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George Villiers (2ème duc de Buckingham)

vendredi 22 mars 2024, par lucien jallamion

George Villiers (2ème duc de Buckingham) (1628-1687)

Homme d’État britannique

Fils de George Villiers, 1er duc de Buckingham [1]. Il est le second duc de Buckingham.

Il accompagna Charles II d’Angleterre en exil, le suivit en Écosse, où il combattit vaillamment et jouit d’une grande faveur auprès de ce prince après la Restauration. Il fut membre du ministère dit de la cabale [2].

En 1666, il entra dans un complot contre le ministère Edward Hyde de Clarendon, mais il obtint sa grâce. Surnommé l’Alcibiade du 17ème siècle, il a laissé le souvenir d’un homme excentrique, turbulent et irrévérencieux, mais attirant la sympathie de manière irrésistible.

On doit par ailleurs à Buckingham quelques poèmes et pièces de théâtre, ce qui fait de lui un acteur à part entière de la littérature de la Restauration anglaise [3].

Le jeune duc et son frère Francis furent éduqués avec les propres enfants du roi Charles 1er, et ils soutinrent activement le parti royaliste au cours de la Première Révolution anglaise [4].

Après la mort de son frère dans une bataille près de Kingston upon Thames [5], George Villiers fuit le pays et se réfugia comme beaucoup d’autres royalistes aux Pays-Bas. Ses biens en Angleterre furent confisqués, mais le roi Charles II en exil lui accorda de nombreuses dignités, le faisant chevalier de la Jarretière [6] en 1649 et membre du Privy Council [7] en 1650.

Sa volonté de négocier avec le gouvernement d’Oliver Cromwell et ses vues matrimoniales sur la propre sœur du roi finirent cependant par le froisser avec ce dernier, et Buckingham rentra en Grande-Bretagne en 1657, où il épousa Mary, fille de Lord Fairfax, un proche de Cromwell. Malgré le poids de son beau-père, le duc fut rapidement soupçonné d’organiser un complot avec les Presbytériens [8] contre les autorités, et il fut emprisonné pendant plusieurs années, dont un certain temps à la Tour de Londres [9].

Libéré en 1659, Buckingham assista ensuite au retour du roi lors de son débarquement à Douvres [10]. Charles II le reçut d’abord avec froideur, mais lui accorda vite à nouveau sa faveur et plusieurs titres honorifiques. Sa participation à la deuxième Guerre anglo-néerlandaise [11] acheva de le faire revenir en grâce. Le reste de sa vie n’en fut pas moins ponctué de scandales matrimoniaux et de diverses intrigues politiques.

Buckingham se retira de la vie publique après l’accession au trône du catholique Jacques II, et retourna à son manoir de Helmsley [12] dans le Yorkshire [13], sans doute en raison du mauvais état de sa santé et de ses finances.

Il publia en 1685 un pamphlet intitulé “A short Discourse on the Reasonableness of Man’s having a Religion” : ce texte prône la tolérance religieuse et fut soutenu, entre autres, par William Penn.

Par espoir de le convertir au catholicisme, Jacques II lui envoya un prêtre, dont Buckingham tourna les arguments en ridicule. Le duc s’éteignit le 16 avril 1687 des suites d’un rhume attrapé lors d’une chasse, en exprimant selon Alexander Pope un profond repentir.

Le duc fut enterré le 7 juin 1687 dans la chapelle Henri VII de l’abbaye de Westminster [14], avec davantage de faste que le défunt Charles II. La famille ne retint aucun bénéfice de tout le pouvoir accumulé par son membre brillant mais turbulent : sans héritier légitime, le titre de noblesse s’éteignit et les domaines qui y étaient attachés furent entièrement dissipés. De l’immense demeure construite pour lui à Cliveden [15], dans le Buckinghamshire [16], il ne reste rien aujourd’hui.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Deborah Payne Fisk, The Cambridge Companion to English Restoration Theatre, Cambridge, Cambridge University Press,‎ 2000,

Notes

[1] Les titres de marquis et de duc de Buckingham, dénommés d’après la ville de Buckingham dans le comté du Buckinghamshire en Angleterre, ont été créés plusieurs fois dans les pairies d’Angleterre, de Grande-Bretagne et du Royaume-Uni. Il y a également eu des comtes de Buckingham. Le titre de duc de Buckingham a été associé donnant : duc de Buckingham et Chandos et duc de Buckingham et Normanby.

[2] Le ministère de la Cabale était un conseil privé qu’avait formé Charles II, roi d’Angleterre, et qui pendant cinq ans (1669-1674) exerça une influence notable sur les affaires du pays. On le nomma ainsi parce qu’il était composé de cinq personnes dont les initiales réunies formaient le mot anglais CABAL

[3] La littérature de la Restauration anglaise est la littérature britannique produite de 1660 à 1689 en Angleterre, en Écosse, au Pays de Galles et en Irlande. L’expression fait référence à un ensemble d’œuvres au style relativement homogène, écrites dans le contexte de la Restauration anglaise et de l’avènement de Charles II d’Angleterre, à la suite de la disparition d’Oliver Cromwell. La période, qui correspond notamment à la fin de la dynastie des Stuarts, donna naissance à des écrits passionnés, souvent extrêmes ou aux antipodes les uns des autres.

[4] La première révolution anglaise, également appelée Grande Rébellion, se déroule de 1642 à 1651 sous le règne de Charles 1er. Cette révolution a pour conséquence le jugement puis l’exécution du roi Charles 1er le 30 janvier 1649 à Whitehall près de Westminster. La monarchie est abolie et une République, appelée Commonwealth d’Angleterre, est instaurée avec Oliver Cromwell à sa tête. Cette révolution marquante pour l’Angleterre et l’Europe est une étape cruciale dans la transformation du pouvoir royal anglais, qui s’oriente progressivement vers une monarchie constitutionnelle.

