Étienne II de Naples (vers 725-799)
Duc de Naples de 754/755 à 766/767-Evêque de Naples de 766 à sa mort
Héritier de la noble femme Matrona est chef de l’aristocratie napolitaine lorsqu’il devient duc de Naples [1] en succédant à Grégoire 1er de Naples .
Le nouveau duc n’est âgé que de 29 ans et il est vraisemblablement apparenté de façon indirecte de son prédécesseur dont il donnera le nom à son fil aîné.
Le patrice [2] de Sicile [3] dont il dépend de jure ne peut que confirmer sa désignation car il est dans l’incapacité d’intervenir sur le continent après la chute de l’exarchat de Ravenne [4]. Le nouveau duc gouverne de manière absolu et lorsqu’en 766 l’évêque, Paul II de Naples, meurt lors d’une épidémie de peste qui décime le peuple et le clergé, les Napolitains l’acclament comme son successeur.
Étienne qui administre la ville depuis 12 années obtient du pape Paul 1er en dépit de toutes les règles canoniques d’être porté à l’épiscopat et se fait conférer les ordres religieux. Il conserve sa nouvelle fonction pendant 33 ans. Bien qu’il cesse d’être officiellement duc de Naples la fonction est exercée par des membres de sa famille, son fils Grégoire II de Naples puis son gendre Théophylacte II de Naples . De facto il conserve jusqu’à sa mort une influence prépondérante sur la gestion de la cité
Notes
[1] Les ducs de Naples sont les commandants militaires du ducatus Neapolitanus, un poste avancé de l’Empire byzantin en Italie du Sud, après l’arrivée des Lombards et des Sarrasins. En 661, Constant II, qui montre beaucoup d’intérêt pour les affaires italiennes (il installe un temps sa capitale à Syracuse), nomme dux ou magister militum, Basile. À sa suite une lignée de ducs, devenus autonomes et héréditaires à partir du milieu du 9ème siècle, se succèdent jusqu’à l’arrivée des Normands, une nouvelle menace à laquelle ils ne survivront pas. Le 39ème et dernier duc, Serge VII, capitule en 1137 et Naples est intégré au royaume de Sicile de Roger II.
[2] Patrice est un titre de l’empire romain, créé par Constantin 1er. Dans les années 310-320, Constantin abolit le patriciat romain, vieille distinction sociale qui avait ses racines au début de la république romaine. Le titre de patrice est désormais accordé par l’empereur à des personnes de son choix, et non plus à des familles entières. Dès son apparition, le titre de patrice permet à son titulaire d’intégrer la nobilitas, comme le faisait déjà le patriciat républicain. Le titre était décerné à des personnages puissants mais non membres de la famille impériale ; il vient dans la hiérarchie immédiatement après les titres d’Auguste et de César. Ce titre fut ensuite conféré à des généraux barbares au service de l’empire. Le titre fut encore porté par des notables gallo-romains au 6ème siècle. Sous les Mérovingiens, le titre de patrice était donné au commandant des armées burgondes. Les papes l’ont notamment décerné à plusieurs reprises pour honorer des personnages qui les avait bien servis. Le titre fut également conservé dans l’Empire byzantin, et son importance fut même accrue au 6ème siècle par Justinien 1er, qui en fit la dignité la plus haute de la hiérarchie aulique. C’était une dignité accordée par brevet. Dans les siècles suivants, elle fut progressivement dévaluée par la création de nouveaux titres. La dignité de patrice disparut à Byzance au 12ème siècle.
[3] La Sicile est la plus grande île méditerranéenne. Avec une superficie de 25 708 km², c’est la région la plus étendue de l’Italie et son territoire est constitué de neuf anciennes provinces à leur tour partagées en 390 municipalités. Elle est également la seule région italienne à compter 2 des 10 villes les plus peuplées du pays : Palerme et Catane. Son chef-lieu est Palerme.
[4] L’exarchat peut prendre deux sens, le premier est politique et administratif qui est propre à l’empire romain d’Orient et l’autre est ecclésiastique propre à l’Église orthodoxe. L’exarchat est une organisation de certains territoires périphériques de l’empire byzantin, mise en place au 6ème siècle pour faire face à la menace d’envahisseurs. L’exarchat est dirigé par un exarque qui concentre les pouvoirs civils et militaires. Cette organisation visait à réagir de façon optimale aux dangers menaçant l’empire dans ses régions périphériques, sans avoir à attendre les ordres venus de Constantinople. Ils bénéficiaient d’un plus grand degré d’indépendance que les autres gouverneurs provinciaux. Seuls deux exarchats furent constitués, à Ravenne contre l’invasion des Lombards, et à Carthage. Les autres provinces de l’empire byzantin reçurent progressivement une organisation semblable, mais sous le nom de « thèmes ». Les exarques civils étaient de véritables vice-rois, à qui l’on confiait le gouvernement de plusieurs provinces tandis que les exarques ecclésiastiques étaient des délégués du patriarche de Constantinople ou du Saint-Synode, chargés de visiter les diocèses, et de surveiller la discipline et les mœurs du clergé. Dans les Églises d’Orient, un exarque est un évêque qui a reçu mission de représenter un patriarche auprès d’un autre patriarche ou dans un lieu qui n’est le territoire d’aucune Église orthodoxe autocéphale. L’exarchat est à la fois la dignité de l’exarque, l’ensemble des paroisses et des fidèles placés sous sa responsabilité ainsi que l’église et les bâtiments qui en constituent le siège. C’est en quelque sorte un évêché sans diocèse et sans structure prévue pour durer. C’est une façon de s’adapter à des circonstances particulières, absence d’une église locale organisée, nécessité d’assurer une vie liturgique à un personnel diplomatique. Un exarchat possède un statut dérogatoire par rapport au principe de la territorialité de l’organisation ecclésiastique. L’évêque mentionné dans les diptyques n’est pas l’évêque du lieu mais le primat représenté par l’exarque. On peut comparer l’exarchat ecclésiastique à extra-territorialité de bâtiments diplomatiques. Les métropolites des "Nouvelles Terres" du Nord et de l’Est de la Grèce ont reçu du patriarche œcuménique de Constantinople des titres d’exarque qui rappellent leur appartenance au Patriarcat œcuménique de Constantinople.