Juan de Portugal (vers 1349-vers 1396)
Duc de Valence de Campos
Fils du roi Pierre 1er de Portugal et de Inés de Castro, Don Juan et l’un des prétendants à la couronne portugaise lors de la crise de 1383-1385 [1].
Comme son frère Dionisio ou Denys de Portugal et plus tard sa sœur Béatrice de Portugal (1347-1381) , il était l’un des nombreux nobles et membres de la royauté portugaise qui se sont exilés en Castille [2] pendant le règne de Fernand 1er ou Ferdinand 1er de Portugal dit le Beau.
À son arrivée en Castille en 1376, le roi Jean 1er de Castille lui accorda plusieurs lieux d’habitation. Il revient au Portugal en 1379 dans le but d’épouser sa nièce Beatriz de Portugal, fille de son demi-frère, Fernand, soutenue par ceux qui préféraient un candidat portugais comme mari à Beatriz.
Finalement il retourna en Castille en 1380 où sa sœur, la comtesse de Alburquerque après son mariage avec Sanche de Castille , intercéda auprès du roi Jean 1er qui lui donna le manoir de Valence de Campos [3], le manoir de Manzanares el Real et après la bataille d’Aljubarrota [4] en 1385, le manoir d’Alba de Tormes pour compenser la perte de Manzanares [5]. Le roi de Castille a épousé sa demi-sœur, Constance Enriquez, fille illégitime d’Enrique de Trastámare dit Henri II de Castille.
Le roi Ferdinand 1er de Portugal, décédé le 22 octobre 1383, avait fait en sorte que le trône passe au fils de sa fille Béatrice avec le roi Juan 1er de Castille.
Mais après la mort du roi Ferdinand 1er de Portugal en 1383, le petit Juan fut fait prisonnier à la fin du mois d’octobre de la même année à l’Alcazar de Tolède [6] parce qu’il a semblé que certains portugais voulaient le prendre comme roi, avant sa femme Doña Beatriz. il est resté emprisonné jusqu’à 1385 après la bataille de Aljubarrota, ou jusqu’à 1387.
Le roi Juan de Castilla envahit le Portugal en 1383 en invoquant le iuri uxori qui n’était pas envisagé dans le traité mais faisait face à la résistance du maître de l’ordre d’Avis [7]. Les tribunaux portugais se sont réunis au printemps 1385 et ils ont déclaré que Beatriz n’était pas une fille légitime. Certains de ceux qui se sont rendus devant ces tribunaux étaient d’avis que les fils d’Inés de Castro pourraient assurer une continuité dynastique
Ensuite, un événement unique s’est produit dans l’histoire de la monarchie portugaise avec la reconnaissance du fait que le trône était libre. Personne n’avait le droit de hériter et le peuple était libre de choisir un nouveau souverain, par l’intermédiaire de leurs représentants, sans se préoccuper des droits de l’homme et avis des règles d’héritage. Le capitaine d’Avís obtint la majorité des voix dans cette cour. Ce fut la seule fois dans l’histoire du Portugal que le roi était élu et qu’un bâtard pu monter sur le trône.
L’année de sa mort n’est pas connue avec certitude. Cela pourrait être après 1393 et avant 1397, lorsque son frère Dionisio a reçu le soutien du parti légitimiste du Portugal. Un an plus tôt, le 19 septembre 1396, le roi Henri III de Castille confirma le comté de Valencia de Don Juan aux filles de l’enfant, María et Beatriz.
Comme tous les fils d’Inés de Castro, il a été enterré hors du Portugal et ses restes reposent au monastère de San Esteban [8] de l’ordre des prêcheurs [9] de la ville de Salamanque [10].
Notes
[1] La crise (ou interrègne) de 1383-1385 est un conflit dynastique entre le Portugal et le royaume de Castille, qui déclenche une période de guerre entre ces deux royaumes. Cela a commencé avec la mort du roi Ferdinand Ier du Portugal, qui n’avait pas d’héritiers mâles.1La période se termine avec l’accession au trône de Jean Ier de Portugal, en avril 1385, quelques mois avant la bataille d’Aljubarrota, donnant naissance à la dynastie des Avis.
[2] Le royaume de Castille est un ancien royaume du Moyen Âge qui trouve ses origines au nord de la péninsule Ibérique, dans l’actuelle Espagne. À la fin du Moyen Âge, le royaume de Castille s’étend depuis le golfe de Gascogne au nord jusqu’à l’Andalousie au sud et comprend la majeure partie du centre de la péninsule Ibérique. En 1037, date à laquelle Ferdinand 1er fonde le Royaume uni de Castille et León. En 1058, Ferdinand est à l’origine d’une série de guerres contre les Maures, se lançant à la conquête de ce qui allait devenir la Nouvelle-Castille (bataille d’Alarcos et bataille de Las Navas de Tolosa). La région s’agrandit particulièrement sous le règne d’Alphonse VI (1065-1109) et d’Alphonse VII (1126-1157). Sous Alphonse X, la vie culturelle du royaume se développe, mais une longue période de conflits internes suit. En 1469, le mariage de Ferdinand II d’Aragon (plus tard Ferdinand V de Castille) et d’Isabelle 1ère de Castille initie l’union des royaumes d’Aragon et de Castille et, par la suite, de l’ensemble de l’Espagne.
