Duncan IV (Mormaer de Fife) (1289-1353)
Comte de Fife de 1289 jusqu’à sa mort
Il est le dernier représentant de la lignée d’origine gaélique du clan MacDuff [1] à régner sur cette province.
Donnchadh naît vers la fin de l’année 1289, l’année même du meurtre de son père Donnchadh III dit Duncan III . De ce fait il se trouve à la tête du Mormaerdom [2] alors qu’il n’est encore qu’un bébé. Il est si jeune que l’honneur de couronner en 1292 Jean Balliol roi d’Écosse qui est normalement un droit héréditaire réservé au Mormaer de Fife [3] est délégué à un chevalier, nommé Sir John de Saint-John.
Il est également absent en 1306 lors du couronnement de Robert 1er Bruce, qui intervient alors qu’âgé de 16 ans il est à la garde du roi Édouard 1er d’Angleterre et Robert est contraint de faire appel à sa tante Isabelle MacDuff ou Isabelle de Fife , pour officier en son absence.
Son soutien sincère envers Robert 1er d’Écosse qui le reçoit à son retour à Crichton [4] dans le Midlothian [5] le 23 août 1315 est douteux, mais une année après la bataille de Bannockburn [6], il résigne son Mormaerdom de Fife entre les mains du roi. L’accord avec le roi Robert prévoyait que le Mormaerdom ne devait pas être détenu par le roi, et que les armoiries de Fife devaient toujours être arborées de manière similaire aux armoiries royales. Si Donnchadh disparaissait sans enfant, le roi Robert devait en investir un bénéficiaire ou par défaut son cousin Alan le fils du comte Alain de Menteith dit Alan Stuart (comte de Menteith) .
Donnchadh aux termes du même contrat obtient les baronnies possédées par ses ancêtres mais non incluses dans le comté de Fife. Il est l’un des signataires en 1320 de la déclaration d’Arbroath [7] et Donnchadh est présent lors des négociations qui aboutissent à la signature du traité d’Édimbourg-Northampton [8].
Le comte de Fife combat aux côtés du régent Donald de Mar et Thomas Randolph comte de Moray [9] lors de la bataille de Dupplin Moor [10] où il est fait prisonnier, il change alors de camp et avec William Sinclair, l’évêque de Dunkeld [11], lui aussi partisan de Robert Bruce, il couronne Edouard Balliol roi d’Écosse à Scone [12] le 24 septembre 1332. Pourtant, il combat de nouveau en 1346 avec l’armée nationale écossaise vaincue lors de la bataille de Neville’s Cross [13], où il est de nouveau capturé.
En 1307, Donnchadh épouse Marie de Monthermer , une petite-fille d’Édouard 1er d’Angleterre.
À sa mort en 1353, il a comme successeur dans son mormaerdom sa fille Isabella de Fife .
Notes
[1] Le Clan MacDuff est un clan écossais descendant des rois d’Écosse.
[2] Le titre de Mormaer désigne un souverain régional ou provincial dans le royaume des Scots médiéval. En théorie, bien que cela n’ait pas toujours été vrai dans la réalité, un Mormaer venait juste après le roi d’Écosse en termes de statut, et était supérieur au toisech. Un Mortuath ou Mormaerdom (« territoire du mormaer ») n’était pas simplement une seigneurie régionale, mais possédait également un rang officiel de comté.
[3] Le Fife est une région côtière de l’est de l’Écosse, entre les estuaires de la Forth (Firth of Forth) et du Tay (Firth of Tay). Formant ainsi une péninsule naturelle, ses frontières ont peu bougé à travers les âges. C’est à la fois une subdivision actuelle de l’Écosse (council area avec pour capitale administrative Glenrothes), un comté historique, une région de lieutenance et une ancienne région d’Écosse. Les principales villes sont Dunfermline (chef-lieu), St Andrews et Kirkcaldy. C’est une région qui a toujours été tournée vers la mer et le commerce avec le continent.
