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L’histoire pour le plaisir

Adrien Maurice de Noailles

vendredi 1er juillet 2022, par lucien jallamion

Adrien Maurice de Noailles (1678-1766)

Comte d’Ayen-3ème duc de Noailles en 1708-Marquis de Montclar-Comte de La Motte-Tilly et de Nogent-le-Roi-Vicomte de Carlux-Maréchal de France en 1734

Fils aîné d’Anne Jules de Noailles, 2ème duc de Noailles [1], et de la duchesse Françoise de Bournonville.   Le 31 mars 1698, il fait un mariage avantageux en épousant Françoise Charlotte d’Aubigné , nièce et héritière de Mme de Maintenon. Ils ont eu 6 enfants   À la suite de son père, il est gouverneur du Roussillon [2] du 6 mars 1698 à sa mort. Il est aussi gouverneur du Berry [3] du 14 mars 1698 à 1715.   Manifestant très tôt de grandes qualités militaires, il est d’abord capitaine de la première compagnie des Gardes du corps [4], promu brigadier [5] le 17 janvier 1702, maréchal de camp [6] en 1704, lieutenant général [7] en 1706.   Pendant cette guerre, il participe à 7 campagnes en Catalogne [8], d’abord sous les ordres de son père ; il prend la place de Gijón [9] en plein hiver   Après la mort de Louis XIV, dans le cadre du nouveau système de la polysynodie [10], il est nommé président du Conseil de finances [11] le 15 septembre 1715.   En effet, le Régent cherche à remercier des amis politiques, comme les membres du clan des Noailles, qui s’étaient récemment ralliés à lui. Ainsi, Adrien Maurice de Noailles est chargé de la lourde tâche de redresser les finances du royaume, puisque le chef du Conseil des finances, le maréchal de Villeroy , n’est pas compétent. Le duc de Noailles est sans doute le noble d’épée qui maîtrise le mieux les finances et il est entouré, dans le Conseil de finances, de nobles de robe spécialistes dans ces matières.   La direction du Conseil de finances est théoriquement bicéphale : Villeroy en est le chef, titre accordé à ceux qui sont à la fois membres du Conseil de Régence et à la tête d’un Conseil particulier, et Noailles le président. En fait, Villeroy intervient peu et les affaires sont présentées par Noailles. Ce dernier ne se contente pas de présider les débats, il expose régulièrement des rapports sur des dossiers, comme un simple conseiller. Son bras droit, dont le rôle est particulièrement important, est Hilaire Rouillé du Coudray. Un autre conseiller, Henri François de Paule Lefèvre d’Ormesson , est de ses fidèles.   Confronté à des finances délabrées à la suite de la guerre de succession d’Espagne [12], il met toute son énergie à les redresser et à mieux contrôler les financiers, avec l’aide des frères Paris [13], grâce à l’opération du visa [14] sur les papiers royaux et sur les receveurs généraux des finances. Il s’efforce aussi d’assainir la monnaie et donne son nom à un nouveau type de louis d’or, créé par son ordonnance du 18 novembre 1716. Il parvient à éviter une banqueroute totale au prix de plusieurs banqueroutes partielles.   Il fut un des instigateurs de la chambre de justice de 1716, qui avait pour but de faire condamner les affairistes qui spolient l’Etat et ainsi réduire la dette. Il propose comme procureur Michel Bouvard de Fourqueux , neveu de son bras droit Hilaire Rouillé du Coudray. Bouvard de Fourqueux exerce la même charge à la Chambre des comptes et a la réputation d’être intelligent et souple, qualités que Noailles apprécie. Bouvard de Fourqueux ne cherche pas à ruiner les financiers mais à faire des exemples. Finalement, les résultats sont maigres d’un point de vue financier, mais cette Chambre de justice permet de punir un grand nombre de malfaiteurs.   Il met également au point un projet de taille [15] proportionnelle qui reçoit un début d’application. En 1717, un comité est créé pour proposer des solutions de rétablissement de la situation financière. Après 3 mois de réflexion, le duc de Noailles présente les conclusions de ce travail : suppression du dixième [16], réduction des dépenses et création de la compagnie d’Occident [17] promise à John Law. Le duc de Noailles, disgracié par le Régent, démissionne en janvier 1718 du Conseil de finances.   Pendant la guerre de Succession de Pologne [18] de 1733 à 1738, il fait la campagne d’Allemagne de 1734 sous les ordres du maréchal de Berwick Jacques Fitz-James. Il est élevé à la dignité de maréchal de France [19] le 14 juin 1734 après le siège de Philippsbourg [20].   Pendant la guerre de Succession d’Autriche [21], il est commandant en chef de l’armée d’Allemagne.   Fin avril 1743, son armée forte de 70 000 hommes traverse le Rhin à Spire [22] et s’avance à la rencontre de l’armée anglo-hanovrienne commandée par George II. Leur rencontre à lieu à Dettingen [23], à 10 km au sud-est de Francfort, le 27 juin 1743. Au départ, la position française est forte, la victoire paraît certaine, mais à la suite d’une manœuvre intempestive de son neveu, le duc de Gramont Louis de Gramont , l’armée française est prise de panique et vaincue, réussissant cependant à atteindre Spire le 12 juillet.   L’année suivante, le duc de Noailles réussit à expulser les Autrichiens d’Alsace, mais laisse passer l’occasion de leur infliger de lourdes pertes au moment où leur armée franchit le Rhin.   En 1745, il fait la campagne de Flandre aux côtés de Louis XV. Il est doyen des maréchaux de France en 1748.   Le 10 mars 1743, il est nommé ministre d’État. Toujours partisan de la rigueur financière, il donne à Louis XV des conseils de fermeté dans le domaine fiscal, qui ne seront pas écoutés.   Il est secrétaire d’État aux Affaires étrangères du 26 avril au 19 novembre 1744. Il fait partie de ceux qui estiment impossible d’empêcher les Habsbourg d’Autriche de reprendre le titre impérial, perdu en 1742, et préconise un rapprochement avec Marie-Thérèse pour contrer l’Angleterre. En 1745, l’époux de Marie-Thérèse, François de Lorraine , est élu empereur après le décès du Bavarois Charles VII .   Il effectue ensuite plusieurs missions diplomatiques, s’efforçant en 1746 d’améliorer les relations avec l’Espagne. Il siège au Conseil du Roi jusqu’au 28 mars 1756, date à laquelle il se retire en raison de son âge.   Il fut fait chevalier de l’Ordre de la Toison d’or [24] en 1702, grand d’Espagne [25] de 1ère classe en 1711, en récompense de ses services durant la guerre de Succession d’Espagne, et chevalier du Saint-Esprit [26] en 1724.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l’époque moderne : (1519-1790), Paris 1996