[5] Kingston upon Thames est l’agglomération principale du district londonien de Kingston upon Thames, au sud-ouest de Londres. Ancien bourg où étaient traditionnellement couronnés les rois saxons, c’est maintenant une banlieue située à 16 km au sud-ouest de Charing Cross. Il constitue l’un des principaux centres urbains indiqués sur le plan de Londres.

[6] Le très noble ordre de la Jarretière (Most Noble Order of the Garter) est le plus élevé des ordres de chevalerie britanniques, fondé le 23 avril 1348 le jour de la Saint Georges, en pleine guerre de Cent Ans, par le roi Édouard III

[7] Le très honorable Conseil privé de Sa Majesté ou, plus généralement, le Conseil privé, est l’organe légalement chargé de conseiller le monarque du Royaume-Uni. Le pouvoir du roi lorsqu’il agit sur le conseil du Conseil privé est appelé « roi en conseil » (King-in-Council). Il s’agit notamment des fonctions relevant de la prérogative royale et de la publication de décrets en conseil ou chartes royales. De nos jours, ces fonctions sont exercées par le cabinet, qui est un comité du Conseil privé.

[8] Le presbytérianisme est une forme du protestantisme calviniste qui s’est développée en Écosse puis, notamment, en Irlande du Nord et aux États-Unis. Les bases théologiques et ecclésiales en sont communes avec les églises réformées, mais l’usage a consacré le terme presbytérien pour désigner les églises, essentiellement anglophones, qui se situent dans une tradition héritée de l’Église d’Écosse. Les calvinistes anglais, qui sont généralement appelés puritains, sont pour la plupart restés au sein de l’Église d’Angleterre, qui conserve une confession de foi calviniste, la Confession de foi de Westminster, exceptés ceux qui ont voulu rendre l’Église totalement indépendante de l’État, qui sont devenus les congrégationalistes (aussi appelés independents ou non-conformistes). Les efforts missionnaires très importants des presbytériens ont conduit à la création de nombreuses Églises presbytériennes dans le monde.

[9] La tour de Londres est une forteresse historique située sur la rive nord de la Tamise à Londres en Angleterre à côté de Tower bridge. La tour se trouve dans le district londonien de Tower Hamlets situé à l’est de la Cité de Londres dans un espace appelé Tower Hill. Sa construction commença vers la fin de l’année 1066 dans le cadre de la conquête normande de l’Angleterre. La tour Blanche qui donna son nom à l’ensemble du château, fut construite sur l’ordre de Guillaume le Conquérant en 1078 et fut considérée comme un symbole de l’oppression infligée à Londres par la classe dirigeante. Le château fut utilisé comme prison dès 1100. Il servait également de grand palais et de résidence royale.

[10] Douvres est une ville côtière et portuaire du comté du Kent, dans le Sud-est de l’Angleterre. Elle est située au bord de la Manche, à 35 km des côtes françaises et du cap Gris-Nez. C’est donc la ville du Royaume-Uni la plus proche de la France.

[11] La Deuxième Guerre anglo-néerlandaise, opposant le royaume d’Angleterre et les Provinces-Unies, se déroula de 1665 à 1667. Elle faisait suite à la Première Guerre anglo-néerlandaise, qui s’était conclue par une victoire britannique. Tout comme la première, la deuxième guerre anglo-néerlandaise avait pour principal enjeu la maîtrise des principales routes commerciales maritimes, sur lesquelles la Hollande exerçait alors une nette domination.

[12] Helmsley est un village et une paroisse civile du Yorkshire du Nord, en Angleterre. Il est situé sur la rivière Rye, à l’est de Thirsk et à l’ouest de Pickering.

[13] Le Yorkshire est un comté traditionnel d’Angleterre. Ce comté, le plus vaste du Royaume-Uni, est administrativement divisé entre quatre comtés cérémoniaux : le Yorkshire du Nord, le Yorkshire de l’Ouest, le Yorkshire du Sud et le Yorkshire de l’Est. Malgré cela, le Yorkshire est toujours considéré comme une entité culturelle et géographique unique.

[14] L’abbaye de Westminster est l’un des édifices religieux les plus célèbres de Londres. Sa construction date pour l’essentiel du 13ème siècle, sous Henri III. C’est le lieu de sépulture d’une partie des rois et reines d’Angleterre et aussi des hommes et des femmes célèbres. Le « Coin des poètes » fait honneur aux écrivains du royaume. La quasi-totalité des couronnements des monarques anglais a eu lieu dans cette abbaye. Le vrai nom de l’abbatiale est église collégiale Saint-Pierre. Westminster signifie « abbaye de l’ouest » car celle-ci se situait à l’ouest de la City (en opposition à Eastminster, monastère cistercien qui se trouvait à l’est, au-delà de la tour de Londres, sur le site de l’actuel Royal Mint).

[15] Cliveden est un château de style italien se trouvant à proximité du village de Taplow dans le comté de Buckinghamshire en Angleterre.

[16] Le comté de Buckinghamshire est un comté du Sud-Est de l’Angleterre. Il est situé au nord-ouest du Grand Londres et jouxte également le Berkshire, l’Oxfordshire, le Northamptonshire, le Bedfordshire et le Hertfordshire. Son chef-lieu est Aylesbury. Le Buckinghamshire est divisé en quatre districts : Aylesbury Vale, Chiltern, South Bucks et Wycombe.