Tayy [4]. Il s’était rendu à La Mecque [5], où l’imam de la Hashimiyya [6] Ibrahim ibn Muhammad l’avait nommé chef militaire du prochain soulèvement anti-omeyyade au Khorasan.

Cette nomination fut acceptée par le principal chef abbasside, Abu Muslim, et après la chute de Merv [7] aux mains des Abbassides et de leurs partisans en février 748, Qahtaba fut placé à la tête des forces abbassides qui poursuivaient le dernier gouverneur omeyyade du Khorasan [8], Nasr ibn Sayyar.

Son armée prit Nishapur [9], où Nasr s’était réfugié, vainquit une force omeyyade de 10 000 hommes à Gurgan en août et prit ensuite Rayy [10]. Là, il hiverna et, en mars 749, il vainquit une armée omeyyade plus importante commandée par Amir ibn Djubara, prétendument forte de 50 000 hommes, près d’Ispahan [11]. Nihavand [12] tomba après un court siège et l’armée abbasside commença à se diriger vers l’Irak [13]. L’armée de Qahtaba avança rapidement dans le but de prendre Kufa [14], mais fut confrontée au gouverneur omeyyade, Yazid ibn Hubayra. Qahtaba a pu lancer une attaque nocturne surprise sur le camp omeyyade, forçant Yazid et ses troupes à fuir à Wasit [15]. Qahtaba lui-même tomba dans cette bataille, mais son fils al-Hasan ibn Qahtaba prit le commandement et prit possession de Koufa le 2 septembre. al-Hasan et son frère, Humayd ibn Qahtaba , étaient tous 2 des chefs militaires importants dans les premières décennies du régime abbasside.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Shaban, M. A. (1979), The Abbasid Revolution, Cambridge University Press, pp. 160-161, ISBN 0-521-29534-3

Notes

[1] Les Abbassides sont une dynastie arabe musulmane qui règne sur le califat abbasside de 750 à 1258. Le fondateur de la dynastie, Abû al-Abbâs As-Saffah, est un descendant d’un oncle de Mahomet, Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib. Proclamé calife en 749, il met un terme au règne des Omeyyades en remportant une victoire décisive sur Marwan II à la bataille du Grand Zab, le 25 janvier 750. Après avoir atteint son apogée sous Hâroun ar-Rachîd, la puissance politique des Abbassides diminue, et ils finissent par n’exercer qu’un rôle purement religieux sous la tutelle des Bouyides au 10ème siècle, puis des Seldjoukides au 11ème siècle. Après la prise de Bagdad par les Mongols en 1258, une branche de la famille s’installe au Caire, où elle conserve le titre de calife sous la tutelle des sultans mamelouks jusqu’à la conquête de l’Égypte par l’Empire ottoman, en 1517.

[2] Le Califat omeyyade est un califat fondé par la dynastie arabe des Omeyyades, qui gouverne le monde musulman de 661 à 750. Les Omeyyades sont originaires de la tribu de Qurayš, qui domine la Mecque au temps du prophète Mahomet. À la suite de la guerre civile ayant opposé principalement Muʿāwiyah ibn ʾAbī Sufyān, gouverneur de Syrie, au calife ʿAlī ibn ʾAbī Ṭalib, et après l’assassinat de ce dernier, Muʿāwiyah fonde le Califat omeyyade en prenant Damas comme capitale, faisant de la Syrie la base d’un Califat qui fait suite au Califat bien guidé et qui devient, au fil des conquêtes, le plus grand État musulman de l’Histoire. Ainsi, les successeurs de Muʿāwiyah 1er étendent les frontières du Califat de l’Indus jusqu’à la péninsule Ibérique, entrant en guerre à plusieurs reprises notamment avec l’Empire romain d’Orient et l’Empire khazar, et faisant disparaître le Royaume wisigoth. Le Califat omeyyade s’étend même au-delà des Pyrénées avant d’être arrêté par Charles Martel à la bataille de Poitiers en 732.

[3] Les Arabes du Khorasan sont des Arabes iraniens qui descendent des Arabes qui ont immigré dans la région du Khorasan en Iran pendant le califat abbasside (750-1258). Contrairement aux Arabes de la province iranienne du Khuzestan dans la partie sud-ouest du pays, qui sont des descendants directs de l’ancienne population de la région, les Arabes du Khorasani descendent de véritables migrants arabes.

[4] Tayy connus aussi sous le nom de Ṭayyi ou Taies est une très grande et ancienne tribu d’Arabie sédentarisée dans les montagnes du nord du pays. Les descendants actuels sont la tribu des Shammar qui continuent à vivre dans le Moyen-Orient et dans le reste du monde arabe. Parmi ses membres célèbres, on peut citer le grand mystique du Soufisme, Ibn Arabi, de la branche andalouse.

[5] La Mecque est une ville de l’ouest de l’Arabie saoudite, non loin de la charnière séparant le Hedjaz de l’Asir, à 80 km de la mer Rouge, et capitale de la province de la Mecque. Lieu de naissance, selon la tradition islamique, du prophète de l’islam Mahomet à la fin du 6ème siècle, elle abrite la Kaaba au cœur de la mosquée Masjid Al-Haram (« La Mosquée sacrée ») et la tradition musulmane a lié sa fondation à Ibrahim (Abraham), ce qui en fait la ville sainte la plus sacrée de l’islam. L’accès est interdit aux personnes qui ne sont pas de confession musulmane ainsi qu’aux femmes seules, même musulmanes

[6] Al-Kaysâniyya est une secte des débuts du chiisme apparue après les mouvements de révolte contre les Omeyyades à Koufa en 685. L’origine de son nom vient d’un serviteur de Muhammad ibn al-Hanafîya, un des fils de Ali ibn Abi Talib et d’une femme de la tribu des Banu Hanifa, qui a annoncé que son maître est le Mahdi attendu par les musulmans à la fin des temps.