Notes

[1] Le titre de duc de Noailles a été créé en 1663 pour Anne de Noailles, comte d’Ayen. Le titre de duc de Noailles est un des rares titres ducaux français réguliers tenant une pairie d’Ancien Régime encore représentée. L’héritier du titre de duc de Noailles est traditionnellement connu comme duc d’Ayen.

[2] La province du Roussillon ou simplement, en l’absence d’équivoque, le Roussillon est une ancienne province du royaume de France, qui existe de 1659 jusqu’à la création du département des Pyrénées-Orientales en 1790. La province recouvre les trois vigueries du Roussillon, du Conflent et de Cerdagne, c’est-à-dire la partie du gouvernement des comtés du Roussillon et de Cerdagne cédée à la France par le traité des Pyrénées. Dépourvu d’états provinciaux, le Roussillon est un pays d’imposition. Une assemblée provinciale, l’assemblée provinciale du Roussillon, n’est créée que le 15 août 1787.

[3] Le Berry est une province historique de la France de l’Ancien Régime, ayant pour capitale Bourges, mais dont toute structure administrative disparaît définitivement avec la Révolution française. Le Berry est érigé en duché en 1360, que le roi de France Jean II le Bon confie en apanage à son fils Jean 1er de Berry (1340-1416). Le duché de Berry revient dans le domaine royal à la mort du Duc Jean, en 1416, avant de passer entre les mains de deux fils du roi Charles VI : d’abord à Jean puis à Charles, le futur Charles VII. Le duché de Berry est de nouveau concédé à Jeanne de France, fille de Louis XI en 1498. Le titre de duc de Berry sera ensuite épisodiquement donné à plusieurs princes de la famille royale, dont les plus célèbres sont Charles de France (1686-1714), cadet des petit-fils de Louis XIV, le futur Louis XVI et le second fils du roi Charles X. Le 31 décembre 1661, Philippe de Clérembault, comte de Palluau fut nommé gouverneur du Berry.

[4] Les gardes du corps du roi sont une unité de cavalerie de la maison militaire du roi de France, sous l’Ancien Régime et la Restauration.

[5] Sous l’Ancien Régime en France, « brigadier des armées du Roi » était un grade permanent , le premier grade d’officier général, situé entre le grade le plus élevé des officiers supérieurs, c’est à dire celui de colonel et celui de Maréchal de Camp.

