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Abd al-Rahman ibn Habib al-Fihri

mercredi 28 juin 2023, par lucien jallamion

Abd al-Rahman ibn Habib al-Fihri (mort en 755)

Émir d’Ifriqiya de 747 à 755

Aristocrate arabe Qurayshite [1] de la famille des Fihrides [2] ou Oqbides. Son cousin, Yusuf ibn ’Abd al-Rahman al Fihri pris la tête de l’émirat d’al-Andalus [3]

Son père, Habib ibn Abi Obeida était un général, conquérant du Souss [4], qui participa en 740 à une expédition maritime vers la Sicile [5]. Après un débarquement réussi et une rapide réédition de Syracuse [6] après un bref siège, la ville accepte de payer un tribut.

Mais l’éclatement de la Grande Révolte Berbère [7] au Maghreb force Abd al-Rahman et son père a un retour précipité de leurs armées pour se joindre aux forces envoyées réprimer le soulèvement. Les arabes sont cependant vaincus par les Berbères à la Bataille de Bagdoura [8] près du Sebou en 741. Son père, Habib ibn Abi Obeida al-Fihri, est tué sur le champ de bataille, tandis qu’Abd al-Rahman échappe de justesse et s’enfuit vers l’Espagne avec le reste de l’armée arabe.

Arrivé en Espagne, Abd al-Rahman s’implique dans le conflit qui né immédiatement après le débarquement de l’armée arabe défaite entre les commandants de cette dernière et le Gouverneur d’Espagne Abd al-Malik ibn Qatan al-Fihri.

Abd al-Rahman participe alors à la Bataille de Aqua Portora en août 740, et il blesse mortellement le commandant Balj ibn Bishr al-Qushayri.

À la suite de la bataille, Abd al-Rahman tente de se mettre en avant comme candidat potentiel pour remplacer le Gouverneur, mais Abu al-Khattar ibn Dirar al-Kalbi est envoyé en 743 par le Gouverneur d’Ifriqyia [9] Handhala ibn Safwan al-Kalbi pour gouverner l’Andalousie, et parvient à pacifier la situation.

Abd al-Rahman se voit donc contraint de renoncer à ses ambitions andalouses, et se dirige vers l’Ifriqiya elle-même.

Il est probable qu’Abd al-Rahman ait commencé par servir le Gouverneur Handhala ibn Safwan al-Kalbià à des postes militaires, et plus particulièrement au commandement de la garnison militaire de la Tunisie.

À la fin de l’année 744, dans la tourmente causée par la mort du Calif Omeyyade [10] Hisham, Abd al-Rahman assemble une petite force à Tunis et se proclame Émir d’Ifriqiya. Bien qu’exhorté à écraser l’usurpateur, le Gouverneur Handhala ibn Safwan al-Kalbi décide d’éviter l’effusion de sang, considérant que seule la guerre contre les infidèles et les hérétiques pouvait la justifier.

Il envoya alors à Abd al-Rahman une députation composée des personnalités prééminentes de la ville de Kairouan [11] et des chefs de tribus pour l’exhorter à mettre fin à l’usurpation. Profitant de cette initiative, Abd al-Rahman se saisit des membres de la députation et menace les habitants de Kairouan de les exécuter s’il n’était pas fait droit à ses demandes. Handhala ibn Safwan al-Kalbi, pris au piège, consent à retourner à Damas [12] en février 745, laissant ainsi Abd al-Rahman maître de Kairouan et de toute l’Ifriqiya.

Abd al-Rahman ibn Habib est parvenu au pouvoir essentiellement grâce au soutien de la haute caste militaire arabe locale dont il était la figure de proue, crainte et méprisée par le reste de la population. En effet, leur avidité et leurs ambitions avait longtemps été tenues en échec par les gouverneurs envoyés par les Califes Omeyyades. Mais le lien hiérarchique entre Abd al-Rahman et Damas ayant été interrompu, la haute noblesse arabe de Kairouan s’attendait à être autorisé à donner libre cours à leur appétit par leur nouvel Emir.

