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Yazid ibn Umar ibn Hubayra al-Fazari

jeudi 3 octobre 2024, par lucien jallamion

Yazid ibn Umar ibn Hubayra al-Fazari (mort en 750)

Dernier gouverneur omeyyade d’Irak

le Califat omeyyade en 750Fils de l’ancien gouverneur Omar ibn Hubayra ou Umar ibn Hubayra al-Fazari , il devint l’un des plus importants partisans du calife Marwan II lors de la troisième Fitna [1], mais ne parvint pas à endiguer l’assaut de la révolution abbasside [2]. Vaincu, il fut capturé et exécuté par les Abbassides.


Comme son père, Omar ibn Hubayra, Yazid était un Qaysi [3] de la Jazira [4], et prétendait appartenir à la noblesse arabe traditionnelle bien que la famille soit inconnue des sources jusqu’à Omar lui-même.

Son prestige était tel que non seulement le calife Hisham ibn Abd al-Malik proposa un mariage entre Yazid et sa petite-fille, la fille du fils préféré d’Hisham, Muawiya, mais Yazid se sentit capable de rejeter l’offre.

Dans les sources historiques, Yazid est loué pour sa bravoure et ses compétences militaires, mais aussi pour être un généreux mécène des poètes et des hommes religieux ; Yazid lui-même est connu pour avoir parfois osé son opinion sur des questions juridiques. On se souvient bien de sa générosité spontanée, ainsi que de son grand appétit.

En différence marquée avec sa distance à Hisham, il se déplaça rapidement pour féliciter al-Walid II quand il accéda au trône après la mort d’Hisham. En retour, al-Walid nomma Yazid gouverneur de Jund Qinnasrin [5]. Après le renversement d’al-Walid II par Yazid III , Yazid s’opposa au nouveau régime et transféra son soutien à Marwan II, qu’il exhorta à venir en Syrie [6].

Au cours de la troisième fitna, Yazid joue un rôle crucial en tant que l’un des partisans les plus importants, et peut-être le commandant militaire le plus capable, de Marwan II.

En 745, Marwan nomma Yazid à l’ancien poste de gouverneur de son père en Irak [7], qui à l’époque était tenu par des forces opposées à Marwan. Yazid a donc été contraint de passer les premières années de son mandat à établir son autorité dans sa province. En 746, il vainquit les Kharijites [8] sous al-Dahhak ibn Qays al-Shaybani à Ayn al-Tamr [9], soumettant ainsi le Sawad [10], et réussit à étendre son contrôle également à Ahwaz [11], Jibal [12] et la Jazira [13].

Préoccupé par ces campagnes, il négligea d’aider le gouverneur du Khorassan [14], Nasr ibn Sayyar, lorsqu’il fut confronté au déclenchement de la révolution abbasside. En fait, alors que les armées abbassides allaient vers l’ouest, elles ont vaincu l’adjoint de Yazid, Amir ibn Dubara, et ont atteint l’Irak. Yazid réussit à infliger de lourdes pertes aux Abbassides dans une bataille qui coûta la vie à leur commandant, Qahtaba ibn Shabib al-Ta’i , mais il fut chassé de Kufa [15] par une rébellion de la faction Yaman [16], et s’enfuit à Wasit [17]. Là, il fut assiégé par les Abbassides pendant 11 mois, après quoi il s’est rendu à Al-Hasan ibn Qahtaba sur des promesses de sécurité. Cependant, le nouveau calife abbasside,al-Saffah ordonna la mort de Yazid et de ses officiers supérieurs peu après ; Yazid fut tué alors qu’il priait.

