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Alphonse d’Aragon et de Foix ou Alphonse IV le Vieux de Ribagorce

vendredi 7 juillet 2023, par ljallamion

Alphonse d’Aragon et de Foix ou Alphonse IV le Vieux de Ribagorce (1332-1412)

Comte de Denia en 1355-Comte de Ribagorce en 1361-Marquis de Villena en 1366-Duc de Gandie en 1399-Premier connétable de Castille

Fils aîné du comte de Ribagorce [1] Pierre IV et de Jeanne de Foix. Lié à la famille royale d’Aragon, puisqu’il était le petit-fils de Jacques II et cousin dePierre IV le Cérémonieux.

Il fut aussi candidat à la Couronne d’Aragon [2], qu’il revendiquait en tant que descendant en ligne directe du roi Jacques II d’Aragon, à la suite de la crise de succession déclenchée par la mort sans descendance de Martin 1er et de l’interrègne, qui est résolu par le compromis de Caspe [3], bien que sa mort immédiate ait reporté le fardeau de la candidature sur son frère Jean d’Aragon et de Foix.

En 1355, il épouse Yolande Díaz Jiménez, baronne Arenós, qui lui donne rapidement plusieurs fils. En 1360, son père, veuf, décide de se retirer dans le couvent Saint-François à Valence [4]. Alphonse est investi comme comte de Denia dans la chapelle du pape à Avignon [5], par son cousin, le roi d’Aragon Pierre IV.

En 1356 débute la guerre des Deux Pierre [6], qui oppose le cousin d’Alphonse, le roi d’Aragon Pierre IV, au roi de Castille [7], Pierre 1er. En 1366, placé à la tête des forces royales aragonaises, il dirige les défenses valenciennes au sud du Júcar [8]. Il est ensuite chargé de la défense de Valence contre les forces de Castille. Plus tard, il est envoyé défendre la frontière aragonaise contre Louis de Navarre, fils du roi de Navarre, Philippe III.

En 1366, quand se déclenche la guerre civile castillane, qui oppose Pierre 1er à Henri de Trastamare, Alphonse porte secours au deuxième. Pierre IV le place à la tête des forces aragonaises venues portées secours à Henri de Trastamare afin de détrôner Pierre 1er. Pour cela, Alphonse reçoit le marquisat de Villena [9] en 1366.

En 1367, il participe à la bataille de Nájera [10], où il tombe aux mains des troupes anglaises venues soutenir Pierre 1er. Il est cédé au connétable de Guyenne [11] Jean Chandos, qui le garde captif et exige 150 000 doublons pour sa libération. Alphonse est finalement libéré après avoir laissé ses 2 fils Pierre et Alphonse comme otages de Gaston Fébus et du Prince noir. Afin de réunir la somme prévue pour sa rançon et lever un impôt extraordinaire, il effectue un recensement dans le comté de Ribagorce. L’ensemble est compilé dans “les Focs y morabatins de Ribagorza”, compilés entre 1381 et 1385 par José Camarena Mahiques.

À la mort du roi de Castille, Henri de Trastamare, il garde la faveur de son fils, Jean 1er. Celui-ci lui octroie en 1382 le titre de connétable de Castille [12]. Il rencontre pourtant l’hostilité de la noblesse castillane, qui n’accepte pas les faveurs dont il jouit. Lorsqu’il meurt en 1390, Jean 1er laisse la régence du royaume et l’éducation de son fils, Henri III, à la charge de 5 nobles castillans et d’Alphonse. Mais comme celui-ci ne s’entend pas avec les autres Castillans, il est rapidement écarté et déchu en 1391 de sa charge de connétable et de son titre de marquis de Villena.

Alphonse est également un bâtisseur. Il ordonne la construction du monastère Saint-Jérôme de Cotalba [13] en 1388. Il fait également agrandir le palais ducal de Gandie [14]. Il est également à l’origine de la reconstruction du château et de l’église de Benabarre.

