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Amédée III de Genève

mardi 12 novembre 2024, par lucien jallamion

Amédée III de Genève (1311-1367)

Comte de Genève vers 1320 à 1367

Fils de Guillaume III , comte de Genève [1], et d’ Agnès de Savoie , fille du comte de Savoie [2] Amédée V . Son grand-père paternel était Amédée II de Genève .

Son père, le comte Guillaume, établit son testament au château d’Annecy [3], le 11 avril 1319, dans lequel il fait d’Amédée son héritier. Mort quelque temps après, Amédée succède à son père sous le nom d’Amédée III. Mineur, il reste sous tutelle de sa grand-mère, Agnès de Chalon , et de sa mère, Agnès de Savoie, jusqu’à sa majorité en avril 1325.

Amédée fait du château d’Annecy sa résidence principale. Mais il semble que pour la première moitié de son règne, sa cour soit itinérante, comme pour ses voisins en Faucigny [4] ou en Savoie, se rendant par alternance dans ses châteaux de Ternier [5], de Clermont [6], d’Alby [7] ou encore Rumilly [8].

En 1334, il épouse Mathilde dite Mahaut d’Auvergne, fille de Robert VII , comte d’Auvergne [9] et comte de Boulogne [10], et de sa seconde femme Marie de Flandre-Dampierre-Termonde, vicomtesse de Châteaudun [11] en partie, fille de Guillaume 1er de Termonde.

Le comte Amédée III fait une donation de Vésenaz [12], en 1336, aux religieuses de l’abbaye de Bellerive [13].

Le comté est subdivisé en châtellenies, qui en compte 25, dont on connaît le fonctionnement grâce aux comptes. Avec la cour itinérante, la Cour comtale se déplace elle aussi à travers la principauté pour établir la justice. Elle semble toutefois se fixer à Annecy à partir des années 1337 ou 1340.

En 1350, il concède les statuts de Thônes [14], avec le consentement de sa femme Mathilde.

Pris dans le conflit entre les comtes de Savoie aux dauphins du Viennois [15], Amédée III participe à la bataille de Varey [16], qui eut lieu le 7 août 1325, entre Édouard de Savoie, dont il est le neveu, et Guigues VIII du Viennois , qu’il soutient. À l’avènement du nouveau comte de Savoie, Aymon de Savoie dit le Pacifique , en 1329, Amédée lui rend hommage. Cet acte engage notamment la paix entre les deux comtés après presque 100 ans de conflit. Il tourne ainsi le dos à l’alliance contre le comte de Savoie.

Ce rapprochement avec de la maison de Savoie, l’amène également à exercer dès 1343, avec le baron Louis II de Vaud , la régence pour le jeune comte de Savoie Amédée VI , héritier du titre à l’âge de 9 ans. Le comte de Savoie s’émancipe de cette tutelle lors de sa majorité en 1348.

L’alliance entre les deux comtes se renforce en 1349. Les deux comtes s’accordent en effet pour combattre l’influence nouvelle du roi de France dans la région lémanique [17] et en Faucigny, et notamment son rapprochement avec le Dauphin. Surtout lorsqu’en 1349, où le Dauphin est sommé lors du traité de Romans [18] de vendre au roi de France le Dauphiné [19], mais également la baronnie du Faucigny, enclave entre le comté de Genève et le comté de Savoie. L’évêque de Genève [20], Alamand de Saint-Jeoire , se rapproche de ce nouveau prince. Alors qu’Amédée avait rendu hommage à l’évêque en 1346 au château de Clermont, il entreprend aux côtés du comte de Savoie une lutte contre celui-ci. Amédée renforce la garnison de son château de Charousse [21], en amont du Faucigny, et prend le château de Peney, centre de la seigneurie de Mandement [22] appartenant à l’évêque, en novembre 1349. Le conflit pousse l’évêque à se réfugier en Avignon [23].

Cependant, en 1351, alors que le comte de Genève établit des contrats avec ses voisins, l’évêque et le Dauphin, à propos de ses possessions, il semble également entrer dans une alliance avec la coalition du roi de France. À cette même période, son oncle, Hugues de Genève , obtient par mariage la seigneurie de Gex [24]. Ce dernier avait par ailleurs obtenu, grâce à son soutien au Dauphin, la gestion du Faucigny, en 1350.

Hugues de Genève tente de relancer la lutte, mais les troupes genevoises sont défaites aux Abrets [25] en 1352.