Leurs espérances furent cependant vite déçues, lorsqu’ils comprirent qu’Abd al-Rahman voulait un pays à gouverner, et n’était pas prêt à le voir fragmenté et remis à l’avidité d’une noblesse féodale. Ainsi, Abd al-Rahman s’aliéna toutes les factions d’Ifriqiya, les nobles arabes et le peuple et pour affirmer son pouvoir, il se tourna vers ses biens les plus précieux : sa ruse et sa famille, les Fihrids, qui et lui permettront d’écraser patiemment et impitoyablement chaque révolte une à une.

En effet, à peine Abd al-Rahman installé dans la ville de Kairouan en 745, des révoltes tantôt arabes et tantôt berbères éclatent dans toute l’Ifriqiya. Tunis se révolta sous le commandement de Orwa ibn ez-Zobeir es-Sadefi. Tabinas* se révolta sous le commandement de Ibn el Attaf-Azdi. Béja* est prise par le rebelle berbère sanhaja Thabit al-Sanhaji.

Pour mâter ces révoltes, Abd al-Rahman confia 600 cavaliers a son frère, Ilyas ibn Habib al-Fihri , qu’il avait nommé Wali [13] de Tripolitaine [14].

Ibn el Attaf-Azd, voyant l’armée d’Ilyas al-Fihri se rapprocher puis s’éloigner en direction de Tunis, décida de la poursuivre de façon qu’elle soit prise en tenaille entre ses propres forces et celles Orwa ibn ez-Zobeir es-Sadefi défendant Tunis. Arrivé à l’endroit convenu, Ilyas al-Fihri reçoit alors l’ordre de Abd al-Rahman de faire faire demi tour à ses cavaliers, et d’attaquer de front l’armée de Ibn el Attaf-Azd dont l’armée s’était lancée à sa poursuite, en ordre dispersé. C’est ainsi que le 10 septembre 747, Iliyas massacra l’armée rebelle de Tabinas. Iliyas reçu cependant un second ordre, lui ordonnant de se précipiter sur Tunis, la garnison de la ville menée par Orwa ibn ez-Zobeir es-Sadefi s’attendant à voir arriver l’armée d’Ibn el Attaf-Azd dont il ne savait pas qu’elle avait été écrasée. Orwa ibn ez-Zobeir es-Sadefi fut défait et tué dans sa fuite.

Mais la menace la plus sérieuse provenait de Tripolitaine, région où Abd al-Rahmane avait nommé Wali son frère Ilyas ibn Habib al-Fihri . En effet ce dernier échoue, en 747, à mâter la révolte ibadit [15].

Les Ibadites, inspirés par le succès de leurs frères à Hadramut [16] et à Oman [17], se révoltèrent sous la conduite de leur imam al-Harith, et s’emparent d’une grande partie de la Tripolitaine [18]. Abd al-Rahman envoie ainsi en 748 une armée mâter la révolte ibadite et reconquérir la Tripolitaine, poussant ainsi les adeptes du ibadisme au sud dans le Djebel Nafusa [19].

Du côté de l’Espagne, une révolte avait renversé en 745 le Gouverneur d’Andalousie Abou al-Khattar ibn Dirar al-Kalbi menant à une nouvelle guerre civile entre les Syriens junds* et les Arabes andalou. Après avoir mâté les révoltes en Ifriqiya, Abd al-Rahman décida alors d’intervenir dans le conflit ibérique et d’envoyer une armée rétablir l’ordre en Andalousie. Il en profita alors pour mettre en avant son cousin Yusuf ibn ’Abd al-Rahman comme potentiel successeur au Gouvernorat d’Andalousie, poste auquel il fut installé en 747.

Mais l’ouest du Maghreb [20], le Maroc et l’est de l’Algérie restèrent hors de la portée d’Abd al-Rahman. En effet, depuis la Révolte Berbère de 740, la région avait sombré dans l’anarchie tribale et le territoire était fragmenté entre des tribus Berbères indépendantes. Les tribus berbères Masmuda établirent ainsi en 744 un État indépendant et, la Confédération Berghwata [21] devait adopté un nouveau "prophète" et des croyances syncrétistes. Les tentatives d’Abd al-Rahman d’y imposer sa domination échouèrent toutes.