[6] En France, le grade de maréchal de camp fait son apparition au 15ème siècle où il avait pour mission de répartir les logements des troupes et de les placer sur le champ de bataille. Il évolue ensuite jusqu’à la chute de l’Ancien Régime. Le 21 janvier 1793, le grade de maréchal de camp devient en France celui de général de brigade. Le grade de maréchal de camp revient en usage sous la Restauration et la Monarchie de Juillet. Il n’est plus utilisé en France depuis 1848.

[7] En France, sous l’Ancien Régime, l’appellation de lieutenant général des armées du roi, lieutenant général des armées navales pour la Marine, est un grade militaire particulier détenu par un officier général, qui le place entre le grade des maréchaux des camps et chefs d’escadre et la charge tenue par les colonels généraux, ceux-ci n’étant pour leur part surpassés que par les titulaires de la dignité de maréchal de France ou d’amiral de France qui sont des grands officiers de la Couronne titulaires d’une dignité à la fois honorifique et lucrative. En termes de statut et de mission, le grade de lieutenant général des armées constitue aussi dans les faits une charge militaire. On note qu’un lieutenant général porte ce grade et est désigné comme tel dans l’armée, mais que dans la marine, il conserve celui d’amiral. Le grade de lieutenant général des armées ou de lieutenant général des armées navales pour la Marine, était le grade le plus élevé de la hiérarchie militaire d’Ancien Régime, inaccessible à un roturier. Le grade de lieutenant général était l’équivalent du grade actuel de général de division et celui de lieutenant général des armées navales correspondait à celui de vice-amiral de notre époque. Comme c’est aussi le cas dans l’armée d’aujourd’hui pour les officiers généraux de haut rang, il y avait un certain nombre de lieutenants généraux des armées du roi, simultanément au sein de l’armée royale. À partir de 1775, les lieutenants généraux reçoivent des épaulettes à trois étoiles. En 1791, le grade de lieutenant général des armées fut renommé « général de division » pour les troupes terrestres et « vice-amiral » pour la marine. En 1814, le grade de général de division reprit le nom de « lieutenant général des armées », avant de reprendre définitivement l’intitulé de général en 1848.

[8] La Catalogne est une communauté autonome et une région historique d’Espagne, régie par un statut d’autonomie. En 718, elle est passée sous contrôle musulman et est devenue une partie d’al-Andalus, une province du Califat omeyyade. Ensemble de comtés qui forment la marche d’Espagne de l’Empire carolingien depuis la conquête par Charlemagne (785-801), la Catalogne naît au 9ème siècle. Le « père fondateur » de la Catalogne serait Guifred le Velu, nommé comte de Barcelone en 878 au concile de Troyes. Guifred le Velu est l’ancêtre de la dynastie de Barcelone, qui construit peu à peu l’État catalan autour du comté de Barcelone, en ignorant la suzeraineté des rois francs considérés de plus en plus comme incapables d’assurer la protection comme en témoigne la prise de Barcelone en 985 par les troupes maures d’Almanzor sans que le roi Lothaire, pourtant appelé à l’aide par le comte Borrell II, n’intervienne. Ces comtés sont également parmi les lieux de naissance de la paix de Dieu à la fin du 10ème siècle, et surtout de la trêve de Dieu qui en découle au 11ème siècle, ainsi que de leur institutionnalisation sous le contrôle des Églises locales et de leurs prélats (évêques et abbés réformateurs). La pratique de ces « assemblées de paix » (qui préfigurent les corts) comme le maintien d’une forte culture juridique de l’écrit (attestée par la rédaction de conventions ou convenientiæ) vont constituer les bases de cet État catalan en construction, dans une société profondément féodalisée depuis la crise du 11ème siècle

[9] Gijon était une véritable forteresse naturelle et situé sur une péninsule, la seule entrée de la ville était dans un couloir de sable effacé à marée haute, qu’une armée assiégeant avait très peu de points pour accéder à la ville

[10] La polysynodie est un système de gouvernement par conseil instauré en France de 1715 à 1718 par Philippe d’Orléans au début de sa Régence, alors que le roi Louis XV est un jeune enfant. Ces nouveaux conseils ne sont pas des conseils de gouvernement ou d’administration, mais des ministères collégiaux. Ce système nouveau remplace les secrétaires d’État et cherche à asseoir l’autorité du Régent en associant la haute noblesse au gouvernement. C’est un projet réfléchi. Sept conseils particuliers assistent le Conseil de Régence. Ils sont composés pour moitié de nobles d’épée et pour moitié de nobles de robe. Les conseils se réunissent très régulièrement et examinent les affaires qui concernent le gouvernement de la France. Le système dure trois ans, jusqu’à ce qu’il se grippe et que le Régent y mette fin en 1718. La polysynodie, dans le sillage de Rousseau, a souvent été sous-estimée.