En 1396 s’ouvre la difficile succession du roi d’Aragon, Jean 1er. Il a eu 12 enfants, mais seulement deux filles lui ont survécu, dont Jeanne, mariée au comte de Foix [15] et vicomte de Béarn [16], Mathieu de Foix-Castelbon . Avec l’aide de Jean duc de Berry, Mathieu de Castelbon conteste le trône d’Aragon à Martin 1er, frère de Jean 1er, choisi comme roi par les Cortes d’Aragon [17]. Alphonse est envoyé dans les Pyrénées afin de combattre les forces françaises qui envahissent le nord du royaume.

Sous le règne de Martin 1er, Alphonse conserve une position prestigieuse. Il participe en 1398 aux Cortes de Saragosse [18] et assiste, l’année suivante, au couronnement du monarque. Il obtient l’élévation de son comté de Gandie au rang de duché.

À la mort de Martin 1er, il manifeste ses prétentions et réclame pour lui la couronne d’Aragon. Il reçoit un temps l’appui des anti-urgellistes, qui s’opposent à son principal rival, le comte d’Urgell [19] Jacques II. Mais il n’apparaît pas comme suffisamment fort et perd ses soutiens au profit du candidat castillan, Ferdinand de Trastamare.

Le 5 mars 1412, Alphonse s’éteint dans son château de Gandie, avant même le résultat du compromis de Caspe. Son frère, le comte de Prades [20] Jean, reprend ses prétentions à la couronne aragonaise. Il est enterré dans la collégiale Sainte-Marie de Gandie [21].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Luis Suárez Fernández, Historia de España Antigua y media, Ediciones Rialp, vol.1, 1976, p. 318 (ISBN 84-32118826)

Notes

[1] Le comté de Ribagorce était l’un des anciens comtés pyrénéens formés au Moyen Âge au début de la Reconquista. Il était limité par la haute vallée de l’Ésera à l’ouest, son principal affluent l’Isabena, et par la Noguera Ribagorzana à l’est. Son histoire est liée au comté, puis royaume d’Aragon, auquel il fut définitivement rattaché à partir du 11ème siècle. Les limites de ce comté correspondent aujourd’hui à l’actuelle comarque aragonaise de Ribagorce.

[2] Le royaume d’Aragon est une entité politique du nord-est de la péninsule Ibérique, née en 1035 de l’union des comtés d’Aragon, du Sobrarbe et de la Ribagorce et disparue en 1707 avec son intégration au sein du royaume d’Espagne par les décrets de Nueva Planta.

[3] Le Compromis de Caspe en 1412 désigne l’importante réunion à Caspe, dans le royaume d’Aragon, de neuf notables, trois représentant les États d’Aragon, trois de Valence et trois de Catalogne, dans le but de choisir lequel des prétendants à la Couronne d’Aragon succéderait au roi Martin 1er l’Humain, mort sans descendance en 1410. Les trois États de la Couronne d’Aragon s’étaient engagés à respecter la décision des neuf notables. C’est le noble castillan Ferdinand de Trastamare, aussi appelé Ferdinand d’Antequera, qui fut choisi, au détriment principalement du comte d’Urgell Jacques II1. Le compromis de Caspe mit fin à un interrègne agité, avec la lutte entre les différents prétendants, l’invasion des États de la Couronne aragonaise par les armées de Castille et les interventions extérieures comme celles du pape Benoît XIII.

[4] Valence ou Valencia en espagnol est une ville d’Espagne, située dans l’est du pays sur la côte méditerranéenne. Fondée en 138 av. jc par le consul romain Decimus Junius Brutus Callaicus sous le nom de Valentia Edetanorum, Valence devient, au Moyen Âge, la capitale du royaume de Valence.

[5] Avignon est une ville du Sud de la France, située au confluent du Rhône et de la Durance. Surnommée la « cité des papes » en raison de la présence des papes de 1309 à 1423, elle est actuellement la plus grande ville et la préfecture du département de Vaucluse. C’est l’une des rares villes françaises à avoir conservé ses remparts et son centre historique, composé du palais des papes, de l’ensemble épiscopal, du rocher des Doms et du pont d’Avignon.