Face à ces nouvelles alliances, le comte de Savoie entreprend une grande offensive contre ses voisins. Ce coup de force surprend le roi de France qui abandonne ses prétentions sur cette région et cède le Faucigny en 1355 au comte de Savoie. Amédée se trouve isolé face aux prétentions de son voisin le comte de Savoie. Le comte de Genève doit se reconnaître vaincu en juillet 1355. Le comté de Genève se trouve désormais enclavé dans l’immense territoire contrôlé par la maison de Savoie [26].

En 1356, il obtient de l’empereur Charles IV, le droit de battre monnaie, privilège détenu jusqu’à présent par l’évêque de Genève, sur le palais de l’Isle d’Annecy. Le château sert aussi de prison. Durant cette période, le terme Genevois apparaît pour désigner le comté de Genève.

Le 21 décembre 1358, Amédée jure fidélité au comte de Savoie et lui fait hommage, pour une partie de ses possessions [27].

En 1362, il devient le premier chevalier de l’Ordre du Collier [28], créé par Amédée VI, dit le Comte Vert.

Le 15 octobre 1360, le comte Amédée teste dans son château de La Balme [29]. Il ajoute un codicille le 18 janvier 1367 dans lequel il stipule que si ses fils meurent sans héritier mâle, sa fille aînée Marie ou ses fils, ou sa sœur cadette et ses descendants, etc. hériteraient du titre. La tradition historique fixe la mort du comte ce jour là, à Annecy. Ses 5 fils lui succèdent.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Louis Boisset, Un concile provincial au treizième siècle : Vienne 1289 : église locale et société, vol. 21 de Théologie historique, Éditions Beauchesne, 1973

Notes

[1] Les titres de comte de Genève, en latin comes Gebennensis, est un titre porté par les seigneurs ayant l’autorité sur le comté et sa ville principale, Genève. Il est porté, depuis le milieu du 11ème siècle, par 17 seigneurs appartenant à la maison de Genève. À la fin du 14ème siècle, il passe à la maison de Thoire-Villars, avant que le comté entre dans les possessions de la maison de Savoie, qui en font une terre d’apanage.

[2] Le duché de Savoie est un ancien duché indépendant, noyau des États de Savoie, devenu Royaume de Sardaigne en 1713, et divisé entre la France et l’Italie en 1860. Le 19 février 1416, l’empereur Sigismond 1er érige le comté de Savoie en duché de Savoie, lui offrant une autonomie politique sans précédent. Les successeurs d’Amédée VIII de Savoie portent désormais le titre de duc jusqu’à ce qu’ils deviennent rois de Sicile, puis de Sardaigne au début du 18ème siècle.

[3] Le château d’Annecy est un ancien château fort, du 12ème siècle, remanié à plusieurs reprises, notamment par les ducs de Savoie entre 1430 et 1487 et entre 1533 et 1571 par les Savoie-Nemours, qui se dresse sur la commune d’Annecy dans le département de la Haute-Savoie. Ancienne résidence des comtes de Genève puis des ducs de Savoie-Nemours, le château d’Annecy est depuis 1953 la propriété de la ville

[4] Le Faucigny est une petite région naturelle française et l’une des 6 provinces historiques de la Savoie, située au centre du département de la Haute-Savoie. La région prend son nom du château de Faucigny possédé par les sires de Faucigny. Elle est d’abord une partie du pagus Genevensis, avant de devenir vers la fin du 11ème siècle ou au début du siècle suivant une seigneurie indépendante, puis une baronnie (mentionnée en 1256), avant d’être intégrée à l’ensemble savoyard et enfin une province administrative (de 1723 à 1793) du duché de Savoie.

[5] Les châteaux de Ternier sont deux anciens châteaux forts, aujourd’hui disparus, qui se dressaient sur une colline du village de Ternier, aujourd’hui situé dans la commune de Saint-Julien-en-Genevois dans le département de la Haute-Savoie. L’ensemble est constitué de deux édifices datés du 13ème siècle dont le château dit « comtal », qui semble à l’origine appartenir à la famille de Ternier avant la cession aux comtes de Genève, et d’une maison-forte de la Poype (Poëpe) également parfois appelé « Ternier ».

[6] Le château de Clermont (Clarus mons, Claromont, Clarmonz), dit château vieux par commodité, est un ancien château fort, du 11ème siècle, siège d’une châtellenie, dont les vestiges se dressent sur la commune de Clermont

[7] Châteauvieux ou château d’Alby est un ancien château fort, du 13èmesiècle, qui se dressait sur la commune d’Alby-sur-Chéran dans le département de la Haute-Savoie. Il était l’un des sept châteaux, avec Le Donjon, Montconon, Montdésir, Montpon, Montvuagnard et Pierrecharve, qui assuraient la défense d’Alby. Ces châteaux constituaient un système défensif permettant de contrôler le passage du torrent.

