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Gundomar

lundi 26 juin 2023, par lucien jallamion

Gundomar

Roi wisigoth d’Hispanie et de Septimanie de 610 à 612

Duc de la Septimanie [1], il monte sur le trône après l’assassinat du roi Wittéric au printemps 610. Dès son avènement, Gundomar mène une expédition contre les Vascons [2] qu’il vainc et refoule dans leurs montagnes.

À son retour dans la capitale wisigothe [3], il assemble le 23 octobre de la même année les évêques de la Carthaginoise [4] et tient avec eux un concile dans lequel sont rendus plusieurs canons que le roi ratifie et signe. Lors de ce concile, ils reconnaissent notamment l’évêque de Tolède [5] pour leur métropolitain.

En politique étrangère Gundomar s’allie, comme son prédécesseur Wittéric, aux rois francs Clotaire II et Thibert II, respectivement rois de Neustrie [6] et d’Austrasie [7], contre le roi de Burgondie [8] Thierry II.

Cependant, pour une raison inconnue, une rupture survient rapidement entre eux, au point que dans les négociations qui suivirent, Thibert II garda près de lui comme prisonniers les envoyés du roi wisigoth.

Gundomar les fit réclamer par le duc de la Septimanie, Bulgar , qui s’empara en même temps en Gaule de deux villes cédées naguère par Récarède à la reine Brunehaut, Jubiniacum [9] et Cornelianum [10].

En 611, les Byzantins [11] firent quelques irruptions sur le territoire des Wisigoths. Gundomar marcha contre eux mais ceux-ci ne se sentant pas assez forts pour tenir en rase campagne, se retranchèrent dans leur camp ; le roi les y attaqua et en fit un grand massacre qui leur ôta pour longtemps la volonté de recommencer.

Au retour de cette expédition, il convoqua encore un concile, tomba malade et mourut à Tolède en février ou mars 612 après un court règne de 2 ans.

Selon la Chronica regum Wisigotthorum [12], Gundomar régna 1 an, 10 mois et 14 jours.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Roger Collins, Visigothic Spain, 409–711. Blackwell Publishing, 2004.

Notes

[1] Le mot Septimanie apparaît au 5ème siècle dans une lettre de Sidoine Apollinaire pour désigner une partie du sud de la Gaule, correspondant peut-être plus ou moins aux 7 provinces du diocèse de Vienne : Aquitaine première, Aquitaine seconde, Novempopulanie, Narbonnaise, Viennoise, Alpes-Maritimes, par opposition aux 10 provinces constituant le diocèse des Gaules. Par la suite, après la conquête de l’Aquitaine par Clovis, le mot est utilisé, en particulier à l’époque carolingienne, pour désigner la partie de la Gaule restée jusqu’au début du 8ème siècle aux mains des Wisigoths, occupée par les Musulmans Omeyyades d’Al-Andalus avant d’être reconquise par les Francs en 759. Elle correspond approximativement à la partie occidentale de l’ancienne province romaine de Gaule narbonnaise. Elle est alors aussi appelée "Gothie".

[2] Les Vascons était le nom donné par les Romains durant l’Antiquité au peuple de la Péninsule Ibérique dont le territoire s’étendait au 1er siècle av. jc entre le cours supérieur de la rivière Èbre et sur le versant péninsulaire des Pyrénées occidentales, une région qui correspond à l’époque contemporaine à la quasi-totalité de la Navarre, les aires du nord-ouest de l’Aragon, du nord-est et du centre de La Rioja1 et du nord-est de Guipuscoa. Les Vascons, qui atteignirent un degré élevé d’intégration dans le monde romain, particulièrement dans les plaines, le long des rives de la rivière Èbre et dans les aires autour des cités romaines de Pompaelo et Oiasso, peuplèrent la région la plus au Nord et la plus montagneuse, connue comme le Vasconum Saltus, pendant la crise économique et sociale qui accompagna la décomposition de l’Imperium et la pression causée par les invasions barbares des peuples germaniques et slaves au début du 5ème siècle. Ils entrèrent par la suite en conflit à diverses occasions avec les royaumes des Wisigoths et des Francs qui sont installés sur les deux versants des Pyrénées. Après l’invasion musulmane de la péninsule ibérique au début du 8ème siècle, qui a abouti à la dissolution du Royaume wisigoth et au retrait partiel des gouverneurs francs au nord de l’Aquitaine, les descendants des Vascons, qui avaient adopté le christianisme durant le Bas Empire romain, se réorganisèrent vers le 9ème siècle autour des entités féodales du duché de Vasconie en Gascogne et de celle du royaume de Pampelune. Cette dernière entité donnera naissance durant le Moyen Âge au Royaume de Navarre.

