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Vairotsana ou Vairotsana de Pagor

jeudi 2 novembre 2023, par lucien jallamion

Vairotsana ou Vairotsana de Pagor

Traducteur tibétain

Yogi [1] accompli, contemporain du roi Trisong Detsen, qui régna de 755 à 797.

Vairotsana est un des 25 principaux disciples de Padmasambhava. Sur une prédiction de ce dernier, le roi le trouva à Pagor, et le garçon de 8 ans exprimait déjà la plus subtile compréhension, étant l’incarnation d’un bodhisattva [2] de la dixième terre [3].

Il fut l’un des 7 premiers moines ordonnés par Shantarakshita. Il apprit le sanskrit de sorte qu’il put être envoyé à 15 ans auprès de Shri Singha, et connut 16 épreuves durant le périlleux périple vers l’Inde. Il rencontra cependant de nombreux maîtres dont il reçut les enseignements et qui lui indiquèrent le chemin vers l’énigmatique Dhahena*, où résidait Shri Singha.

Shri Singha lui transmit, rare privilège, l’enseignement complet de l’Atiyoga [4]. Il lui enseignait de nuit, dans le plus grand secret, parce que d’importants bris de serment tantrique avait été commis, empêchant la propagation de sa lignée en Inde. De jour, il recevait les enseignements tantriques dualistes des autres érudits.

Avant de retourner au Tibet [5], à force d’ingéniosité et de siddhis, Vairotsana dut ravir les soutras et tantras souillés qui avaient été cachés et scellées à Bodhgaya [6]. Il s’ensuivit une poursuite, les coursiers de l’université de Nalanda [7] pourchassant Vairotsana. Celui-ci su cependant s’allier un de ces coursiers, ainsi que plusieurs gardes-frontières, par le charisme de sa réalisation et de ses enseignements.

Vairotsana retourna enfin au Tibet à l’âge de 57 ans, soit un périple indien de 42 ans. Il entreprit alors son énorme tâche de traduction de soutras et tantras, dont aussi des traités de médecine et d’astrologie. De jour il enseignait le tantrisme [8], et de nuit, en secret, il enseignait l’atiyoga au roi... Cependant, grâce à la conjonction des amours déçues de la reine Margyen envers lui, des manœuvres de discrédit des autorités de Bodhgaya, et des luttes d’influence de divers ministres, il fut contraint à l’exil, le roi ayant déjà tenté une première fois de prétendre le noyer, alors qu’il lui avait substitué un mendiant...

Bien que la reine se fut repentie, Vairo dut se rendre à Tsawarong, un pays limitrophe du Tibet. Chemin faisant, il fut escorté par tous ceux qui lui restaient fidèles, et en profita pour donner de nombreux enseignements.

Croyant qu’il s’agissait d’un espion, les gens de Tsawa le retinrent prisonnier et lui infligèrent des tortures desquelles il restait détaché, épuisant ainsi d’anciens karmas [9]. Voyant cela la reine Dru, ainsi que le roi et ses sujets, s’excusèrent puis lui rendirent hommage, particulièrement le prince Yudra Nyingpo qui devint son principal disciple. Celui-ci avait entendu et mémorisé les tantras que Vairotsana récitait alors qu’il était prisonnier dans sa fosse. Yudra le supplia ardemment, et Vairotsana l’accepta en lui imposant 9 ans d’ardues conditions visant à l’aguerrir et le purifier. Il fut notamment envoyé en ambassade au Tibet, auprès de Vimalamitra et du roi.

Entre-temps, Trisong Detsen avait invité Vimalamitra à sa cour pour remplacer Vairo, mais le roi mourut avant son arrivée. Vimalamitra avait aussi reçu l’enseignement complet de Shri Singha et réalisé les plus hauts accomplissements. Le conflit appréhendé des deux yogis n’eut donc pas lieu, et, après des démonstrations de siddhis, ceux-ci coopérèrent à compléter l’œuvre de Vairotsana. Tous deux initièrent d’excellents disciples. Quant au nouveau roi, son orgueil dut être rabaissé avant qu’il ne puisse recevoir les meilleurs enseignements des deux maîtres.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Vairotsana/ Portail du Tibet/ Catégories  : Yogi du bouddhisme tibétain/ Dzogchen/ Philosophe bouddhiste/ Philosophe tibétain

Notes

[1] Ascète hindou qui pratique le yoga

[2] Bodhisattva, est un terme sanskrit qui désigne dans le bouddhisme hinayana un bouddha avant que celui-ci ait atteint l’éveil. Il désigne celui qui a formé le vœu de suivre le chemin indiqué par le bouddha Shakyamuni, a pris le refuge auprès des trois joyaux (Bouddha, Dharma et Sangha) et respecte strictement les disciplines destinées aux bodhisattvas, pour aider d’abord les autres êtres sensibles à s’éveiller, retardant sa propre libération par compassion.