[8] Le château de Rumilly était un ancien château fort probablement du 10ème siècle, dont il ne reste aucun vestige, qui se dressait sur la commune française de Rumilly, dans le département de la Haute-Savoie. Il forme avec le bourg une place forte ayant une importance majeure sur la frontière du comté de Genève, jusqu’au démantèlement de ses fortifications au début du 17ème siècle.

[9] Le comté d’Auvergne est l’une des plus anciennes seigneuries de France, puisqu’elle a déjà été érigée à la fin de la période romaine. Durant l’ère mérovingienne, il devient même momentanément un duché. La famille des Comtes d’Auvergne gouverne le comté depuis le dixième siècle. Une crise éclate au sein de la famille en 1155, date à laquelle le comte Guillaume VII d’Auvergne est forcé par son oncle Guillaume VIII d’Auvergne à diviser le comté en deux. Guillaume VIII reprend le comté, tandis que Guillaume VII doit se satisfaire du titre de dauphin d’Auvergne. En 1360, le roi de France Jean II de France crée, sur la vieille Terre royale d’Auvergne, un duché d’Auvergne qui se transmet au sein de la famille royale

[10] Le comté de Boulogne est issu d’un pagus franc. Dès le 9ème siècle, ce comté se trouve sous la suzeraineté du marquisat de Flandre. Philippe Auguste le confisquera en 1212 pour le donner en apanage à son fils. Le comté suivra ensuite les destinées de l’Artois et sera finalement annexé au domaine royal au xve siècle

[11] En 956, Thibaut 1er le Tricheur, comte de Blois, s’empare de Chartres et de Châteaudun, soutenu par le roi Lothaire, ce qui contribue à l’affaiblissement d’Hugues Capet, alors duc de France. Thibaut le tricheur délègue à Châteaudun des vicomtes, qui prirent peu à peu de plus en plus de pouvoirs, restant sous la suzeraineté du comte de Blois. Les comtés de Blois, de Châteaudun et de Chartres passèrent à la maison de Châtillon, qui les conserva jusqu’en 1391, date à laquelle Guy de Châtillon vendit ses biens à Louis d’Orléans. À cette même époque, le dernier vicomte de Châteaudun vend la vicomté à ce même prince.

[12] Collonge-Bellerive est une commune suisse du canton de Genève, située au bord du lac Léman.

[13] L’abbaye de Bellerive est une ancienne abbaye cistercienne fondée en 1150 à Collonge-Bellerive, fermée par la Réforme protestante

[14] Thônes est une commune française située dans le département de la Haute-Savoie. Du fait de sa situation de carrefour, elle est parfois qualifiée de capitale des Aravis ou encore celle du reblochon, en lien avec la production et la vente de ce fromage

[15] Les comtes d’Albon puis dauphins de Viennois, seigneurs du Dauphiné de Viennois, furent les premiers à porter le titre de dauphins de Viennois.

[16] La bataille de Varey, qui eut lieu le 7 août 1325, est la plus célèbre bataille du conflit qui opposa aux 13 et 14ème siècles les comtes de Savoie aux dauphins de Viennois. Elle eut lieu sur la commune actuelle de Saint-Jean-le-Vieux, dans l’Ain.

[17] du lac Léman

[18] Le traité de Romans est un traité signé à Romans-sur-Isère (Drôme) le 30 mars 1349 entre le dauphin de Viennois, Humbert II, et le roi de France, Philippe VI. Le Dauphin vendait sa principauté du Dauphiné de Viennois, dont la capitale était Grenoble, à la France, qui faisait alors un grand bond territorial à l’est du Rhône. Le traité prévoit également que le Dauphiné serait le fief du fils aîné du roi de France, et qu’à ce titre, le fils aîné du roi de France porterai désormais le titre de Dauphin. Il est également prévu que le Dauphiné bénéficierait d’un statut fiscal particulier, le statut delphinal.