[6] La guerre des Deux Pierre est un conflit entrecoupé de trêves plus ou moins longues, opposant de 1356 à 1375, la couronne d’Aragon à celle de Castille et, à travers elles, Pierre Ier de Castille et Pierre IV d’Aragon. Cette guerre est un aspect d’un conflit plus vaste, la première guerre civile de Castille, qui a pour enjeu le trône de Castille, revendiqué par le bâtard Henri de Trastamare, et l’équilibre géopolitique de l’époque, dans le conflit qui oppose le roi de France et le roi d’Angleterre. La guerre se découpe en deux périodes : un premier conflit entre la couronne d’Aragon et la couronne de Castille de 1356 à 1361, conclu par la paix de Terrer, et un second conflit de 1366 à 1369, où Pierre IV d’Aragon se trouve dans le camp des Français et d’Henri de Trastamare, s’achevant par la paix d’Almazán.

[7] Le royaume de Castille est un ancien royaume du Moyen Âge qui trouve ses origines au nord de la péninsule Ibérique, dans l’actuelle Espagne. À la fin du Moyen Âge, le royaume de Castille s’étend depuis le golfe de Gascogne au nord jusqu’à l’Andalousie au sud et comprend la majeure partie du centre de la péninsule Ibérique. En 1037, date à laquelle Ferdinand 1er fonde le Royaume uni de Castille et León. En 1058, Ferdinand est à l’origine d’une série de guerres contre les Maures, se lançant à la conquête de ce qui allait devenir la Nouvelle-Castille (bataille d’Alarcos et bataille de Las Navas de Tolosa). La région s’agrandit particulièrement sous le règne d’Alphonse VI (1065-1109) et d’Alphonse VII (1126-1157). Sous Alphonse X, la vie culturelle du royaume se développe, mais une longue période de conflits internes suit. En 1469, le mariage de Ferdinand II d’Aragon (plus tard Ferdinand V de Castille) et d’Isabelle 1ère de Castille initie l’union des royaumes d’Aragon et de Castille et, par la suite, de l’ensemble de l’Espagne.

[8] Le Júcar est un fleuve d’Espagne qui prend sa source dans la Sierra de Tragacete, dans la province de Cuenca et se jette dans la mer Méditerranée à Cullera dans la province de Valence.

[9] Le marquisat de Villena est un titre de noblesse espagnol créé en Espagne au 14ème siècle. Le premier marquis de Villena était Alfonso d’Aragon , et un marquis notable était Juan Manuel Fernández Pacheco, fondateur de l’ Académie royale espagnole

[10] La bataille de Nájera eut lieu le 3 avril 1367, pendant la première guerre civile de Castille. En application du traité de Libourne signé avec Pierre le Cruel et Charles le Mauvais, le Prince Noir pénètre par la Navarre en Castille avec son armée et la certitude de remporter la victoire sur les troupes franco-castillanes. Bertrand Du Guesclin possède l’expérience nécessaire pour vaincre le Prince Noir : il l’avait combattu à plusieurs reprises, il connaît parfaitement la valeur des tactiques employées par le prince de Galles. De plus se trouve à ses côtés Arnoul d’Audrehem, qui participa à la bataille de Poitiers où il fut fait prisonnier.

[11] La Guyenne est une ancienne province, située dans le sud-ouest de la France. Ses limites ont fluctué au cours de l’histoire sur une partie des territoires des régions françaises Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Portant le titre de duché, la Guyenne avait pour capitale Bordeaux. Son nom est apparu au 13ème siècle en remplacement du terme d’« Aquitaine ». Sous l’Ancien régime, la Guyenne était l’une des plus grandes provinces de France et regroupait divers pays et provinces plus petites comme le Périgord, l’Agenais, le Quercy et le Rouergue. Le terme de « Guyenne propre » correspondait à la région de Bordeaux, également appelée le Bordelais. La Guyenne était couramment associée avec la Gascogne dont la capitale était Auch et qui regroupait notamment l’Armagnac, le Bigorre, le Labourd, la Soule et le Comminges. Guyenne et Gascogne partageaient ainsi le même gouvernement général militaire.

[12] ’était un titre créé par Jean 1er , roi de Castille en 1382, pour remplacer le titre Alférez Mayor del Reino . Le connétable était la deuxième personne au pouvoir dans le royaume, après le roi, et sa responsabilité était de commander l’armée en l’absence du dirigeant. En 1473 Henri IV de Castille en a fait un titre héréditaire pour la famille Velasco et les Ducs de Frías . Après ces changements, le titre a cessé d’avoir des connotations militaires ou administratives, et était simplement un titre honorifique.