En 752, se sentant peut-être pour la première fois confiant dans sa domination de l’Ifriqiya, il envoie par mer une armée vers la Sicile, espérant peut être finir l’invasion auquel il avait participé avec son père en 740. Mais trouvant l’île trop bien protégée, l’expédition se résuma à quelques raids effectués sur les côtes siciliennes.

Abd al-Rahman tenta également de réparer ses relations avec Damas. Après maintes tractations, il parvint à obtenir sa confirmation dans ses fonctions par le Calife Omeyyade Marwan II.

L’année 750 voit les armées Omeyyades défaites par les Abbassides [22], et l’Égypte tomber aux mains de ces derniers. Le dernier Calife Omeyyade Marwan II est capturé et tué la même année.

Malgré l’allégeance morale d’Abd al-Rahman envers le nouveau Califat Abbasside, il accueille en grand nombre les membres du clan Omeyyade, traqués par les Abbassides, espérant nouer ainsi des alliances avec ces princes.

Mais peu de temps après l’arrivée de ces réfugiés princiers, ceux-ci devinrent le centre des conspirations menées par les factions des familles arabes nobles de l’Ifriqiya. Craignant la concurrence de ces princes Abd al-Rahman changea de comportement envers les Ommeyades.

En 755, découvrant ce qu’il croyait être un complot impliquant les deux princes Ommeyades, cousins de sa belle sœur, qu’il avait nommé à de hautes fonctions, il ordonna leur exécution. Il s’aliéna ainsi son frère et sa femme, le parti des familles arabes nobles de Kairouan et celui des Ommeyades.

De son côté, un des princes Omeyyades qui avait trouvé refuge en Ifriqiya, Abd al-Rahman ibn Mu’awiya ibn Hisham petit-fils du Calife Omeyyade Hisham fui les persécutions organisées par Abd al-Rahman al-Fihri contre sa famille et se réfugie dans l’arrière pays Kabyle parmi les berbères Nafza dont sa mère était issue.

Plus tard en 755, après la mort de Abd al-Rahman, ce prince arrivera en Andalousie où il déposera Yusuf ibn ’Abd al-Rahman et fondera ainsi l’émirat Omeyyade de Cordoue en 756.

À la suite de la défaite des Omeyyade et de la prise de l’Égypte par les Abbassides en 750, et espérant voir le chaos dans l’est du monde musulman lui permettre de se tailler un État pleinement indépendant en Ifriqiya, Abd al-Rahman avait cherché tout d’abord un accord avec les Abbassides et avait accepté de se soumettre à leur autorité morale. Il a été ainsi successivement confirmé dans ses fonctions par les deux premiers califes abbassides.

Mais les exigences des Abbassides de voir Abd al-Rahman leur payer un tribut le poussèrent bientôt à la révolte. En 755, Il ordonne que la prière du vendredi ne soit plus faite au nom des Califes Abbassides, et brûle publiquement en Chair la robe noire officielle des représentants locaux des Califes Abbassides.

C’est dans ce contexte qu’Abd al-rahman ibn Habib perd le soutien d’un levier essentiel de son pouvoir : sa famille. En effet, les relations avec son frère Iliyas Ibn Habib al-Fihri se sont distendues depuis l’exécution des princes Omeyyades parents de sa femme, qui le pousse à la vengeance.

Apprenant l’existence de ce complot, Abd al-Rahman ordonne à son frère Iliyas ibn Habib de s’éloigner et de se rendre à Tunis.

Prétextant alors venir dans ses quartiers personnels pour lui faire leurs adieux, Iliyas et son autre frère, Abd el-Wârith ibn Habib, poignardent Abd al-Rahman dans le dos pendant qu’il jouait avec ses enfants.

Son gouvernement en Ifrîkiyya aura duré 10 ans et 7 mois. Les assassins firent alors fermer les portes du palais pour s’emparer du fils de Abd al-Rahman, Habib Ibn Abd al-Rahman, mais celui-ci pu s’enfuir à Tunis auprès de son oncle paternel l‘Imrân ibn Habîb.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Abd al-Rahman ibn Habib al-Fihri/ Portail du Maghreb/ Catégories  : Fihrides