[19] Le Dauphiné est une entité historique et culturelle à l’identité assez importante, notamment grâce à son histoire. Elle occupe l’ancienne province Viennoise située dans le quart sud-est de la France actuelle. Ce fut un État, sous l’autorité des comtes d’Albon, qui prirent le titre de dauphins, ce dernier terme ayant donné au Dauphiné son nom. Cet État était une subdivision du Saint Empire romain germanique, de ses origines admises, au 11ème siècle, jusqu’à son rattachement en 1349 au royaume de France. Le Dauphiné conserve une certaine autonomie jusqu’en 1457. Sous l’autorité française et jusqu’à la Révolution de 1789, le Dauphiné constitue l’apanage du fils aîné du roi de France qui prend, dès sa naissance, le titre de Dauphin.

[20] Le diocèse de Genève (en latin Diocesis Genevensis) est un ancien diocèse dont la métropole se trouvait à Genève. Créé probablement vers le 4ème siècle, son premier évêque connu est un certain Isaac au début du siècle suivant. La circonscription disparaît en 1802, la restauration des diocèses en 1822, amène à un partage entre les diocèses de Lausanne, Genève et Fribourg et d’Annecy.

[21] Le château de Charousse (Charosse) ou de Pierre Brûlée (castro de Charossa) est un ancien château fort, du 11ème siècle, disparu, situé dans le comté de Genève mais en position d’enclavement dans le Faucigny. Il se dressait au-dessus de la commune de Passy dans le département de la Haute-Savoie

[22] Le Mandement est une région du canton de Genève. Le Mandement tire son nom de l’ancien Mandement de Peney (également appeléTerre du Mortier), dont le château de Peney est le siège et qui était une possession directe de l’évêque de Genève et dirigé par un seigneur. La région, initialement composée des paroisses de Peissy, Satigny, Choully, Peney et Bourdigny a été réunie à la république de Genève le 22 février 1536.

[23] Avignon est une ville du Sud de la France, située au confluent du Rhône et de la Durance. Surnommée la « cité des papes » en raison de la présence des papes de 1309 à 1423, elle est actuellement la plus grande ville et la préfecture du département de Vaucluse. C’est l’une des rares villes françaises à avoir conservé ses remparts et son centre historique, composé du palais des papes, de l’ensemble épiscopal, du rocher des Doms et du pont d’Avignon

[24] Le pays de Gex est une région historique française située au nord-est du département de l’Ain. Anciennement baronnie souveraine, incorporé aux États de Savoie en 1353 puis brièvement annexé par les Bernois en 1536 puis les Genevois en 1589, le pays de Gex est définitivement rattaché à la France en 1601. Amputé de six communes au profit du canton de Genève et institué en zone franche en 1775, statut reconduit en 1815, il est aujourd’hui un arrondissement de l’Ain composé de trois cantons

[25] Les Abrets en Dauphiné est, depuis le 1er janvier 2016, une commune nouvelle française située dans le département de l’Isère. Cette commune correspond au regroupement des anciennes communes des Abrets, de Fitilieu et de La Bâtie-Divisin. La mairie est située dans l’hôtel de ville de l’ancienne commune des Abrets

[26] La maison de Savoie est une dynastie européenne ayant porté les titres de comte de Savoie (1033), puis de duc de Savoie (1416), prince de Piémont, roi de Sicile (1713), roi de Sardaigne (1720) et roi d’Italie (1861). Elle est l’héritière de la dynastie des Humbertiens, nom donné par l’historiographie moderne, aux premiers souverains, comtes en Maurienne issu du comte Humbert. L’origine de la maison de Savoie remonte vers 1032 lorsque le territoire qui aujourd’hui correspond à la Savoie est intégrée avec le second royaume de Bourgogne, au Saint Empire romain germanique. Loin de l’empereur allemand, les seigneuries se créent au hasard des guerres, des mariages et des donations.

[27] les châteaux et villes d’Arlod, d’Annecy, de Châtel, de Clermont, de Duingt, de Gaillard, de Gruffy, de La Bâtie, de La Roche, de Thônes

[28] L’ordre du Collier de Savoie, dit de l’Annonciade, est un ordre de chevalerie, fondé au cours de la seconde moitié du 14ème siècle, par le comte de Savoie Amédée VI, dit le comte Vert, qui évolue jusqu’à l’institutionnalisation de l’Ordre suprême de la Très Sainte Annonciade en 1518.

[29] Le château de La Balme ou de la Balme de Sillingy, anciennement château de Cosengier (Cosingier) ou encore de La Balme de Cossengy (castrum Balmæ Cosingiaci) était une maison forte, du 14 et 16ème siècle, située dans l’ancien comté de Genève. Il se dressait à La Balme-de-Sillingy, aujourd’hui dans le département français de la Haute-Savoie