La seconde bataille de Stockach eut lieu à Stockach, le 12 floréal de l’an VIII [1], entre l’armée française commandée par Claude Jacques Lecourbe et l’armée autrichienne commandée par le prince Joseph-Marie de Lorraine-Vaudémont et se solda par une victoire française.
Pendant ces opérations, qui ne s’exécutèrent qu’assez lentement, Paul Kray , de son coté, ordonna divers mouvements et concentra, le 2 mai, une grande partie de ses troupes vers Engen [2], dans le but de gagner le lendemain les hauteurs de Stokach [3] pour y combattre avec des forces réunies, ou protéger au moins l’évacuation de ses magasins, rassemblés assez imprudemment sur les points les plus avancés de la ligne.
Le général autrichien, quoique surpris, en quelque sorte, par les manœuvres de son adversaire dont il n’avait pas d’abord compris le but, avait néanmoins réuni dans la position d’Engen une masse énorme d’environ 45 000 soldats autrichiens.
On ne conçoit pas comment avec ces forces il ne profita point de la lenteur des mouvements de Moreau et des passages successifs du Rhin [4], par les divers corps de l’armée française, pour attaquer ces corps et les écraser séparément.
Moreau, tirant habilement parti de l’erreur où la première manœuvre de Sainte-Susanne avait jeté son ennemi, résolut de l’attaquer avant que l’aile droite impériale que Starray ramenait par la haute vallée du Neckar [5] l’eût rejoint, et d’empêcher ainsi un changement de front en arrière.
Ce changement aurait eu pour résultat de rétablir la ligne de bataille des autrichiens, en affermissant leur gauche dans la position de Stokach.
Le général français se proposait de tourner cette aile gauche pour la séparer du lac de Constance [6] et s’établir sur la ligne d’Engen à Stokach, où se trouvaient les magasins ennemis.
Lecourbe, qui avait quitté, le 2 mai, Hohentweil et s’était rapproché de Stokach, devait être chargé de cette dernière opération, pendant que Moreau, avec la réserve, se porterait lui-même de front sur Engen, et que Saint-Cyr marcherait sur la droite de cette position.
Le 3 mai, au point du jour, Lecourbe se mit en marche sur 3 colonnes et assailli Stokach, que défendait avec 12 000 hommes le prince Vaudémont de Lorraine. Dominique René Vandamme , à la droite, tourna la position par Bodman [7] et Walwhies. Au centre, Montrichard , accompagné de la réserve de cavalerie du général Étienne Marie Antoine Champion de Nansouty , marcha directement sur Stokach au pas de charge par la chaussée de Singen [8].
Jean Thomas Guillaume Lorge , à la gauche partagea sa colonne en 2 sections : l’une qu’il conduisit lui-même, alla renforcer le corps de Moreau, alors en mouvement sur Engen ; l’autre, aux ordres du général François Goullus , remonta le vallon de l’Aach [9] pour couper entre Engen et Stokach la communication avec Kray.
L’avant-garde de Vaudémont, postée au débouché des bois près de Walwhies et Bodman, fut attaquée la première, et presque aussitôt rejetée sur le corps de bataille déployé en avant de Stokach et couvert par une ligne de cavalerie que Nansouty fit plier après une charge brillante.
Les français étaient plus nombreux, mais l’excellente position de l’artillerie ennemie retarda longtemps la défaite des autrichiens ; enfin une vigoureuse attaque de Molitor permit à Vandamme de déborder la position et de menacer la ligne de retraite.
L’ennemi en fut intimidé. Montrichard, profitant de ce moment d’indécision, attaqua le centre et le fit plier. Ce mouvement, soutenu par une charge de cavalerie de Nansouty, détermina la défaite autrichienne.
Presque toute l’infanterie autrichienne mit bas les armes . Le prince de Lorraine, dont la retraite sur Engen, était coupée par le mouvement de la brigade Goullu, s’enfuit pas les routes de Moeskirsh [10] et de Pfullendrof [11], abandonnant aux français 4000 prisonniers, 8 canons, 500 chevaux et des magasins contenant des approvisionnements de toute espèce.