[7] Merv autrefois satrapie de Margiane, était une ville de l’Asie centrale, sur la route historique de la soie. Ses vestiges sont situés aujourd’hui près de la ville de Mary au Turkmenistan. La ville a connu plusieurs refondations au cours d’une histoire millénaire et a connu divers noms comme « Mourou » à l’époque Achéménide, puis « Alexandrie de Margiane » (ville fondée par Alexandre) et enfin « Antioche de Margiane » sous les macédoniens. Ce fut un important évêché du christianisme nestorien entre le 6ème et le 14ème siècle. En 651, le dernier roi perse sassanide, Yazdgard III, fut assassiné à Merv. Merv fut un temps, capitale des Seldjoukides avant leur avancée vers l’Iran. Ce fut une ville de haute culture, renommée pour ses 10 bibliothèques, et Yaqout al-Rumi y resta deux ans, peu avant sa destruction par les Mongols en 1221.

[8] Le Khorassan est une région située dans le nord-est de l’Iran. Il a été donné à la partie orientale de l’empire sassanide. Le Khorassan est également considéré comme le nom médiéval de l’Afghanistan par les Afghans. En effet, le territoire appelé ainsi englobait en réalité l’Afghanistan actuel, le sud du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan, ainsi que le nord-est de l’Iran.

[9] Nishapur, Nichapour ou Neishabur est une des principales villes de la région du Khorassan, en Iran.

[10] Rayy, Ray ou Rey actuellement Chahr-e-Rey, fut d’abord appelée Ragâ dans l’Avesta, Ragès dans la Bible, Rhagès sous Alexandre le Grand, puis Europos pour les Séleucides et nommée ensuite Arsacia par les Parthes arsacides. Ray est la plus ancienne ville existante de la province de Téhéran. Elle est située à 10 km au sud de la ville de Téhéran, dans le district numéro 20 de Shahrak-e Rah-Ahan. À l’Antiquité, c’était une ville importante appartenant à Media, base politique et culturelle des Medes. En attestent quelques sources écrites telles que les anciennes inscriptions persanes, les textes apocryphes biblique et l’Avesta. Son emplacement est également indiqué sur la table de Peutinger du 4ème siècle. Au Moyen Âge, la ville a subi de graves destructions provoquées pars des invasions arabes, turques et mongoles. Puis, du 10 au 14ème siècle, sous le règne successif des Bouyides et des Seldjoukides, elle est redevenue une capitale.

[11] Ispahan ou Isfahan est une ville d’Iran, capitale de la province d’Ispahan. Elle est située à 340 kilomètres au sud de la capitale, Téhéran. Ispahan a été capitale de l’empire perse sous la dynastie des Safavides entre le 16ème siècle et le 18ème siècle. La ville est bien irriguée et sa verdure offre un contraste bien particulier avec les étendues désertiques qui l’entourent. Les travaux entrepris sous le chah Abbas faisant d’Ispahan une vitrine de l’architecture et de l’art safavide extrêmement raffiné, ainsi que les nombreux monuments islamiques construits entre le 11ème et le 19ème siècle, font d’Ispahan un des joyaux du Moyen-Orient.

[12] Nahavand est une ville de la province de Hamedan en Iran, également connue sous les noms de Nahavend, Nahawand. Elle fut appelée Laodicée, Laodicée en Médie, Laodicée en Perse, Antioche en Perse, Antioche de Chosroes, Antioche en Médie, Nemavand et Niphaunda. La ville fut fondée par Séleucos 1er en Médie en même temps que les deux autres villes hellénistiques de Apamée et Héraclée. Pline l’Ancien la décrit comme étant aux limites de la Médie, et qu’elle fut re-fondée par Antiochos 1er. La ville était le centre de l’empire de Khosro II. Après des revers militaires vers 540 suivant le sac d’Antioche en 538, il fut forcé de renommer sa capitale "Antiochia".

[13] L’histoire de l’Irak commence avec la Mésopotamie ; la région abrite quelques-unes des plus anciennes civilisations du monde, Sumer, Assyrie, Babylone. Les vallées du Tigre et de l’Euphrate appartiennent ensuite à une succession d’empires qui lui sont étrangers : empires perse achéménide, grec (Alexandre le Grand suivi des Séleucides), Parthes, Sassanides. À l’époque pré-islamique, cette région porte le nom de Khvarvaran, qui est une des provinces de l’empire Sassanide. Le nom Irak dérive du terme persan Erak, qui signifie « bas-Iran ». Conquis par les Arabes sous les Omeyyades, l’Irak est, un temps, le centre du monde musulman sous les Abbassides. L’Irak redevient ensuite un champ de bataille entre les empires du Moyen-Orient, jusqu’à la conquête britannique en 1918, qui en fait un État souverain sous mandat anglais.

[14] Koufa ou Kûfa est une ville d’Irak, environ 170 km au sud de Bagdad, et à 10 km au Nord-est de Nadjaf. Elle est située sur les rives du fleuve Euphrate. C’est la deuxième ville de la province de Nadjaf. Avec Kerbala, et Nadjaf, Koufa est une des trois villes irakiennes de grande importance pour les musulmans chiites.

[15] Wasit est le nom d’un site archéologique d’Irak. Elle a été nommée ainsi par son fondateur car elle est à mi-chemin de Bassora et Bagdad sur la rive gauche du Tigre. La ville de Wâsit a été fondée par Al-Hajjaj ben Yusef en 702 pour être sa résidence lui permettant de contrôler la frontière avec la Perse.