[13] Le monastère de Saint-Jérôme de Cotalba est un bâtiment conventuel de style gothique valencien, múdejar, renaissance, baroque et néoclassique, bâti entre le 14 et le18ème siècle, qui se trouve sur le territoire communal d’Alfahuir, dans la province de Valence de la Communauté valencienne en Espagne. Le monastère est situé à 8 km de Gandia, dans la vallée de la rivière Vernissa, dans la comarque de la Safor. Historiquement, il fait partie de l’ancien territoire du Château de Palma, situé au sommet de la colline qui fait face au monastère. Il est actuellement sur le territoire de la commune d’Alfauir.

[14] Le palais ducal de Gandia est un des monuments les plus emblématiques de Gandia. Il est situé dans la vieille enceinte qui entoure la ville médiévale. Il s’agit d’un bâtiment construit autour d’une grande cour centrale, d’où part un escalier à deux volées.

[15] Le comté de Foix est à l’origine un territoire du comté de Carcassonne détaché par le comte Roger Ier le Vieux en faveur de son fils cadet Bernard-Roger.

[16] Le Béarn situé au pied des Pyrénées, est un ancien État souverain puis une ancienne province française à la suite de son rattachement à la couronne royale en 1620. L’histoire du Béarn est traversée de personnages illustres comme Gaston Fébus, Henri d’Albret et Henri IV. Ce petit État sut garder son indépendance pendant plusieurs siècles aux côtés de ses puissants voisins français, espagnols et anglais.

[17] Dans les pays de la péninsule Ibérique (Espagne et Portugal), les Cortes ou Cortès sont les assemblées des états et royaumes, de même qu’il y a des Cortes de Castille, d’Aragon, de Valence, etc. Elles sont convoquées par le roi. Au Moyen Âge, on trouve en Espagne les Cortes de León réunies par le roi Alphonse IX dans le cloître de la basilique de San Isidoro de León avec des représentants des trois états, la noblesse, le clergé et les représentants des villes. Elles sont considérées comme l’un des premiers parlements en Europe. En Castille, dès le début de l’ère moderne, les Cortes ne réunissent plus que des représentants (procuradores) de 18 villes du royaume, chargés d’accorder la levée des impôts. En Aragon, ce sont les Cortes qui reçoivent du roi le serment de respect des fueros et qui le reconnaissent ensuite comme leur souverain. Elles sont dissoutes le 28 août 1982.

[18] Saragosse est une ville espagnole, capitale de la province du même nom et de l’Aragon. Saragosse est située sur l’Èbre à mi-chemin entre Madrid et Barcelone, environ 300 kilomètres de chacune d’elles, et à 340 kilomètres de Valence. Un important traité fut signé à Saragosse (traité de Saragosse) en 1529 entre Espagnols et Portugais pour le partage des découvertes du Nouveau Monde.

[19] Le comté d’Urgell est un ancien comté catalan de la marche hispanique du royaume franc carolingien, qui se forme entre 785 et 790 pour lutter contre les musulmans qui avaient conquis l’Espagne et les Pyrénées. La région est alors rattachée au comté de Toulouse. Le comté d’Urgell fut créé, à l’époque carolingienne, au sein du Royaume franc. Sa capitale était initialement Castellciutat puis, à compter de 1105, Balaguer. Le noyau de ce comté était La Seu d’Urgell. Les comtes d’Urgell sont mentionnés pour la première fois en 981.

[20] Le comté des Montagnes de Prades, ou plus simplement comté de Prades est un comté catalan, créé en 1324 par le roi d’Aragon Jacques II, en faveur de son fils, Raymond Bérenger. Le titre comtal appartient aujourd’hui à Victoria de Hohenlohe-Langenburg, héritière de la maison de Medinaceli.

[21] Le collégiale Sainte-Marie est un édifice religieux à Gandia, en Espagne. Il constitue un exemple de l’architecture gothique valencienne des 14 et 15ème siècles.