Notes

[1] Les Quraychites, sont les descendants de Quraysh. Ils appartiennent au groupe des Arabes adnanites qui se disaient descendants d’Adnan et par lui d’Ismaël. Les plus farouches adversaires de Mahomet se sont recrutés parmi les Quraychites. Un de ses oncles Abû Lahab qui fait l’objet de la condamnation divine dans la sourate CXI. Un autre adversaire déclaré est Abû Sufyân qui se convertit à l’islam au moment de la prise de la Mecque par les troupes musulmanes. Son fils Mu`âwîya sera le premier calife héréditaire, fondateur de la dynastie Omeyyade. Le 15 mars 624, le clan mecquois des Quraychites, qui avait contraint Mahomet à l’exil vers Médine deux ans auparavant, est défait par la petite troupe de Mahomet à la bataille de Badr, première bataille victorieuse de l’islam, devenue mythique.

[2] Le terme Fihrides se rapporte à une famille d’aristocrates arabes issus du clan quraychite des Banu Fihr. Cette famille s’installa dès le 7ème siècle en Ifriqiya et à al-Andalus, à la suite d’Oqba ibn Nafii al-Fihri, où elle joua un rôle de premier plan notamment jusqu’à la fin du 8ème siècle. Dans l’histoire, cette famille fut appelée de différentes manières, toutes destinées soit à rappeler leur filiation avec Oqba ibn Nafi al-Fihri, soit à rappeler leur origine quraychite : Banu Fihr, Oqbides, Banu al-jad (dans ce dernier cas, en référence à l’aïeul commun avec le prophète Mahomet, Kaâb Ibn Manaf). Les descendants de cette famille se retrouvent aujourd’hui au Maroc sous le nom de kafhali ou Fassi Fihri ou El-Fassi et en Tunisie sous le nom de Fihri.

[3] Al-Andalus est le terme qui désigne l’ensemble des territoires de la péninsule Ibérique et de la Septimanie qui furent sous domination musulmane de 711 (premier débarquement) à 1492 (chute de Grenade). L’Andalousie actuelle, qui en tire son nom, n’en constitua longtemps qu’une petite partie. La conquête et la domination du pays par les Maures furent aussi rapides qu’imprévues et correspondirent à l’essor du monde musulman. Al-Andalus devint alors un foyer de haute culture au sein de l’Europe médiévale, attirant un grand nombre de savants et ouvrant ainsi une période de riche épanouissement culturel

[4] Le Souss est une région historique et géographique du Maroc, qui constitue une partie de la région administrative de Souss-Massa-Draa. Le Souss est une région amazighophone du Sud-Ouest du Maroc, dont la capitale est Agadir. Les autres villes importantes sont Inezgane, Tiznit, Tafraout, Taroudant, Taghazout, Aït Melloul, Biougra, Aït Baha, Sidi Ifni, Bouizakarne. Un bassin très bien irrigué a fait du Souss l’une des régions les plus fertiles du Maroc pendant des siècles, connue depuis au moins le 11ème siècle pour la culture et l’exportation du sucre. La région connut un règne indépendant des Almohades sous l’égide des Ben Yedder entre 1252 et 1354. L’âge d’or du Souss se situe aux alentours du 17ème siècle pendant l’ère du royaume de Tazeroualt, quand la région entière a bénéficié de l’autonomie et a profité de l’exploitation commerciale du transport de l’or saharien et de la vente du sucre aux commerçants portugais, hollandais et anglais. Le commerce extérieur, à cette époque, se faisait à partir de la baie d’Agadir, située à 10 km au nord de l’embouchure de l’oued Souss.

[5] La Sicile est la plus grande île méditerranéenne. Avec une superficie de 25 708 km², c’est la région la plus étendue de l’Italie et son territoire est constitué de neuf anciennes provinces à leur tour partagées en 390 municipalités. Elle est également la seule région italienne à compter 2 des 10 villes les plus peuplées du pays : Palerme et Catane. Son chef-lieu est Palerme.

[6] Syracuse fut fondée au 8ème siècle av. jc par des colons grecs venant de Corinthe. Elle est aujourd’hui la principale ville de la province de Syracuse. Cicéron la présenta comme la plus grande et la plus belle des villes grecques.