[3] Valencia de Don Juan est une commune d’Espagne, dans la province de León, communauté autonome de Castille-et-León. Il est situé entre la vallée de la rivière Esla et l’Oteros.
[4] La bataille d’Aljubarrota opposa le Royaume du Portugal à la Couronne de Castille, qui eut lieu en fin d’après-midi du 14 août 1385 entre les troupes portugaises et anglaises sous le commandement de Jean 1er de Portugal et de son connétable Nuno Álvares Pereira, avec le soutien des alliés anglais, et l’armée castillane de Jean 1er de Castille., dont faisait partie la majorité de la noblesse portugaise, et qui avait ses alliés aragonais, italiens et français. La bataille a eu lieu dans le champ de San Jorge dans les environs de la ville d’Aljubarrota, entre les villes de Lería et Alcobasa dans le centre du Portugal.
[5] Manzanares el Real est une municipalité et une localité espagnole de la Communauté de Madrid. Située au pied de la Sierra de Guadarrama, se dresse La Pedriza, où l’escalade et la randonnée sont pratiquées. Parmi son patrimoine se trouve le château de la Mendoza, en bon état.
[6] L’Alcázar de Tolède ou Real Alcázar de Toledo est une fortification civile et militaire, située dans l’une des parties les plus élevées de la ville espagnole de Tolède. C’est un grand bâtiment quadrangulaire de 60 mètres de chaque côté, encadré par quatre grandes tours de 60 mètres de haut, chacune couronnée par la flèche d’ardoise typique de Madrid. Sa situation privilégiée en a fait un lieu d’une grande valeur stratégique et cela a été deviné par les différents peuples qui s’y sont installés. Son nom est dû à l’un de ces dominateurs : les Arabes, qui étaient ceux qui l’appelaient « Al Qasar » qui signifie « forteresse ». Utilisé comme palais romain au 3ème siècle, il a été restauré sous le règne de Charles 1er et de son fils Philippe II dans les années 1540.
[7] L’ordre de Saint-Benoît d’Avis était un ordre militaire médiéval du Royaume du Portugal. Fondé en 1166 sous le nom d’Ordre de Saint-Benoît d’Évora, dès la conquête de la ville d’Avis en 1211, l’ordre a été rebaptisé Ordre d’Avis.
[8] Le couvent de San Esteban est un couvent dominicain situé dans la ville de Salamanque, sur la Plaza del Concilio de Trento.
[9] L’ordre des Prêcheurs ou des Frères Prêcheurs, plus connu sous le nom d’ordre dominicain, est un ordre catholique né sous l’impulsion de saint Dominique en 1215. Il appartient, comme l’ordre des Frères mineurs ou franciscains, à la catégorie des ordres mendiants. Suivant la règle de saint Augustin, ainsi que ses propres Constitutions, en partie inspirées de celles des prémontrés, il s’est donné pour mission l’apostolat et la contemplation. Les dominicains sont des religieux mais pas des moines : ils ont la particularité de ne prononcer qu’un seul vœu, celui d’obéissance, dans les mains du maître de l’ordre (ou de son représentant), les vœux de pauvreté et de chasteté étant implicitement inclus. Ils ne font, par contre, pas vœu de stabilité comme les moines. Ils vivent dans des couvents et non dans des monastères. Leur vocation étant de prêcher, leurs couvents sont souvent situés dans de grandes villes.
[10] Salamanque est une commune d’Espagne, dans la province de Salamanque, communauté autonome de Castille-et-León. Elle est situé dans la région de Campo de Salamanca, au milieu du plateau septentrional, dans le quadrant nord-ouest de la péninsule ibérique. Les origines de la ville remontent à environ 2700 ans, au cours du premier âge du fer, lorsque les premiers colons de la ville se sont installés sur la colline de San Vicente, sur les rives des Tormes. Depuis lors, la métropole a vu le passage de divers peuples : Vacceans, Vetones, Romains, Wisigoths et musulmans. Raymond de Bourgogne, gendre du roi Alphonse VI de León, fut chargé de repeupler la ville au Moyen Âge et de jeter les bases de l’actuelle Salamanque. Salamanque abrite la plus ancienne université active d’Espagne,
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