[4] Crichton est un petit village et une paroisse civile dans le comté de Midlothian, en Écosse.
[5] Le Midlothian est une des 32 council areas et une région de lieutenance de l’Écosse. Le Midlothian est frontalier avec les Scottish Borders, l’East Lothian et la ville d’Édimbourg. C’était auparavant un comté entre le West Lothian à l’ouest, le Lanarkshire et le Peeblesshire au sud, le Berwickshire et l’East Lothian à l’est. Il comprenait alors la ville d’Édimbourg et était parfois appelé Edinburghshire.
[6] La bataille de Bannockburn est une écrasante victoire de l’armée écossaise menée par Robert Bruce sur les troupes anglaises dirigées par Édouard II d’Angleterre pendant la première guerre d’indépendance écossaise. Elle est marquée par l’utilisation par Robert Bruce de carrés de piquiers nommés schiltrons sur lesquels viennent s’écraser les charges de cavalerie anglaises. Cette bataille entraîne une remise en question tactique de l’armée anglaise, ce qui aura un impact majeur sur les tactiques de combat de la guerre de Cent Ans.
[7] La déclaration d’Arbroath est une déclaration d’indépendance écossaise, écrite en latin sous le règne de Robert Bruce dans le but de confirmer le statut de l’Écosse en tant que nation indépendante et souveraine et de justifier le recours aux forces armées si elle se trouvait injustement attaquée. Cette déclaration revêt la forme d’une lettre, datée du 6 avril 1320, qui fut envoyée au Pape Jean XXII. Signée par 51 nobles dont les principaux barons d’Écosse dans la petite ville d’Arbroath (comté d’Angus), cette lettre est la seule restante des trois écrites à l’époque. Les deux autres émanaient du Roi des Écossais et du clergé qui comportaient vraisemblablement les mêmes points.
[8] Le traité d’Edimbourg Northampton est un traité de paix signé en 1328 entre les royaumes d’Angleterre et d’Écosse. Il marque la fin de la première guerre d’indépendance écossaise, qui avait commencé avec l’invasion anglaise de l’Écosse en 1296. Le traité fut signé à Édimbourg par Robert 1er d’Écosse, le 17 mars 1328, et ratifié par le Parlement anglais à Northampton le 1er mai. Le document est écrit en français, et est détenu par les Archives nationales d’Écosse à Édimbourg.
[9] Le titre de comte de Moray de la pairie d’Écosse succède à celui de mormaer de Moray qui était à la tête du mormaerdom celtique de Moray. Le territoire des mormaers de Moray s’étendait le long de la rive sud du Moray Firth, à partir de la rivière Spey au travers du nord de l’Écosse jusqu’à la côte occidentale du pays. Le Moray était séparé du comté de Ross par la rivière de Beauly.
[10] À la bataille de Dupplin Moor le 11 août 1332, l’armée du prétendant Édouard Balliol et des « déshérités », dirigée par Henri de Beaumont, vainc les forces écossaises, pourtant plus nombreuses.
[11] Dunkeldest une petite ville d’Écosse. À partir de 700, elle fut un centre monacal et rivalisa pendant une brève période avec Scone. On y construisit une majestueuse cathédrale gothique. Aujourd’hui, la petite ville de Dunkeld est concentrée autour du charmant enclos au bord de l’eau de sa cathédrale partiellement en ruine.
[12] Scone est un village d’Écosse, dans la région de Perth and Kinross. À Scone se trouvait la Pierre du destin, dite aussi Pierre de Scone, sur laquelle les rois d’Écosse étaient couronnés. La pierre fut emmenée comme butin de guerre à Westminster par le roi Édouard 1er d’Angleterre en 1296. Mais les rois écossais continuèrent à se faire couronner à Scone, jusqu’à Charles II, en 1651.
[13] La bataille de Neville’s Cross (ou parfois Nevill’s Cross) a eu lieu à Neville’s Cross près de Durham en Angleterre entre les Écossais et les Anglais le 17 octobre 1346.