[3] Tolède est une ville qui se trouve dans le centre de l’Espagne, capitale de la province du même nom et de la communauté autonome de Castille-La Manche. Lors des Grandes invasions du 5ème siècle qui ravagèrent un Empire romain d’Occident déclinant, Tolède est pillée à plusieurs reprises par les Barbares (Vandales, Suèves et Alains) qui ont envahi la péninsule Ibérique à partir de l’an 409. À partir du milieu du 6ème siècle, Tolède devient la capitale des Wisigoths, devenus les nouveaux maîtres d’une grande partie de la péninsule. Au début du 8ème siècle, lors de la conquête musulmane de l’Espagne, le dernier souverain wisigoth, Rodrigue, est battu par le conquérant arabe Tariq ibn Ziyad à la bataille de Guadalete en 711. Tolède tombe aux mains des musulmans en 712. À partir de là, la ville fait partie du Califat omeyyade, puis de l’Émirat de Cordoue (755–929), et enfin du Califat de Cordoue. Le 25 mai 1085, en pleine Reconquista, les chrétiens dirigés par le roi Alphonse VI de Castille reprennent Tolède aux musulmans.

[4] Le Carthaginois ou la Carthaginoise est une province romaine couvrant le centre et le sud-est de l’Hispanie dont la capitale est Carthago Nova (aujourd’hui Carthagène). Son territoire couvre la région actuelle de Murcie, l’est de l’Andalousie, une bonne partie de la Castille et de la Communauté valencienne. Ses territoires font à l’origine partie de la Tarraconaise, province elle-même issue de l’extension à l’intérieur de la péninsule de l’Hispanie citérieure. La Carthaginoise était alors un des conventus iuridici (sous-divisions administratives et judiciaires de la province) de la Tarraconaise.

[5] L’archidiocèse de Tolède est une église particulière de l’Église catholique en Espagne. Son siège est la cathédrale Santa María de Tolède.

[6] Royaume franc qui couvrait le nord-ouest de la France actuelle, et avait pour capitale Soissons. Néanmoins, il semble que le terme de Neustrie ne soit apparu qu’un siècle après la création du royaume. La Neustrie avait été créée lors du partage qui suivit la mort de Clovis 1er, en 511, et revint à Clotaire 1er, qui, au terme de son long règne de 50 ans, avait réussi à reconstituer le royaume de son père. Elle fut le 2ème grand royaume franc né lors des partages successoraux mérovingiens à partir des territoires conquis sur Syagrius. Son aire géographique était limitée par la Loire au sud, l’océan Atlantique et la Basse-Bretagne à l’ouest, et la Champagne à l’est. Elle s’étendait jusqu’en Flandre au nord.

[7] L’Austrasie désignait durant la période mérovingienne un royaume franc couvrant le nord-est de la France actuelle, les bassins de la Meuse et de la Moselle, jusqu’aux bassins moyen et inférieur du Rhin. La capitale en fut d’abord Reims, puis Metz. Les habitants de l’Austrasie étaient les Austrasiens. Ce royaume est apparu à la mort de Clovis en 511, lorsque le territoire de celui-ci est partagé entre ses fils. Berceau de la dynastie carolingienne, l’Austrasie disparaît en 751 avec le dernier roi mérovingien pour être intégrée dans le grand royaume franc que réunirent Pépin le Bref et Charlemagne.

[8] Le royaume de Bourgogne était un royaume mérovingien puis carolingien qui a existé de 534 à 843. Le traité de Verdun de 843 divise la Bourgogne en deux grandes entités territoriales : une Bourgogne franque à l’ouest (futur duché), et une Bourgogne impériale à l’est dans laquelle se trouve notamment le comté de Bourgogne (Franche-Comté), la Bourgogne transjurane (Suisse occidentale, nord de la Savoie et Val d’Aoste), la Bourgogne cisjurane et le comté de Provence.

[9] Juvignac est une commune française située dans l’est du département de l’Hérault, à l’ouest de Montpellier. En 799, Juvignac est reconnue chef-lieu de fisc carolingien. Donnée à l’archevêque de Narbonne en 893 par Charles le Simple, la terre devient seigneurie en 898. Construit en 1150, le pont sur la Mosson, visible à l’entrée de la ville, se situe sur le chemin d’Arles et la route de Saint-Jacques-de-Compostelle.

[10] Corneilhan est une commune française située dans le sud du département de l’Hérault.

[11] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[12] chronique des rois wisigoths