[3] Les terres de bodhisattva ou boumis (bhūmi), terme du bouddhisme, correspondent à dix étapes que les bodhisattvas doivent passer sur le chemin de l’éveil. Elles sont décrites dans le Daśabhūmikasūtra.

[4] Le Dzogchen « grande plénitude », « grande perfection » ou « grande complétude », est un ensemble d’enseignements et de techniques d’éveil spirituel du bouddhisme tibétain, basé sur des transmissions à l’origine ésotériques des courants bön (qui n’est cependant pas un courant bouddhiste), nyingmapa, et Drikung Kagyu, et adopté à titre personnel par de nombreux maîtres d’autres lignées comme les 5ème, 13ème et 14ème dalaï-lama ; il a aussi inspiré le 3ème Karmapa. Il est également connu sous le nom d’ati-yoga (yoga extraordinaire) ou Mahā-ati.

[5] Le Tibet est une région de plateau située au nord de l’Himalaya en Asie, habitée traditionnellement par les Tibétains et d’autres groupes ethniques (Monbas, Qiang et Lhobas) et comportant également une population importante de Hans et de Huis. Le Tibet est le plateau habité le plus élevé de la planète, avec une altitude moyenne de 4 900 m. Au 7ème siècle, le Tibet unifié est fondé par Songtsen Gampo, qui crée par la guerre un vaste et puissant empire, qui, à son apogée, s’étend sur une bonne partie de l’Asie y compris certaines parties de la Chine

[6] Bodhgaya, est une ville indienne située dans l’État du Bihar, à une centaine de kilomètres au sud de Patna. La ville est célèbre pour être le lieu où Siddharta Gautama a atteint l’illumination et l’état de Bouddha. À ce titre, le site est considéré comme l’un des quatre lieux saints du bouddhisme.

[7] Nālandā est une ville de l’État du Bihar, en Inde du nord, près du Népal, ancien siège d’un important centre universitaire bouddhiste, comptant à son apogée jusqu’à 10 000 moines. L’université de Nâlandâ fut un centre majeur de la pensée indienne, dont l’influence s’étendit sur une grande partie de l’Asie : Asie centrale, Himalaya, Asie du Sud-Est, Chine et Japon

[8] Le tantrisme, terme inventé au 19ème siècle en Occident et dérivé du mot tantra, désigne un ensemble de textes, de doctrines, de rituels et de méthodes initiatiques qui ont pénétré de façon diffuse la plupart des branches de l’hindouisme (y compris le jaïnisme). Sa définition exacte et son origine historique restent un sujet de discussion parmi les spécialistes. Il s’exprime à travers des pratiques yogiques et des rites, se basant sur des textes ou tantras révélés, selon la légende, par Shiva Lui-même spécialement pour l’homme déchu du dernier âge (kali yuga), selon la cosmologie de l’hindouisme. À partir du 6ème siècle, on rencontre des cultes tantriques dans les écoles shivaïtes ou shaktistes, dans le bouddhisme mahâyâna (pratiqué principalement en Chine, Corée, Japon et Viêt Nam) et dans le bouddhisme vajrayāna (bouddhisme adamantin ou bouddhisme de diamant, aussi nommé bouddhisme tantrique) pratiqué principalement au Tibet, en Mongolie et au Japon.

[9] Karma ou karman ou kamma en pali, est l’action sous toutes ses formes, puis dans un sens plus religieux l’action rituelle. C’est aussi une notion désignant communément le cycle des causes et des conséquences liées à l’existence des êtres sensibles. Il est alors la somme de ce qu’un individu a fait, est en train de faire ou fera. Dans les religions orientales ayant adopté le concept de renaissance (parfois nommée réincarnation ou transmigration), lié au fait que les êtres renaissent en fonction de la nature et de la qualité de leurs actes dans cette vie-ci, mais aussi dans d’autres vies qui se sont déroulées antérieurement. Ainsi tout acte (karma) induit des effets censés se répercuter sur les différentes vies d’un individu, formant ainsi sa destinée