Deux de ses fils, Dawud, qui était avec Yazid à Wasit, et Muthanna, qui était gouverneur d’al-Yamama [18], ont également été tués par les Abbassides, tandis qu’un troisième, Mukhallad, a survécu en Syrie, où lui et ses descendants ont conservé leur influence.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé Yazid ibn Umar ibn Hubayra/ Traduit par mes soins

Notes

[1] La troisième Fitna, est une série de guerres civiles et de soulèvements contre le califat omeyyade commençant par le renversement du calife al-Walid II en 744 et se terminant par la victoire de Marwan II sur les différents rebelles et rivaux pour le califat en 747. Cependant, l’autorité omeyyade sous Marwan II n’a jamais été complètement restaurée, et la guerre civile a coulé dans la révolution abbasside (746-750) qui a culminé avec le renversement des Omeyyades et l’établissement du califat abbasside en 749/750.

[2] Les Abbassides sont une dynastie arabe musulmane qui règne sur le califat abbasside de 750 à 1258. Le fondateur de la dynastie, Abû al-Abbâs As-Saffah, est un descendant d’un oncle de Mahomet, Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib. Proclamé calife en 749, il met un terme au règne des Omeyyades en remportant une victoire décisive sur Marwan II à la bataille du Grand Zab, le 25 janvier 750. Après avoir atteint son apogée sous Hâroun ar-Rachîd, la puissance politique des Abbassides diminue, et ils finissent par n’exercer qu’un rôle purement religieux sous la tutelle des Bouyides au 10ème siècle, puis des Seldjoukides au 11ème siècle. Après la prise de Bagdad par les Mongols en 1258, une branche de la famille s’installe au Caire, où elle conserve le titre de calife sous la tutelle des sultans mamelouks jusqu’à la conquête de l’Égypte par l’Empire ottoman, en 1517.

[3] Qayssites, Banu Qays est le nom d’une ancienne confédération arabe d’origine adnanite de souche ismaélite. Ils font partie des Arabes du nord, ils auraient eu pour ancêtre Adnan, descendant d’Ismaël, fils d’Abraham. À l’époque préislamique ce groupe était constitué de beaucoup de tribus, comme les Banu Sulaym, les Banu Ghatafan, les Thaqif, les Banu Amir ibn Sa’sa’ah ou les Abs. Ils étaient proches également des Banu Tamim et des Taghlib qui vivaient déjà en Mésopotamie. Les Qayssites affirment avoir eu comme ancêtre Mudhar, dont Qays Aylan aurait été le fils. Les Qayssites ont participé aux conquêtes musulmanes, et se sont érigés en confédération à l’époque des Omeyyades.

[4] La Djézireh, Jazîra ou (la) Jezire, partie du Nord de la Mésopotamie correspondant à la région géographique de la Haute Mésopotamie, est une ancienne province de Syrie située au nord-est de ce pays, le long des frontières avec la Turquie et l’Irak. Elle correspond quasiment à l’actuel gouvernorat d’Al-Hasaka.

[5] Jund Qinnasrīn était l’une des cinq sous-provinces de Syrie sous les califats omeyyade et abbasside, organisées peu après la conquête musulmane de la Syrie au 7ème siècle de notre ère. Initialement, sa capitale était Qinnasrin, mais comme la ville déclinait en population et en richesse, la capitale a été déplacée à Alep.

[6] La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les Croisés, par les Turcs Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre en place, ainsi qu’au Liban, les conditions d’une future indépendance politique.

[7] L’histoire de l’Irak commence avec la Mésopotamie ; la région abrite quelques-unes des plus anciennes civilisations du monde, Sumer, Assyrie, Babylone. Les vallées du Tigre et de l’Euphrate appartiennent ensuite à une succession d’empires qui lui sont étrangers : empires perse achéménide, grec (Alexandre le Grand suivi des Séleucides), Parthes, Sassanides. À l’époque pré-islamique, cette région porte le nom de Khvarvaran, qui est une des provinces de l’empire Sassanide. Le nom Irak dérive du terme persan Erak, qui signifie « bas-Iran ». Conquis par les Arabes sous les Omeyyades, l’Irak est, un temps, le centre du monde musulman sous les Abbassides. L’Irak redevient ensuite un champ de bataille entre les empires du Moyen-Orient, jusqu’à la conquête britannique en 1918, qui en fait un État souverain sous mandat anglais.

