Gasbert de Valle ou de Laval dit aussi Guasbert Duval (1297-1347)
Évêque ou archevêque de Marseille de 1319 à 1323-Évêque d’Arles de 1323 à 1341-Évêque de Narbonne de 1341 à 1347
À partir de 1316, il exerça diverses fonctions à la Cour pontificale d’Avignon [1], sous les pontificats de Jean XXII, Benoît XII et Clément VI.
Avant l’élévation de Jean XXII à la papauté le 7 août 1316, Gasbert faisait partie de sa maison. 2 jours après son couronnement, le pape lui conféra à la fois l’église paroissiale de Bovenac au diocèse de Narbonne [2] et un canonicat [3] de la cathédrale de Meaux [4], en attestant sa qualité de familiari nostro [5]. Il lui donna ensuite l’archidiaconé [6] de Cahors [7].
Dès 1316, Jean XXII en fit son trésorier, fonction que Gasbert partagea collégialement avec Adhémar Amiel.
Le 13 juin 1317, à partir de la mort suspecte du cardinal Jacques de Via , il eut l’administration de l’église d’Avignon que le pape retenait à sa main, sans y nommer de titulaire, avec le titre et les pouvoirs de vicaire-général de l’évêché. En réalité, il n’y eut point d’autre évêque d’Avignon que lui pendant les 18 ans du règne de Jean XXII.
Il fut nommé évêque de Marseille [8] le 12 septembre 1319 et quelques jours plus tard, le 18 septembre 1319, devint camérier [9] du pape, charge qu’il conserva sous les papes Jean XXII, Benoît XII et Clément VI et ce jusqu’à sa mort, soit pendant plus de 27 ans. Comme tous les camériers de cette époque, il était un proche du pape, mais fut le seul, avec Étienne Cambarou, à en avoir les compétences techniques par sa fonction précédente de trésorier.
En réalité, le nouveau prélat demeura bien plus à Avignon et gouverna son diocèse par des grands vicaires. Il s’entoura de familiers ; on connaît un notaire du pape, Raymond de Laval, qui fut probablement son frère et un neveu, secrétaire de la Chancellerie papale. Plus tard, en 1348, un de ses cousins fit valoir cette relation pour obtenir un poste de scribe.
Le 8 juillet 1323, il est nommé archevêque d’Arles [10]. Il reçoit le pallium [11] le 8 septembre et fait hommage entre les mains du roi Charles IV le Bel le 8 mars 1324. Il a alors plus de facilité pour gouverner son diocèse, tout en continuant à demeurer à Avignon et à y exercer les mêmes fonctions. En 1326 et 1337, il préside le concile de Saint Ruf, près d’Avignon [12].
Le 2 octobre 1341, il est nommé archevêque de Narbonne sous le règne du pape Benoît XII.
Le 16 février 1342, il reçoit le serment de fidélité du jeune vicomte de Narbonne [13] Aymeri VI, pour la moitié occidentale de la cité narbonnaise, tenue en fief des archevêques.
Le 12 octobre 1342, il achète une maison à Toulouse, près de la faculté de droit [14], pour y fonder un collège afin de recevoir des écoliers de son ordre qui iraient étudier dans cette ville. Le 13 mars 1343, il fonde le collège de Narbonne [15]. Il ordonne que 12 écoliers étudiant à l’université de Toulouse y seraient nourris et entretenus.
Il meurt le 1er janvier 1347 à Avignon. Il avait fait construire un mausolée dans l’Église Saint-Trophime d’Arles [16] mais fut enterré à Narbonne.
Notes
[1] La papauté d’Avignon désigne la résidence du pape à Avignon. Cette résidence, qui déroge à la résidence historique de Rome depuis saint Pierre, se divise en deux grandes périodes consécutives :
• La première, de 1309 à 1378, celle de la papauté d’Avignon proprement dite, correspond à une époque où le pape, toujours reconnu unique chef de l’Église catholique, et sa cour se trouvent installés dans la ville d’Avignon au lieu de Rome.