[11] Le Conseil de finances est l’un des conseils particuliers de la polysynodie. Le Conseil de finances remplace les institutions financières précédentes. Son chef est en théorie le maréchal de Villeroy, mais il est présidé en pratique par le duc de Noailles. Il compte à l’origine 12 membres, 3 de la noblesse d’épée et 9 de la noblesse de robe, choisis pour tenir compte d’équilibres politiques et des compétences. Son président, le duc de Noailles, est actif et compétent. Il s’appuie notamment sur Rouillé du Coudray, ancien directeur des finances. Le Conseil de finances siège au Louvre, traite des affaires variées, principalement des questions fiscales et des expédients financiers, mais aussi des projets de réforme. Il devient une coquille vide en 1718 avant d’être supprimé en 1720, quand le contrôle général des finances est rétabli au bénéfice de John Law.

[12] La guerre de Succession d’Espagne est un conflit qui a opposé plusieurs puissances européennes de 1701 à 1714, dont l’enjeu était la succession au trône d’Espagne à la suite de la mort sans descendance du dernier Habsbourg espagnol Charles II et, à travers lui, la domination en Europe. Dernière grande guerre de Louis XIV, elle permit à la France d’installer un monarque français à Madrid : Philippe V, mais avec un pouvoir réduit, et le renoncement, pour lui et pour sa descendance, au trône de France, même dans le cas où les autres princes du sang français disparaîtraient. Ces conditions ne permettaient pas une union aussi étroite que celle qui était espérée par Louis XIV. La guerre de succession donna néanmoins naissance à la dynastie des Bourbons d’Espagne, qui règne toujours aujourd’hui.

[13] Les frères Pâris sont quatre financiers français des 17ème et 18ème siècles. Ils sont les fils d’un aubergiste de Moirans dans le Dauphiné.

[14] L’opération du visa, lancée sous la régence de Philippe d’Orléans, consiste en l’inventaire de tous les détenteurs de papiers d’État (emprunt, rente viagère et perpétuelle, loterie, billets, créances sur le Trésor, etc.). Le but de cette vérification était le remplacement pur et simple des effets par de nouveaux, plus avantageux pour le Trésor, émargé d’une taxation à hauteur des revenus constatés, ce qui devait en principe entraîner une réduction de la dette publique de la France. Le 26 janvier 1721, une nouvelle opération du visa fut instituée, via une commission dirigée par le banquier Joseph Pâris Duverney et le contrôleur général des finances Félix Le Peletier de La Houssaye, après le désastre financier consécutif au système de Law.

[15] En France, sous l’Ancien Régime, la taille est un impôt direct, très impopulaire, car les bourgeois des grandes villes, le clergé et la noblesse en sont affranchis. Cet impôt peut peser sur les individus (taille personnelle) ou sur la terre (taille réelle), suivant les régions. Il devient annuel et permanent en 1439, vers la fin de la guerre de Cent Ans. L’État tente à plusieurs reprises, au 17ème siècle, de réformer l’imposition pour limiter les exemptions et privilèges, ce qui donnera lieu à la création de la capitation, du dixième et du vingtième, qui viennent en plus de la taille et conduisent à une insatisfaction croissante de la population vis-à-vis du système fiscal français.

[16] Le dixième était un impôt temporaire créé par édit en 1710, l’année d’après la Grande famine de 1709 et en pleine Guerre de Succession d’Espagne. Il fut suspendu partiellement de 1717 à 1741, puis fut permanent après cette date.

[17] La Compagnie d’Occident est une compagnie coloniale française, qui succède à la Compagnie de la Louisiane en 1718, le banquier Antoine Crozat jetant l’éponge face aux difficultés rencontrées face aux Indiens dans le bassin du Mississippi et s’effaçant devant un autre financier, d’origine écossaise John Law, qui se fera connaître l’année suivante avec la grande spéculation du système de Law.

[18] La guerre de Succession de Pologne eut lieu de 1733 à 1738. À la mort d’Auguste II en 1733, son fils, Auguste III, et Stanislas 1er, ancien roi de Pologne déchu en 1709, beau-père de Louis XV, se disputent le trône.