[8] Le kharidjisme ou kharijisme est une secte de l’islam apparue lors de la première fitna et le conflit entre Ali et Mu’awiya. Selon al-Shahrastani, un khariji est toute personne qui se révolte contre le dirigeant autour duquel sont réunis les musulmans. Les khawarij sont ainsi considérés comme des dissidents. Le kharijisme est l’une des toutes premières factions apparues en Islam. Les kharijites se divisèrent, par la suite, en une multitudes de groupes (près d’une vingtaine). Sept d’entre eux ont été principalement recensés : les mouhakkimites, les azraqites, les najadites, les thaalabites, les ajradites, les ibadites et les sufrites. Tous partagent des fondements communs comme l’excommunication (takfir) des musulmans commettant des grands péchés, l’obligation de se révolter contre le dirigeant injuste ou débauché, ou encore l’excommunication de certains compagnons de Mahomet.

[9] Ayn al-Tamr ou Ain al-Tamur est une ville du centre de l’Irak, située à environ 67 km à l’ouest de Karbala, près du lac Razzaza. L’oasis d’Ayn al-Tamr comprend de nombreux villages célèbres pour leurs palmeraies et leur eau minérale. La ville est considérée comme l’une des principales sources de dattes qui en ont fait une plaque tournante importante sur la route du Hajj dans les temps anciens. La ville était à l’origine connue sous le nom de Ŝeṯâṯa ou Ŝefâṯa, ce qui signifie eau claire ou source pure en araméen ancien, jusqu’en 1938, date à laquelle elle a été rebaptisée Ayn al-Tamr, mieux connue comme le lieu de la bataille d’Ayn al-Tamr en 633.

[10] Sud de la Mésopotamie La Sawâd désigne la zone humide, marécageuse et irriguée du sud de la Mésopotamie du Sud d’Al-Hila jusqu’au Golfe. La partie Nord de la Mésopotamie qui s’appelait la Djézireh, est en partie en Syrie actuelle.

[11] Ahvaz est une ville d’Iran située sur les bords de la rivière Karun au milieu de la province du Khuzestan dont elle est la capitale. Elle a une élévation de 20 mètres par rapport au niveau de la mer.

[12] Jibâl ou Al-Jibâl ou Djebal est le nom d’une ancienne province située dans le centre-ouest de l’Iran, durant le califat abbasside de Bagdad et pendant la tutelle Bouyide sur le califat où elle a formé un petit État indépendant (932-977). Elle constituait une zone frontière entre l’Irak et la Perse sur le versant Ouest des Zagros correspondant à peu près aux provinces iraniennes de l’Azerbaïdjan de l’ouest, du Kermânchâh, du Kurdistan et du Lorestan. Le contrôle de cette région permet de verrouiller le passage de Bagdad vers Ray (Téhéran). Elle coïnciderait avec l’ancien pays des Mèdes. Dans la deuxième moitié du 11ème siècle, avec l’arrivée des Seldjoukides au pouvoir, la région est morcelée en plusieurs unités administratives, elle change de nom et devient l’Irak ajamî (L’Irak des Perses)

[13] La Haute Mésopotamie, également appelée la Djézireh ou al-Jazira, est le nom donné aux terres élevées et au grand sandur du Nord-Ouest de l’Irak, Nord-Est de la Syrie, et Sud-Est de la Turquie, en Mésopotamie.

[14] Le Khorassan (également orthographié Khorasan, Chorasan ou Khurasan) est une région située dans le nord-est de l’Iran. Le nom vient du persan et signifie « d’où vient le soleil ». Il a été donné à la partie orientale de l’empire sassanide. Le Khorassan est également considéré comme le nom médiéval de l’Afghanistan par les Afghans. En effet, le territoire appelé ainsi englobait en réalité l’Afghanistan actuel, le sud du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan, ainsi que le nord-est de l’Iran.