• La seconde, de 1378 à 1418, coïncide avec le Grand schisme d’Occident où deux papes rivaux (et même trois si l’on considère l’éphémère pape de Pise) prétendent régner sur la chrétienté d’Occident, l’un installé à Rome et l’autre à Avignon.
[2] L’archidiocèse de Narbonne est un ancien archidiocèse métropolitain de l’Église catholique en France. Le diocèse de Narbonne est érigé au 4ème siècle. Au 5ème siècle, vers 445, il est élevé au rang d’archidiocèse métropolitain. Dans le cadre de l’éradication de l’hérésie cathare, la partie occidentale du diocèse (Haut-Razès) est érigé en diocèse suffragant le 18 février 1318 par le pape Jean XXII, avec pour siège l’abbaye d’Alet. Au cours des 13ème et 14ème siècles, les archevêques de Narbonne ont élevé 18 châteaux sur leurs terres, dont ceux de Montels et de Capestang. À la suite du Concordat de 1801, le siège archiépiscopal est supprimé et le territoire de l’archidiocèse est partagé entre le diocèse de Carcassonne, qui couvre alors les départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, et le diocèse de Montpellier, qui couvre alors les départements de l’Hérault et du Tarn.
[3] Un chanoine est un clerc (voire laïc) appartenant à un chapitre ou à une congrégation, et consacré à la prière liturgique au chœur, voire à l’enseignement, à la prédication, au secours des pauvres, au chœur professionnel (le « bas-chœur ») et à la maîtrise, etc. Au haut Moyen Âge, le mot pouvait désigner certains membres du personnel laïc des églises. Aujourd’hui, il existe des chanoines ecclésiastiques (séculiers ou réguliers), des chanoines laïcs et des femmes religieuses régulières (chanoinesses).
[4] La cathédrale Saint-Étienne de Meaux est une cathédrale catholique romaine, située à Meaux dans le département français de Seine-et-Marne
[5] de familier
[6] Dans l’Église catholique, un archidiaconé est une circonscription territoriale religieuse, subdivision d’un diocèse, placée sous l’autorité d’un vicaire épiscopal (qui peut porter le titre d’archidiacre le temps de son service), nommé par l’évêque pour le seconder sur cette partie territoriale du diocèse.
[7] Cahors est une commune du Midi de la France, située dans le quart sud-ouest du pays. Préfecture du Lot. Elle fut longtemps disputée, et assiégée de Jules César ou du Franc Thibert au roi de Navarre Henri IV en passant par les prétentions anglaises de Richard Cœur de Lion puis, plus tard, du Prince Noir. Au 14ème siècle, Cahors bénéficie des largesses du pape Jean XXII, né Jacques Duèze en 1244, à Cahors, élu pape en 1316. La famille Duèze est bien établie dans la ville et liée aux notables. À l’époque médiévale, Cahors est une place financière de première importance dans l’Europe d’alors, où affluent les banquiers lombards. Le prêt sur gages et l’usure y sont pratiqués par des chrétiens à partir du 12ème siècle, et au 14ème siècle cette franchise est officiellement reconnue. Pendant la guerre de Cent Ans, la ville passe pour un temps sous domination anglaise. Le 8 janvier 1362, elle doit se rendre au lieutenant du roi d’Angleterre, Chandos, en présence du maréchal français Boucicaut. Le 5 février 1369, les consuls de Cahors jurent de porter secours au roi de France Charles V
[8] L’archidiocèse de Marseille est un archidiocèse métropolitain de l’Église catholique en France. Le diocèse de Marseille, érigé, selon la tradition, au 1er siècle, est un des diocèses historiques de la Provence. À la veille de la Révolution française, le diocèse de Marseille comprenait 22 paroisses dites foraines, à savoir : Allauch, Aubagne, Auriol, Le Beausset, La Cadière, Saint-Cannat, Cassis, Le Castellet, Ceyreste, La Ciotat, Cuges, Gémenos, Julians, Méounes, Nans, Les Pennes, Peïpin, Plan-d’Aups, Roquefort, Roquevaire, Signes et Saint-Zacharie.