[7] La grande révolte berbère de 739/740 à 743, s’est déroulée durant le règne du calife omeyyade Hicham ibn Abd al-Malik et marque la première sécession réussie du califat omeyyade. Échaudés par des prédicateurs puritains kharijites, les berbères se révoltent contre leurs gouverneurs arabes omeyyades qui leur impose le régime du dhimmi qui se traduit notamment par l’imposition de lourdes taxes. La révolte est d’abord menée par Maysara, un chef berbère de la tribu des Imteghren, dans l’actuel Maroc, duquel les Omeyyades sont rapidement expulsés, puis se répand dans le reste du Maghreb et à travers le détroit de Gibraltar à al-Andalus. Les Omeyyades ont cependant réussi à empêcher le cœur de l’Ifriqiya (actuelle Tunisie, est-algérien et ouest-libyen) et d’al-Andalus (actuelle péninsule ibérique) de tomber entre les mains des rebelles. Mais le reste du Maghreb n’a jamais été récupéré. Après avoir échoué à s’emparer de Kairouan, les armées rebelles berbères se sont dissoutes et le Maghreb occidental s’est fragmenté en une série de petits états berbères indépendants, dirigés par des chefs tribaux et des imams kharijites.

[8] La bataille de Bagdoura, est une confrontation lors de la grande révolte berbère, qui se déroule en octobre ou novembre 741. Elle fait suite à la bataille des nobles de l’année précédente, et se conclut par une victoire partielle des Berbères sur les Arabes, à la rivière Sebou (près de l’actuelle ville de Fès, au Maroc). La bataille mettra en difficulté l’emprise du califat omeyyade sur le Maghreb al-Aqsa (actuel Maroc), et le retrait des forces syriennes d’élite à al-Andalus qui en résulte aura des implications pour la stabilité d’al-Andalus

[9] L’Ifriqiya représente une partie du territoire de l’Afrique du Nord de la période du Moyen Âge occidental, qui correspond à la province d’Afrique dans l’Antiquité tardive. elle était située dans le Maghreb el-Adna (Maghreb oriental). Le territoire de l’Ifriqiya correspond aujourd’hui à la Tunisie, à l’est du Constantinois (nord-est de l’Algérie) et à la Tripolitaine (nord-ouest de la Libye). C’est sous ce nom que ce territoire est connu au moment de l’arrivée des Arabes musulmans et de la résistance qui leur est opposée par les populations berbères partisanes des religions libyque, chrétienne ou juive. Le continent africain, dont la partie nord-ouest, seule connue, était autrefois nommée « Libye » par Hérodote, tire donc son nom de cette dénomination que les Romains imposèrent par leur conquête.

[10] Les Omeyyades, ou Umayyades sont une dynastie arabe de califes qui gouvernent le monde musulman de 661 à 750. Ils tiennent leur nom de leur ancêtre Umayya ibn Abd Shams, grand-oncle de Mahomet. Ils sont originaires de la tribu de Quraych, qui domine La Mecque au temps de Mahomet. À la suite de la guerre civile ayant opposé principalement Muʿāwiyah ibn ʾAbī Sufyān, gouverneur de Syrie, au calife ʿAlī ibn ʾAbī Ṭalib, et après l’assassinat de ce dernier, Muʿāwiyah fonde le Califat omeyyade en prenant Damas comme capitale, faisant de la Syrie la base d’un Califat qui fait suite au Califat bien guidé et qui devient, au fil des conquêtes, le plus grand État musulman de l’Histoire.

[11] Kairouan, dont le nom signifie étymologiquement « campement », est une ville du centre de la Tunisie et le chef-lieu du gouvernorat du même nom. Elle se situe à 150 kilomètres au sud-ouest de Tunis et cinquante kilomètres à l’ouest de Sousse. Elle est souvent considérée comme la quatrième ville sainte de l’islam. Jusqu’au 11ème siècle, la ville a été un important centre islamique de l’Afrique du Nord musulmane, l’Ifriqiya. Avec sa médina et ses marchés organisés par corporations à la mode orientale, ses mosquées et autres édifices religieux