[19] Depuis la création du titre, en 1185, il y a eu 342 maréchaux de France. L’office de maréchal n’est devenu militaire que depuis le début du 13ème siècle. À son origine, le maréchal de France n’a qu’un rôle d’intendance sur les chevaux du roi. Son office devient militaire au début du 13ème siècle, tout en étant subordonné au connétable. Le premier à porter le titre de maréchal du roi de France avec une fonction militaire était Albéric Clément, seigneur de Mez, désigné par Philippe Auguste, en 1185. Après l’abolition de l’office de connétable par Richelieu en 1624, les maréchaux deviennent les chefs suprêmes de l’armée. Parfois le roi crée une charge de maréchal général des camps et armées du roi, qu’il confie au plus prestigieux de ses maréchaux. Outre leurs fonctions militaires, les maréchaux ont aussi la responsabilité du maintien de l’ordre dans les campagnes, par l’intermédiaire des prévôts des maréchaux, d’où l’appellation de « maréchaussée » donnée à l’ancêtre de la gendarmerie. Jusqu’en 1793, date de l’abolition de cette charge, il y eut 263 maréchaux de France.

[20] Le siège de Philippsbourg, entrepris par les Français contre la place forte rhénane de Philippsbourg, se déroula du 2 juin au 18 juillet 1734, pendant la guerre de Succession de Pologne.

[21] La guerre de Succession d’Autriche (1740-1748) est un conflit européen né de la contestation par des États qui y avaient souscrit de la Pragmatique Sanction, par laquelle l’empereur Charles VI du Saint Empire léguait à sa fille Marie-Thérèse d’Autriche les États héréditaires de la maison de Habsbourg. Cette guerre oppose deux coalitions dont les principaux protagonistes sont : la Prusse, la Bavière et la France, d’une part ; l’Autriche, la Grande-Bretagne, les Provinces-Unies et la Russie, d’autre part.

[22] Spire est une ville et un arrondissement au sud du Land de Rhénanie-Palatinat. Spire est une ancienne ville impériale, dont l’imposante cathédrale romane est l’un des monuments majeurs de l’art du Saint Empire romain. Cette cathédrale a été, pendant près de 300 ans, le lieu de sépulture de huit rois et empereurs allemands. Le 27 décembre 1146, Bernard de Clairvaux vient à Spire prêcher la deuxième croisade devant l’empereur Conrad III, qui, séduit par l’homme, se croise aussitôt.

[23] La bataille de Dettingen oppose le 27 juin 1743, pendant la guerre de Succession d’Autriche, l’armée française du maréchal de Noailles à une armée anglo-hanovrienne commandée par George II, qui remporte une victoire inattendue. Le champ de bataille est situé près du village de Dettingen, qui se trouve dans l’actuelle commune de Karlstein am Main, au nord de la Bavière, à 10 km au sud-est de Francfort.

[24] L’ordre de la Toison d’or, dit aussi la Toison d’or ou la Toison, est l’ordre de chevalerie le plus élevé et prestigieux de l’Espagne, fondé à Bruges (ville de l’État bourguignon) le 10 janvier 1430 par Philippe le Bon, duc de Bourgogne, à l’occasion de son mariage avec Isabelle de Portugal. Son premier chapitre se tient à Lille l’année suivante, en 1431, le port du collier devenant obligatoire le 3 décembre 1431. Le nom de l’ordre est inspiré du mythe grec de la Toison d’or, complété par l’histoire biblique de Gédéon (en référence à sa force spirituelle, comme indiqué sur la somptueuse tapisserie qui ornait les lieux de réunion des chapitres à partir de 1456). Dès lors l’ordre de la Toison d’or sera placé sous le patronage des deux personnages.

[25] La dignité de Grand d’Espagne a été créée par Charles Quint en 1520, qui, lors des cérémonies de son couronnement comme empereur romain germanique, établit une distinction parmi les nobles espagnols entre les Titulos (les détenteurs d’un titre de noblesse) et les Grandes, successeurs des rico-hombres de l’époque de la Reconquista. Ces Grands bénéficient de privilèges dont le plus important est celui de rester couvert en présence du Roi, qui les appelle primo ou cousin. Ils se considèrent tous comme égaux et timbrent leurs armes de la couronne ducale. Les Grands de la première classe parlaient au roi et l’écoutaient tête couverte, ceux de la seconde classe, lui parlaient tête nue et se couvraient pour écouter le roi parler, enfin ceux de la troisième et dernière classe ne se couvraient qu’après invitation du roi. En 1520, vingt-cinq nobles reçurent la « grandesse », leurs familles formèrent plus tard le groupe des Grands de première classe ; cette dignité pouvait être associée à un titre de duc, de marquis ou de comte ou bien rester personnelle sans aucun titre.

[26] l’ordre du Saint-Esprit, institué par Henri III (1578), supprimé sous la Révolution (1791), rétabli sous la Restauration (1814), définitivement aboli en droit par la monarchie de Juillet (1830).