[9] Dans l’Église catholique, le camérier est un membre de la Famille pontificale, chargé du service personnel du pape. Il y avait aussi des camériers (Erbkämmerer) auprès des cours des princes-évêques du Saint-Empire romain germanique
[10] L’archevêché d’Arles est un ancien archidiocèse catholique, il est une des Églises les plus anciennes des Gaules. Seul l’archevêché de Lyon pourrait lui disputer l’honneur de la préséance. La date de la fondation du siège épiscopal d’Arles est inconnue, elle remonte en tout cas au tout début de l’installation de l’Église en France. Selon une tradition, saint Trophime aurait évangélisé la cité d’Arles, en aurait été le premier pasteur vers 220-240.
[11] Le pallium est un ornement liturgique catholique dont le port, sur la chasuble, est réservé au pape, aux primats, aux archevêques métropolitains et à quelques rares évêques, pendant la célébration de la messe. Il vient du latin pallium qui signifie manteau
[12] Le 18 juin 1326, se tient le concile d’Avignon dans l’Abbaye de Saint-Ruf. Il est présidé par le camérier de Jean XXII, Gasbert de Valle, archevêque d’Arles en présence des archevêques d’Aix-en-Provence et d’Embrun mais pas d’Avignon ; en effet sous le règne du pape Jean XXII, il n’y eut ni archevêque ni évêque à Avignon. Ce concile renouvelle les restrictions imposées aux Juifs dans les précédents conciles et impose notamment que tout Juif âgé de plus de quatorze ans ne puisse sortir de chez lui sans porter une marque sur la poitrine, une rouelle d’une circonférence de plus de trois à quatre doigts, et aux juives de plus de 12 ans, de porter des cornailles sur la tête, sorte de coiffe à cornes. Ces décrets anti-juifs et d’autres qui les suivent seront réaffirmés et augmentés lors du concile d’Avignon de 1337
[13] En 1447, les Tinières vendent la vicomté de Narbonne à Gaston IV, comte de Foix. Pour la maison de Foix, la vicomté narbonnaise n’est plus qu’une possession secondaire et la famille n’y réside pas. Gaston IV cède la vicomté à son fils cadet. Celui-ci, Jean de Foix, précise en 1500 dans son testament que la vicomté de Narbonne doit être utilisée pour liquider ses dettes. Selon le compoix de 1499, le vicomte ne possède plus alors à Narbonne qu’une maison et moins de cinq hectares de terre
[14] L’université de Toulouse était l’une des plus importantes et des plus anciennes universités médiévales françaises. Elle fut fondée en 1229 par le comte de Toulouse, Raimond VII, à la suite du traité de Meaux. Supprimée à la Révolution, en 1793, elle fut refondée en 1896 dans le cadre de la réorganisation de l’enseignement supérieur. Elle disparut finalement en 1969 en donnant naissance aux trois universités toulousaines actuelles
[15] Le collège de Narbonne est un ancien collège de l’université de Toulouse. Ses bâtiments se trouvaient au croisement des rues Antoine-Deville (actuels no 8-12) et Albert-Lautmann (actuels no 1-3), dans l’actuel quartier Arnaud-Bernard (secteur 1) de Toulouse. Le collège accueille des boursiers. Il est fondé en 1343 par l’archevêque de Narbonne, Gasbert de Valle, important prélat de la cour pontificale à Avignon, camérier des papes Jean XXII, Benoît XII et Clément VI. Il avait dans sa jeunesse étudié le droit à l’université de Toulouse. Le collège se trouvait au cœur du quartier universitaire de la ville. Épargné lors de la suppression de la plupart des collèges toulousains en 1551, il ne subsiste que difficilement, jusqu’à la Révolution française, où il est finalement fermé.
[16] La cathédrale Saint-Trophime d’Arles est une église romane de la ville d’Arles située place de la République. C’est une des plus intéressantes réalisations de l’art roman. Elle fut le siège de l’ancien archidiocèse d’Arles jusqu’en 1801, après sa fusion avec l’archidiocèse d’Aix-en-Provence. Les titres de basilique, primatiale et cathédrale restent cependant maintenus même si la cathédrale n’est plus le siège effectif de l’évêque.