[15] Koufa ou Kûfa est une ville d’Irak, environ 170 km au sud de Bagdad, et à 10 km au Nord-est de Nadjaf. Elle est située sur les rives du fleuve Euphrate. C’est la deuxième ville de la province de Nadjaf. Avec Kerbala, et Nadjaf, Koufa est une des trois villes irakiennes de grande importance pour les musulmans chiites.

[16] La rivalité Qays-Yaman fait référence aux rivalités et aux querelles historiques entre les tribus Qays du nord de l’Arabie et les tribus Yaman du sud de l’Arabie. Le conflit a émergé entre les tribus au sein de l’armée et de l’administration du califat omeyyade aux 7ème et 8ème siècles. L’appartenance à l’une ou l’autre faction était enracinée dans les origines généalogiques réelles ou perçues des tribus, qui les divisaient en descendants sud-arabes de Qahtan (Yaman) ou descendants arabes du nord d’Adnan (Qays). Les tribus Yamani, y compris les Kalb, Ghassan, Tanukh, Judham et Lakhm, étaient bien établies dans le centre et le sud de la Syrie à l’époque préislamique, tandis que les tribus Qaysi, telles que les Sulaym, kilab et Uqayl, ont largement migré vers le nord de la Syrie et la Haute Mésopotamie avec les armées musulmanes au milieu du 7ème siècle. La querelle Qays-Yaman n’a effectivement pris forme qu’après le règne du calife Mu’awiyah 1er, qui, avec ses descendants Sufyanid, étaient liés aux Kalb, la tribu dirigeante de Yaman, par le mariage et la dépendance militaire. Lorsque le dernier calife soucyide mourut en 684, les Yaman résolurent d’assurer la poursuite de la domination omeyyade pour maintenir leurs privilèges seigneuriaux, tandis que les Qays soutenaient la candidature d’Abdullah ibn Zubayr au califat. Cette année-là, les Yaman ont mis en déroute les Qays à la bataille de Marj Rahit, ce qui a conduit à des années de raids de vengeance et de représailles connus sous le nom d’ayyam (jours) parce que les batailles étaient généralement des affaires d’une journée. En 693, les raids s’étaient largement calmés lorsque les Qays se sont réconciliés avec les Omeyyades et ont été incorporés à l’État. Les Omeyyades ont tenté d’équilibrer les pouvoirs et les privilèges des deux factions, mais la rivalité a couvé jusqu’à la troisième guerre civile (fitna) dans le califat, dans laquelle les Yaman ont tué le calife Walid II pour sa dépendance aux Qays. L’opposition Yamani continua sous le calife Marwan II, et les Yaman firent finalement défection vers les Abbassides lorsque ces derniers conquirent le royaume omeyyade en 750. Les Yaman et les Qays ont brièvement uni leurs forces contre les Abbassides plus tard cette année-là, mais ont été vaincus. La rivalité Qays-Yaman a considérablement diminué sous les Abbassides qui, contrairement aux Omeyyades, n’ont pas tiré l’essentiel de leur soutien militaire de l’une ou l’autre faction. Néanmoins, la querelle a persisté au niveau local à des degrés divers au cours des siècles suivants, qui ont vu des flambées occasionnelles de violence Qaysi-Yamani.

[17] Wasit est le nom d’un site archéologique d’Irak. Elle a été nommée ainsi par son fondateur car elle est à mi-chemin de Bassora et Bagdad sur la rive gauche du Tigre. La ville de Wâsit a été fondée par Al-Hajjaj ben Yusef en 702 pour être sa résidence lui permettant de contrôler la frontière avec la Perse.

[18] Al-Yamâma est une ancienne région située à l’est du plateau du Nedjd en Arabie saoudite, autour du village aujourd’hui disparu de Jaw, près de al Kharj, elle a été le théâtre de la bataille du même nom, la Bataille d’Al-Yamama.