[12] Damas est l’une des plus anciennes villes continuellement habitées. Elle est aussi la ville la plus peuplée de la grande Syrie (Assyrie) (des traces archéologiques remontent au 4ème millénaire av. jc). Elle est citée dans la Bible, dans le livre de la Genèse, et plusieurs fois dans les Livres des Rois et des Prophètes. Damas connut l’influence de nombreuses civilisations dont celles des Assyriens, Perses, Grecs, Séleucides, Romains, Arabes et Turcs. De la fin du 12ème siècle av. jc à 734 av. jc, elle est la capitale du royaume d’Aram-Damas. Elle fut l’un des berceaux du christianisme et vit saint Paul prononcer ses premières prédications, notamment dans la maison d’Ananie, où celui-ci a ouvert une église domestique dès l’année 37. Cette dernière est la plus vieille de Syrie (aujourd’hui dans le quartier chrétien de Bab Touma). En 635, Damas se soumit aux musulmans et devint la capitale de la dynastie des Omeyyades de 661 à 750. Avec l’adoption de la langue arabe, elle devint le centre culturel et administratif de l’empire musulman durant près d’un siècle. Par la suite, elle demeura un foyer culturel majeur et un pôle économique de premier plan profitant de sa situation géographique privilégiée, à la croisée des chemins de La Mecque, l’Afrique, l’Anatolie, la mer Méditerranée et l’Asie (route de la soie en direction de la Chine et du commerce des épices avec l’Inde).

[13] Wali. C’est le titre que portaient au Moyen Âge les gouverneurs arabes de al-Andalus, ainsi que ceux de la Sicile avant l’instauration de l’émirat.

[14] La Tripolitaine est une région historique de la Libye dont le nom, qui signifie « trois villes » en grec ancien, vient de Oea, Leptis Magna et Sabratha, les trois villes les plus importantes de la région depuis l’Antiquité. La Tripolitaine a ensuite donné son nom à Tripoli, appellation moderne d’Oea.

[15] une secte puritaine Kharijites qui avait acquis de plus en plus de soutien dans les villes de Djerba et de Tripoli, et parmi les Berbères des contrées environnantes

[16] L’Hadramaout est la région orientale désertique du Yémen, dans le sud de la péninsule arabique, ouverte sur le golfe d’Aden, frontalière du Rub al-Khali, et de la région du Dhofar (Oman). Cette région est administrativement le gouvernorat de l’Hadramaout, entre ceux de Chabwa et de Mahra.

[17] Le sultanat d’Oman est un pays du Moyen-Orient, au sud de la péninsule d’Arabie, sur les bords du golfe d’Oman et de la mer d’Arabie.

[18] entre Gabès et Syrte

[19] Le djebel Nefoussa, est un massif montagneux situé dans le Nord-Ouest de la Libye, à proximité de la Tunisie, peuplé des Infusen, une communauté berbère de confession musulmane ibadite.

[20] Le Maghreb est une région située en Afrique du Nord, partie occidentale du monde arabe correspondant à l’espace culturel arabo-berbère, comprise entre la mer Méditerranée, la bande sahélienne et l’Égypte (non compris dans les limites).

[21] Les Berghouatas (également Barghwata ou Barghawata) sont un groupe de tribus berbères sur la côte atlantique du Maroc, appartenant à la confédération Masmouda. Après s’être alliés avec la révolte berbère sufrite kharijite au Maroc contre le califat omeyyade en 739/740, ils établissent un État indépendant (744-1058) dans la région du Tamesna, sur la côte atlantique entre Safi et Salé, sous la direction de Tarif al-Matghari.

[22] Les Abbassides sont une dynastie arabe musulmane qui règne sur le califat abbasside de 750 à 1258. Le fondateur de la dynastie, Abû al-Abbâs As-Saffah, est un descendant d’un oncle de Mahomet, Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib. Proclamé calife en 749, il met un terme au règne des Omeyyades en remportant une victoire décisive sur Marwan II à la bataille du Grand Zab, le 25 janvier 750. Après avoir atteint son apogée sous Hâroun ar-Rachîd, la puissance politique des Abbassides diminue, et ils finissent par n’exercer qu’un rôle purement religieux sous la tutelle des Bouyides au 10ème siècle, puis des Seldjoukides au 11ème siècle. Après la prise de Bagdad par les Mongols en 1258, une branche de la famille s’installe au Caire, où elle conserve le titre de calife sous la tutelle des sultans mamelouks jusqu’à la conquête de l’Égypte par l’Empire ottoman, en 1517.