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Pierre le Caïd surnommé plus tard Ahmed es-Sikeli

mardi 19 avril 2022, par ljallamion

Pierre le Caïd surnommé plus tard Ahmed es-Sikeli

Eunuque

Le royaume de Sicile en 1154Il fut un personnage important de la Cour du royaume normand de Sicile [1], sous le règne du roi Guillaume le Mauvais et au tout début du règne du roi Guillaume le Bon.

Pierre, bien que portant un prénom d’origine chrétienne, est à l’origine un musulman prénommé Ahmed et originaire de l’île de Djerba [2]. D’après l’historien arabe Ibn Khaldoun , Ahmed aurait été élevé à Palerme [3], à la cour du roi Roger II de Sicile, et devint employé au service du royaume.

C’est probablement à cette époque qu’il se convertit au christianisme et prit le nom de Pierre. Sous le règne du fils et successeur du roi Roger, Guillaume 1er de Sicile, c’est un eunuque faisant partie de l’entourage du roi pour le compte duquel il assume la haute charge de cancellarius [4]. Il commande également la flotte sicilienne dans au moins 2 expéditions : l’une menée dans les Baléares [5], l’autre à Mahdia [6].

Au printemps 1166, à la mort du roi Guillaume qui laissa pour successeur un adolescent, Guillaume II de Sicile, Pierre n’échappe pas aux complots et sera même menacé de mort par le comte Gilbert de Gravina , qui jalousait notamment l’un des conseillers de la reine et régente Marguerite, Richard de Mandra, que Pierre soutenait.

Pierre n’osa plus sortir sans une nombreuse escorte et songea à quitter la Sicile. En grand secret, il fait équiper un navire et fuit en Afrique. Il est remplacé à la chancellerie du royaume par Étienne du Perche, un homme jeune et inexpérimenté, et cousin de la reine. Hugues Falcand , peut-être pour le discréditer, le dépeint comme n’étant qu’un chrétien que de nom et d’habit mais un sarrasin [7] de cœur. Il accuse également Pierre d’avoir quitter la Sicile [8] en emportant avec lui une grosse somme d’argent.

Pierre débarque à Tunis [9] où il servit les intérêts des Almohades [10]. Il retourne à l’islam, reprend son prénom d’origine, Ahmed, et fut surnommé Ahmed es-Sikeli c’est-à-dire, Ahmed le Sicilien. Il passa ensuite au Maroc où le calife almohade Abu Yusuf Yaqub al-Mansur lui confia le commandement de sa flotte.

Ahmed se distingua dans la guerre maritime contre les chrétiens.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du livre de John Julius Norwich, The Kingdom in the Sun (1130-1194), London, 1970.

Notes

[1] Le royaume de Sicile, également appelé royaume normand de Sicile, est créé en 1130 par Roger II sur l’île de Sicile, la Calabre, les Pouilles, et Naples. Ce royaume traverse plusieurs phases marquées par les dominations successives des Normands, des Souabes (autre nom pour la dynastie des Hohenstaufen, descendants de Frédéric de Souabe), des Angevins et des Aragonais.

[2] Djerba, parfois orthographiée Jerba est une île de la mer Méditerranée d’une superficie de 514 km² (25 kilomètres sur 20 et un littoral de 150 kilomètres) et située à l’est de la côte orientale tunisienne. Plus grande île des côtes d’Afrique du Nord, localisée au sud-est du golfe de Gabès qu’elle borde par ses côtes orientales et septentrionales, Djerba ferme au sud le golfe de Boughrara.

[3] Palerme est une ville italienne, chef-lieu et plus grande ville de la région Sicile Elle se situe dans une baie sur la côte nord de l’île.

[4] chancelier

[5] Les îles Baléares sont l’une des communautés autonomes d’Espagne. Il s’agit d’un archipel situé en mer des Baléares qui comprend cinq îles principales, dont quatre habitées, ainsi que de nombreux îlots

[6] Mahdia est une ville côtière tunisienne située au centre-est du pays, à environ 200 kilomètres au sud de la capitale Tunis.

[7] Sarrasins ou Sarrazins est l’un des noms donnés durant l’époque médiévale en Europe aux peuples de confession musulmane. On les appelle aussi Arabes, Ismaélites ou Agaréniens. D’autres termes sont employés également comme Maures, qui renvoient aux Berbères de l’Afrique du Nord après la conquête musulmane. Le terme de Sarrasin se cristallise finalement sur l’opposition avec l’ennemi dans le contexte des Croisades menées par l’Occident chrétien en Terre sainte.

[8] La Sicile est la plus grande île méditerranéenne. Avec une superficie de 25 708 km², c’est la région la plus étendue de l’Italie et son territoire est constitué de neuf anciennes provinces à leur tour partagées en 390 municipalités. Elle est également la seule région italienne à compter 2 des 10 villes les plus peuplées du pays : Palerme et Catane. Son chef-lieu est Palerme.

[9] Tunis est la ville la plus peuplée et la capitale de la Tunisie. Elle est aussi le chef-lieu du gouvernorat du même nom depuis sa création en 1956. Située au nord du pays, au fond du golfe de Tunis dont elle est séparée par le lac de Tunis, la cité s’étend sur la plaine côtière et les collines avoisinantes. Son cœur historique est la médina. Bourgade modeste placée dans l’ombre de Carthage, Kairouan puis Mahdia, elle est finalement désignée comme capitale le 20 septembre 1159, sous l’impulsion des Almohades, puis confirmée dans son statut sous la dynastie des Hafsides en 1228 et à l’indépendance du pays le 20 mars 1956.

[10] Les Almohades sont un mouvement religieux fondé au début du 12ème siècle, dont est issue la dynastie éponyme d’origine berbère qui gouverne le Maghreb et al-Andalus entre le milieu du 12ème siècle et le 13ème siècle. Le mouvement religieux des Almohades est fondé vers 1120 à Tinmel par Mohammed ibn Toumert, appuyé par un groupe de tribus masmoudiennes du Haut Atlas marocain principalement des Masmoudas. Ibn Toumert prône alors une réforme morale puritaine et se soulève contre les Almoravides au pouvoir à partir de son fief de Tinmel. À la suite du décès d’Ibn Toumert vers 1130, Abd al-Mumin prend la relève, consolide sa position personnelle et instaure un pouvoir héréditaire, en s’appuyant sur les Koumyas de la région de Nedroma dans l’ouest algérien (située alors dans l’est de l’empire Almoravide) ainsi que les Hilaliens. Sous Abd al-Mumin, les Almohades renversent les Almoravides en 1147, puis conquièrent le Maghreb central hammadide, l’Ifriqiya (alors morcelée depuis la chute des Zirides) et les Taïfas. Ainsi, le Maghreb et l’al-Andalus sont entièrement sous domination almohade à partir de 1172. À la suite de la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212, les Almohades sont affaiblis et leur empire se morcelle au profit des rois des Taïfas en al-Andalus des Zianides du Maghreb Central et des Hafsides, et voit l’émergence des Mérinides au Maghreb al-Aksa qui prennent Fès en 1244. Les Almohades, qui doivent désormais payer tribut aux Mérinides et ne contrôlent plus que la région de Marrakech, sont finalement éliminés par ces derniers en 1269.